S’il y a bien un genre que les plus anciens d’entre nous connaissent parfaitement pour l’avoir éclusé depuis l’aube des consoles 8 bits, c’est bien celui de l’action/plateforme. Un genre qui nous demande d’observer les mécaniques d’un niveau avant d’utiliser les capacités propres à notre avatar pour atteindre notre but, que celui-ci soit une porte menant vers un autre niveau ou une princesse que l’on se dépêchera d’emmener… vers un autre niveau aussi. Et c’est donc au vétéran autoproclamé de l’équipe qu’échoit la responsabilité de tester ce Backpack Twins, un titre réalisé par les petites mains solitaires et créatrices d’Ema Bryn.
Frère de barbe
Sans blabla inutile, Backpack Twins nous emmène directement dans un monde dont nous ne savons rien si ce n’est qu’il va falloir survivre et atteindre son terme. Nous incarnons deux frères jumeaux et bien évidemment, les jumeaux, c’est comme les pâtes et la sauce carbonara, impossible de les séparer. Alors il ne sert à rien de chercher à ne sauver qu’un membre de la fratrie, c’est en équipe qu’on est plus fort et c’est donc en équipe qu’il va falloir venir à bout de ces pièges.
Si nos deux frères n’ont aucune autre particularité qu’une capacité de saut moyenne ainsi qu’une barbe d’hipster, ils possèdent toutefois un atout que peu d’entre nous leur envieraient : un sac à dos de la taille de celle d’un frigo dont ils vont pouvoir se servir comme d’une plateforme pour atteindre ainsi des hauteurs inaccessibles jusqu’alors. Le gameplay commence ainsi à prendre forme petit à petit, il ne nous reste plus qu’à évoquer la possibilité de switcher d’un jumeau à l’autre avec les touches L et R pour en avoir fait le tour.
Et ce sera tout ce que nous aurons à maîtriser durant la foultitude de tableaux différents qui nous attendent. Un saut, sur notre frère ou non, et un switch de personnage. Aucun autre ajout ne sera effectué tout au long de notre aventure, et c’est maintenant que le level design va devoir faire une entrée fracassante pour ne pas nous lasser au bout de trois niveaux. Et autant dire que malgré un classicisme évident, la formule fonctionne et reste accrocheuse malgré quelques petits manques.
Le premier élément avec lequel nous aurons à jouer concerne le temps. Entre des plateformes qui disparaissent, mais qui nous permettent d’actionner un bouton nécessaire à l’avancée de notre frère, avec lequel nous devons switcher avant la disparition de la susmentionnée plateforme, et tout un tas de joyeusetés telles des boulets de canon, des faux, des pics et des plateformes mouvantes, il y a largement de quoi mettre nos talents joy-cons en main à rude épreuve et nos morts nombreuses et honteuses en sont une preuve évidente.
C’est qui le papa ?
Heureusement pour nous, nous pouvons compter sur la narration mise en place par Ema Bryn pour nous tirer un petit sourire. Celle-ci brise régulièrement le quatrième mur et les quelques personnages que nous allons rencontrer au cours de nos déambulations seront toujours décalés juste ce qu’il faut. Ce n’est pas un déferlement d’humour auquel nous avons le droit, mais ces petites touches font du bien entre deux tableaux particulièrement fournis en décès en tout genre.
Si la courbe de difficulté est régulière et nous permet de comprendre les mécanismes qu’a souhaité mettre en place Ema Bryn, avec notamment la nécessité de mettre en place une mémoire musculaire pour les passages les plus retors au timing le plus serré et pour la récolte d’artefacts inutiles et donc primordiaux, un détail, dont il nous a fallu du temps pour l’identifier, nous a fait perdre un grand nombre de vies : le switch de personnages.
Cela semble une mécanique simple à comprendre, un appui sur L ou R et nous changeons de personnage actif. C’est simple. Sauf que lorsqu’il faut être très réactif et que notre nouvel avatar ne se trouve pas à l’écran et que celui-ci se déplace, le temps mis par notre cerveau pour se réadapter à la situation en cours nous fait perdre quelques microsecondes qui seront souvent fatales lors de nos premières tentatives. Si nous faire jouer des méninges semble être la volonté première de cette mécanique, ce qu’elle fait parfaitement, elle n’enlève jamais l’envie de pouvoir profiter de ce titre à deux joueurs, feature qui fait cruellement défaut.
D’un point de vue technique, nous sommes très proches des productions 8 bits que nous avons pu connaître avec la NES. Toutefois, la palette de couleur est bien plus sobre à la limite du triste. Les décors se renouvellent régulièrement, mais le côté terne de ces graphismes perdure malheureusement. Il en va de même avec la bande-son qui finit forcément par devenir répétitive avec nos morts qui s’enchaînent. Le dernier point qui gêne aux entournures concerne le speedrun. Si celui-ci est encouragé via un système d’enregistrement de notre meilleur temps, jamais, nous n’avons la possibilité de comparer celui-ci avec celui des meilleurs mondiaux. Et ce sont tous ces petits manques qui rendent le tarif de base de 12 € un peu difficile à accepter, surtout vu la concurrence acharnée sur ce segment.
Conclusion
Si Backpack Twins n’est pas le puzzle/plateformer de l’année avec ses graphismes ternes et ses petits manques, il n’en reste pas moins un titre au level design diabolique qui utilise à fond les mécaniques simples mises en place par Ema Bryn. Les amateurs du genre peuvent se jeter les yeux fermés sur ce jeu qui mettra leur mémoire musculaire à rude épreuve. De plus les petites touches d’humour de la narration sont capables de faire mouche pour faire retomber un peu la tension due à toutes nos morts.
LES PLUS
- Le level design est diabolique et utilise à merveille le gameplay
- La courbe de difficulté est régulière
- La prise en main est efficace
- La narration sait se montrer amusante
LES MOINS
- Il manque un classement mondial des temps
- Les graphismes sont trop simples et ternes
- La bande-son est vite répétitive
- Il est où le mode deux joueurs ?