On ne dirait pas comme ça, mais devenir testeur de jeux, c’est voir se développer en soi une seconde personnalité. Et si la première était déjà présente dans les années 90, profitant ainsi de nombreuses heures de jeux vidéo en compagnie d’autres âmes errantes sur des machines au cœur de 486, la seconde et plus récente de ces personnalités fait exprès d’oublier ces moments en forme de madeleine de Proust pour ne laisser apparaître qu’un cœur froid et calculateur se basant uniquement sur les chiffres pour vous fournir en fin de test une note la plus impassible possible. Alors, allons-nous laisser ces heures passées sur Raiden III fausser notre jugement sur ce Mikado Maniax, à vous de juger…
Une solidité à toute épreuve
Car oui, nous n’arrivons pas en terrain neutre avec cette version de Raiden III. Si nous avons découvert la série à la fin des années 90 sur le PC d’un ami et via un partage de clavier dantesque, c’est bien sur la PS2 familiale que notre passion pour le Shoot’em Up a pu se développer et c’est ainsi que ce Raiden III a eu une place de choix sur celle-ci aux côtés de doux souvenirs tels Gradius V, Thunder Force VI ou DoDonpachi. Et pourtant, avec le recul force-nous ai de constater que, de la même manière que pour les autres titres de la série mis en place par Seibu Kaihatsu, ce Raiden III ne proposait rien d’autre qu’une expérience classique, mais solide de Shoot’em Up à défilement vertical.
Et après tout, ne serait-ce pas suffisant ? La série des Raiden n’a jamais fait dans le subtil. Un vaisseau rouge, un vaisseau bleu, sans doute la recette du bonheur reprises par les frères/sœurs Wachowski, trois types de tirs différents, des missiles et une réserve de bombes dévastatrices, que demandait de plus ? Un mode deux joueurs ? Il est présent depuis les origines de la série et explique à lui tout seul le plaisir que nous avons pris sur ces jeux depuis la création du premier opus.
Et rien de plus ne viendra chercher à nous retourner le cerveau. Les pastilles rouges upgradent le tir multidirectionnel de base, les pastilles bleues nous font passer au laser qui déchire tout ce qui se trouve en ligne droite de notre position et les pastilles vertes nous mettent dans les mains le Proton Laser. Un nom étrange qui ressemble davantage à un effluve de Ghostbuster et qui s’incline dans la direction que nous prenons, nous permettant de ratisser large en réduisant nos déplacements. Les missiles quant à eux sont toujours aussi dévastateurs, mais toujours aussi peu nombreux, tandis que les bombes détruisent tout ce qui se trouve à l’écran et nous permettent de nous sortir des situations mal embarquées.
Que du classique, mais du classique de qualité dont nous pouvons profiter en solo ou en duo. Mais pas que. En effet, pour faciliter les défis les plus fous que se lancent certains d’entre nous, et nous savons qu’ils existent, nous avons les noms, un nouveau mode avait fait son apparition. Dans celui-ci, nous utilisions les deux sticks ainsi que les quatre gâchettes de nos manettes pour prendre le contrôle des deux vaisseaux en même temps. Les amateurs de nœuds dans le cortex cérébral ne s’en sont toujours pas remis… Bref de quoi s’amuser déjà en 2005, alors que propose de plus cette version Mikado Maniax ?
Welcome in the turfu
Et bien, commençons par les petits détails qui n’en sont pas pour les amateurs de Shmup, le classement en ligne. Nous allons enfin pouvoir montrer au monde entier qui c’est le patron ! Et nous rendre compte que nous sommes très loin des têtes de série, mais que finalement atteindre le top 100 c’est déjà pas si mal. Et ces high scores ne s’arrêtent pas au mode solo puisqu’il est possible de tenter le record dans n’importe lequel des trois modes de jeu tout en choisissant notre difficulté parmi les sept proposés. Pas d’injustice ici, le menu est clair et nous savons toujours comment ont été réalisé ces merveilles de scores, d’autant plus que nous pouvons enregistrer notre run puis la partager. L’humilité n’est jamais loin.
Pour devenir le meilleur, il faudra comprendre le système de scoring. Rien de bien méchant ici, nous sommes très loin des productions de Cave, pour obtenir le multiplicateur maximum, à savoir deux, il suffit de détruire un vaisseau le plus rapidement possible. Plus celui-ci a le temps de prendre ses aises sur notre écran et plus nous descendrons vers le un. Rien de plus, rien de moins, il va donc falloir apprendre les schémas d’apparition de nos ennemis pour ainsi anticiper et optimiser notre placement.
Pour le reste, des petites bulles colorées seront à ramasser pour nous offrir un nombre de points important et augmenter nos bonus de fin de missions, dont dépendra aussi notre nombre de vaisseaux et de bombes restants. La durée de vie dépendra donc essentiellement de notre appétence pour les challenges à base de classements mondiaux, car pour finir ce titre en duo, une bonne après-midi avec un ami suffit et une run complète prend alors une petite demi-heure.
Mais c’est à partir de ce moment que le travail de développeurs de Moss prend tout son sens et que ce Mikado Maniax prend son envol. En effet, si le gameplay de base et les mécaniques de scoring n’ont pas changé, le travail sur la musique est tout autre. Au fur et à mesure de notre progression, nous débloquons de nouveaux titres et un menu de sélection nous permet alors d’attribuer celle que nous souhaitons à un niveau précis. Nous voilà devenus DJ d’un jeu vidéo. Pour le reste, nous débloquons de nouveaux artworks qui viendront égayer les côtés inutiles obligatoires de ce type de Shoot’em Up, du classique, mais de qualité.
La qualité, ça vieillit toujours mieux
Le genre du Shmup est un genre qui vieillit globalement très bien. Ainsi des titres tels DoDonpachi ou Ikaruga sont toujours extrêmement plaisants à jouer malgré leur plus de vingt ans d’âge. Alors ce Raiden III fait-il exception à la règle. La réponse est non. Les graphismes, hormis une résolution plus importante, n’ont pas vraiment bougé depuis l’époque de la PS2, mais ils restent largement suffisants pour nous offrir une expérience de jeu prenante. Premier épisode de la série mêlant une maniabilité 2D à un défilement en simili 3D, nous avançons dans des décors précalculés encore jolis et suffisamment détaillés vu le temps que nous avons à leur consacrer.
Entre les trois niveaux se déroulant sur Terre et les quatre suivants se passant dans l’espace, le renouvellement est de mise et nous n’avons jamais la sensation de tourner en rond. De même, les ennemis et leur patern changent régulièrement et chaque nouveau niveau est un nouveau défi qu’il nous faut apprendre à relever. Les boss sont bien évidemment énormes et un mode Boss Rush, une fois notre première victoire sur les Crystals (car oui, il y a un semblant de scénario, mais tout le monde s’en fout) en poche, nous permet de les confronter l’un après l’autre pour devenir encore meilleurs et terminer ces niveaux non seulement en No Miss, mais aussi sans avoir perdu la moindre vie.
La bande-son, bien évidemment, est un monument du Shoot’em Up. Entre les titres de bases, déjà sympathique et les ajouts de ce Mikado Maniax, nous avons droit à une pléthore de titres tous aussi différents les uns que les autres, mais partageant une même nervosité qui s’adapte toujours parfaitement à l’action en cours et qui nous met dans le plus parfait des états de transe nécessaire à ce genre si particulier de jeu.
Terminons ce test en évoquant les derniers petits ajouts de cette version. La première concerne la possibilité d’afficher les hitbox des différents protagonistes à l’écran. Nous verrons ainsi que la nôtre est limitée au cockpit de notre vaisseau et découvrirons celles des ennemis et des différents tirs que nous envoyons ou recevons. Une bonne idée notamment lors des phases de boss, qui permettra à tous de progresser. Ajoutons enfin la possibilité de jouer en mode verticale pour avoir la possibilité d’enlever les bandes noires sur le côté. Il faut alors enlever les joy-cons, car les contrôles au stick ne s’adaptent pas. L’ergonomie de jeu est toutefois bien meilleure dans ce mode qui utilise alors la totalité de notre écran.
Conclusion
Oui, Raiden III n’est pas le Shoot’em Up le plus innovant du genre, mais il propose une expérience extrêmement solide qui n’a pas à rougir face à la concurrence. Ses graphismes et mécaniques de scoring n’ont pas vieilli et permettent toujours à un ou deux joueurs de s’éclater confortablement assis dans le canapé ou la Switch posée sur une table. De plus, ce Mikado Maniax nous permet de profiter de classements mondiaux et d’un éditeur de bande-son magnifiquement doté en titres. Que demandait de plus autant pour les amateurs du jeu d’origine que pour les nouveaux venus ?
LES PLUS
- Les graphismes, bien que polygonaux, n’ont pas pris une ride
- La bande-son de ce Mikado Maniax est une merveille personnalisable
- Le mode Duo est un must-have à lui tout seul
- Le mode Dual permettra aux joueurs avec deux cerveaux de s’amuser pleinement
- Les classements mondiaux sont là pour nous rendre humbles
- La prise en main est optimale et personnalisable
- Les mécaniques de scoring encouragent l’apprentissage
- Les ajouts tels les hitbox sont des petits plus agréables
- Le mode Boss Rush permet de se perfectionner
- Les sept modes de difficultés permettent à tous joueurs d’adapter son challenge
- Les niveaux et ennemis se renouvellent régulièrement
- Le mode vertical est très agréable en nomade
LES MOINS
- Nous aurions aimé un ou deux niveaux supplémentaires
- Le système de tirs est toujours aussi simple (du coup c’est peut-être positif…)
- Pas de révolution graphique en dehors de la résolution de base
- Il faut obligatoirement enlever les joy-cons pour jouer en mode vertical