Seul sur le sable, les yeux dans l’eau, mon rêve était trop beau. L’été qui s’achève, tu partiras, à cent mille lieues de moi. Vieille carcasse désossée, vidée de tout intérêt et surtout vidée de tous tes métaux précieux et autres pièces détachées bonnes à être vendues. Toi mon épave chérie, je te remplacerai demain à l’aube par une plus belle et plus grande que toi, mais toi, ma toute première épave, je ne t’oublierai pas.
Cargo de nuit, trente-cinq jours sans voir la terre
Voilà en quelques phrases à quoi ressemble le jeu Ship Graveyard Simulator. C’est un jeu dans lequel le joueur incarne un ouvrier chargé de démanteler des bateaux en fin de vie et de récupérer un maximum de matériaux pour les revendre ou les transformer. Ces cimetières de bateaux existent réellement, le plus souvent dans des pays pauvres comme la Mauritanie, la Namibie, l’Inde ou le Pakistan, pays où les règles de sécurité et les contrôles sont inexistants. La dangerosité et la toxicité des épaves ne sont pas prises en compte et les travailleurs locaux démantèlent ces épaves sans aucune protection.
Pour en revenir au jeu en lui-même, il se joue en vue subjective, nous voyons les mains de notre personnage et les outils qu’il tient. Nous nous promenons sur une plage au milieu de carcasses de bateaux et nous récupérons de l’acier rouillé, de la fonte, de l’huile, et plus le jeu progresse, plus nous pouvons trouver d’autres matériaux comme du cuivre, de l’acier, de l’essence. Une fois notre première récolte effectuée, nous retournons vers le village, ou plutôt le bidonville qui borde la plage et nous allons au marché vendre nos trouvailles. Avec nos premiers billets, nous allons acheter nos premiers outils, puis construire notre atelier et acheter une forge pour transformer nos découvertes en des matériaux plus nobles.
Ship Graveyard Simulator nous plonge dans un système de gestion, car plus on ramasse d’objets, plus on a d’argent et plus on peut perfectionner notre outillage pour récolter de nouveaux matériaux qui se vendent plus chers. Nous voilà pris dans un cercle vicieux où il faut récolter de plus en plus de matériaux et des matériaux de plus en plus rares. Pour récolter ces matériaux rares, il faut de meilleurs outils, donc une masse de meilleure qualité, des scies électriques, des disqueuses, des chalumeaux.
Cargo de suie trente-cinq jours de galère
En pratique, le gameplay est tout simple. Quand on s’approche d’un objet destructible, une fenêtre apparaît pour nous dire ce que nous allons récolter et quel outil utiliser. On sélectionne le bon outil, on casse l’objet et on récupère les matériaux. Une fois notre stockage plein, on rentre au village, on stocke nos matériaux, on les vend ou on les transforme, on gagne de l’argent et on améliore son atelier, sa forge et ses outils. Sous ses airs simplistes, le jeu est finalement prenant, et on passe des heures à trouver les bons matériaux pour créer de nouveaux alliages et débloquer les améliorations possibles.
Le jeu nous récompense avec des points d’expérience qui permettent de débloquer de nouveaux objets ou d’améliorer nos outils. Et puis surtout, il est possible de commander un bateau pour le démanteler entièrement. Cela se passe sous la forme d’une location à la journée. Au début du jeu, le premier bateau que l’on commande coûte très peu cher à la journée, et il est démantelé en quelques heures. Par la suite, les bateaux coûtent plus chers mais ils sont pleins de ressources et il faut plusieurs jours avant de les avoir complètement vidés.
Graphiquement, le jeu est correct pour la Switch, les déplacements à pied ou en véhicule sont bien rendus. Sur le plan sonore, Ship Graveyard Simulator nous baigne perpétuellement dans des nappes musicales un peu tropicales, c’est sympa au début et ça tape sur les nerfs au bout d’un moment, mais ça participe à l’effet hypnotique du jeu. On casse, on ramasse, on stocke, on vend et on retourne sur la plage continuer ce cycle sans fin.
Conclusion
Ship Graveyard Simulator est un jeu étonnant, de par son sujet, pas des plus glamours ni des plus politiquement corrects, de par son rythme plutôt lent, et de par sa capacité à entraîner le joueur à en vouloir toujours plus, et donc à aller fouiller ces épaves pour en tirer des matériaux qui feront sa fortune. L’avatar du joueur est esclave de ce cimetière d’épaves et le joueur le conforte dans cette prison à ciel ouvert en lui faisant miroiter des jours meilleurs grâce à l’argent amassé.
LES PLUS
- Le côté gestion
- Provoque une certaine addiction
- Une bonne durée de vie
LES MOINS
- La musique très répétitive
- Un univers pas très fun