Tiens tiens, encore un jeu réalisé dans un garage par un développeur solitaire. Mais que se passe-t-il donc en ce moment ? Serions-nous en pleine saison de reproduction des stabulaphiles ? Car oui la racine de garage est stabula qui signifie écurie en latin. Mais revenons-en à nos démons, car nous allons aujourd’hui parler de Oni : Road to be the Mightiest Oni de Kenei Design, un titre qui fait tout pour nous faire comprendre que le manque de moyen peut se compenser avec une bonne dose de réflexion, à condition de ne pas être trop gourmand.
L’Oni soit qui mal y pense
Et cela commence par une introduction qui nous plonge directement dans le folklore japonais avec une guerre entre les humains et les démons. Bien évidemment, les humains remportent la victoire, mais cette défaite ne sera que le tremplin de nos futures conquêtes. Car oui, dans Oni : Road to be the Mightiest Oni, nous incarnons Kuuta, un Oni qui décide de reprendre son entraînement pour devenir le pire des démons et ainsi venir à bout de son ennemi juré : Momotaro.
Pour cela, il se rend sur l’île de Kisejima et commence à rencontrer toute la faune locale qui lui expliquera comment devenir aussi puissant que le roi des démons. Cela ne sera pas sans risques et personne n’a jamais réussi à en sortir vivant. Cette présentation se fait d’abord sous forme de planche de bandes dessinées avant de passer par le moteur du jeu et des dialogues. Le résultat est tout de suite prenant et nous plongeons facilement dans cette ambiance sereine entrecoupée de phases de combat.
Durant nos déambulations sur cette île, d’autres personnages viendront à leur tour nous tenir compagnie. Il y aura bien évidemment un marchand, décidément, ils sont partout ceux-là, mais il y aura surtout Kanna, une jeune humaine bien mystérieuse avec qui nous allons avancer conjointement pour en apprendre plus sur les raisons de sa présence sur Kisejima. Le résultat est une narration à la fois poétique, pleine de mystères et d’introspections qui se laissent découvrir petit à petit.
À deux, c’est toujours mieux
Pour avancer dans notre quête, nous allons devoir venir à bout de deux phases de gameplay. La première est clairement orientée exploration, puisqu’elle consiste à parcourir l’île pour y découvrir tous ses secrets, à savoir des esprits et des champignons. Ceux-ci nous permettront ensuite d’acheter ou de débloquer un meilleur équipement et une plus grande réserve de cœurs, qui à leur tour nous faciliteront la tâche durant la seconde phase de gameplay : les combats.
Sur la carte apparaissent régulièrement de nouveaux démons que nous allons devoir combattre. Une fois arrivé sur place, l’affrontement se déroule dans une arène fermée. Il nous faut venir à bout des différentes vagues d’ennemis pour pouvoir en sortir. Ces combats sont, dans un premier temps, très semblables à ce que proposent les actions/RPG en 3D. Nous nous déplaçons avec le stick gauche, nous inclinons la caméra avec le stick droit, nous enchaînons les frappes avec Y et esquivons avec la touche B.
Toutefois, deux petites subtilités vont venir briser la monotonie de ces affrontements. Il y a tout d’abord le malin plaisir qu’a pris le développeur à modifier les conditions générales. En effet, nous pouvons nous retrouver avec une caméra fixe en hauteur, à la hack’n slash, ou encore à devoir combattre de nuit, avec une visibilité quasi nulle, ou même à diriger notre personnage sur un seul axe en mode action 2D. Et cela sans parler des différentes missions à remplir qui se renouvellent à chaque nouveau démon.
La seconde subtilité concerne notre acolyte autoproclamé : Kazemaru. Cet esprit vient nous apporter son aide. Que ce soit durant les phases d’exploration en devenant un radar à esprit ou durant les phases de combat en ayant diverses capacités telles que pouvoir être contrôlable via le stick droit et le maintien de la touche R pour ainsi devenir un point de dash ou devenir un aspirateur à PV. De quoi diversifier agréablement le gameplay en lui apportant une dose de complexité bien venue.
Quand le manque de moyen finit par se voir
Malheureusement, ces modifications n’empêchent pas une trop grande redondance dans ces confrontations et ce ne sont pas les combats de boss qui viennent changer la donne. Ceux-ci ne posent généralement aucun problème, leurs patterns sont très simples à comprendre et il ne faut jamais plus d’un essai pour en venir à bout. De plus, leur comportement est bien souvent étonnant, donnant l’impression de gambader autour de nous plutôt que de nous viser. Il s’ensuit une course-poursuite ridicule. Lui tourne autour de l’arène, tandis que nous le suivons pour lui mettre un coup.
Nous pouvons faire le même constat sur les graphismes. La qualité de ceux-ci est impressionnante, rappelant les grandes heures de la Switch avec The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Nous avançons dans des décors emplis de vie et de détails dans une 3D en cel-shading de qualité que rien ne vient prendre en défaut… du moins jusqu’à ce que nous comprenions que l’île de Kisejima est très petite et que malgré tout elle semble interminable tant notre Kuuta est lent dans ses déplacements.
Pour contrer ce phénomène, nous obtenons bien un phacochère de course vers la moitié du jeu, mais malgré tout, nous avons eu l’impression de devoir passer notre temps à faire des allers-retours entre des lieux que nous avons foulés déjà une bonne vingtaine de fois. C’est vraiment dommage, car le reste des graphismes, et notamment le travail d’incrustation des textes donne un aspect poétique et mélancolique très appréciable. De plus, l’animation ne souffre d’aucun défaut et le framerate est d’une stabilité absolue.
Ce phénomène de chaud et froid ne s’arrête pas là puisque la bande-son vient aussi apporter sa pierre à l’édifice. Tout commence avec une introduction chantée d’une voix féminine douce collant parfaitement à l’histoire qui nous est contée. Puis c’est au tour d’une voix masculine de prendre le relais durant les phases d’exploration. Et c’est maintenant que le drame arrive, ce second titre est le même tout du long des sept heures passées à explorer Kisejima. C’est d’une redondance absolue et c’est vite pénible.
Terminons en abordant la localisation. Tous les dialogues sont entièrement traduits dans notre langue de Molière, ou de Faf Larage, c’est selon vos goûts. Il est donc très facile de profiter de la narration mise en place sans rien rater. C’est un effort louable, mais qui n’efface que trop peu la pilule des 30 € du tarif de base.
Conclusion
Oni : Road to be the Mightiest Oni est un jeu d’action 3D qui possède malheureusement des défauts qui éclipsent trop ses qualités. Si ses phases de narration, d’exploration et de combats se complètent harmonieusement, notre île est bien trop petite pour rendre sa découverte intéressante plus de quelques minutes et la faible IA des ennemis rencontrés nuit à la qualité de nos affrontements. De même si les titres de sa bande-son sont de qualités, ils ne sont que bien trop peu nombreux et tournent trop vite en boucle. Il faut espérer que ce coup d’essai soit transformé dans un avenir proche par un second titre plus abouti, car la qualité technique du titre de Kenei Design reste toutefois impressionnante.
LES PLUS
- Les graphismes sont enchanteurs et de qualité…
- L’animation est impeccable…
- Les phases de combats sont sympathiques…
- Les titres chantés de la bande-son sont de qualité…
- La durée de vie est correcte…
- La narration énigmatique est prenante
LES MOINS
- … mais notre île est d’une taille ridiculement petite.
- … mais notre héros se déplace bien trop lentement
- … mais elles tournent vite en rond
- … mais ils tournent en boucle et finissent par nous sortir des oreilles
- … mais le tarif de 30 € ne lui correspond pas du tout
- Beaucoup trop d’allers-retours dans un périmètre restreint