À la croisée des genres, des codes sociaux, Jack Jeanne nous narre l’histoire d’une héroïne qui devra poursuivre ses rêves en enfreignant les règles d’une école d’art dramatique renommée.
Précisons-le directement, le jeu n’est malheureusement pas traduit en français et demande un niveau d’anglais basique.
Quand l’identité m’est contée
Jack Jeanne c’est d’abord un visual novel à la trame classique, permettant d’établir des liens, des romances avec les différents personnages du jeu.
Qu’est-ce qu’un visual novel ? C’est essentiellement un jeu narratif, à textes et plans fixes, avec des choix. Ils ont un impact sur le déroulé de l’aventure. Jack Jeanne étoffe le concept en proposant un gameplay basé sur la danse et/ou le chant. Similaire à un jeu de rythme lambda, Jack Jeanne propose donc deux types de gameplay bien distincts.
L’histoire nous conte l’histoire de Kisa qui est désireuse d’intégrer la prestigieuse école d’art dramatique d’Univeil, par passion et en mémoire de son frère.
Le hic c’est que cette école n’est réservée qu’aux hommes, et ce depuis sa création. Dans cette dernière, les hommes interprètent autant des rôles masculins que féminins.
Les rôles masculins sont définis comme Jack et les rôles féminins comme Jeanne.
Kisa devra donc se faire passer pour un homme et jouera une Jeanne, sous la houlette du directeur de l’établissement, désireux de faire évoluer les codes mais se heurtant au conservatisme qui entoure le prestige de l’école.
Vous trouvez l’idée originale ? Elle l’est.
Vous y voyez un miroir de notre société ? Ça l’est.
De par bien des aspects, le soft questionne sur la notion de genre, sur les règles établies par l’établissement et sur le clivage homme/femme.
Cela fait écho également au rigorisme japonais, aux codes sociétaux bien plus stricts qu’en Europe notamment.
Les Jack sont les hommes qui expriment le plus naturellement leur masculinité, tandis que les Jeanne sont des hommes naturellement efféminés, prédisposés à endosser ce rôle.
Être et ne pas être
Sur ce postulat de départ, Jack Jeanne nous emmène vers une quête alliant visuels fantaisistes, phases plus terre à terre ancrées dans le réel et interrogations sociales.
Le chara design fait mouche avec une patte Shojo assumée qui rend plutôt bien. Les personnages ont tous leur personnalité, et les affinités se font naturellement, portées par les mécaniques de visual novel. Ce n’est pas la profondeur de gameplay qui nous tient en haleine, mais l’envie de voir la narration s’étoffer. À mesure que l’histoire se tisse, il est clair que Jack Jeanne n’est pas si haletant. Il se révèle intriguant, intéressant mais ne nous a jamais happé au point d’avoir une impatience manifeste à l’idée de s’y replonger. L’écriture est bien en deçà d’un 13 Sentinels (encore lui) ou de Persona 5 (brillant en tout point mais ça nous le savons déjà).
Il n’est ni un visual novel passionnant, ni un jeu de rythme percutant. Mais pourquoi ?
Fly me to the Moon
Peut-être parce que le jeu est fade en termes de gameplay. Sachez que le jeu est aussi bien utilisable via le tactile que les Joy-Con. En mode docké, le jeu est propre et fluide, mais nous conseillons plutôt l’expérience nomade pour profiter du tactile.
Le jeu de rythme est grossier visuellement (rappelons que sa sortie sur smartphone doit rendre le tout jouable sur un petit écran) et peu passionnant. Malgré quelques écueils imputables à sa structure de gameplay et son thème abordé avec trop de pudeur, il reste un titre plutôt intéressant, sans jamais être passionnant.
Cette sensation de jeu dans la moyenne transparaît dans chaque phase de gameplay, qui ne nous transcende pas.
Un produit habile, qui coche les cases requises mais qui ne parvient jamais à nous emmener au-delà de nos attentes.
D’ailleurs, le soft se parcourt en une vingtaine d’heures. Il aurait pu en durer 5 de moins, et condenser son récit.
Classicisme d’un autre temps.
La structure du jeu permet quant à elle d’organiser ses semaines : chaque jour permet de parfaire une activité au choix, créant de facto des affinités avec les enseignants de ces dernières. Le personnage développe donc ses compétences (mais peut aussi échouer) en fonction de nos choix. Danse, chant, cardio, acting notamment, sont censé rendre certaines phases de gameplay plus accessibles. Le weekend étant libre, nous pouvons arpenter la ville (pas d’exploration 3D ici, juste de la sélection sur une map). Chaque lieu permet de croiser un personnage de l’épopée.
Si vous croisez un autre personnage de votre établissement, vous pouvez augmenter vos affinités avec.
Ce niveau d’affinité débloque des événements spéciaux qui permettent d’augmenter nos statistiques et le lien avec le personnage concerné par cette rencontre (si vous choisissez bien vos réponses).
On aurait aimé une exploration libre, avec des PNJ disponibles à divers endroits.
On finit vite par s’ennuyer sur Jack Jeanne, même si l’envie de voir le dénouement se fait sentir.
Et ne comptez pas sur les jeux de rythme pour venir donner une dynamique supplémentaire au gameplay. On peut vite être tenté de dire qu’un visual novel ne peut avoir un rythme frénétique, mais on aurait aimé un peu plus de disparité de gameplay.
L’amour toujours
Idylle, dilemme, réussite, voici donc la sainte trinité de Jack Jeanne.
Il y a fort à parier que le récit peut vraiment trouver un écho pour certains et prendre une toute autre dimension narrative.
Il est évident que le soft est solide, puisque tout ce qu’il fait, il le fait plutôt correctement. Il n’a jamais de génie, mais jamais de médiocrité non plus. Le dénouement quant à lui, n’est pas décevant, mais appelle clairement à une suite.
Conclusion
C'est donc plutôt circonspect et face à un dilemme certain que nous clôturons cet avis : hermétisme personnel ou véritable jeu moyen ? D'un point de vue purement factuel, Jack Jeanne est un soft dans la moyenne. Moyenne porteuse d'un récit probablement plus destinée à des ados ou jeunes adultes. Il a soit 20 ans de retard, ou 20 d'avance, c'est selon. Sans sous-titres français et avec une structure de gameplay au demeurant assez bateau, Jack Jeanne est un titre vite fait, vite oublié. Dommage
LES PLUS
- Un chara design à la diversité bienvenue
- L'interface est super lisible
- Un récit qui se suit sans déplaisance
LES MOINS
- Chant et danse ultra générique
- Impliquant narrativement mais ludiquement pauvre
- Pas de sous titres français
- On s'ennuie un peu non ?