Sky Caravan des brésiliens de Bravarda Studio, c’est d’abord et avant tout un titre qui ne fait rien pour se faire aimer des joueurs Switch, tout en faisant ce qu’il faut pour ne pas être apprécié des joueurs en général, tout en réussissant ce qu’il tente de faire. Beaucoup de « tout » dans cette introduction qui semblent se contredire et qui vont nous demander un vaste travail d’explication. Mais nous sommes là pour ça et si le chef est si fier de ses rédacteurs, alors autant se montrer à la hauteur. Il est maintenant temps de préparer ses valises pour découvrir ce que cache cette caravane.
Je t’aime, moi non plus
Que faut-il faire pour ne pas se faire aimer d’un joueur sur Nintendo Switch ? Eh bien, il ne faut tout simplement pas réfléchir à la prise en main. Car avant d’aborder ce qu’est Sky Caravan, il nous faut évoquer ce qui rend sa jouabilité d’une pénibilité rarement atteinte dans l’histoire de la pénibilité. Si Sky Caravan semble avoir été créé pour le marché PC et l’utilisation d’une souris, son arrivée sur Switch s’est contentée de transposer le déplacement de la petite flèche via le stick, ce qui de base est déjà un mauvais choix. Mais quand en plus la vitesse de déplacement de ce mulot est leeeeeeeeente, mais vraiment très leeeeeeeeente, nous passons note temps à maintenir notre stick dans une direction en attendant que l’objet à atteindre soit à notre portée.
C’est extrêmement frustrant surtout compte tenu des possibilités de nos Switch. Entre l’utilisation du gyroscope en mode docké et l’utilisation des fonctions tactiles de nos écrans en mode nomade, la palette de solutions techniques à ce problème était largement suffisante pour le supprimer. D’autres jeux ont même mis en place un système de déplacement rapide via un stick et précis sur l’autre stick. Là il n’y a rien. Pire, même l’utilisation des boutons est contre-intuitive. Pour sélectionner un objet, il faut maintenir la pression sur la touche ZR. Sachant que le reste des boutons de la manette n’est pas mis à contribution, c’est un choix pour le moins étrange et qui nous demande, lors de notre première partie, d’essayer tous nos boutons.
Cette absence de prise en compte est d’autant plus étrange que le principe même des dialogues de Sky Caravan appelle avec force l’utilisation du tactile. En effet, pour répondre à nos interlocuteurs, nous avons un système de badge que nous devons choisir et insérer dans une machine. Il faut donc déplacer le stick (c’est looooong) sur le bon badge, puis maintenir le bouton ZR tout en déplaçant le badge jusqu’à la machine (c’est relooooooong) pour enfin relâcher le tout. Et personne n’a pensé à « et si on faisait ça avec le doigt sur l’écran » !!! Sérieusement ?
Enfin, pour ne pas se faire aimer des joueurs Switch, il suffit de les prendre pour des vaches à lait. En effet, devant un tel manque d’effort pour mettre au point un portage digne de ce nom, plus que doubler le prix, en passant de la version PC disponible sans réduction à 9 € à un tarif sur l’eShop à 20 €, c’est vraiment prendre l’amateur de jeu indépendant, sur la console du plombier moustachu, pour un imbécile qu’il n’est malheureusement pas.
Le choix du pauvre
Enchaînons sur ce test avec ce que fait Sky Caravan pour ne pas être apprécié. Sky Caravan est jeu qui nous met dans la peau d’un possesseur de vaisseau. Oui nous n’en sommes que le possesseur. Nous avons besoin d’un pilote, d’un mécanicien et d’un cuistot pour le faire fonctionner. À quoi servons-nous dans l’histoire ? La question reste entière. Le pitch qui nous explique comment il est entré en notre possession est encore plus ridicule que le reste puisqu’il s’agit d’un don. Si un jour vous voulez faire de même avec l’humble rédacteur de ces lignes, et lui offrir l’équivalent d’un vaisseau spatial, n’hésitez pas à le contacter en privé via le Discord de Nintendo Town.
Pour ne pas être apprécié des joueurs, celui-ci enchaîne en nous proposant de décider, sous forme de choix, quelle a été notre enfance et quels sont nos talents naturels. Une très bonne idée de départ, sauf que jamais elle n’a un quelconque impact. Et de manière générale, tous nos choix se résument à décider lequel de nos coéquipiers nous allons favoriser, sans que jamais cela n’ait une quelconque importance sur la suite des événements. Il n’existe d’ailleurs qu’une seule et unique fin malgré des choix radicalement différents faits lors de plusieurs tentatives.
D’autres jauges indiquant l’état de notre vaisseau en termes de nourriture, de carburant et d’entretien sont aussi de la partie, mais là encore, à moins de tomber à zéro, entraînant un logique game-over, ceux-ci n’ont aucune incidence sur le moral de l’équipe ou sur la suite des événements. Nous sommes très, très loin de ce que propose dans le même genre un The Oregon Trail, bien plus intéressant en termes de mécaniques de jeu et donc bien plus prenant sur la longueur.
Le bon point de vue ?
Mais que reste-t-il à ce Sky Caravan et qu’ont bien pu chercher à proposer les développeurs brésiliens du Bravarda Studio ? Eh bien sans doute, une histoire plus ou moins interactive. Et ce n’est qu’en considérant cet angle de vue que Sky Caravan peut être considéré comme un jeu qui vaut le coup. Son histoire qui nous met aux commandes d’un chef d’équipe cherchant à assurer sa survie dans un monde complexe est classique, mais efficace. Son monde fait d’une surface dangereuse et de multiples îles volantes, reliées par des caravanes, est lui aussi prenant. C’est en voulant y ajouter des mécaniques mal maîtrisées et c’est en ne réfléchissant pas sur sa prise en main que ce titre perd complètement son intérêt.
Ses graphismes subissent eux aussi ce problème de ne jamais savoir où se situer. En adoptant un unique point de vue de visual novel, nous aurions pu avoir un grand nombre d’illustrations. Là nous n’en avons que quelques-unes et c’est bien dommage, car elles sont plutôt colorées, soignées et détaillées. De même, le peu de personnages que nous rencontrons sont bien trop cliché et il n’y a que les interactions entre eux pour rendre nos aventures un minimum intéressantes. Sa bande-son est plus homogène et s’adapte davantage à nos pérégrinations. Nous alternons entre des pistes atmosphériques lors de nos voyages avec des musiques plus angoissantes lorsque la nécessité se fait sentir. Toutefois, avec une durée de vie de six heures, les morceaux ont tendance à se répéter.
Conclusion
Sky Caravan aurait pu être un titre intéressant avec son histoire gentillette et son univers prenant. Malheureusement, les développeurs brésiliens de Bravarda Studio se sont perdus dans ce qu’ils ont cherché à mettre en place pour ne finalement rien réussir. Ses mécaniques de choix sont inutiles et ses graphismes, s’ils sont bien réalisés, proposent un nombre de tableaux différents bien trop faible. De plus cette version Switch arrive dans un état lamentable en termes de prise en main et à un tarif ayant plus que doublé face à la version PC. Pour toutes ces raisons, il est difficile de le conseiller.
LES PLUS
- Les graphismes sont soignés…
- L’histoire se laisse suivre…
- La bande-son se laisse écouter
LES MOINS
- … mais le nombre de tableaux différents est très limité
- … malgré un point de départ qui peut être ridicule
- Tout en anglais
- Les choix sont vite inutiles et nous nous en rendons vite compte
- Une seule fin malgré un système de choix
- La prise en main est catastrophique
- Les spécificités de la Switch ne sont jamais prises en compte
- Un tarif de base vraiment abusé de 20 € comparativement à sa version PC à 9 €