Le RPG est un genre très présent sur Nintendo Switch, aussi bien représenté par les grosses pointures du genre que par les indépendants. Chez l’un comme chez l’autre de nombreuses œuvres traduites et compréhensibles par le public francophone mais également beaucoup de titres uniquement en anglais. Cette fois-ci, nous allons nous attarder sur un titre du studio français et développeur solitaire neko.works nommé Light FairyTale Episode 1. Un jeu qui se vend comme étant un JRPG au tour par tour traditionnel inspiré des classiques du passé. Qu’en-est-il donc?
Un conte de fée très light
Difficile de vous résumer ce RPG qui va prendre les joueurs de court sur un premier point : la durée de vie. Le genre est souvent connu pour entraîner les joueurs sur de longues péripéties mais cet épisode 1 est fidèle au mot Light dans son titre. Il est même probable qu’il s’agisse d’une volonté propre de la série. Pour faire aussi court que la durée de vie du jeu, une run se termine en moins de 3h montre en main. Terminer une run débloque une route alternative du jeu afin que nous y retournions pour une durée de vie similaire et quelques petits évènements différents sans que l’histoire change fondamentalement. En fait, par défaut nous commençons par l’histoire du point de vue du héros Haru puis la seconde run peut se vivre du point de vue de son amie d’enfance Kuroko.
Faire les deux runs et éventuellement chercher à faire le 100% permettront au moins de doubler la durée de vie. La traduction en français du jeu sera un gros plus pour motiver les joueurs francophones à faire le jeu dans sa totalité. Pour rester bref, Light FairyTale Episode 1 se déroule dans un monde souterrain où le peuple vit sous le joug d’un Empire aux ambitions ténébreuses et mystérieuses. Notre héros Haru est un habitant de ce monde, un jeune homme de Lower City rêvant de voir un “plafond bleu et agréable” apparaissant dans ses songes. Alors que le chaos gagne Lower city, nous incarnons Haru et son ami Kuroko dans cette quête vers le ciel. Alors autant vous dire que ce premier épisode ne nous emmène pas très loin dans cette quête et il se conclut d’ailleurs par un cliffhanger qui donne plutôt envie de poursuivre sur l’épisode suivant plutôt que sur une seconde run du point de vue de Kuroko.
Sachant d’ailleurs que l’épisode 2 est disponible depuis un moment. Cela étant dit, étant donné la durée de vie de ce premier épisode et dans une logique de rentabiliser jusqu’au bout, nous étions plutôt motivé à faire les deux runs alors même qu’elle n’apporte finalement pas de développement majeur supplémentaire. La qualité d’écriture est tout aussi light que son titre et elle s’inspire véritablement des classiques du genre sans même s’en cacher. Nous reconnaissons dans cet épisode 1, une très grande inspiration sur FF VII et son début centré sur Midgard. Le casting a même une certaine ressemblance avec des personnages de FF VII. D’ailleurs, au-delà du scénario et du casting, c’est toute sa présentation et ses mécanismes qui font écho et trouvent inspiration sur ce classique indémodable du JRPG qu’est FF VII.
Au niveau de la présentation, nous avons une réalisation en Cel-shading 3D et chibi SD qui se présente presque comme une évolution de FF VII. C’est plutôt propre, mignon et ça s’affiche très bien sur Nintendo Switch en portable comme en TV à défaut de proposer finalement peu de variété visuelle que ce soit en termes de décor ou de détail des environnements. L’interface de combat est inspirée encore une fois de FF VII même dans les couleurs et le cadre des textes. Le menu principal s’inspire également dans les cadres et les couleurs. D’ailleurs c’est dans sa tentative de faire un peu différent que le menu est peut-être un peu laid. Notamment avec les illustrations personnages de votre groupe, illustrations plutôt jolies, mais accompagnées juste à côté de tous les détails statistiques de vos personnages. Des chiffres et des lettres qui alourdissent inutilement le menu. Ajoutons également la difficulté à comprendre, d’un seul coup d’œil, l’effet d’un équipement sur nos personnages.
Malgré tout, soulignons encore une fois les belles illustrations des personnages clés du jeu permettant de donner de la vie et de l’expressivité à ceux-ci durant les dialogues à défaut de ne pas le voir directement sur le visage de leur rendu in-game. Malgré la taille du studio et la petite équipe, nous avons même le droit à une belle cinématique ressemblant à une introduction d’anime japonais. Une cinématique qui semble faire office d’introduction à la série Light FairyTale dans sa globalité avec une chanson en japonais sous-titrée en Français.
D’ailleurs, cela nous permet une transition sur la bande sonore avec des thèmes parfois simples mais efficaces pour transmettre les émotions comme celui de l’écran-titre avec la belle illustration en fond. D’autres thèmes accompagnent très bien les situations comme les combats avec des musiques puisant leur inspiration encore sur FF VII. Enfin, d’autres sont juste simples et tournent très vite en rond. Mentionnons également un petit travail sur les voix de personnage avec quelques phrases ou onomatopées pour tenter de donner un peu plus d’âme à tout ça dans la limite d’un budget que nous sentons très serré.
Au niveau du gameplay, nous avons une progression linéaire avec quelques petites quêtes très rapides et des mini-jeux gonflant juste légèrement la durée de vie. L’exploration se fait en contrôlant Haru ou Kuroko à travers Low City et ses alentours. Quelques puzzles, des quêtes annexes, des récompenses à acquérir pour enrichir un peu le système. Une ville souterraine très inspirée du début de FF VII, une ville dans laquelle traîne des créatures hostiles sans oublier quelques soldats agressifs de l’Empire. Les quelques combats se font au tour par tour avec des commandes à saisir. Pas de barre ATB ici mais un historique des tours visible en combat. Nous pouvons saisir d’attaquer ou d’utiliser une “Orbe” consommant des MP (autrement dit de la magie), sinon nous pouvons nous défendre ou utiliser des objets. À côté de notre vie, une jauge de fureur qui une fois pleine nous permet d’utiliser une attaque spéciale. Globalement, un système de jeu qui ne révolutionne rien mais qui reste solide.
Les rencontres sont aléatoires et démarrent sans transition lors de votre exploration. Globalement en plus de sa courte durée de vie, la progression et les affrontements sont mous et les petites animations n’aident pas nécessairement à donner plus de dynamisme à la chose. Dans une tentative de pallier à cela, le développeur laisse à notre disposition une touche permettant d’accélérer le jeu, un peu comme le “High Speed mode” ajouté dans la série Trails. Une fonctionnalité qui aura la contrepartie d’accélérer votre rythme de jeu et de rendre la durée de vie encore plus anecdotique. Sachant que le jeu est plutôt facile, les boss et le bestiaire manquent d’inspiration et même le dernier boss fait plus office d’une étape vers le prochain jeu que de “boss final” de jeu.
Les quelques heures de jeu ne permettront jamais à Light FairyTale Episode 1 de proposer une grande profondeur d’écriture de son intrigue et de ses personnages mais l’ambition n’est peut être pas directement là. D’ailleurs, si nous tentons de nous limiter à un simple constat objectif, Light FairyTale Episode 1 n’est que le premier épisode d’un projet de RPG s’inspirant d’un très grand cru du genre et qui semble assez générique. Ceci étant dit, en considérant le travail effectué par une personne épaulée par une équipe aussi restreinte que le budget apparent du titre, il faut avouer que finalement un autre parfum se dégage de tout ça. Le parfum de la passion du genre et de la volonté de proposer un genre d’hommage. Un parfum qui permettra peut-être à ceux qui tenteront l’expérience de vivre un bon moment aussi court soit-il, d’apprécier ce premier jeu de la série, de poursuivre celle-ci et éclipser ces défauts apparents.
Conclusion
Pour un amoureux du genre, adorant s’y donner sur de longues sessions de plusieurs jours et vivre intensément son aventure, Light FairyTale Episode 1 se présente comme inadapté puisque le titre est plus à déguster à l’heure du goûter voire même avec son café au petit-déjeuner. En fait, comme le suggère le Light de son titre, le jeu et potentiellement la série en générale est une expérience légère mais convenable voire solide du genre si l’on arrive à oublier son côté mou, son écriture générique et le fait qu’il soit ultra-court à jouer. Un titre plus approprié à un amateur de RPG désirant suivre une intrigue légère et entraînante sur de petites sessions. Par exemple, durant les vacances pour se détendre et pour faire passer un peu de temps ou alors pour s’aérer la tête tranquillement entre deux gros jeux de son backlog. Dans ce genre d’optique, Light FairyTale Episode 1 peut avoir une place dans votre ludothèque en proposant une expérience sympathique en plus d’être un véritable écho à d’anciennes gloires du RPG délivré par un petit studio, un développeur français et une petite équipe de passionnés du genre à encourager pour la suite.
LES PLUS
- La réalisation toute mignonne et propre
- Quelques belles cinématiques en animation
- Les illustrations personnages
- Un gameplay classique et efficace
- Une poignée de mini-jeux sympathique
- Le mode de jeu accéléré
- Un scénario classique et un cliffhanger
- Deux points de vue à découvrir
- Quelques musiques simples mais émouvantes
- Tentative de proposer des voix en japonais
- L’inspiration, l’hommage à FF
- Un titre faisable entre 2 gros AAA
- Très bon travail pour un petit studio
- En français !
LES MOINS
- Un RPG très Light
- Plutôt vide et peu de variété visuelle
- Des animations in-game très pauvres
- Quelques bugs d’affichages d’ennemis
- Un bestiaire pauvre et des boss anecdotiques
- Passé la découverte de l’inspiration, peut ne pas accrocher
- Progression très molle en vitesse normale
- Quelques éléments de l’interface confus
- La trame de l’épisode 1 tient sur un post-it
- Récit classique et générique
- Le second point de vue apporte très peu
- Très facile et très court même pour le 100%
- Quelques musiques vite redondantes