Il y a des jeux qui arrivent à nous attirer dès que nous posons les yeux dessus. Cette attraction est irrésistible et inexplicable. Nous sommes là, manette en main, à espérer que cette sensation ne disparaisse jamais, et que le jeu réponde aux attentes immenses qu’il nous propose. Varney Lake est un roman graphique qui réussit à nous happer jusqu’à son dénouement. Le jeu est développé par LCB Game Studio, un studio fondé par deux argentins. Varney Lake est disponible sur l’eShop depuis le 28 avril 2023 au prix de dix euros.
Une histoire maîtrisée de bout en bout
Varney Lake est un roman graphique. Dans ce jeu, vous suivez le récit de trois préadolescents pendant leurs vacances d’été à Varney Lake. Il y a Jimmy et son meilleur ami Doug, ainsi que la cousine de Doug, un peu plus âgée que les autres, Christine.
Jimmy est amoureux de Christine mais n’a jamais osé lui dire. Elle le ressent, mais ses sentiments sont confus. Après tout, elle a déjà son petit-ami. Doug, au milieu de ça, crée des tonnes de jeux un peu complexes et amusants. Ensemble, ils ont formé le club des enfants uniques.
Cet été aurait pu être un été comme un autre rempli d’insouciance, d’amourettes adolescentes et de rêves illusoires. Cependant, tout va s’emballer lorsque les trois préadolescents découvrent et sauvent un vampire dans une grange abandonnée.
Dans Varney Lake, il n’y a pas grand-chose à faire à part suivre l’histoire. Parfois, Doug aura inventé quelques mini-jeux pour nous détendre. Ces derniers seront un peu complexes à cerner et nous y passerons pas tant de temps dessus. Parfois, nous pourrons pêcher, mais le cœur du gameplay est le récit.
Et cela tombe bien, car la grande force de Varney Lake, c’est sa narration maîtrisée de bout en bout. Sa structure alternant les différents points de vue et les temporalités est impeccablement réalisée et nous impressionne. Il est rare de voir un récit aussi bien écrit sans aucune fausse note.
Varney Lake réussit dès les premières lignes à nous plonger dans un territoire commun à tous, dans cette nostalgie de l’adolescence. Nous sommes embarqués par ce récit qui réussit à nous plonger dans nos propres souvenirs. Cette impression de vécu, cette projection que nous avons sur les personnages ne faiblit jamais malgré l’arrivée du fantastique.
Les personnages sont parfaitement écrits. Nous comprenons les intentions de chacun, leur personnalité, et le tout est fait dans une subtilité qui dénote d’un véritable talent en écriture. Nous arrivons autant à comprendre les non-dits de Christine que de Jimmy, nous arrivons à nous imprégner de chacune de leurs contradictions.
Le fantastique est très bien amené et c’est vraiment une masterclass d’écriture que nous suivons. Les dialogues sont parfaits et nous ne pouvons que féliciter le travail de l’auteur sur ce roman graphique.
Avec une direction artistique qui ne plaira pas à tout le monde
Le scénario se termine abruptement avec un peu de mystère, un mystère assez bien détaillé pour nous laisser imaginer la fin.
La réalisation est aussi parfaite, dynamique, et embarque le lecteur avec ses plans presque « bergmaniens », capable de se rapprocher à l’extrême des visages et de dépeindre avec excellence le récit.
Malheureusement, Varney Lake n’est pas parfait. Le jeu, comme nous l’avons susmentionné, perd du rythme notamment à cause des jeux de Doug, souvent trop longs et complexes pour pas grand-chose.
L’ambiance sonore est sous-exploitée. Même si c’est visiblement un choix de réalisation, nous avons la sensation que le jeu aurait pu être d’autant plus impactant avec quelques passages musicaux bien sentis, à l’image de The Excavation of Hob’s Barrow.
La direction artistique nous a subjugués, nous l’avons trouvée très intéressante, mais elle ne plairait pas à tout le monde. Le côté rétro peut dérouter une partie du public qui ne se retrouvera pas forcément dans ce style qui rappelle immédiatement les jeux vidéo des années 90.
Finalement, nous avons l’impression que l’histoire est un peu courte. Le jeu se termine en deux-trois heures pour le prix de dix euros. Peut-être que notre avis est biaisé car nous ne voulions pas que l’histoire s’arrête, mais nous avons la sensation que le rapport prix / durée de vie n’est pas le mieux pour le joueur.
La traduction est impeccable, et le jeu est tout aussi agréable en mode docké qu’en portable. Le jeu n’est pas tactile, dommage.
Conclusion
Woah. Il est rare de voir un roman graphique (visual novel) avec une telle qualité d’écriture. Varney Lake est une vraie masterclass de narration, d’écriture de personnages et de dialogues. Sa direction artistique ne plaira pas à tout le monde, son ambiance sonore est assez pauvre, et il est peut-être un peu cher pour sa durée de vie, mais il reste une formidable aventure dans le monde de l’adolescence et du fantastique.
LES PLUS
- Une narration parfaitement maitrisée
- Des personnages attachants
- Des dialogues subtils
- Une direction artistique réussie
- Une fin abrupte mais intelligente
LES MOINS
- Peut-être un peu court ?
- Une ambiance sonore un peu vide
- Les graphismes ne plairont pas à tous
- Pas de tactile