Il faut de tout pour faire un monde. Il faut de tout pour faire une boutique eShop riche et diversifiée ! Les contenus insolites et improbables sont nombreux… Parfois, certains méritent de l’attention derrière cette grande singularité, tandis que d’autres vont beaucoup trop loin. Un petit jeu social entre navets, selon vous, est-ce aller ou trop loin ou bien vous êtes déjà charmés ?
Développé par DevilishGames, Spherical Pixel, SelectaVision et édité par SelectaVision, Minabo – A walk through life vient bousculer les codes et s’immisce dans une brèche particulièrement peu disponible sous nos contrées : le jeu social. L’objectif sur le papier y est alors souvent récurrent et assez simple en explications : créer autour de soi un cercle d’amis, une famille, un réseau… Bref, un entourage certain selon le type d’environnement promulgué par le titre en question. Ici, dans un jeu sur le thème des navets, nous étions presque dans l’attente d’interaction avec d’autres légumes, quelques fruits, et pourquoi pas des condiments (jusqu’où faut-il aller…?).
Occupe-toi de tes oignons, euh de tes navets !
Au départ, seul le mode consacré aux missions est disponible. Afin de débloquer une partie libre (avec la vie assimilée), la réussite des 5 premières missions du titre est nécessaire. Une façon comme une autre pour des développeurs de permettre aux joueurs de parfaitement comprendre (et rapidement se lasser…) des mécaniques de jeu avant de recommencer (encore) sans la moindre contrainte.
Prendre l’apparence d’un navet, cela a de quoi perturber un sacré bon nombre de joueurs… et nous devions admettre que les premières minutes sur le titre ne se sont pas franchement bien déroulées. Un petit bug est venu nous interrompre, jusqu’à nous obliger à relancer la console… La mise en bouche n’était de fait pas très savoureuse. Fort heureusement, cela ne s’est guère produit à nouveau au fil de notre découverte du titre.
Tout débute sous la forme d’un navet bien planqué dans la terre. Le tubercule est prêt à sortir de l’ombre et à prendre son premier bain de soleil. Ce n’est alors qu’une jeune pousse, assez maladroite, avec un déplacement laborieux. Néanmoins, les premières interactions sont possibles afin de contenter plusieurs paramètres dès la naissance : le contact physique, l’intimité, l’appartenance, sans oublier l’espérance de vie qui se déploie sous la forme d’une petite barre avec votre curseur qui se déplace vers la droite… tout en sachant que la gauche est la naissance, vous comprendrez sans mal la figure de style de la droite !
Les interactions ne sont guère nombreuses et ne répondent qu’à ces besoins primaires que nous venons d’énoncer. L’ensemble de vos congénères (et autres bestioles) disposent aussi de leurs propres paramètres, avec leurs besoins de liens sociaux identiques aux vôtres mais avec leur personnalité associée. Chaque interaction est soumise à une probabilité de réussite (ou d’échec) visible par un code couleur très simple (vert et rouge). Plus le cercle est rempli de vert, puis vous aurez de chance de mettre en avant une interaction positive avec votre interlocuteur. Néanmoins, ce dernier peut toujours répondre par la négative… Ce qui peut dès lors occasionner une réaction de votre part : la colère, l’indifférence ou la tristesse. Autant d’émotions qui viendront directement se répercuter sur vos caractéristiques.
Après quelques pas balbutiants, bébé navet grandit et devient un petit bambin, puis un adolescent, etc. La vie d’un navet en résumé (ahah) ! Chaque étape de la vie marque un certain tournant, avec une mise en avant de traits de caractère en fonction des choix réalisés par les joueurs. Certains navets deviendront alors particulièrement sociaux, quant d’autres seront plus timides. Tous ces liens tissés viendront peu à peu former une personnalité propre, qui ne manquera pas d’être inscrite en épitaphe à l’occasion de votre mort !
En effet, qui dit vie, dit aussi mort, et vous y serez inévitablement confrontés. A commencer par celle des autres (quoique, vous pourriez bien aussi être le premier !). Une pierre tombale s’affiche alors sur votre parcours, avec un choix d’émotions offert au joueur. Pourtant, la vie doit continuer, et il faut continuer d’avancer… Avancer : voilà bien votre maître mot pour progresser dans l’aventure. Cet aspect peut se montrer à maintes reprises particulièrement agaçant puisque vous constaterez rapidement que les navets ne font que cela : ils marchent encore et encore et encore, incapables de rester en place plus de quelques secondes, à moins d’y trouver le repos éternel. Ce déplacement indéniable fait écho au temps qui passe… Et il est dès lors plus facilement compréhensible qu’il ne puisse jamais s’arrêter. Si vous ne faites que du sur place, la vie n’avance pas… Belle image qu’il est possible d’appliquer dans la vie de tous les jours n’est-ce pas ? Cette progression peut même être soulignée par une sorte de taupe qui est à vos trousses durant toute votre vie, vous obligeant à avancer plus vite encore… Vous verrez cela !
Bien que cela ne soit guère une obligation (si ce n’est dans les missions), la vie se déploie souvent selon une musique redondante et bien connue : l’enfance, l’adolescence avec les premiers flirts, puis viennent les premiers partenaires, les enfants, le temps passe et la vieillesse s’installe… Et paf, vous voilà complètement à droite de la barre de vie ! Les navets ont, eux aussi, droit à leur descendance et après avoir gravi toutes les étapes pour trouver l’âme sœur (ne soyez pas nécessairement fermés à d’autres aventures, les relations se tissent aussi vite qu’elles se brisent !), il est possible d’avoir un bébé navet (aussi empoté que vous à son âge !). Le cycle est le même, si ce n’est que vous êtes désormais à la place du géniteur et non plus dans la peau du petit dernier.
L’environnement social est de fait le cœur même du titre, avec des relations qu’il convient de tisser progressivement, imagées sous la forme de petits icônes qui se complètent progressivement jusqu’à atteindre le stade supérieur (ou inférieur !). Néanmoins, la redondance des tâches y est importante… nous y reviendrons…
De petites surprises viennent compléter le tableau, et nous regrettons presque une description si précise du titre dans la fiche de l’eShop de Nintendo. Vous y découvrirez bel et bien quelques animaux de compagnie qui seront dans un premier temps sauvages, puis amicaux, avant de finalement accepter d’être des animaux de compagnie après une petite balade au bout d’une laisse (similaire à la balade main dans la main lors d’un flirt… y aurait-il aussi une image sous-entendue ?). Quelques objets viendront agrémenter votre randonnée vitale, afin de faire cadeaux de quelques années supplémentaires à un proche, ou bien des mesures moins amicales que nous vous laissons découvrir… Petite mention mignonnette pour le jeu du pierre/feuille/ciseau qui manque lourdement de punch et de profondeur mais qui apporte une petite note humoristique au titre : votre victoire sera dès lors synonyme d’une offrande à mettre sur vos têtes. De nombreux chapeaux sont à découvrir, et tous vous permettent d’avoir une capacité particulière.
La dure réalité de la vie d’un navet
Ne serait-ce que par l’intermédiaire de ces quelques lignes de test, difficile de ne pas reconnaître l’originalité de ce titre. Néanmoins, derrière ces quelques bonnes idées, Minabo – A walk through life est bien loin d’être parfait… Passée la prise en main des commandes, ces dernières s’acquièrent finalement assez rapidement. Le contenu est malheureusement trop pauvre pour occasionner un véritable renouvellement au fil des missions. Les tâches proposées sont d’une grande redondance et le joueur passe indéniablement son temps à sélectionner des congénères et des émotions associées. Cette course acharnée s’avère aussi agaçante dans ses mécaniques, malgré son écho intelligent dans la vie de tous les jours : les navets semblent toujours vouloir se carapater et il devient nécessaire de leur courir après pour entretenir des liens sociaux de qualité. En effet, s’il peut paraître très simple, le titre demande tout de même une certaine dose de rigueur : la mort est susceptible de survenir bien plus rapidement que prévue, obligeant le joueur à recommencer la mission en cours. Il ne s’agit guère de courir à toute vitesse vers la droite une fois les objectifs accomplis, la vieillesse ne s’obtient pas sans un minimum de travail en amont.
Le mode vie libre n’offre guère plus de contenus : le joueur poursuit sa course vers la mort, croisant quelques amis, futurs partenaires de vie, et gagnant quelques chapeaux au passage. Est-ce suffisant… ?
Les graphismes ne sont pas dénués de charmes et quelques environnements sont plutôt réussis. Néanmoins, les ressemblances entre les milieux ne peuvent être que soulignées et notre marche sans fin prend indéniablement une allure répétitive, soulignée par une musique qui semble se traîner en longueur, ponctuée par les multiples interjections des navets (allant de Peekaboo -le jeu de cache cache pour enfant ? – au célèbre « Houba » qui fait aussitôt songer au Marsupilami !).
Proposé à un tarif de 15 euros environ sur l’eShop, le titre est avant tout à pratiquer pour son originalité, et s’adresse aux joueurs qui acceptent un faible contenu jumelé à une forte redondance des tâches ! Ou bien à celles et ceux qui raffolent des navets, voilà qui fonctionne aussi ! Les jeunes adolescents seront peut être plus cléments quant à l’attrait du titre…
Le saviez vous ?
Les navets proviennent d’Europe de l’Est et appartiennent à la famille de Crucifères. A la saveur douce, ils se récoltent d’octobre à mai sous nos contrées.
Conclusion
Minabo - A walk through life est un nouvel ovni dans la sphère des jeux indépendants disponibles sur Nintendo Switch. Prendre part à la vie sociale d'un navet, il fallait oser... Pourtant, une fois dans la course de la vie, les mécaniques fonctionnent relativement bien, avec des relations auprès de sa famille à entretenir, mais aussi de nouvelles à tisser auprès d'inconnus et même d'animaux. Pourtant, malgré quelques ajouts mignons, le titre souffre d'un manque de contenu et d'une très forte redondance des tâches. Son aspect mignon ne doit néanmoins pas laisser supposer qu'il suffit de foncer en ligne droite pour parvenir à atteindre tous les objectifs, un minimum d'efforts est requis simplement en prenant le temps de profiter un peu de la vie. Et potentiellement des autres ! Le joueur prendra-t-il autant de plaisir qu'il tente d'en insuffler à son navet ?
LES PLUS
- Une originalité incontestable.
- De nombreux chapeaux à collectionner.
- Demande surtout de prendre le temps de faire les missions convenablement, au delà d'une véritable difficulté : de quoi, peut être, séduire les jeunes adolescents.
LES MOINS
- Cette course effrénée devient agaçante et pénalisante dans le confort de jeu.
- Une très forte redondance des tâches.
- Un manque de contenu notable.