Dans la vie, il n’est pas toujours évident de savoir exactement ce que l’on veut… si la détermination fait parfois de très jolis miracles, le sort peut en décider autrement et nous mettre sur des chemins que nous n’aurions même pas été en mesure d’imaginer. Parfois, le destin devient dès lors fâcheux… mais parfois aussi, le tournant est décisif et les belles rencontres justifient à elles seules tous ces chamboulements. Et si vous repreniez tout depuis le début… feriez-vous le bien ou plutôt le mal ?
Développé par Caligari Games et édité par Drageus Games, Whateverland se veut différent de ce qu’il est possible de trouver à ce jour sur le marché. Son ambition est de fait assez grande… et sur le papier, nous sommes déjà enthousiastes : un point and click original, avec des choix aux véritables répercussions sur la poursuite de l’aventure, des énigmes et des mini-jeux. Voilà qui devrait nous gâter !
Choisir, c’est renoncer
Les prémices de votre aventure se logent dans une petite séquence animée quelque peu mystérieuse. Il semblerait que vous ayez commis un crime (parmi tant d’autres ?), le vol d’un collier précieux auprès d’une femme assurément plus puissante que vous ne l’aviez supposé pour oser lui dérober un tel bien. Tel est bien pris qui croyait odieusement prendre…
Des premiers choix viennent alors interloquer le joueur tandis qu’une paire d’yeux pourrait bien perturber son sens logique : êtes-vous plutôt du genre à privilégier la cruelle mais sincère réalité ou bien l’apaisante mais virtuelle rêverie… ? Diantre, le choix est déjà cocasse ! Une première coquille s’y glisse par ailleurs « Ce juste un jeu » à la place d’un présumé « C’est juste un jeu ». Une fois le choix réalisé, un rire maléfique se répand… laissant perplexe sur la bonne réponse sélectionnée !
Dans ce dédale de mystères, nous nous prenons à retrouver quelques similitudes avec l’univers décalé de Tim Burton. Assurément un ressenti très personnel mais qui met néanmoins en lumière une certaine patte graphique qu’il est important de souligner. Cette impression ne se prolonge malheureusement pas dans le temps et malgré une aventure aux graphismes plutôt propres, l’ensemble manque de rondeurs. Sans doute est-ce aussi pour conférer une certaine aura à Whateverland qui se veut assurément doté d’un véritable univers décalé.
Nous avons fait le choix des rêves… la réalité peut être si cruelle ! Nous voici dès lors plongés dans une décharge (tu parles d’un rêve !) peu accueillante : premier lieu de notre voyage, et office de tutoriel pour l’aventure. [Ndlr : Nous avons tenté de lancer une seconde partie avec le choix opposé : celle-ci nous permet de constater que les rires maléfiques accompagnent tout aussi bien la réalité, avec une arrivée identique au cœur de la décharge !]. Vincent (le joueur, le voleur de collier !) est capable de se mouvoir dans chacun des tableaux du titre (ici notre belle décharge !) grâce à une icône en forme de pas. Appuyez une seconde fois pour le voir accélérer le mouvement : une bonne chose puisque nous savons d’ores et déjà qu’il va falloir multiplier les allers-retours. Notre curseur ne se montre pas pour autant d’une très grande réactivité : il convient en effet de rester une ou deux secondes sur un objet afin qu’il nous informe que ce dernier est cliquable, avec parfois une mobilité autonome pas bien agréable. Un petit défaut notable dans un point and click puisque, admettons-le tous, nous avons tendance à essayer tout et n’importe quoi ! Par ailleurs, le passage d’une pièce à une autre n’est pas toujours nécessairement bien notifié. La partie est sans doute un chouya plus confortable sur PC…
Une fois l’icône disposée à nous informer sur les actions possibles avec ledit objet, celles-ci s’affichent à l’écran via d’autres icônes traditionnelles : un œil pour observer, une main pour saisir, etc. Bien entendu, moult personnages sont à découvrir et la discussion peut (doit) être entamée. De nombreux bavardages donnent lieu à des choix multiples : si certains ne sont alors qu’accessoires, d’autres donneront aux joueurs des informations importantes sur l’histoire. Enfin, certains choix ne seront pas dénués de conséquences : précédés d’un petit soleil, vous choisissez le chemin de la gentillesse, de la bienveillance, de l’entraide alors que précédés d’une lune, vous choisissez un chemin plus sombre où la roublardise et le vol sont votre quotidien. Nous vous avions prévenus : quel damoiseau souhaitez-vous être ? Nous avons choisi le soleil tout au long de notre parcours, ô bonté accompagne nous au travers de Whateverland !
Tandis qu’une musique particulièrement réussie (mais qui, à la longue, perd de son charme il est vrai) accompagne le joueur, avec des notes de violon singulières et percutantes, ce dernier apprend peu à peu ce qu’il fourgonne dans un tel endroit : voler la dame aux bijoux n’était assurément pas le meilleur choix (encore une fois !) puisque cette dernière, du nom de Béatrice, nous a directement envoyé dans une pseudo faille dont la particularité est de faire ressortir les vices de tout à chacun. Petite cerise sur le gâteau à la crème : il ne serait physiquement pas possible de sortir de cette faille mystérieuse. Nous voilà bien dans l’embarras !
Fort heureusement, il existe un moyen de contacter Béatrice… mais la tâche ne sera pas anodine puisqu’il convient de récolter plusieurs morceaux de parchemins actuellement en main d’illustres personnages du coin. Des entités toutes plus singulières les unes que les autres… et pourtant, il va falloir aller à leur rencontre pour espérer trouver une sortie… !
Faites le bien ou le mal… mais faites quelque chose !
L’aventure se découpe ainsi de façon non linéaire puisque le joueur est libre d’aller où bon lui semble pour récupérer les morceaux de parchemins : un club de jazz, une station de radio, la maison des sœurs jumelles… chaque étape est alors l’occasion de découvrir une nouvelle petite histoire à l’origine du précieux sésame que le joueur garde en tête comme fil rouge. Néanmoins, sachez qu’il faudra tout de même respecter un certain parcours afin de pouvoir retrouver les parchemins. Quelques allers-retours seront aussi nécessaires puisque la bonne trouvaille ne se limite pas à fouiner un seul et même lieu. Soulignons à cette occasion que le point and click reste très sage : le joueur ne va guère passer des heures à farfouiller dans les décors, ni même faire correspondre un florilège d’objets. En revanche, il va falloir taper la causette !
Ces nombreuses rencontres sont souvent les point de départ de différents mini-jeux dont un particulièrement redondant qui met en scène des bestioles, les livrecendres, sur un large plateau quadrillé. Le principe général est simple : marquer dans les buts (des cuillères !) adverses. Pour y parvenir, le joueur dispose de plusieurs bestioles avec des capacités distinctes, face à d’autres bestioles qui elles aussi cherchent à marquer sur votre territoire. La partie se joue au tour par tour, laissant ainsi le temps au joueur de prendre les bonnes décisions tout en restant observateur des coups de son adversaire. Coups bas, passage de balle et stratégie sont de rigueur…
Malgré une bonne démarche sur le papier, nous n’avons pas particulièrement pris un grand plaisir à aborder ce jeu redondant. Néanmoins, il convient de souligner qu’il permet d’incorporer au titre une nouvelle énergie, tout en brisant la redondance si fréquente au sein des points and click. Certaines parties peuvent en outre être passées, avec la victoire assurée, contre une pelote de laine précédemment trouvée sur l’un des lieux de l’aventure. Les chats, et leurs facéties, occupent effectivement une certaine place dans le titre…
D’autres mini-jeux sont à découvrir et nous devons avouer que les développeurs ont fait preuve d’une certaine originalité pour offrir à leur aventure des consignes distinctes en fonction des lieux visités. Entre la réparation d’une station radio, la mise en place d’un scénario, ou encore la remise à niveau d’une climatisation… vous irez de surprise en surprise ! Il n’est néanmoins pas toujours évident de comprendre toutes les mécaniques de ces petits jeux et davantage d’explications n’auraient pas été de refus… Il va falloir vous creuser les méninges pour comprendre et parvenir à vos fins !
Afin de rendre plus accessibles quelques manipulations fréquentes au sein du titre, l’écran de jeu dispose d’un accès direct à la carte et à ses différents lieux, mais aussi à l’inventaire ou encore à un journal récapitulatif des principales actions et parties de jeu menées. Aussi, la sauvegarde peut être faite selon le bon vouloir du joueur, en supplément d’une sauvegarde automatique régulière.
Se perdre dans Whateverland
Si le titre ne manque pas de mettre en avant son identité, quelques défauts restent à souligner. Nous avons notamment été confronté à quelques bugs, comme lors d’un mini-jeu mettant en scène des poissons… le jeu semblait rencontrer quelques difficultés quant à la validation de notre partie… avant de finalement nous offrir le précieux cadeau sans véritable raison… puis de relancer sans prévenir une partie tandis que nous rebroussions chemin ! D’autres petites coquilles sont présentes, et le joueur peut parfois se retrouver un peu perdu pour comprendre ce qu’il convient de faire. Nous avons mis un certain temps aussi pour comprendre qu’il fallait faire un détour pour la remise à niveau des antennes radio…
Chacun des personnages de l’aventure dispose d’une personnalité qui leur est propre, avec des désirs et des souhaits inhérents à leurs histoires. Néanmoins, nous avons regretté ne pas retrouver tout l’élan de mystère du début du jeu. L’aventure devient bien plus classique rapidement. Comptez une moyenne de 5h pour en faire le tour, avec assurément quelques instants où les mini-jeux vont vous ralentir, le temps de comprendre ce qu’il vous est demandé.
Whateverland est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 15 euros environ.
Le saviez-vous ?
« Whateverland » pourrait se traduire par « Quel que soit la contrée » : un joli titre qui nous amène à réfléchir sur notre façon d’être et d’agir, et cela quel que soit le cadre dans lequel nous nous trouvons. Une pensée philosophique sur notre raison même d’être là où nous sommes…
Conclusion
Whateverland est une aventure point and click dotée de nombreux mini-jeux distincts, mais aussi de multiples parties au tour par tour mettant en scène de drôles d'insectes aux multiples capacités. Le titre parvient à tirer son épingle du jeu grâce à cet aspect multifacette, qui viendrait presque légèrement amoindrir le côté point and click : votre inventaire ne regorgera pas d'objets, et les objets à observer dans tous les sens ne se comptent pas par paquets de dix comme dans de nombreuses aventures de ce genre. Néanmoins, la singularité des personnages rencontrés est assurément le point fort du titre, avec différentes personnalités, parfois à imbriquer, pour arriver à ses objectifs et ainsi se donner l'opportunité de quitter Whateverland... mais ferez-vous les bons choix pour conduire votre héros là où il doit véritablement se trouver ?
LES PLUS
- De nombreux mini-jeux à découvrir...
- Un univers globalement réussi...
- Une jolie musique...
- Des personnages réussis, avec des personnalités propres.
- Traduction française disponible (voix en anglais, textes en français)
LES MOINS
- … mais qui peuvent parfois sembler un peu énigmatiques avec un léger manque d'explication.
- … mais qui ne poursuit pas dans son aspect mystérieux pourtant mis en avant au début de l'aventure.
- … mais qui finit quelque peu par devenir lassante au fil des heures !
- Quelques bugs.
- Un curseur qui s'amuse parfois tout seul et qui demande de marquer l'arrêt pour donner des précisions sur l'objet.