Avez-vous un temps envisagé de devenir animateur radio ? Pour accompagner vos auditeurs avec votre voix pour une partie de la journée… C’est le pari fou que propose Killer Frequency, en ajoutant néanmoins une certaine subtilité : celle de garder vos auditeurs… en vie ! Préparez vos meilleurs vinyles, nous allons tenter notre chance à la radio !
Bienvenue sur 189.16, les ondes de la nuit…
Killer Frequency est la dernière réalisation de la Team17 (faut-il encore la présenter ?). Éditeur et développeur indépendant, on doit au studio le très (re)connu Worms, mais aussi des titres comme Overcooked… Bref, vous connaissez, pas vrai ?
Killer Frequency se positionne dans un autre créneau que les titres susnommés, déjà par le nombre de joueurs. En effet, il s’agit ici d’un jeu Solo. Vous êtes propulsé dans la peau de Forrest Nash, un animateur radio au passé un peu trouble. Celui-ci, ayant fait les grandes heures d’une station de radio nationale, se retrouve propulsé dans une radio locale en charge de l’émission nocturne, pour une raison que l’on ignore…
L’action se déroule en 1987. Forrest Nash démarre son émission nocturne quotidienne, mais reçoit un appel en provenance directe du bureau du shérif… Celui-ci a été assassiné par un tueur en série que l’on croyait mort depuis des années… Le Siffleur (un mix entre Michael Myers et Ghostface). Le bureau de police étant de fait indisponible, les appels du 911 (la ligne de secours aux États-Unis) sont redirigés vers la station radio de Forrest Nash, qui semble être la seule personne en ville à même de gérer des appels téléphoniques. Vous devrez donc répondre à vos interlocuteurs téléphoniques, alors qu’ils sont pourchassés par ce tueur mystérieux…
Outre la prise d’appel, Forrest devra alors guider, à l’aveugle, les auditeurs à l’autre bout de la ligne, pour éviter qu’ils ne passent sous la lame du siffleur…
Ici Forrest Nash, à votre écoute !
Killer Frequency est un FPA (First Person Adventure), dans lequel vous évoluerez dans un milieu clos (la station de radio dans laquelle travaille Forrest). La partie débutera dans le studio radio, mais très vite vous serez amené à le quitter pour trouver des indices visant à sauver vos auditeurs.
Ainsi, il est donc possible d’avancer, de reculer, de faire des déplacements latéraux avec le stick gauche, le stick droit permettant d’orienter la direction (et/ou le pointeur) du joueur. Forrest est également capable d’interagir avec certains objets (un cercle blanc avec une main apparait alors au niveau du pointeur lorsque vous le positionnez sur un objet potentiellement intéressant). Il est également possible de ramasser des objets, mais pas plus de 2 à la fois, et de basculer d’une main à l’autre pour les utiliser (en gardant à l’esprit que notre héros est gaucher). Il est aussi possible de se baisser et de lancer certains objets (comme des boulettes de papier).
Un petit tutoriel durant le prologue du jeu, vous permettra de vous familiariser avec les différentes commandes, sous les conseils avisés de Peggy, la standardiste qui préfère rester enfermée dans son studio (il y a un tueur qui rode en ville, on le rappelle !). Mais n’oublions pas que notre héros, Forrest, est avant tout un animateur radio. Vous serez donc amené au cours de votre partie, à choisir des vinyles à diffuser à l’antenne, mais aussi des publicités enregistrées sur des K7 audio (c’était le support d’avant les CD pour les plus jeunes).
Rassurez-vous, votre assistante Peggy sera généralement là pour vous indiquer quand il y a lieu de faire telle ou telle action relative à l’animation de la station de radio.
Mais ce n’est pas tout, car comme nous le disions en introduction, le shérif a été assassiné et c’est vers votre ligne que sont redirigés les appels d’urgence. Très vite, une seconde victime potentielle contacte la station de radio… Celle-ci se retrouve prisonnière dans un parking avec le siffleur… Malheureusement la bougresse a oublié ses clés de voiture… Il faudra donc trouver les explications qui lui permettront de démarrer sa voiture sans en avoir les clés, en espérant réussir à lui sauver la vie. Un autre personnage se retrouvera traqué sur son lieu de travail, et il faudra le guider en lieu sûr mais en se basant uniquement sur les dires de la victime et un plan griffonné à la main et envoyé par Fax. Vous aurez généralement le choix des réponses que vous donnerez aux personnages qui sont à l’autre bout de la ligne. De ce point de vue, le jeu arrive à se renouveler en proposant une assistance toujours différente, même si elle s’appuie toujours sur des documents à trouver en amont.
Attention aussi, car il faudra parfois répondre rapidement, comme dans un QTE, sous peine de voir… enfin d’entendre notre fidèle auditeur se faire assassiner… Ces passages arrivent à faire monter un peu la pression, alors qu’au final, nous sommes toujours dans notre studio de radio et que finalement ce n’est pas notre vie qui est menacée.
Chérie, ça va couper…
L’ambiance est franchement réussie dans le jeu… Outre l’aspect cell-shading qui donne au jeu un côté un peu intemporel, couplé à des couleurs fluo/flashy, dans un esprit très « eighties ». Nous nous devons aussi de signaler l’excellente performance des voix originales du jeu (en anglais). On regrette presque qu’il n’existe pas de doublage français, mais par chance, le jeu est entièrement sous-titré en français ! Un bon point, car cela s’avère relativement indispensable pour bien comprendre les tenants et aboutissants de l’histoire.
Outre les voix originales, nous avons également apprécié les vinyles qu’il était possible de diffuser, offrant ainsi au jeu une bande-son des plus agréables. Les bruitages sont également très réussis et ceux qui accompagnent la mort d’une victime auront de quoi vous glacer le sang.
Par contre, c’est du côté de la maniabilité que ça pèche un peu… En effet, il est souvent très difficile de pointer ne serait-ce qu’un simple bouton sur la platine du diffuseur, et dans ces cas-là, on se dit qu’un petit coup de visée via le gyroscope de la console permettrait de faciliter la saisie des objets. Autre chose, par défaut, on appuie sur A (par réflexe) pour ramasser un objet… Pas de panique, une autre touche est disponible (ZL) et simplifie également les mouvements, comme par exemple l’ouverture d’une porte. Nous avons ragé à certains passages du jeu, notamment quand il fallait ramasser des fusibles et qu’il nous manquait un « chouïa » pour ramasser l’objet…
Au demeurant, le reste des déplacements se fait sans accroc et on finit par gérer plus ou moins les zones à « toucher ».
L’histoire est plutôt bien mise en scène et celle-ci évolue au fil de votre exploration dans les locaux de la station de radio, qui s’avère finalement plus mystérieuse qu’on ne le pensait (mais vous le découvrirez par vous-même !). Nous avons été surpris par certaines réactions, notamment après la mort d’un auditeur (que nous n’avons pas pu sauver) : passé le râle gargouillant de sang de la victime, Forrest fait part de son désarroi à Peggy et enchaine ensuite avec… une page de pub. Les réactions des personnages paraissent alors un peu incohérentes par rapport à ce qui vient de se passer, mais en y réfléchissant à deux fois, on réalise que c’est plus ou moins l’esprit des slashers dont le jeu est très librement inspiré. Nous avons d’ailleurs beaucoup apprécié les clins d’œil à différents films de genre comme Haddonfield Lane ou Romero Street et Macready Street… Ou encore cette auditrice nommée Carrie et malmenée par d’autres jeunes… Les amateurs auront les références !
Conclusion
Killer Frequency propose une expérience pour le moins originale. Pour une fois, l’animateur radio que l’on incarne ne sauve pas les gens en donnant des conseils amoureux ou en doublant leur salaire… Ici, il y a des vies à sauver et l’expérience s’avère plutôt entrainante et parfois un peu stressante. Malgré le potentiel rejouabilité assez limité, Team17 nous propose une fois encore une bonne pioche en éditant ce titre sur Nintendo Switch. Si vous aimez les slashers des années 80, cette rencontre avec Le Siffleur devrait vous plaire…
LES PLUS
- L’ambiance slasher des années 80
- La bande-son
- Le doublage (en anglais)
- Sous-titré en français
- Le fait d’être un animateur radio qui aide les gens sans les voir
LES MOINS
- La maniabilité
- Le côté un peu trop linéaire
- L’impression que la mort des autres n’a pas forcément d’impact
- Quelques incohérences