Désormais connu sur de nombreux projets et séries de petits RPG à destination des smartphones, le studio japonais Kemco continue à enchaîner les sorties de jeux également à destination de la Nintendo Switch. Parmi les récentes sorties, un tout nouveau Tactical-RPG sur toutes les plateformes répondant au nom de Cross Tails. En tant qu’adorateur du genre, nous nous sommes engagés sur les champs de bataille du jeu afin de vous livrer nos impressions ci-dessous.
La guerre comme chien et chat
Dans Cross Tails, le monde est en proie à une guerre sans fin entre le royaume des races canines de Ranverfurt et le royaume des races félines de Hidiq. La guerre entre les deux royaumes a une origine si ancienne qu’aucun des deux peuples ne semblent véritablement se souvenir de la raison du conflit. La haine est simplement si profondément ancrée que n’importe quoi devient une menace ou une attaque ennemie qu’il faut contenir. C’est sur cette toile de fond que le jeu commence en nous demandant de choisir d’incarner Felix Arens, un soldat de Ranverfurt ou Shaimaa Jerbi, fille unique du clan Jerbi dont le père est un épéiste de talent et une figure importante du royaume de Hidiq.
Du côté de Felix Arens, nous incarnons un jeune chef de bataillon tout juste diplômé de l’école militaire. D’ailleurs, la première mission de son équipe sera l’éradication de bandits repérés sur un axe important du royaume. Le récit nous permet de suivre l’évolution de notre héros à travers ses missions et son évolution en tant que soldat de Ranverfurt. Du côté de Shaimaa Jerbi, nous incarnons une jeune fille avec une personnalité bien trempée lui permettant de s’imposer face à son père. Alors qu’elle décide d’elle-même de s’occuper d’exterminer des bandits proches de la frontière avec ses amis, elle se retrouve face à un groupe de soldats de Ranverfurt. Pensant faire face à une grave menace du royaume ennemi, elle prend l’initiative de refouler le groupe de soldats sans prendre la peine de les écouter. Le récit nous raconte les péripéties de cette jeune héroïne, fille d’un des clans les plus importants du Royaume.
Une intrigue qui tente de décoller par moments mais une tentative bien vaine tant nous voyons tous les évènements arriver. Soulignons aussi les répliques plates de chaque personnage du jeu et les personnalités génériques du casting du jeu qui ne nous aide pas à garder en mémoire ni leur rôle dans l’histoire ni même leur nom. Chaque route nous propose une petite dizaine d’heures de jeu soit une vingtaine d’heures, si jamais l’expérience en elle-même nous motive suffisamment à voir les deux routes. Les deux côtés se valent totalement en termes de pertinence d’écriture et de personnage. Il sera très difficile de satisfaire un fan en recherche d’un scénario, un minimum entraînant d’ailleurs la traduction uniquement anglaise du jeu n’aidera également pas les fans francophones à se plonger dans l’aventure. Pourtant Cross Tails propose une expérience digne du genre.
Il nous appartient de vous le démontrer en parlant justement du gameplay. Si les Tactical-RPG de type Final Fantasy Tactics ou encore le récent Triangle Strategy vous sont familiers, alors il est facile de vous dresser l’image de ce que propose Cross Tails. Le champ de bataille se dresse sous nos yeux sur un petit angle aérien avec du relief et cette réalisation cubique très propre au genre. Les unités ennemies sont placées de part et d’autre de la zone de combat et nous avons des cases prédisposées au placement de nos unités. Le nombre d’unités que nous pouvons placer est limité, il convient de choisir les unités que nous enverrons au combat dépendamment de ce que l’ennemi propose en face de nous.
Une fois notre choix fait, le combat démarre et le tour des unités est déterminé selon leurs statistiques. Un historique des tours est visible afin de nous assister dans cette analyse et dans nos stratégies. Nos unités ont une jauge de vie, de magie et un chiffre indiquant la haine qu’ils accumulent en eux à chaque action. Pas besoin de vous faire un dessin sur la fonction des PV et des MP, la haine accumulée a une influence sur les unités que l’I.A. va concentrer sur ses offensives. Plus une unité accumule de la haine, plus elle aura de chance d’être la cible des attaques ennemies. Il va sans dire qu’il devient primordial de concentrer cette haine sur des unités ayant la capacité d’encaisser plusieurs attaques.
Autre subtilité tactique rare dans le genre mais certainement pas inventée par Cross Tails, nos unités commencent le combat avec 0 de MP. Chaque tour, nos unités cumulent un certain nombre de MP en fonction de leurs statistiques de MPR (MP Recovery). Plus cette statistique est élevée, plus l’unité aura de MP en début de tour. Tout comme la haine, il existe des techniques pouvant influencer sur cette statistique et nous permettre d’utiliser confortablement nos techniques en exploitant le système de la bonne manière. Si ces deux subtilités déstabilisent, Kemco a pensé à diviser le jeu en plusieurs niveaux de difficulté changeant un peu les paramètres de jeu. En mode facile, en plus d’avoir une I.A. peu engageantes, nous démarrons nos combats avec tous nos MP. Au-delà de ces subtilités, le reste est assez connu dans ce type d’expérience.
Nous pouvons bouger nos unités dépendamment de leur mouvement et leurs statistiques de saut. Il s’agit ensuite une fois à côté d’un ennemi de l’attaquer normalement avec votre arme ou avec une technique de combat si notre unité possède suffisamment de MP et dépendamment de nos stratégies. Il est possible d’attaquer à distance si notre équipement et si nos techniques nous le permettent. Autrement, nous pouvons nous défendre ou utiliser des objets puis une fois notre action terminée, nous choisissons la position finale de notre unité. Une position qui peut influencer la précision des attaques ennemies ainsi que les dégâts. Une attaque qu’une unité se prend dans le dos sera plus lourde à encaisser qu’une attaque prise de face. Ajoutons à cela, une influence de la hauteur à savoir que l’avantage sera à l’unité située plus haut que l’autre.
Nous pouvons définir des classes sur nos unités, ils ont tous une classe unique et nous avons la possibilité de configurer 2 classes secondaires. Il y a de nombreuses classes secondaires à débloquer en jouant les différentes classes et en les montant sur des niveaux de rang précis. Un peu comme dans Final Fantasy Tactics. Il est possible de débloquer une classe de “grand chevalier” en montant une classe “chevalier” au rang 4 ou plus par exemple. Chaque classe peut monter jusqu’au rang 5. Par ailleurs, chaque classe possède ses techniques et ses passifs à débloquer en dépensant de l’argent sur l’arbre de compétences de chacune des classes du jeu. Les passifs débloqués peuvent être équipés sans que nous n’ayons à équiper la classe, contrairement aux techniques de combat. Nous pouvons également définir une foi sur chacune des unités du jeu. Chaque divinité liée à nos unités leur propose des bonus passifs uniques.
Combattre permet à nos unités de cumuler de l’expérience qui leur permet de monter de niveau. Chaque fin de bataille nous rapporte de l’expérience bonus, des points de classe influençant notre rang de classe, de l’argent et des objets voire de l’équipement. Sachant qu’au-delà des missions principales, nous avons accès à des batailles libres annexes pour éventuellement farm de l’expérience et de l’argent si le besoin devait se faire sentir. Tout cela ne révolutionne pas nécessairement le genre mais permet à Cross Tails de proposer une expérience tactical complète et digne du genre avec parfois quelques difficultés sans forcément que cela soit insurmontable en difficulté normale. Les amateurs de challenge peuvent éventuellement lancer directement le jeu dans ses modes de jeu les plus difficiles.
Pourtant, nous le mentionnions mais le récit et le casting générique proposé par Kemco ne font pas honneur à cette expérience. Alors même que le casting principal est assez limité et comblé grâce à la possibilité de recruter des unités. Malgré ce nombre restreint de personnages clés, ils sont tellement transparents que nous les oublions. Ils sont finalement à peine plus importants que les unités que nous recrutons. Au-delà de tout ce qui entoure le scénario, c’est également la réalisation et la bande sonore qui se contentent du minimum. Une réalisation dans un genre de Cel-shading en 3D tout juste propre en portable et en TV mais qui ne mettra certainement pas le casting et le jeu en valeur.
Encore une fois, une réalisation tout juste convenable et se contentant du minimum. Nous retiendrons surtout les illustrations des personnages et le fait que le jeu tente de proposer des cartes variées à jouer. Sinon, très peu de choses à retenir, très peu de mise en scène de l’histoire et même pas d’effort sur les animations de technique en combat. D’ailleurs, en parlant d’effort de présentation, ce même effort est absent pour rendre l’interface du jeu confortable à parcourir. On a beaucoup de blocs et catégories avec plein d’informations balancées à l’écran et visuellement très lourdes. Concluons sur la partie sonore aussi basique et juste convenable que la réalisation. Pas de musique qui sort du lot, juste une playlist de musiques très générique accompagnant juste bien le jeu. Pas de doublage également, ni même d’onomatopées ou d’extraits vocaux, donnant encore moins de vie et d’importance au casting du jeu.
Conclusion
Le tactical-RPG est un genre plutôt bien représenté sur Nintendo Switch. Pourtant, dans le cas où vous n'êtes pas rassasiés et toujours en recherche d’expérience du genre, il est probable que vos yeux se posent sur Cross Tails par le studio Kemco. En termes d’expérience, Kemco parvient à délivrer un jeu avec un gameplay plutôt convaincant quitte à ne rien bousculer dans le genre. Une chose qui n’est pas si nouvelle lorsque nous parlons du studio Kemco qui multiplie depuis quelques années les RPG aux scénarios et à la réalisation génériques suivant un genre de cahier des charges minimum. Cross Tails suit cette tendance mais le fait sur le terrain du tactical-RPG. Un jeu qui peut faire passer efficacement le temps à travers son gameplay mais qui aura certainement du mal à marquer les esprits de par la transparence de tous les autres éléments qui le compose. Il vous appartient d’investir ou non dans cette nouvelle expérience de Kemco.
LES PLUS
- C’est propre en portable et en TV
- Les illustrations du jeu
- Un nombre varié de décor de combat
- Un gameplay solide et riche sans prise de risque
- Plutôt accessible
- Une durée de vie convenable à travers les 2 routes
- Le récit dépeint à travers 2 personnages, 2 factions
- Des musiques juste convenables
LES MOINS
- Une réalisation 3D datée et statique
- Pas de mise en scène
- Les techniques et les personnages sont à peine animés
- La lourdeur des menus et la navigation peu engageante
- Une lourdeur aussi sur le champ de bataille
- Une I.A. parfois étrange
- Une durée de vie courte en ne faisant qu’une route
- Avoir la motivation de poursuivre sur l’autre route
- Un récit et des personnages tout ce qu’il y a de plus génériques
- Les évènements décollent à peine et délivrent peu d’émotion
- Une bande sonore qui ne marquera pas les esprits
- Même pas d’extraits vocaux pour donner un peu d’identité à tout ça
- Uniquement en anglais et un prix de lancement assez élevé
Merci pour ce test. Tres intéressant
Jai envi de l’essayer