A l’heure où l’expansion démographique interroge sur son impact écologique… A l’heure où l’expansion urbaine questionne sur sa répercussion sur la faune mais aussi sur la flore… Pourquoi ne pas se tourner vers la gestion d’une ville virtuelle ? La prise en considération des besoins des résidents est capitale, mais finalement, ne serait-ce pas finalement la bonne gestion des ressources qui est à l’origine de la moindre croissance, ou décroissance, d’un peuple… ? A vous d’en prendre le contrôle pour faire de votre territoire une mégalopole animée ou bien le siège de bidonvilles délabrés.
Développé par Estudios Kremlinois et édité par RockGame, tout commence par le choix d’un biome (une étendue territoriale répondant aux mêmes critères climatiques). Répertoriés en cinq types distincts (tempéré, désert, archipel, forêt et ruine), chacun de ces territoires dispose à son origine des spécificités, des contraintes et des ressources plus accessibles que d’autres. A l’ouverture du titre, vous n’aurez néanmoins guère le choix : seul le premier biome est accessible (tempéré), avec des contraintes moindres pour faciliter la prise en main du titre. L’accès au suivant n’est ouvert qu’une fois le précédent bien rodé… et ainsi de suite.
Quelques particularités peuvent être paramétrées par le joueur, comme la taille de la carte, l’importance de la mer, la présence de neige ou de désert… autant de points importants desquels découlera une difficulté plus ou moins accrue. Un vaste territoire sera plus abordable, tandis qu’un petit lopin de terre désertique présente assurément quelques contraintes non négligeables à l’ébauche de la partie.
Bienvenue chez vous
Bien qu’il faudra dans un premier temps faire ses preuves dans le premier biome, le principe général de jeu reste sensiblement le même. Néanmoins, ce n’est qu’après avoir pris en main le tutoriel initial que vous pourrez être pleinement à l’aise sur le titre et ainsi prendre plaisir à contrôler chacun des paramètres accessibles.
La grande spécificité du titre découle de sa capacité à rendre chaque action impactante pour la suite. En effet, si les premières constructions peuvent sembler anodines, chacune de vos décisions va peu à peu s’imbriquer pour donner un ensemble plus au moins cohérent.
Le jeu s’articule autour de diverses constructions qui peuvent paraître bien restreintes de prime abord. En effet, seule une poignée de propositions est disponible au début de la partie : un choix plutôt judicieux de la part des développeurs afin de permettre au joueur de prendre ses marques progressivement, sans être noyé par une foule d’informations totalement inutiles au démarrage. Il faudra dans un premier temps se lancer dans la construction traditionnelle de multiples routes afin de faire communiquer les différentes zones à venir, puis les premières maisons, et enfin les champs. Rapidement, les premiers paramètres s’ouvrent au joueur : la nourriture, mais aussi le travail. Accessibles, ils n’en demeurent pas moins de véritables pierres angulaires pour de nombreuses constructions à venir… Prenons pour exemple la nourriture. Cette dernière est produite notamment par les fermes, les maisons de campagnes, les silos… et consommée par les multiples résidences, mais aussi les supérettes ou encore les bars… Il est donc indispensable de trouver le point d’équilibre pour produire suffisamment afin d’offrir à toutes les structures suffisamment de ressources pour leur bon fonctionnement.
Bien. Mais ici, nous ne nous sommes attardés que sur la nourriture… Le travail, quant à lui, est consommé dans une foule de constructions diverses, tandis que sa production demande un investissement certain en termes de structures spécifiques. Ces structures requièrent, elles aussi, certains éléments, mais aussi un emplacement spécifique… Par exemple, la mine de fer nécessite 1000 points de travail afin de produire et de stocker du minerai, elle ne doit pas être située à proximité d’une autre production de fer dans un rayon de 5 cases (nous reviendrons sur l’agencement du plateau sous la forme de cases), tout en se maintenant à une distance de 3 cases d’une route. Voilà qui commence à se corser doucement… Ça tourbillonne dans votre ciboulot ?
Bien. Mais ce n’est encore rien ! Au fil des constructions à venir, les paramètres se déverrouillent un à un, et apportent avec eux de multiples complexifications. Reprenons cette mine de fer d’aspect encore un peu anodine. Cette dernière devient vite indispensable pour fournir certaines ressources. Mais attention… les maisons construites aux alentours vont se voir impactées si vous n’y prenez pas garde ! En effet, le bidonville est l’une des pires bâtisses susceptibles d’apparaître au sein de votre territoire, à proximité des industries… La pollution ne doit dès lors pas être laissée de côté afin de limiter la mise en place des bidonvilles.
Chaque élément doit dès lors être réfléchi puisqu’il risque d’influencer directement l’orientation de votre cité. Les développeurs ont fort heureusement offert au joueur un tutoriel plutôt bien agencé, avec des étapes précises et lentes, même s’il faut parfois fouiner par soi-même pour assimiler l’ensemble des nombreuses mécaniques du jeu. Aussi, une telle opulence de paramètres à prendre en compte requiert une parfaite visibilité sur le territoire.
Taux de ceci, taux de cela…
Le menu consacré à la construction est localisé dans le bas de l’écran et se déploie rapidement par l’intermédiaire de la touche Y. S’ouvre alors tout un panel de possibilités, qui vient s’étoffer au fil de l’évolution dans le jeu : la majorité des constructions nécessite en effet des pré-requis, comme un nombre minimum d’habitants. La partie supérieure, quant à elle, offre la possibilité de jouer sur la vitesse du jeu, plus ou moins rapide. Le joueur est libre d’arrêter le temps s’il le souhaite : idéal pour faire le point sur la situation sans répercussion sur le territoire.
La partie droite est consacrée aux ressources. Votre écran va dès lors être de plus en plus chargé, avec de multiples petites icônes soulignant les variables globales (le nombre d’habitants, leur degré de bonheur, la vie nocturne, etc) mais aussi les ressources (la nourriture, le travail, mais aussi les traditionnelles ressources en bois, en fer, en énergie…). Une annotation supplémentaire de couleur permet de visualiser d’un simple coup d’œil les ressources qui posent problèmes (avec le classique code couleur vert et rouge !). Vous l’aurez donc bien compris : Urbek City Builder axe lourdement sa gestion via les ressources, ce sont assurément elles qui vont contrôler votre jeu. Néanmoins, ne serait-ce pas assez cohérent finalement ?
Il ne s’agit dès lors pas de cumuler un maximum de maisons reliées par des routes entourées de jolis parcs, d’un peu d’usines et de supérettes… pour parvenir à garder le cap sur la ville ! Les décisions doivent être prises avec réflexion. Dans le cas d’un bouleversement des lieux, le joueur dispose alors d’une alerte pour rapidement rectifier le tir avant de voir les habitants fuir la zone concernée. Par exemple, les habitants d’une villa seront fort désabusés s’ils voient arriver à deux pas de chez eux un amoncellement d’autres résidences !
Un menu circulaire offre une très bonne visibilité sur toutes les ressources et variables. Accessible par simple pression du bouton ZL, le joueur peut dès lors vérifier ces informations, prendre le temps de consulter une aide précieuse, mais aussi mettre en avant son activité politique… Divisée en différents niveaux (à débloquer à nouveau au fur et à mesure…), le joueur est capable d’influencer tel ou tel paramètre en fonction de ses préférences mais aussi de l’avenir qu’il souhaite pour sa ville. Le temps de travail peut, par exemple, être prolongé… Ce qui ne va pas augmenter le niveau de bonheur des habitants ! Pourtant, il faudra bien parvenir jusqu’à un certain seuil de bonheur si vous souhaitez offrir à tous vos résidents un stade de foot ou encore une chapelle… vous allez devenir un véritable équilibriste des ressources !
Viens faire un tour dans ma case…
Urbek City Builder propose une judicieuse organisation du territoire par cases. Simples et intuitives, les constructions viennent rapidement s’imbriquer sans difficulté, malgré l’absence d’un mode tactile fonctionnel. Il est par ailleurs possible de construire plusieurs bâtiments similaires rapidement, ainsi que les routes et autres accès, sans oublier les zones vertes. La jouabilité du titre est bonne et agréable, avec peu d’erreurs à signaler dans la gestion du territoire. Cette organisation, qui peut sembler très rigide, offre un confort de jeu notable.
Un léger manque de visibilité dans le choix des écritures blanches de petits caractères peut être précisé, mais un certain jeu de couleurs permet néanmoins la mise en avant des informations les plus importantes afin de compenser cette finesse didactique.
La caméra est capable de tournicoter à loisir, le joueur peut zoomer ou dé-zoomer à sa convenance, jusqu’à prendre part directement à la vie auprès des résidents. En effet, une vision à hauteur d’homme est disponible et bien qu’elle n’apporte pas grand chose en soi, certains joueurs seront ravis de visiter leur chez eux !
L’ambiance musicale générale est agréable, avec des mélodies qui ne marqueront probablement pas le joueur mais qui l’accompagneront dans ses choix sans l’agacer ou l’endormir.
Urbek City Builder est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 18 euros environ.
Le saviez vous ?
Le City Builder regroupe l’ensemble des jeux vidéo permettant la construction et la gestion d’une ville. Proposé en 1968, « The Sumer Game » est considéré comme le tout premier de sa catégorie. Il s’agit alors d’un jeu textuel : les prémices d’une grande et longue histoire à venir…
Conclusion
Amateurs de ressources en tous genres, vous avez trouver votre titre phare ! Urbek City Builder est une belle réalisation générale, permettant au joueur de s'immiscer à la tête d'un territoire qui n'attend plus que lui pour prendre vie. La réflexion est de rigueur puisque la majorité des actions, en sus de nécessiter des pré-requis, se répercute aux alentours sous la forme de multiples impacts évolutifs. Ainsi, chaque partie est différente selon l'agencement et les améliorations de constructions choisies par le joueur. Jouissant d'une bonne jouabilité, avec des graphismes simples mais très propres, Urbel City Builder représente un nouveau défi stratégique pour toutes celles et ceux qui apprécient la construction d'une ville tout en prenant en grande considération de nombreuses variables, et dès lors, le maintien d'une parfaite cohérences entre ces dernières.
LES PLUS
- Un jeu de gestion de ressources au sein d'une ville, particulièrement ingénieux.
- De nombreuses améliorations disponibles, avec une bonne stratégie à mettre en place pour rester cohérent avec la direction générale souhaitée pour le territoire.
- Jouabilité agréable, avec des aides et des menus clairs et explicites.
- Des graphismes propres, avec des constructions qui évoluent au fil de la partie.
LES MOINS
- Une omniprésence des ressources et des variables qui pourrait rendre un peu chèvre certains joueurs, il ne suffit pas de multiplier les constructions sans réflexion au préalable...
- Des textes un peu petits... avec une traduction parfois hasardeuse.