Les requins sont depuis bien longtemps le support de bien des fantasmes, parfois en accord avec l’animal, parfois totalement en dissonance. Quoiqu’il en soit, ces animaux ont toujours fasciné les hommes : tantôt craints, tantôt idolâtrés, ils ne laissent rarement indifférents et sont aujourd’hui encore l’objet de multiples études, à la fois pour les comprendre, mais aussi pour les protéger tout en préservant la vie humaine à proximité. Fidèle emblème de la faune marine, ces derniers sont à l’honneur dans le titre que nous vous proposons ce jour, avec un appétit insatiable !
Édité par BBG Entertainement, Skark!Shark! fait écho au titre d’ores et déjà sorti en 1982 sur Intellivision. À l’époque, le titre rencontre un succès inattendu… Chez NT, nous avons quelques brefs souvenirs d’un titre similaire… c’est, par ailleurs, ce qui nous a vivement donné envie de retourner sur ce terrain d’enfance. Prendrons-nous autant de plaisir que jadis à jouer les petits poissons déglingos face aux dangereux requins ?
Les dents de la mer
Le titre s’ouvre sur un menu assez chargé au sein duquel le joueur est invité à sélectionner le mode de jeu de son choix : en solo ou en multi, avec une mise en avant des scores. Le tout est présenté sur un joli tableau océanique, tandis que tournoie un requin dans les environs. La musique, plutôt fun et rythmée, vient nous embarquer dans son univers décalé. Tout cela transpire un peu le jeu l’ancienne, mais c’est exactement ce que nous sommes venus chercher !
Nous embarquons aussitôt pour le mode voyage : le mode solo par excellence qui permet d’enchaîner les niveaux. Avant toute chose, un récapitulatif des commandes est disponible : rien de bien sorcier puisqu’il s’agit simplement de contrôler avec le joystick le petit poisson sélectionné. Ce dernier est, au commencement, un adorable petit poisson clown. Sa couleur peut être changée, mais le choix véritable de l’espèce et des couleurs est encore très sommaire : il va falloir débloquer tout cela avant de pouvoir véritablement disposer d’un cheptel de poissons.
Le principe de Shak! Shark! est particulièrement simple : manger plus petit que soi, tout en évitant de se faire manger soi-même. Un concept aussi rapide à comprendre qu’à prendre en main. Au démarrage de la partie, vous ne pourrez ingérer que de la petite friture, de minuscules poissons passant à proximité de votre bouche. L’ingestion de cette poiscaille vous permet d’engranger quelques points… plus vous en gagnez, plus vous allez grossir… et plus vous allez grossir, plus vous pourrez dévorer des individus toujours plus costauds. Les premiers niveaux sont, de fait, assez simples, bien que nous ne soyons pas parvenus à rendre mastodonte notre petite poisson clown : un fichu requin a tendance a semer le trouble dans l’océan !
Le requin va en effet vous mener la vie dure. Et cela de plus en plus ! Particulièrement présent, il cherche sans cesse à vous dévorer. Loin de faire la fine bouche, il se montre ravi de dévorer tout ce qu’il croise… mais semble complètement envoûté par le poisson du joueur : il vous veut, VOUS ! Cela peut prêter à sourire exprimé ainsi… mais dans les faits, le – les – requins nous ont clairement cassés les pieds. Ils sont assurément la plus grande difficulté du titre, d’autant plus qu’ils disposent d’un atout majeur : leur dextérité et leur vitesse. Tandis que vous prenez du poids, votre vitesse et surtout l’aisance de vos déplacements sont amoindries. Des paramètres pourtant indispensables pour éviter les prédateurs… ainsi, plus d’une fois, nous nous sommes retrouvés à la merci du requin, complètement sans ressource pour l’éviter. D’autant plus que ces animaux ne seront pas les seuls dangers auxquels il va falloir faire face…!
Afin de terminer un niveau du mode voyage, il va falloir faire preuve d’une certaine aisance dans l’eau et ingérer 30 poissons dans le premier monde (découpé en 4 niveaux), 40 dans le second monde (sur les 4 niveaux) et enfin 50 dans le troisième et dernier monde (avec toujours 4 niveaux).
Un milieu dangereux
Trois environnements distincts sont à découvrir dans Shark! Shark! Vous découvrirez rapidement toutes les facéties de ces derniers, avec des espèces plus ou moins féroces : les méduses chercheront à vous ralentir quelques instants par une ombrelle et des tentacules électriques, tandis que l’orque n’hésitera pas à vous manger sans ménagement.
Les décors eux mêmes se rebellent : Poséidon semble avoir perdu quelques tridents rebelles, des yeux machiavéliques hanteront vos déplacements, une végétation envahissante viendra camoufler votre vision… plus vous avancerez dans les niveaux, plus l’environnement devient dangereux ! Et le requin, lui, est toujours là (sous différentes variantes)… bien entendu.
Quelques bonus viennent tout de même compléter le tableau afin de vous aider : un bouclier est régulièrement disponible dans l’eau et permet à votre poisson de s’entourer d’une bulle protectrice quelques instants. Les gros coquillages sont aussi assez généreux en perles de toutes les couleurs : celles-ci permettent d’engranger un maximum de points ou même de récupérer une vie. Si vous commencez le premier monde avec un total de 5 vies, vous n’en aurez plus que 4 pour le second monde, et 3 pour le troisième. Lors de la perte d’une vie, le joueur dispose de quelques secondes de répit… mais il doit alors reprendre son engraissement depuis le début !
Le scoring est donc au cœur du jeu. Votre objectif est, et restera, de faire un maximum de points. Mangez, mangez, ne vous arrêtez jamais de manger !
Une amitié sous l’eau
Le mode voyage, malgré des requins agaçants, se boucle rapidement. En moins d’une heure, la partie se termine. Celle-ci s’accompagne par le déblocage de quelques poissons de différentes couleurs. Le titre précise qu’un certain contenu se déverrouille après avoir terminé le mode voyage… nous étions donc en droit d’attendre d’autres mondes avec quelques niveaux bonus. Malheureusement, malgré quelques recherches dans les différents menus, nous n’avons rien trouvé de probant… ne reste alors plus qu’à se rabattre sur les autres modes de jeu.
Le mode versus est accessible en solo ou en multi. Dans tous les cas, il convient alors, soit d’atteindre aussi vite que possible un certain score, soit d’engranger un maximum de points pendant un temps défini. Les environnements sont strictement les mêmes que ceux du mode voyage. Petite facétie à plusieurs : il peut être un peu rigolo de chercher à dévorer son collègue… lui appréciera probablement un peu moins la manœuvre mais rien ne l’empêche de vous dévorer à son tour, à condition d’être suffisamment gros pour cela ! Le jonglage entre les requins peut alors devenir un peu plus fun à plusieurs… mais lasse malgré tout assez rapidement avec le manque cruel de contenu disponible. Nous aurions aimé quelques arènes de jeu dédiées par exemple…
Soulignons que le mode voyage peut aussi être réalisé en multi local, ce qui assure une victoire nettement plus rapide. En effet, les poissons ingérés par les uns et les autres viennent s’accumuler. Il devient ainsi nettement plus simple d’atteindre le seuil minimum… nous vous recommandons de ne pas cocher l’option « Manger ses amis » dans ce contexte, une mesure complètement contre-productive !
Nous n’avons malheureusement pas pu tester le mode multijoueur en ligne du titre. Aucun joueur ne s’est présenté malgré nos quelques sollicitations.
Un contenu qui coule à pique…
Les premiers instants de jeu sur Shark! Shark! sont plutôt funs : la prise en main est rapide et intuitive, les décors mignons et l’environnement général agréable. Pourtant, le manque de contenu vient très (trop) rapidement gâcher le plaisir (sans compter l’inégalité des chances avec les requins). Le nombre dérisoire de niveaux, le nombre de petits poissons à déverrouiller bien trop faible, ou encore l’absence total de compétence de notre héros des mers, sont autant de défauts qui viennent affaiblir le titre.
Au-delà d’un nombre bien plus conséquent de niveaux, nous aurions apprécié quelques compétences à déverrouiller, avec un petit poisson de plus en plus à l’aise dans l’eau, mais aussi de véritables combats contre les requins (et non pas juste un croquage de nageoire caudale !). La vie sous-marine offre une multitude d’opportunités et d’environnements qui ne sont malheureusement pas mis à l’honneur au sein de Shark! Shark! qui se limite à son principe de base : manger plutôt que d’être mangé.
L’évolution esthétique face au titre d’origine (de 1982 sur Intellivision, rappelons-le !) est incontestable. L’aisance du petit poisson tandis qu’il prend de l’envergure était déjà de plus en plus rigide à l’époque… le reflet du jeu d’origine est donc réussi, mais risque très lourdement de ne pas séduire le public d’aujourd’hui, en quête de contenus plus conséquents et d’une certaine cohérence dans l’évolution du héros (qui se doit de devenir de plus en plus fort…!).
Shark! Shark! est disponible sur l’eShop pour 15 euros environ : un tarif bien trop élevé pour le contenu proposé.
Le saviez-vous ?
Les requins ont un sens de l’odorat particulièrement développé et efficace : ils sont capables de sentir une seule goutte de sang dans la vaste étendue… d’une piscine olympique !
Une anecdote assez célèbre mais qui fait toujours son petit effet…
Conclusion
Rester en vie dans un environnement aussi dangereux que celui des océans lorsque nous ne sommes qu'un tout petit poisson clown, à proximité de moult prédateurs : voilà qui n'est guère une mince affaire... le principe est pourtant très simple : manger les autres plutôt que d'être mangé soi même ! Shark! Shark! reprend strictement ce principe de base, sans pour autant aller plus loin. Malgré un environnement de jeu plutôt agréable, avec des graphismes colorés et une bonne ambiance générale (l'évolution face au titre d'origine de 1982 est considérable !), le maigre contenu du titre risque de très rapidement décourager les joueurs... quelques parties en multi permettent de rester encore quelques minutes sur le jeu, mais sans véritable ajout majeur, le joueur risque de faire le tour de l'intégralité du titre en moins de deux petites heures. Une durée de vie bien faible pour un tarif aussi élevé... les souvenirs d'enfance suffiront t-ils à faire passer la pilule... ?
LES PLUS
- Bonne ambiance générale : c'est mignon, frais et coloré !
- Simple à comprendre et à prendre en main.
- Multijoueur (jusqu'à 4 joueurs en local ou en ligne) disponible.
LES MOINS
- Une évolution assez médiocre de notre petit poisson : ce dernier devient de plus en plus lourd, de plus en plus pataud. Les requins, eux, sont toujours aussi collants !
- Bien trop peu de mondes disponibles : seulement 3 avec 4 niveaux chacun.
- Des petits poissons sans compétence ni caractéristique.
- Un multijoueur qui aurait pu être fun mais qui souffre lui aussi d'un manque de contenu (niveaux identiques à ceux proposés en solo).