Le film d’horreur, bien loin des superproductions, s’est nourri des essais de réalisateurs indépendants et passionnés. Il paraît donc naturel que, dans le monde du jeu vidéo, il puisse en être de même. Loin des Resident Evil ou autre licence de zombis, nous espérons toujours voir venir la bonne idée d’un studio jeune et sans contraintes qui nous permettra de cauchemarder bien au chaud sous notre couette. L’arrivée de ce Remorse The List est l’occasion pour nous de voir qu’espérer ne signifie pas obtenir…
Égaré dans la vallée infernale
Tout commence pourtant sous les meilleurs auspices du survival horror. Un monde étrange, angoissant à l’esthétique douteuse nous accueille juste avant notre réveil dans un hangar en plein milieu d’une ville hongroise, Hidegpuszta à vos souhaits, laissée à l’abandon. Nous sommes alors livrés à nous-même avec pour seul indice une liste qui nous demande de récupérer, dans ces rues jonchées de débris en tout genre, des objets. Dans quel but ? Nous n’en savons toujours rien au moment de rédiger ces lignes vu que la fin du jeu freeze dans sa dernière section et qu’aucun patch n’a pour l’instant était proposé !
Voilà pour le plantage (ahah) de décor qui va nous servir de trame pour l’ensemble de ce test. Une succession de bonnes idées ruinées par des errances techniques qui viennent gâcher notre expérience de jeu et qui font que nous ne recommanderons absolument pas ce Remorse : The List sur Switch. Mais revenons-en à notre histoire. Sortant de notre hangar, nous commençons par déambuler dans les rues. Pour nous aider à nous repérer, une carte vient apporter son soutien… ou pas.
En effet, si nous sommes les premiers à râler sur l’effet GPS de certains jeux, oui c’est toi que je regarde Geralt, là c’est tout l’inverse qui se passe. La carte est juste incompréhensible. Rien que de savoir d’où nous démarrons est une gageure tant rien ne semble correspondre. Nous partons donc à l’aventure sans l’aide de celle-ci et nous nous rendons vite compte qu’elle ne sert finalement pas à grand-chose tant ce simili open-world est en fait balisé par des murs et des portes fermées.
Nous avançons donc en suivant ce chemin de cailloux laissé pour nous et, dans chaque nouveau bâtiment dans lequel nous entrons, nous allons pouvoir résoudre une petite énigme qui nous permettra de récupérer un objet clé qui nous permettra de débloquer un nouveau chemin, ce qui à terme nous mènera vers la fin, hypothétique, du jeu. Nous alternerons ainsi les passages dans ce monde dévasté et dans un monde onirique cauchemardesque et dérangeant.
Le héros ne s’appelle pas
Durant notre avancée, nous subirons les assauts d’ennemis. Ceux-ci ont un design malsain et gore à souhait, malheureusement, ils subissent un nombre de tares assez important qui gâchent complètement les effets mis en place. Commençons par des déplacements étranges faits de ruées vers notre personnage très stressants couplés à des arrêts incompréhensibles devant la moindre petite touffe d’herbe ou autre anfractuosité, ce qui nous permet de toujours en venir à bout. Ils ont aussi tendance à subir des glitchs visuels dont nous n’arrivons toujours pas à savoir s’ils sont volontaires ou non.
Pour en venir à bout, nous récupérons rapidement des armes à feu ainsi que des munitions. Inutile de chercher à viser une partie précise de l’anatomie de ces monstres. Il suffit de vider une grande quantité de balles, un coup à la tête n’a pas plus d’influence qu’un coup au bassin. Heureusement, les munitions pullulent dans ce village hongrois. Ce qui entraîne d’ailleurs un problème en termes d’interface.
En effet, si la base du survival horror c’est de gérer son inventaire, des box nous permettent souvent d’y placer les éléments-clés pour ainsi avancer sans avoir à nous débarrasser de nos armes. Point de cela ici. Les allers-retours qui en découlent sont vite pénibles et nous ne parlons même pas de l’interface générale ni du mapping des touches. Rien qu’utiliser un objet de soin demande au minimum six manipulations d’objets et cela avec des touches loin d’être naturelles.
D’un point de graphique, le résultat de base est plutôt agréable entre l’impression d’abandon de cette ville et le monde onirique à l’esthétique dérangeante que nous parcourons, nous naviguons dans un ensemble soigné et détaillé. Malheureusement, des effets de lumières hasardeux, tels des flashs importants à chaque flaque d’eau ou reflet viennent ternir rapidement ce constat et nous empêchent de vraiment profiter du travail sérieux pourtant effectué sur cette version Nintendo Switch.
Conclusion
Arrivant sur un segment très rempli sur Switch avec la quasi-totalité des épisodes de Resident Evil couplé à l’arrivée du remaster Project Zero 4, la sortie en l’état de ce Remorse : The List est loin d’être suffisante. Malgré des intentions louables telles qu’une ambiance délétère, une narration énigmatique et une esthétique glauque, les errances techniques gâchent complètement notre expérience de jeu et le bug nous empêchant de découvrir la fin n’en est que le révélateur le plus évident. Il est impossible de recommander le titre de DeppreSick Team à l’heure où sont écrites ces lignes et nous espérons qu’un patch lui permettra de tenir ses promesses.
LES PLUS
- La narration énigmatique est efficace
- Les énigmes à base d’aide visuelle fonctionnent très bien
- Le monde onirique est bien glauque
- Le design des monstres est dérangeant à souhait
- Les graphismes sont soignés et détaillés
LES MOINS
- Un bug nous empêche de découvrir la fin (ou les fins ???)
- Les déplacements des ennemis sont vraiment étranges
- Les effets lumières gâchent complètement les graphismes
- Le petit open-world ne sert à rien
- L’interface générale est pénible et non intuitive
- La gestion de notre inventaire est catastrophique
- La carte disponible est juste inutilisable
- Tout en anglais