Les sept pêchés capitaux sont apparus dès le IVe siècle dans les sociétés chrétiennes et sont encore aujourd’hui la source de bien des romans, tableaux et autres films cultes. Alors si ce n’est toujours pas fait, quittez maintenant la lecture de ce test et foncez regarder Seven de David Fincher. Pour ceux s’étant acquittés de ce droit de passage, nous allons pouvoir continuer notre exploration de ces vices à travers le dernier titre des Allemands de Bonus Level Entertainment, l’action plateformer bien nommé Saga of Sins.
Le pape a dit que l’acte d’amour…
Et le moins que nous puissions dire est que pour le genre, nous avons droit à une véritable réflexion sur la théologie et sur ce que cela peut impliquer d’être croyant. Sans aucune lourdeur ni prise de tête, les scénaristes de Saga of Sins réussissent à aborder un nombre de thèmes importants sur les questionnements qui peuvent être liés à ces sept pêchés capitaux que sont la gourmandise, l’orgueil, la paresse, la luxure, l’avarice, l’envie et la colère.
C’est ainsi que nous suivons le clerc Cécil tout juste revenu des croisades et des horreurs auxquelles il a pu assister si loin de chez lui. Malheureusement son retour dans son village natal de Sinwell ne se fait pas aussi joyeux qu’il le souhaite. Un mal contagieux a pris la forme d’une peste noire et tue petit à petit les habitants. Mais une solution existe pour en venir à bout. En effet, si ce fléau s’abat, c’est parce que le cœur de certains des résidents de Sinwell est empli par le pêché.
Notre maître Elric nous apprend donc comment entrer dans leur esprit sous la forme de démon pour extirper des tréfonds de leur conscience la pomme de la discorde qui s’y trouve. Mais prendre la forme de telles bêtes des enfers ne se fera pas sans conséquence pour notre propre âme et les choix que nous ferons tout au long de notre parcours auront forcément un impact sur la fin de notre histoire et sur la vie des habitants de Sinwell.
En utilisant le moteur du jeu ainsi que quelques lignes de textes pour mettre en place ces saynètes explicatives des tourments de Cécil, nous gardons une cohérence et une absence de lourdeur dans le récit tout au long de notre aventure. L’accent est, certes, d’abord et avant tout, mis sur les phases d’action, mais un tel effort sur des thèmes aussi matures et complexes méritait bien un paragraphe dédié. Maintenant que la chose est faite, nous allons pouvoir passer au cœur du gameplay.
… sans être marié est un pêché
Celui-ci consiste essentiellement à traverser des niveaux et à annihiler tout ce qui pourrait nous empêcher d’atteindre notre but. Prenant, dans un premier temps, la forme d’un simpl action-plateformer, nous allons contrôler Cécil sous la forme d’un loup-garou. Nous avons alors la possibilité de lancer un projectile droit devant nous, de double sauter et de déclencher notre cri pour exploser les fissures du décor.
Très vite, nous allons débloquer deux nouveaux démons, la gargouille, qui va cracher du feu et le griffon, qui lancera des projectiles dans plusieurs directions et pourra s’accrocher au mur. Nous pouvons changer de démons à la volée à n’importe quel moment du jeu. Le gameplay prend alors tout son sens nous obligeant à nous adapter toujours à la situation en cours pour éviter toute perte de vie.
Chacune de ces créatures peut être améliorée grâce à des monnaies sonnantes et trébuchantes que nous récoltons via l’éclatage d’ennemi. Une mécanique intéressante nous permet de charger un dash, qui pourra alors se montrer dévastateur et qui, surtout, nous permettra de multiplier nos gains. À nous de savoir l’utiliser à bon escient et au bon moment. Ce dash nous permettra aussi d’atteindre des plateformes bien plus éloignées qui mettront de temps en temps nos réflexes à l’épreuve.
Mais c’est là que le bât blesse. En mode normal, le challenge offert par les niveaux généraux, au nombre de 14, et par les niveaux de boss, au nombre de 7, est diablement trop peu difficile. Sans être un expert du genre, en à peine 4 heures de jeu nous avons atteint la fin de cette histoire. Alors certes, le 100 % demande encore un peu de travail, mais la facilité avec laquelle nous avons pu rouler sur les niveaux et notamment les boss nous laissent un arrière-goût de déception.
Les niveaux finaux pour chaque pêché sont d’ailleurs bien trop variables et c’est peut-être le premier d’entre eux qui nous aura demandé le plus de concentration. Une fois les démons débloqués, il est toujours très facile de comprendre les patterns de nos ennemis et de visualiser les trous de leur technique pour ensuite nous y infiltrer et maximiser les dégâts dans la forme la plus adéquate. De plus, trop de ces niveaux consistent à atteindre la fin du niveau en étant poursuivi sans avoir droit à une confrontation. Malgré ces bonnes idées, le titre de Bonus Level Entertainment ressemble davantage à une œuvre fondatrice plutôt qu’à un titre aboutit.
Pas de boogie-woogie avant vos prières du soir
Et c’est bien dommage, car les idées de base, autant en termes de gameplay, de narration que de graphismes sont très accrocheuses. Dès le départ, nous sommes plongés dans ce monde qui reprend les codes de la peinture du XVe siècle et notamment du peintre hollandais Hieronymous Bosch. Les visuels des protagonistes sont tous originaux et le rendu graphique sous forme de vitraux est une petite réussite qui accroche directement la rétine, que ce soit du joueur ou du spectateur passant par là.
Le prix à payer pour ce rendu est un système d’animation en adéquation avec ce style si particulier et un peu rigide. Malgré tout, nous n’avons aucune peine à contrôler notre Cécil dans les niveaux et l’ensemble est à la fois réactif et précis. Que ce soit les changements de démon ou l’utilisation du dash dans l’une des huit directions, tout sort facilement de nos joy-cons et à aucun moment nous n’avons à pester contre la prise en main. La palette de coups, même si assez limitée, est facile à sortir et se diversifie un peu avec le temps.
Entièrement traduit en français pour sa partie textuelle, nous pouvons aussi profiter des dialogues entièrement doublés dans la langue du chat qui expire par des acteurs impliqués qui ne font pas que réciter un texte, mais qui savent y mettent les intonations nécessaires pour nous plonger un peu plus dans les affres du doute. Nous pouvons aussi profiter d’une bande-son composée par Filippo Beck Peccoz, déjà auteur des thèmes de Desperado III ou Shadow Tactics. Le résultat est toujours en adéquation avec l’action à l’écran ainsi qu’avec le pêché que nous combattons.
Conclusion
Doté d’une narration intelligente qui s’amuse des contradictions de l’église et d’un gameplay simple, mais efficace, Saga of Sins est un action plateformer à l’esthétique original qui sait se montrer attachant, mais dont le level design est globalement trop peu inspiré et dont les confrontations finales sont trop inégales. Nous espérons que le titre de Bonus Level Entertainment ne sera qu’un coup d’essai dont le volume suivant gommerait tous ces défauts d’enfance pour atteindre les sommets du genre. En attendant, pour un prix de 20 €, c’est une expérience prenante et rafraîchissante dont la complétion prendra une petite dizaine d’heures.
LES PLUS
- Les graphismes façon vitraux du moyen âge sont diablement efficaces
- La bande-son s’adapte toujours à l’action et au pêché à combattre
- Le changement de démon à la volée permet de toujours s’adapter à la situation
- Les trois démons ont des capacités bien différentes
- La prise en main ne souffre d’aucun défaut
- Entièrement traduit en français et doublé en anglais
- La narration basée sur le doute et la foi est un modèle de simplicité et d’intelligence
LES MOINS
- Nous aurions aimé davantage de mécaniques de gameplay
- Le level design est globalement assez prévisible
- Les phases de boss sont bien trop faciles
Vraiment ? Christopher Nolan pour Seven ?
effectivement, voila ce qui se passe quand on veut changer son intro en passant de Memento à Seven
merci pour la correction