Nous ne le répéterons jamais assez, mais si le contenu est important, il ne faut jamais négliger le contenant, et ça, les développeurs de chez Punkcake Delicieux l’ont parfaitement compris puisqu’ils ont réussi avec leur dernier titre arrivant sur nos Nintendo Switch à soigner le fond et la forme pour notre plus grand plaisir. Alors en quoi consiste ce Shotgun King : The Final Checkmate, vous le saurez après avoir lu ces quelques lignes, et en passant, vous ne verrez plus jamais le roi du jeu d’échecs de la même manière…
Fusil à pompe et mat !
Car oui, dans Shotgun King, nous incarnons le roi noir d’un jeu d’échecs. Le mal aimé qui n’a jamais le droit de commencer la partie et qui, du coup, se retrouve désavantagé à chaque nouvel engagement alors qu’il n’a pas encore donné le premier ordre à ses troupes. Un roi qui, à force de défaites, voit ses troupes fuir vers l’ennemi et qui se retrouve seul en son royaume. Bref, un roi qui en a gros sur la patate et qui du coup, tel un Michael Douglas dans Chute Libre – un excellent film que nous vous conseillons vivement – va prendre un fusil à pompe pour faire un peu le ménage et remettre les choses en ordre.
Nous voilà donc seuls sur l’échiquier faisant face à nos ennemis héréditaires, les blancs ! – toute ressemblance avec des faits ou évènements existants, ou ayant existé, serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence – nos arrières étant couverts juridiquement, nous allons pouvoir abattre les chaînes du patriarcat mises en place par notre Némésis, le roi blanc. Mais pour arriver à cette confrontation finale, il va nous falloir avancer sur l’échiquier et faire tomber un à un les traîtres qui ont rejoint les rangs ennemis.
Voilà pour le pitch de départ et, comment dire ça de manière raisonnable ? C’est une tuerie intergalactique ! Les jeux d’échecs, ou qui reprennent le principe de déplacement de ces pièces, sont légion et consistent la plupart du temps en des affrontements face à une IA ou en des puzzle games plus ou moins inspirés. Avoir droit pour une fois à un scénario complètement barré, qui plus est mis en avant par des textes décalés et de petites illustrations dans le même ton, procure un sentiment de plaisir vraiment bienvenu qui laisse de plus augurer de bonnes choses pour la suite.
Au commencement était la cartouche
Et cette suite consiste en un rogue like dont le décor sera bien évidemment le plateau du jeu d’échecs. Sur celui-ci nous allons, dans un premier temps, être seuls face à quelques pièces, avant de devoir affronter l’armada complète de notre adversaire. Mais les amateurs du roi des jeux se demandent sans doute comment venir à bout de ces pièces alors que notre roi ne sait se déplacer que d’une case à la fois, tandis qu’un grand nombre de nos adversaires peuvent parcourir tout le plateau en un mouvement ?
Et bien c’est à ce moment qu’apparaît le fusil à pompe. En effet, notre souverain dispose de l’arme ultime et il n’hésitera pas à s’en servir. Comme pour le vrai jeu, car nous rappelons que dans les règles du monde réel le fusil à pompe n’est pas autorisé, une fois le déplacement de l’une des pièces de nos adversaires effectué, c’est à notre tour de jouer. Nous pouvons alors soit nous déplacer, soit tirer en ayant préalablement visé. Notre fusil de départ ne pourra tirer que deux fois d’affilée, il faudra ensuite nous déplacer pour recharger. Enfin, nous pouvons aussi sauter sur un adversaire pour lui mettre un coup de surin, respectant ainsi les règles de bases.
Voilà pour le cœur du gameplay. Mais là où les développeurs de chez Punkcake Delicieux ont fait fort, c’est en ajoutant, à la fin de chaque tour, un système de bonus diabolique. Après avoir vaincu le roi adverse, nous pouvons choisir entre deux bonus, renforçant ainsi notre force de frappe avec plus de munitions, des dégâts au couteau supplémentaires, ou la possibilité de sauter au-dessus d’un ennemi pour l’humilier. Mais ces bonus ne vont pas seuls puisque, s’ils possèdent une face sombre qui nous est dédiée, ils ont aussi une face claire qui apportera alors un nouveau soutien à notre ennemi.
Puis vint le diabolique
Diabolique, non seulement nous devons choisir ce qui va nous être apporté, mais nous devons aussi choisir ce qui va nous arriver sur le coin de la figure. Va-t-il falloir viser la toute puissance balistique, au risque de voir notre ennemi prendre ses aises en face de nous, ou allons-nous la jouer petit bras pour ainsi n’avoir à affronter que des adversaires à notre taille ? La question reste entière. Ce système permet à chaque nouvelle partie d’être différente de la précédente et enchaîner ainsi cinq six parties pour tenter d’aller toujours plus loin se fait sans aucun souci, sans jamais provoquer de lassitude.
Dernière mécanique présente, cerise sur l’AK47, comme disent les membres de la NRA, nous pouvons emprisonner l’âme de la première pièce, hors pion, que nous tuons et l’utiliser en cas de besoin pour nous approprier son déplacement. Au même titre que les mécaniques précédentes, cet ajout vient complètement bouleverser notre façon de penser nos déplacements, puisque si notre roi semble bien mal en point avec son déplacement court sur patte, la possibilité nous est maintenant offerte de traverser toute la longueur du plateau pour ainsi nous sauver et pourquoi pas récupérer une nouvelle âme.
C’est une toute nouvelle façon d’utiliser l’échiquier. À la stratégie déjà complexe des déplacements des pièces s’ajoute l’ensemble de ces mécaniques qu’il nous faudra gérer et notamment l’effet d’empilement des bonus. Remplacer un fou par deux pions, c’est cool, mais quand les mêmes pions deviennent des lanciers ça commence à piquer. Il nous faut toujours réfléchir à nos points forts tout en gardant à l’esprit ceux de notre ennemi, pour réussir à atteindre les niveaux les plus élevés.
Tu ne serais pas un peu trop sage ?
Oui, ce Shotgun King : The Final Checkmate est extrêmement addictif par ses mécaniques, mais sa partie technique est-elle au niveau ? Le constat est plus mitigé sur ce point. Déjà en termes de contenu. Si le nombre de bonus différents est largement suffisant avec plus d’une centaine d’effets, le nombre de modes de jeux est quant à lui bien en deçà. Une fois le niveau douze atteint et terminé, nous débloquons le mode infini qui comme son nom l’indique ne s’arrête qu’à notre mort. Une fois son niveau quinze atteint et terminé, nous débloquons le dernier mode traque. Pas de révolution dans le gameplay et surtout pas de mode deux joueurs. C’est bien dommage, car avec un tel gameplay asymétrique, le résultat aurait pu être probant.
Il en va de même avec la partie graphique. Si nous repérons facilement les différentes pièces sur cet échiquier à l’ancienne en pixel art, nous ne pouvons que regretter le manque d’animation de nos pièces qui nous feraient presque regretter les jeux d’échecs de l’aube vidéoludique qui ajoutaient des gerbes sanguinolentes pour le plus grand plaisir des ados que nous étions. De plus, ce set de départ ne variera jamais au cours de nos parties et rien ne viendra ajouter un peu de folie ou de renouvellement à cet aspect bien trop sage qui ne colle pas du tout avec le pitch de départ.
La bande-son, tout en soignant son côté synthétique rétro de belle manière, est vite oubliée tout comme l’ensemble des bruitages, nous offrant au final une ambiance assez sage qui, comme pour la partie graphique, ne vient jamais nous étonner et/ou se renouveler, collant encore une fois difficilement avec le concept de base. Terminons ce test par la difficulté. S’il est possible dès la première partie d’atteindre le niveau douze, il est aussi possible de ne pas dépasser le niveau 3 faute d’avoir oublié la reine ennemie bien planquée au fin fond de l’échiquier. Shotgun King se montre donc implacable avec le joueur, ne lui laissant aucune marge d’erreur, si ce n’est les trois boucliers nous protégeant de déplacements mal venus.
Conclusion
Shotgun King : The Final Chekmate est un excellent titre mêlant rogue-like et jeu d’échecs. Sa narration est complètement barrée et ses mécaniques sont à la fois extrêmement complètes et variées pour se montrer ainsi diablement addictives. Toutefois nous regrettons que sa partie technique soit bien plus frileuse et peine à se renouveler, tout comme nous aurions aimé tester un mode deux joueurs asymétrique. Pour le reste il n’en reste pas moins un titre qui ne nous lâche pas une fois commencé aussi bien pour des parties courtes que plus longues.
LES PLUS
- Le pitch de départ est complètement barré
- Les mécaniques de base fonctionnent parfaitement
- L’ajout des bonus cumulables ajoute une grosse touche de stratégie
- Tout comme le système d’âme
- Un jeu d’échecs avec un fusil à pompe… What else ?
- La difficulté est parfaitement dosée
- La possibilité d’afficher les cases dangereuses permettra aux néophytes de profiter du titre
- La prise en main est complète et permet de réaliser toutes les actions en une touche
LES MOINS
- Les graphismes sont bien trop sages et ne se renouvellent pas
- Tout comme la bande son
- Pourquoi ne pas avoir tenté un mode deux joueurs asymétrique ?