« Rien ne sert de courir : il faut partir à point. Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage. » C’est à partir de cette fable de Jean de la Fontaine bien connue des français que les développeurs mexicains de Seashell Studio ont décidé de créer Running Fable. Nous sommes dans un jeu de course où nous avons la possibilité de poser des pièges et des bonus avant la partie afin d’en tirer avantage pendant le sprint final. Le jeu est disponible depuis le 4 novembre 2022 sur Steam et sort sur console le 09 août 2023 au prix de sept euros cinquante sur l’eShop.
Un jeu qui a un incroyable concept …
Running Fable est un jeu au concept assez singulier. Au lieu d’être un simple jeu de course, il propose une expérience en deux phases. Vous allez dans un premier temps poser des pièges et des bonus sur le circuit puis, dans un deuxième temps, vous allez courir dans une carte jonchée d’objets que vos adversaires et vous venez de poser.
Le gameplay est très accessible et il n’y a besoin que d’une seule course pour comprendre toutes les mécaniques du jeu. Vous pouvez courir, sprinter, faire des glissades (et des tacles bien sentis à votre adversaire) et vous avez une capacité spéciale. Le lièvre peut par exemple utiliser ses oreilles pour s’envoler.
Pour sprinter ou utiliser vos capacités, il vous faudra soit de l’endurance (qui se régénère très lentement) soit des œufs qui se trouvent sur le circuit. Ces éléments sont très importants car sans jus, votre personnage risque de courir vraiment très lentement.
La pose des pièges (et des œufs) est aussi très intuitive. La carte est en vue du ciel et vous pouvez placer vos objets de la façon que vous voulez, tant que vous ne surchargez pas la piste. Vous voulez mettre vingt-cinq pièges au début de la course ? Et pourquoi pas ?
Chaque partie se déroule en trois courses qui sont choisies par le créateur de la salle. Vous gagnez des points en arrivant à la ligne d’arrivée en fonction de votre classement, mais aussi quand des ennemis se prennent un de vos pièges. Une fois que quelqu’un atteint la ligne d’arrivée pour la première fois, vous aurez trente secondes pour terminer la course sinon vos points de course ne seront pas comptabilisés.
Plus nous faisons de courses, plus nous gagnons de l’expérience qui permet de débloquer des éléments de personnalisation pour notre personnage.
Running Fable est malheureusement une occasion manquée pour les développeurs de Seashell Studio. Le jeu a un potentiel énorme, un concept assez génial qui aurait pu devenir addictif, mais ce dernier possède une réalisation bien trop brouillonne pour réussir à nous faire enchainer les parties.
Les sensations manette en main ne sont pas très bonnes, le jeu n’est pas vraiment fluide, et la course ne ressemble finalement pas à cette lutte acharnée que nous avons imaginée. En mode solo, les bots ne réfléchissent pas. Ils foncent dans les pièges, même les plus improbables, sauf dans un circuit où ils nous mettent tous à l’amende.
… Mais qui est très mal exploité
Les courses online ne sont pas mieux. Il y a des lobbys, mais nous suspectons la moitié des joueurs d’être des bots. Ils réagissent comme les joueurs que nous avons vus en solo et placent leurs objets en moins de dix secondes. Le manque de joueurs est assez criant car nous avons pu nous placer dans le top 10 des temps mondiaux sur chaque carte dès la première course.
Le level design est très peu soigné. Il y a peu de cartes et, hormis les décors, elles se ressemblent toutes. Elles reposent toutes sur les mêmes tracés et nous ennuient assez rapidement. Les difficultés ne sont pas variées, et hormis l’eau qui peut nous noyer, la course est un long fleuve tranquille.
Les pièges manquent aussi de variété. Peu importe la course, ce seront toujours les mêmes. Il y a la toile d’araignée, la dynamite, la tempête, etc. Le jeu aurait été tellement plus captivant avec des pièges et des bonus qui changent à chaque partie.
Le nombre de personnages est aussi décevant. Il y a le lièvre, et la tortue, et c’est tout. Certes, nous sommes dans la fable de la Fontaine, mais pourquoi ne pas alors puiser dans toute son œuvre et profiter d’une fourmi, d’un renard ou même d’un héron ?
Toutes ces choses font de Running Fable un jeu assez morne au contenu maigre, même pour sept euros. C’est encore plus dommage quand nous comparons le potentiel et le résultat qui nous donne vraiment l’impression que le jeu n’est pas fini.
Malheureusement, le jeu a été très peu mis à jour depuis sa sortie sur Steam, les développeurs travaillent sur un autre projet et un seul évènement a été organisé depuis novembre 2022, donc difficile d’espérer une amélioration du contenu dans le futur.
Si la direction artistique est intéressante, les graphismes sont datés et pas très beaux à voir. La bande-son souffre du même défaut que le reste de Running Fable. Les musiques sont vraiment sympathiques, elles donnent l’impression que nous allons avoir des courses endiablées, mais le manque de pistes sonores finit par nous fatiguer.
La traduction est compréhensible mais pas très bonne. Certains mots sont assez étonnants et illogiques.
Conclusion
Running Fable avait tout pour plaire avec son concept novateur et amusant. Cependant, le jeu est assez brouillon, les sensations ne sont pas bonnes manette en main et il manque cruellement de contenu pour tenir dans la durée. Dommage.
LES PLUS
- Un concept vraiment fun
- La personnalisation des personnages
- Une direction artistique intéressante
LES MOINS
- Techniquement limité
- Un contenu assez faible
- Une I.A. pas très intelligente
- Peu de joueurs
- Devient très rapidement répétitif dans tous les domaines
- Graphiquement limité