Le monde des colons ne date pas d’hier… Si l’histoire de nos civilisations s’illustre et se désole dans bien des conflits, la conquête du territoire et le maintien de l’ordre auprès de toutes les factions est d’une importance capitale pour le bien de l’humanité. À ce titre, de nombreux développeurs se sont portés sur le sujet avec notamment une licence des plus célèbres : « The Settlers » née en 1993 sous Amiga et PC. Depuis, le titre a fait de nombreux petits et c’est avec une petite pointe d’excitation que nous retrouvons l’opus « New Allies », disponible sur Nintendo Switch depuis le 4 juillet dernier.
Développé par Blue Byte et Ubisoft, et édité par Ubisoft, The Settlers: New Allies commence son incursion dans la vie des joueurs par une imposition assez agaçante, pour ne pas dire franchement casse-bonbons. Ubisoft Connect devient un chemin obligatoire, avec une inscription tantôt sans la moindre anicroche, tantôt particulièrement chaotique. En effet, nous avons fort peiné à retrouver notre compte… à tel point qu’il fut nécessaire d’en créer un nouveau. Par ailleurs, l’accès au titre était bloqué (ou alors il faut lourdement insister…) sans cette dite inscription, ce qui a l’art de nous incommoder. Sommes-nous vraiment obligés de nous inscrire à quelconque club pour jouer au titre que nous venons d’acquérir ? Voilà qui est dit…
Passée cette étape quelque peu fastidieuse, la partie peut enfin commencer… et se dévoile sous un nombre consistant de modes de jeu. À commencer par un didacticiel que nous vous recommandons (très) fortement. Ce dernier se décompose alors en sous-catégories permettant de parfaitement assimiler toutes les bases du jeu. Ces notions sont capitales pour prendre plaisir à avancer et à progresser, d’autant plus si vous êtes novice de la licence. Par ailleurs, les objectifs de ce didacticiel sont clairs et le joueur est correctement aiguillé dans l’ensemble de ses démarches. Certes, la réalisation de l’ensemble du didacticiel demande un peu de temps mais ce temps sera gagné par la suite puisque vous vous sentirez à l’aise sur le titre.
Au temps des colons
Être à l’aise sur le titre est en effet une condition sine qua non pour prendre plaisir avec sa ribambelle de colons qui attendent vos ordres. Face à tous les modes de jeu disponibles, passé l’apprentissage de base avec le didacticiel, le plus judicieux reste de choisir le mode Campagne. Ce dernier met en scène une histoire plutôt bien fichue à laquelle le joueur est invité à prendre part en suivant un fil conducteur donné.
Les objectifs sont en effet récapitulés dans un coin supérieur de l’écran, avec quelques aiguillages supplémentaires sur la mini carte ancrée dans le coin inférieur cette fois-ci. Si les objectifs sont distincts, l’idée générale sera toujours sensiblement la même : gérer ses colons, conquérir les territoires, bien se défendre contre les ennemis, et partir au front pour faire fi du danger et mettre une sacrée raclée à ceux qui nous cherchent des noises. Tout un programme… vous comprenez dès lors l’importance du temps accordé au tutoriel !
Au départ, vous ne serez qu’une petite poignée de loyalistes, mais peu à peu de nombreux civils vont se joindre à vous pour prendre le large dans l’espoir d’être plus en sécurité « ailleurs ». Votre première mission consiste dès lors à prendre en main une armée afin de sécuriser les quelques bâtisses du village. Une petite harde ennemie ne manquera pas de venir vous titiller afin de tenter une dernière attaque avant votre départ. Vous n’aurez pas le choix : il va falloir vous battre ! Ou plutôt, gérer vos troupes pour sortir victorieux de la bataille imminente.
La prise en main de vos unités de combat repose soit sur la sélection manuelle de vos hommes, dans un périmètre plus ou moins élargi, ou encore par l’intermédiaire d’un menu circulaire fort pratique. Dès lors, vous êtes à même de sélectionner tous les corps de métiers liés à la guerre, ou bien juste ceux de votre choix (qui peuvent être nombreux en fonction de votre avancée dans le jeu, des valeureux guerriers, tout en passant par l’archer et même quelques individus particulièrement utiles pour délivrer des soins…). Ne reste alors plus qu’à sélectionner la zone où votre escouade doit se rendre, ou bien directement les ennemis à attaquer. Et là, il faut bien admettre que de voir ses petits soldats partir au front avec une grande détermination et quelques hauts cris de guerre a quelque chose de jouissif ! Pourtant nous ne sommes pas friands des conflits, mais là… ils sont assez attachants ces colons !
Bien entendu, ce premier combat n’est qu’une simple mise en bouche, une petite promenade de santé même, qui n’a que pour objectif de donner une certaine maîtrise du titre au joueur. Une maîtrise qui, effectivement, n’est pas toujours si aisée lors des premières heures de jeu. Par ailleurs, aucune véritable structure d’attaque ou de défense n’est encore en place.
C’est néanmoins suffisant pour repousser la petite horde d’ennemis et ainsi permettre de valider cette toute première phase du mode Campagne. S’ouvre alors celle dédiée au « Refuge », une petite halte pas si harmonieuse que cela, mais qui permet véritablement de repartir de zéro pour installer, découvrir et agrandir son territoire peu à peu. Il serait temps de prendre soin de toutes celles et ceux qui ont cru en vous, cher capitaine !
Le joueur reste particulièrement tenu par la main, avec des objectifs visibles. Vos colons nécessitent un grand nombre de ressources pour survivre et votre première mission consiste à entreposer un maximum de ces dernières afin d’assurer la pérennité de votre faction. Une étape cruciale à ne surtout pas lésiner… Notre première fois s’est lamentablement soldée par un échec, soudainement à cours de bois et incapable de construire une nouvelle structure de bûcheronnage : clairement le serpent qui se mord la queue de toutes ses forces ! Les forêts sont ainsi le siège d’une collecte modérée de troncs, bientôt destinée à la scierie pour en faire du bois. La pierre, quant à elle, doit être extraite des carrières qui en font la collecte. Ces premières ressources de base seront stockées dans votre entrepôt qui devient la pierre angulaire de bien des transports de marchandises ! Néanmoins, avant de pouvoir extraire tout ce que le territoire a à vous offrir, il convient de partir en exploration et ainsi agrandir toujours plus votre domaine.
Qu’il s’agisse de la revendication d’une nouvelle parcelle de territoire, de la prospection d’une mine, de la construction de diverses structures, ou encore de la collecte… les ingénieurs seront vos plus fidèles alliés. Si ces derniers ne sont guère adaptés au combat, il n’en reste pas moins de valeureux colons qu’il vous est possible de recruter au siège de la guilde moyennant un civil et un outil au préalablement construit. Ainsi, il est nécessaire d’attirer un maximum de civils sur vos terres afin de pouvoir obtenir un bel arsenal de travailleurs dévoués, tout en sachant que les civils sont eux-mêmes de bons porteurs à même de vous épauler dans bon nombre de tâches ingrates. Il convient tout de même de leur apporter un minimum de confort, à commencer par des demeures adaptées, mais aussi quelques améliorations pour leur travail : des routes de bonne qualité, ou encore des charrettes à bras et même des charrettes à mules ! Sans surprise, tout cela demande un certain effort en amont, avec notamment la mise en place d’une ferme et d’un élevage de mules… mais le jeu en vaut la chandelle et vos porteurs n’en seront que bien plus efficaces !
De nombreuses ressources alimentaires viennent aussi s’immiscer dans la grande danse des ressources. Le pain (issu du blé pour en faire de la farine du moulin, avant de passer sous les doigts experts du maître boulanger !), mais aussi la viande ou encore les poissons, sont autant de stimulants importants pour vos équipes. En effet, le travail de vos hommes sera plus efficace s’ils disposent, selon les corps de métiers, de ces petits bonus, loin d’être négligeables. Avec le ventre bien plein, la récolte des mineurs de fer n’en sera que meilleure… mais attention, ces derniers sont friands de fruits tandis que les mineurs d’or préféreront un consistant morceau de viande ! À vous de voir comment vous préférez récupérer cette viande… l’élevage ou la chasse au gibier ? À moins que vous ne préfériez vous concentrer sur le commerce avec un petit détour par le port… ?
Tous ces mécanismes permettent de faire fonctionner, de fil en aiguille…, votre faction qui, peu à peu, devient de plus en plus grande. Le besoin de s’étendre se fait rapidement sentir, et sans jamais perdre de vue la nécessité de ressources (petit rappel…), l’exploration et la conquête des territoires représentent des axes du jeu particulièrement excitants de The Settlers. Des axes qui seront de toutes les façons indispensables à maîtriser…
L’attaque et la défense sont à mener de pair, même si le titre vous aiguille suffisamment dans le mode Campagne afin de prendre les bonnes décisions (n’allez simplement pas trop loin dans l’exploration sous peine de voir votre armée décimée puisque pas suffisamment préparée !). La défense de votre faction s’articule autour de différentes structures : le bastion (havre de soins de vos équipes blessées), le leurre (qui porte bien son nom et force les ennemis à attaquer) et enfin la tour d’attaque (de laquelle se déverse une pluie de flèches tandis que l’ennemi se trouve à proximité). Toutes ces structures se coordonnent parfaitement afin de parvenir à défendre avec succès votre territoire, avant de vous lancer à votre tour à l’attaque. Le combat, quant à lui, s’articule autour de différentes unités militaires qui ont toutes leurs spécialisations, comme évoqué succinctement en amont de ce test. Il convient de construire diverses structures pour avoir l’opportunité de toutes les compter dans votre armée. Cela passe par la lice d’entraînement (pour les guerriers, les gardiens, les archers…), mais aussi l’autel (pour les ritualistes) ou encore, notamment, le siège de la guilde pour les rangers. Tous disposent de forces et de faiblesses, le choix de la bonne unité militaire envoyée au combat peut donc être décisif dans la victoire.
Petit point important : le titre dispose d’une sauvegarde automatique, mais aussi d’une sauvegarde manuelle. De quoi prendre toutes ses précautions avant une situation périlleuse…
Rassurez-vous… si toutes ces dispositions peuvent être quelque peu effrayantes, notamment pour les novices, elles restent assez progressives. Aussi, le mode Campagne permet de suivre l’histoire de votre faction, avec ses alliances, ses ennemis et ses déplacements. Découpé en plusieurs phases, le gain d’expérience est octroyé après chaque grande avancée. Aussi, nous avons été agréablement surpris par la présence de multiples petites séquences vidéo, renforçant cette impression de prendre part à un petit bout d’histoire. De là à honorer une grande qualité graphique, il reste un pas à franchir…
Les petits bonhommes, et les grands Hommes
Alors qu’il vient tout juste de faire son apparition sur Nintendo Switch, The Settlers: New Allies semble tout droit venir d’une époque lointaine… Si nous pouvons rester conciliants sur les graphismes généraux, avec les bâtisses jolies et les petits bonhommes qui s’agitent dans tous les sens, les petites cinématiques ne sont assurément pas d’une très grande qualité graphique. Les personnages manquent de lissage, l’aliasing reste présent, y compris chez les petits mais courageux travailleurs. C’est grossièrement joli… mais il ne faut pas faire la fine bouche, ou plutôt, le fin œil !
Pourtant, nous avons malgré tout succombé à l’univers de The Settlers. Si ses défauts sont bien là, le sens du détail persiste et il reste agréable de voir notre faction s’activer de toute part, telle une fourmilière qui ne s’arrête jamais. Le charme est pleinement assuré par une musique et des bruitages de qualité, ponctués par une belle injonction de la victoire. Tout s’imbrique à merveille, les porteurs qui prennent la parole pour parler du poids de leur cargaison, le bruit des armes non loin de votre armée, nous avions presque l’impression de pouvoir déceler l’odeur du pain chaud s’échappant de la boulangerie !
Toute cette ambiance vient se rajouter à la liste des qualités du titre. Une autre à n’en point douter ? La richesse de son contenu !
La conquête du monde, en solo ou en multi
Si le mode de campagne devrait tenir le joueur en haleine un bon bout de temps, d’autres modes de jeu sont disponibles pour enrichir le florilège jouable.
Le mode Escarmouche permet de se confronter à d’autres joueurs, mais aussi à une IA. La pratique peut dès lors être 1vs1, 2vs2 ou même 4vs4. Soyez prévenus : nous ne commençons pas une partie Escarmouche pour trente minutes ! Il va falloir avoir un peu de temps devant soi. Ainsi, un simple un contre un, vous contre l’ordinateur, peut demander plusieurs heures pour sa mise en place. Le temps est par ailleurs compté et un certain nombre d’objectifs sont à remplir pendant un temps donné : augmenter sa population, lever une grande armée, cumuler des gemmes… Le joueur est dès lors d’une couleur, et toute cette préparation n’a qu’un seul objectif : se préparer convenablement pour mener la bataille contre l’ennemi. Et pouvoir en sortir en clamant sa victoire ! Les plus audacieux iront jusqu’à tenter les niveaux dits « hardcore », d’une difficulté plus ou moins grande.
Malgré nos relances, nous ne sommes pas parvenus à nous confronter à d’autres joueurs. Le titre est encore récent, ses adeptes devraient arriver progressivement au fil des semaines.
Toutes ces victoires permettent d’engranger de l’expérience mais aussi des éclats de reliques : une ressource utile pour aller flâner dans la boutique du titre. Cette dernière n’est pas bien fournie. Elle permet tout de même de faire l’acquisition de diverses personnalisations. Des personnalisations qui se tiennent dès lors dans la rubrique Équipement : l’éclat des leurres et des tours, mais aussi les insignes et les uniformes des soldats, peuvent être sélectionnés au gré des envies du joueur. Il reste aussi possible d’acheter (avec de vrais sous !) des crédits.
Le club Ubisoft Connect permet enfin d’acquérir des récompenses suite à quelques défis temporaires ou généraux. Le simple fait de clôturer le didacticiel vous permettra d’empocher des points d’expérience ! Quand nous vous répétons de ne pas lésiner ce didacticiel… !
The Settlers: New Allies est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch pour 60 euros environ sur l’eShop.
Le saviez-vous ?
S’il s’agit aujourd’hui d’une technique commune et répandue au sein des jeux vidéo, The Settlers est considéré comme le premier jeu du genre qui permet de gérer l’exploitation mais aussi l’usage des ressources naturelles. Que c’est commun de nos jours la récole du bois et du moindre petit caillou !
Conclusion
The Settlers: New Allies poursuit sa conquête des joueurs avec un nouveau titre qui ne manque pas d'atouts : son contenu particulièrement riche, sa palette de modes multijoueurs (à condition de trouver des joueurs), mais aussi tout son univers cohérent et une ambiance musicale réussie, embarque le joueur pour des heures et des heures durant, à la fois au petit soin pour son peuple, mais aussi particulièrement combatif pour ne faire qu'une bouchée des ennemis. Le bémol graphique reste néanmoins à pointer du doigt, avec une réalisation qui reste agréable, mais qui aurait méritée d'être plus fine encore, notamment dans ses quelques passages vidéo. Un petit temps de prise en main est nécessaire, et plus particulièrement pour les novices, afin de parfaitement maîtriser tous les rouages du titre. Par la suite, le plaisir de jeu est bel et bien là !
LES PLUS
- Une belle richesse de contenu, avec de nombreux modes de jeu disponibles.
- Bon didacticiel pour bien comprendre toutes les mécaniques du titre.
- Une prise en main agréable grâce aux menus circulaires et à la possibilité de sélectionner l’entièreté d'un corps de métier.
- Des musiques et des bruitages de qualité, plongeant avec délice le joueur dans l'ambiance.
- Traduction française disponible, écrite mais aussi orale (bien plus rare !)
LES MOINS
- Une qualité graphique qui aurait méritée un peu plus d'efforts encore.
- Le besoin d'être en ligne pour accéder à pas mal de contenus, et un club Ubisoft Connect un peu capricieux.