Quand on dit jeu de plates-formes irrévérencieux, l’un des premiers qui vient à l’esprit est l’excellent Conker’s Bad Fur Day… Alors, est-ce que ce Hell Pie mettant en scène un démon, est capable de faire mieux que l’écureuil alcoolique ? Prenez une bibine, on va faire un tour en enfer !
Un anniversaire d’enfer
Hell Pie est l’œuvre du studio indépendant Sluggerfly, à qui l’on doit également Ben and Ed. Toutefois, Hell Pie s’avère un poil plus évolué.
Comme son nom l’indique, le titre vous invite à faire une virée en enfer pour une histoire de tarte… mais pas n’importe laquelle, on parle quand même de la tarte d’anniversaire de Satan en personne !
Tout le monde l’avait presque oublié et pour éviter de créer un enfer en enfer, c’est à Nate le démon du mauvais goût (aka le 8ème péché capital), que revient la tâche de réunir les différents ingrédients tous plus absurdes les uns que les autres, afin de réaliser une tarte qui siéra au seigneur des enfers.
Toutefois, pour mener la mission à bien, Nate ne sera pas seul… Ainsi, après quelques détours dans les bureaux des enfers (histoire de se familiariser avec les mouvements de base du personnage), Nate se rendra au supermarché pour s’offrir un petit ange niais, obèse et glouton (qui raffole de pâté pour chien) répondant au doux nom de Nugget.
Ainsi affublé de cet allié (providentiel ?), notre démon va commencer sa quête qui lui fera voir le monde et le conduira même jusqu’aux portes du paradis…
Une fête d’enfer !
Hell Pie est donc un jeu de plates-formes en 3D dans lequel notre démon profite de l’assistance d’un Ange pour s’envoyer encore plus haut dans les cieux. On vous explique ! Nugget est attaché à une des cornes de Nate par une chaîne, ainsi, il peut profiter de celle-ci (et du gras de notre Angelot) en la faisant tournoyer pour frapper les ennemis à la Kratos ! L’autre capacité de Nugget vous permet d’ancrer un point dans les cieux, vous permettant ainsi de vous balancer pour atteindre des lieux plus loin ou plus élevés.
Au niveau des objets à ramasser, on retrouve les boîtes de conserve de pâtée pour chien, qui permettent de débloquer des compétences supplémentaires pour Nugget (possibilité d’augmenter le nombre d’attache dans les cieux, etc…), des maneki neko en or (les chats porte-bonheur) et aussi des moutons licornes (que vous pourrez sacrifier pour vous offrir des nouvelles cornes et acquérir ainsi de nouveaux pouvoirs, comme celui de défoncer des rochers sans avoir à trouver des bombes, ou encore celui de planer…).
Au niveau des environnements, on retrouve le principe du Hub (enfin des Hubs), après tout, il y a 7 cercles en Enfer. Ici, le Hub « principal » est Sin Inc, comprendre l’immeuble des péchés capitaux aux Enfers (où bosse Nate), de là, il est possible de rejoindre les différentes zones de jeu (5 au total). On commence la partie à la baie Sashimi (avec sa baleine géante au sommet de la montagne qui fait office de restaurant de Sushi), on explorera ensuite la zone montagneuse et industrielle (avec son restaurant gastrovomique) de Flavour Peaks et on pourra même aller jusqu’aux Portes du paradis…
La petite particularité étant que chaque zone fait office de Hub pour des sous-niveaux. Ainsi, en entrant dans la Baleine, vous aurez l’occasion de parcourir un niveau (au level design intéressant, mais très linéaire). Vous aurez bien évidemment des ennemis à affronter, allant du caca nazi au zombie dégueulasse, sans oublier les lézards sous extas ou des démons obèses et cracras… De manière générale, les ennemis sont très « pipi caca pas propre » (on a connu mieux en termes d’irrévérence). Dans l’absolu, cette vision des enfers et les possibilités offertes paraissent prometteuses, mais manette en main, on réalise que l’Enfer est finalement plus proche qu’on ne le croit…
Une réalisation infernale
…En effet, même si les idées pour faire un bon jeu de plate-forme sont là, techniquement, c’est la douche de lave en fusion ! Commençons par la caméra, qui a du mal à se positionner correctement… Il faudra régulièrement la replacer dans un angle acceptable pour espérer réussir les sauts (et Dieu sait qu’ils sont nombreux) … Certains angles renvoient à l’ère PS1 et Crash Bandicoot, avec un combat contre un boss où la caméra est face à notre personnage et où il est impossible de voir les obstacles qui se trouvent devant nous ! Cumulé avec les ralentissements, autant dire que les chutes dans le vide sont nombreuses. Heureusement on peut reprendre assez facilement sa partie, sous réserve d’avoir passé un checkpoint au bon moment (et de ne pas être repassé involontairement sur un ancien Checkpoint car on voulait récupérer un bonus qu’on avait zappé plus tôt dans le niveau).
On l’a dit plus haut, les niveaux sont relativement variés et colorés, le problème, c’est que dès qu’une zone s’avère un peu trop importante à afficher et qui de surcroît affiche des ennemis, le jeu passe en vitesse d’affichage diaporama… L’ensemble est saccadé et les ennemis foncent sur vous avec la vélocité d’une présentation PowerPoint ! Étonnement, nous avons constaté que ces ralentissements étaient plus prononcés en mode docké qu’en mode portable. Ces latences, outre le fait de rendre l’expérience très fatigante visuellement, ont également un impact sur la maniabilité. En effet, on croit ne pas avoir fait de double saut alors qu’en fait le délai entre l’appui sur les touches et l’affichage à l’écran fait qu’il a déjà été déclenché et nous empêche finalement de le lancer au bon moment… provoquant alors notre chute dans les profondeurs de l’Enfer.
Il en est de même pour les graphismes et les textures très floues… allant de pair avec un aliasing à découper aux ciseaux crantés. Outre les problèmes techniques vus plus haut, le jeu souffre également de bug un peu plus gênant. Par exemple, lors de notre première partie, nous avons été bloqués par un plantage au niveau d’un checkpoint nous faisant inlassablement tomber dans le vide à chaque fois que l’on reprenait la partie… nous obligeant à recommencer le jeu de zéro ! Entre temps cela a été corrigé par un patch, mais les autres problèmes techniques subsistent et il reste encore certains dialogues où il est écrit « texte debug ». Bref les développeurs sont certainement pétris de bonne volonté à vouloir porter leur titre sur Nintendo Switch, il y a des bonnes idées, comme ce passage où l’on peut prendre des herbes hallucinogènes qui font tourner l’écran… Ou alors ce combat armé d’une mitraillette à exploser des lézards drogués dans un manoir, renvoyant directement à la scène finale de Scarface, le problème c’est que techniquement le fun n’y est pas… !
Conclusion
Hell Pie montre qu’il ne suffit pas de mettre des cacas nazis et du dégueli pour proposer une expérience réussie. Hell Pie n’est finalement pas si drôle et irrévérencieux que ça… Malgré son univers plutôt riche et ses nombreux objets à trouver, le jeu souffre de problèmes et de bugs techniques qui entachent sérieusement l’expérience de jeu… Sauvegardes qui obligent à reprendre le jeu depuis le début, ralentissements dignes d’une présentation Power Point, malheureusement Hell Pie ne détrônera pas Conker… Reste plus qu’à espérer que l’écureuil finisse par décuver !
LES PLUS
- La variété des niveaux.
- Les pouvoirs à débloquer.
- Les nombreux objets à trouver dans les niveaux
LES MOINS
- Les bugs qui font planter le jeu.
- Les lenteurs.
- L’effet PowerPoint de certaines animations.
- Les errances de la caméra.
- La maniabilité tributaire des lenteurs.
- Certains chekpoints mal placés.