Une jeune fille dont l’épaisse chevelure rouge vient à se convertir en un drôle de bouquet de serpents (!) couleur sang… cette même jeune fille capable de transformer, bien malgré elle, tout être vivant qui ose s’approcher d’elle en une statue de pierre, massive et épaisse. Intriguant n’est-ce pas… ? Approchez… nous allons vous conter la drôle d’histoire de cette demoiselle pas vraiment comme les autres, qui parcourt de larges étendues sableuses à bord d’un bateau à voiles…
Développé par Neckbolt et édité par Burning Planet Digital, l’arrivée sur le titre de Molly Medusa est… surprenante ! En effet, derrière une bande annonce laissant imaginer un titre presque à destination des plus jeunes par des graphismes très colorés, le menu principal se déploie autour d’une musique très rock, mettant à l’honneur les sonorités très caractéristiques des guitares électriques. Serions-nous à l’aube de nombreuses surprises… ?
La naissance des cœurs de pierre
Contrairement à ce que nous aurions pu espérer, aucune vidéo d’introduction ne vient accueillir le joueur. Ce dernier est rapidement plongé au cœur de l’entité maîtresse du titre : cette drôle de jeune fille du nom de Molinike. Pleine d’ambition, la demoiselle aimerait devenir la meilleure sculptrice du monde… et est prête à travailler dur pour y arriver. Actuellement sous la tutelle d’un certain Pygmalion, elle tente de commencer son initiation… en vain. Pygmalion la considère à ce stade davantage comme son petit larbin que comme l’une de ses futures collègues en devenir.
Afin de répondre aux attentes de son « professeur », la courageuse Molinike commence par ramener un bloc de marbre comme elle le peut. Le joueur doit alors comprendre la prise en main du titre sans véritable aide… et cela risque déjà de poser quelques soucis notables. En effet, dans un premier temps, le contrôle de la caméra est bien loin d’être intuitif et ce n’est qu’à force de tâtonner que vous finirez par comprendre qu’elle peut être modulée grâce au stick droit, à condition de l’orienter dans un premier temps vers le bas. Les débuts risquent de fait d’être assez chaotiques, avec une caméra qui ne semble pas décidée à regarder là où il faut…
Le déplacement de Molinike s’effectue, lui, à l’aide du stick gauche, et cela de façon très traditionnelle. La prise en main est essentiellement à la 3e personne, mais il est possible de rentrer dans la peau de la jeune femme, avec le stick droit, orienté vers le haut cette fois ci (des débuts chaotiques, rappelons-le). Au fil de l’aventure, d’autres points visuels seront possibles afin de faciliter certaines manœuvres, à bord d’un drôle de bateau, ou lors de la manipulation d’un grappin.
Molinike est capable de sauter succinctement grâce au bouton B. Les commandes sont visibles sous la forme d’une pseudo petite fleur en haut à droite de l’écran. Chacun des pétales représente une action possible parmi les 4 (un pétale par touche de la manette). Ainsi, il est possible d’assimiler les objets de votre inventaire à une touche en particulier afin de réaliser certaines tâches. Cet inventaire est disponible dans le menu pause, ainsi qu’une carte, et diverses moitiés de cœur que vous avez d’ores et déjà collectées afin de pouvoir en former un dans son intégralité. Tout comme le grand maître en tunique verte, les cœurs représentent votre vie et vont devenir de plus en plus nombreux au gré de vos trouvailles pendant votre périple.
Cette première petite tâche, ramener un bout de marbre à Pygmalion, permet la prise en main des commandes. Certains objets peuvent être saisis, déplacés, lancés ou posés. Le bloc de marbre sera simplement saisi et poussé afin d’être disposé juste devant Pygmalion. Voilà qui fera les affaires de notre grand chef en mal de reconnaissance… qui s’empresse dès lors de quémander une seconde tâche urgente : faire affaire avec le marchant itinérant du village afin de lui acheter un burin. Il semblerait que ce soit l’heure d’aller découvrir ce qu’il se trame un peu à l’extérieur…
Le petit village est assez mignon, avec des personnages qui semblent tout droit sortis d’un conte pour enfants. Vous y croiserez même l’adorable maman de Molinike, du nom de Olympiodora. Mais l’important n’est pas là… le marchand a déjà quitté les lieux, Molinike doit dès lors se rendre dans la forêt afin de le rejoindre au plus vite avant qu’il ne disparaisse. Quelques harpies sont de la partie pour rendre la manœuvre plus délicate… une petite mise en scène qui sert de prétexte afin d’initier le joueur à l’infiltration : avancer sans se faire repérer par les ennemis. La tâche est très simple, même les plus jeunes y parviendront avec un soupçon de patience… il en sera tout autre par la suite !
Après ce léger effort, le moment de la rencontre se profile enfin… et Molinike n’est pas au bout de ses surprises. Le marchand se montre bien étonnant… en effet, il est à l’origine d’une rencontre capitale du jeu : celle avec la déesse de la forêt, Circé. Grande nymphe, elle est capable de quelques offrandes à tous ceux qui la rencontrent… Molinike ne fait guère exception à l’usage traditionnel, et Circé lui demande son rêve le plus fort : quel serait son souhait le plus cher ? Sans trop hésiter, Molinike reprend les mots de Pygmalion « pouvoir transformer la chair en pierre ». Énoncé de la sorte, et en connaissance de cause de l’essence même du jeu, le joueur ne peut que trouver la formulation maladroite… pourtant, l’idée originelle reposait simplement sur une représentation particulièrement ressemblante, presque vivante, des statues de pierre. La consécration pour un sculpteur…
Malheureusement, Circé applique le souhait strictement comme il a été énoncé… et la pauvre Molinike ne peut plus approcher la moindre chair sans que cette dernière ne soit changée en pierre. Sale affaire !
L’introduction à l’énigme même du titre s’avère donc relativement longue et montre déjà quelques lourdeurs quant à la jouabilité du jeu. Néanmoins, ce n’est qu’à cet instant de l’histoire que l’aventure commence véritablement…
La mer de sable
Après un rapide retour au village, Molinike n’a pas d’autre choix que de se rendre à l’évidence : elle ne peut plus compter que sur elle-même pour renverser le sortilège dont elle porte désormais les marques dans son épaisse chevelure ornée de serpents.
Pour rompre le sort, une aventure gorgée d’énigmes l’attend. Vous attend ! À bord d’un voilier qui parcourt à toute vitesse de grandes étendues de sable, sous une musique aussi rythmée que celle qui nous a accueilli à l’ouverture du titre, Molinike déambule sur un vaste territoire désertique. Fort heureusement, la carte disponible dans l’inventaire permet de suivre le chemin parcouru. Au départ grisé, le territoire se dévoile petit à petit et permet de mieux se repérer tandis que les décors (absents) se ressemblent si ce n’est quelques points d’ancrage plus ou moins importants.
Les grands monuments seront les véritables lieux stratégiques de votre périple et à l’origine d’un véritable tumulte neuronal… puisque Molinike dispose en son sein d’une capacité singulière qui va complètement bousculer toutes vos habitudes (et vous rendre un peu – voire complètement – maboul) : jouer avec la gravité et marcher sur les murs. Ce n’est pas grand-chose vous dites ? Ahah ! Attendez de voir…
Une simple salle d’apparence basique peut rapidement devenir le siège d’un grand nombre de pièges, de portes, d’interrupteurs… et parfois même, de quelques coffres. Le bouleversement des repères rend la réflexion bien plus complexe : il est nécessaire de porter son regard un peu partout afin de bien comprendre tous les mécanismes présents, mais aussi tous les dangers. Le jeu ne vous fera pas de cadeau, et dans le cas d’une perte d’attention auprès de malheureux piques, votre vie dégringole à vive allure et un retour sans ménagement à l’entrée du temple est à prévoir. Fort heureusement, quelques jarres et autres réceptacles peuvent être à l’origine de cœurs de vie, afin de vous redonner un peu de force.
Chaque grand bâtiment détient son identité, et son lot de mystères. À chacun sa boite de Doliprane !
L’aventure, avant tout semée d’énigmes, se pare aussi de quelques surprises… nous avons notamment été surpris à la rencontre de notre premier boss, alors que nous n’avions pas vraiment d’arme à notre disposition. Au moins, il n’y avait pas grand choix d’actions… go grappin, go !
La réussite d’un temple permet l’acquisition d’une clef… n’imaginez pas que ce sera suffisant pour pénétrer dans le repaire de Circé, malheureux ! Vous avez prévu d’autres boites de Doliprane ?
La pierre dans la chaussure ?
L’aventure de Molinike s’avère être plus coriace qu’elle n’y paraît. Les plus jeunes risquent rapidement de reposer la manette… les amateurs d’énigmes prendront grand plaisir à réfléchir face à tous les dilemmes qui s’imposent à eux.
Néanmoins, quelques problèmes viennent se mettre en travers du plaisir de jeu. La caméra reste un tort important, bien souvent à l’origine de la perte de quelques cœurs (voire carrément de la vie complète…). Il peut en effet être difficile d’appréhender certains mouvements, et les pièges sont nombreux et très punitifs ! Par ailleurs, le retour à l’entrée du temple peut vite devenir particulièrement frustrant. Le joueur doit dès lors faire preuve d’une grande patience et d’une parfaite ténacité…
Par ailleurs, les graphismes s’avèrent être assez inégaux, avec quelques zones plus agréables que d’autres. La bibliothèque s’orne par exemple de nombreuses couleurs tandis que les alentours du village nous ont semblé particulièrement vides… nous aurions adoré contempler un univers en cohérence avec le soin très artistique porté aux personnages.
En revanche, les développeurs ont réalisé un travail important sur l’ambiance musicale du titre, de façon presque surprenante parfois. Les voyages dans le désert sont ponctués par des notes aux sonorités marquantes qui viennent presque en contradiction avec l’atmosphère désertique si lisse. Surprenant… mais réussi.
Molly Medusa est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 40 euros environ. Un tarif qui nous a semblé un peu élevé au regard de la qualité générale du titre.
Le saviez-vous ?
La pétrification est le terme qui désigne la transformation de la matière organique en matière minérale. Un concept similaire à la fossilisation dans l’univers de la géologie.
Conclusion
Malgré ses allures presque infantiles, Molly Medusa ne se destine assurément pas aux plus jeunes. Son atmosphère très contrastée, tantôt colorée et mignonnette lors de certaines séquences, tantôt rock ’n’ roll et surprenante, vient entrelacer un amoncellement d'énigmes plus ou moins costauds dans quelques temples singuliers. La capacité de la jeune demoiselle à marcher sur les murs, faisant fi de la gravité, risque de mettre les nerfs des joueurs à rude épreuve, tandis qu'il convient de parler avec douceur à la caméra capricieuse. Plutôt punitif et exigeant, ne vous laissez pas attendrir par le minois de la demoiselle... ce qui l'attend ne sera guère aisé !
LES PLUS
- Des énigmes parfois assez costauds, parfaites pour celles et ceux qui veulent se remuer le ciboulot !
- Une capacité surprenante de l'héroïne : marcher sur les murs et ainsi faire des nœuds dans la cervelle des joueurs !
- La musique ! Surprenante mais fun sur certains passages !
- Traduction française disponible.
LES MOINS
- La difficulté de certaines énigmes pourrait agacer voire rebuter certains joueurs.
- Une caméra qui ne va pas vous faciliter la tâche...
- Des graphismes très inégaux : tantôt mignonnets, tantôt franchement pauvres.