Mr Run and Jump est un bonhomme bâton qui saute, double saute, plonge et roule. Il est accompagné par son fidèle chien, un amas de pixels blanc doté d’une queue. Tous deux se sont échappés d’une cartouche destinée à ambiancer l’Atari 2600. Cartouche qui, pour l’anecdote, est réellement sortie ces derniers temps, sur ce mythique support, histoire de combler les collectionneurs mais aussi d’assurer une jolie promotion au jeu qui nous intéresse ici…
Run, Forrest Jump !
Face à nos deux héros, quelques plates-formes, des murs, des trous mais surtout des pics qui piquent, des pièges douloureux (partout, des pièges !) et des ennemis mobiles, qui vont se faire un plaisir de vous pourrir la partie et le peu d’espoir qu’il vous reste. Un monde idéal dans lequel Atari nous embarque dans un écrin noir, souligné amoureusement par des néons fluorescents.
On ne peut pas faire plus simple comme concept. C’est du parcours du combattant en mode die-and-retry, avec un panel complet de mouvements pour les amoureux du run and jump. Les zones de plates-formes se succèdent avec un scénario tout juste prétexte (le Void, aka le vide pour la traduction, est le principal antagoniste et il fait vraiment peur… vraiment peur !). Passé le premier monde, qui fait office de gentil tuto (avec un globe occulaire comme guide et pourvoyeur d’astuces sympas), la difficulté augmente. Drastiquement.
Die and die, and die, and die…
Dès le début du jeu, nous pourrons nous servir du mur pour sauter plus haut, rouler bouler donc, double sauter, nous projeter vers le haut, combiner toutes ses possibilités pour passer ces zones pensées pour que le joueur meure souvent. Tout est réfléchi pour que l’on passe, souvent au cm près, parfois au centième près. C’est rude, et à partir du troisième monde, sur les six que compte le jeu, le plaformer va tutoyer les mêmes sommets d’exigence qu’un Céleste et/ou vous fera cracher du sang à la manière d’un Super Meat Boy.
Des gemmes seront à collecter, et des sphères devront être trouvées dans des salles à part (elles se repèrent facilement). Pour débloquer le dernier monde, et donc finir le jeu, il en faudra une grosse pelletée, voire toutes les collecter, ce qui nous oblige à nous dépasser (ou pas).
Life Up !
Dans sa grande mansuétude (et non sans ironie), le jeu nous lâchera une étoile d’invincibilité s’il estime que nous sommes morts trop souvent à un endroit.
Une excellente manière de rusher le jeu si on ne veut pas se casser la tête sur un même endroit, même si d’une, à la vue de la difficulté, on risque d’en abuser maladivement. Et de deux (parbleu), de s’apercevoir de la teneur totalement folle du chemin que l’on parcourt, ce qui peut décourager à jouer au jeu dans des conditions « normales ».
Et de trois (crise de foi), lorsque nous sommes invincibles, toutes les gemmes et sphères à collecter sont inactives. Impossible donc de débloquer ce dernier monde, et donc de finir le jeu en trichant pépère. La frustration d’être mauvais va vous poursuivre sans relâche.
Retry, retry, retry and retry…
Heureusement, le jeu donne de quoi s’accrocher. Les mouvements, associés à des animations limpides, sont nombreux, bien pensés pour se sortir de ce dédale. Les commandes répondent bien et sont intuitives, avec une utilisation astucieuse des gâchettes. Dans les faits, difficile de remettre en cause le jeu lorsque nous perdons.
Néanmoins, (cela reste peut-être une question de feeling, avec une part de subjectivité ou de mauvais timing chronique), le rebond sur le mur nous a paru délicat à maîtriser : il ne fut pas rare de se louper en jaugeant mal notre contact avec la paroi.
Pour ce qui est de la présentation générale, nous retrouvons l’esprit Atari, son fond noir venu des salles d’arcade du fond des âges (fin 70, début des années 80), et ses quelques couleurs minimalistes. Le jeu rappelle – forcément – l’excellent Kombinera, précédente production du studio de développement Graphite Lab ; avec un effet glossy hautement renforcé qui pourra perturber nos petits yeux lors d’un premier contact, mais qui rendra irrésistible ce Mr. Run and Jump si jamais vous tombez sous son charme.
Conclusion
En platformer hardcore à la Super Meat Boy ou à la Celeste, Mr Run and Jump s'adresse aux téméraires, à ceux qui ont faim de challenge et qui aiment la mort. Votre ego subira les blessures narcissiques les plus viles, mais il ne vous remerciera jamais assez lorsque vous passerez un passage au millimètre près, après cent tentatives et trente-trois (multiple de quinze puissance pie quatorze) combinaisons de touches réussies, impliquant dans la même seconde : dash, double saut, roulé boulé, sauts hystériques sur la paroi sans toucher cette punaise de rangée de piques qui vous fait face, évitement dessous puis dessus de douze ennemis faisant des sinusoïdales inversées ! Sans l'ombre d'un doute, vous pourrez tenter le recrutement chez les Men In Black après cette folle expérience !
LES PLUS
- L'intro, hommage à l'Atari 2600
- Du challenge pour hardcore gamer !
- L'étoile d'invincibilité si nous mourons trop souvent
- Mapping des touches bien pensé
- Un panel de mouvements complet
- Animations limpides
- De bonnes sensations, et une vraie satisfaction à passer les obstacles
LES MOINS
- Découragement possible
- Le saut sur les murs, pas facile à maîtriser
- Du minimalisme qui peut déplaire
- Scénario sans grand intérêt