Il est compliqué de vous parler de la licence Vampire. Comment expliquer une licence qui a plus de trente ans, qui a été abandonnée puis rachetée, de nouveau abandonnée et qui s’est développée à la fois en série de livres, en série télévisée mais aussi en jeu de cartes ? Pour la faire courte, Vampire est une licence de RPG qui s’est transformée en visual novel avant de redevenir un RPG. Le bundle que nous avons testé, The Masquerade New York Bundle, contient deux jeux sortis en 2019 et 2020 par les polonais de Draw Distance, connu notamment pour les jeux d’infiltration Serial Cleaner et Serial Cleaners, avec l’aide des suédois de Paradoxe Interactive (Crusader Kings, Cities: Skylines, etc.). Le bundle comprend Shadows of New York et son DLC standalone Coteries of New York. Les jeux sont disponibles depuis le 24 mars 2023 au prix de vingt-neuf euros. Une bonne raison pour se plonger dans cette licence ?
Des visual novels matures à l’écriture soignée
Vampire: The Masquerade New York Bundle est un bundle regroupant deux visual novels qui nous présentent la cinquième génération de la licence. Les deux jeux nous placent dans un univers mature et plutôt réservé aux adultes, loin des clichés et des standards du genre fantastique et des habituelles histoires de vampires.
Shadows of New York nous propose de choisir entre trois personnages. Leur personnalité va influer le récit que nous allons suivre, même si les évènements resteront globalement les mêmes et que nous avons un pouvoir limité sur l’histoire.
Nous incarnons un loser qui s’est fait larguer il y a peu et qui vogue depuis sur les chemins de la perdition. Alors qu’il se retrouve en boîte pour se détendre, une femme assez séduisante, présentée comme une « latina », vient littéralement nous séduire.
En gros benêt en manque d’amour, nous la suivons tout naturellement dans un hôtel mal famé… Où elle va nous transformer en vampire. Nous ne comprenons pas ce qui se passe sur le moment, mais nous sommes pris d’un mal violent et incontrôlable.
Nous nous réveillons quelques heures plus tard où un homme effrayant, Qadir, nous emmène de force à une réunion de la Camarilla, la haute autorité en vigueur chez les vampires. Nous avons visiblement tué plusieurs personnes et selon les règles de la mascarade, des lois anciennes qui permettent de préserver les vampires des mortels, nous méritons la Mort Ultime.
Cependant, au dernier moment, une femme énigmatique, Sophie Langley, cherche à nous sauver. Elle propose de nous prendre sous son aile et de devenir son larbin en échange de la vie sauve.
Dans Shadows of New York, vous incarnez donc un apprenti vampire qui apprend les bases de l’immortalité et de ses pouvoirs. Vous aurez une carte dans laquelle vous pourrez choisir les histoires que vous voulez suivre. Vous aurez aussi des choix dans les conversations qui influeront sur le cours de cette dernière.
Parfois, certaines situations vous mettront dans une situation critique. Vous pourrez alors utiliser vos pouvoirs de vampire pour vous en tirer (force surhumaine, rapidité, persuasion), mais ces derniers vous coûtent en énergie. Il faudra alors trouver un peu de sang quelque part pour vous recharger et éviter de faire une sorte de burn-out vampirique, appelée la « bête ».
Un jeu qui nous a agréablement surpris
Alors que nous n’attendions rien au départ de ce jeu, que nous étions blasés des visual novels à l’écriture fade et souvent proche du fan service, nous avons été charmés par Shadows of New York.
Nous avons été pris par le récit, par la maturité de celui-ci et par la qualité des dialogues. Même si nos choix n’impactent pas l’histoire dans son entièreté, il est toujours agréable d’avoir la possibilité de résoudre les conflits par nos propres moyens. Nous avons cette sensation, qui s’avère finalement illusoire, d’avoir un impact sur les évènements et c’est très agréable.
Coteries of New York est un DLC standalone qui fait suite à Shadows of New York. Cette fois-ci, nous incarnons Julia, une journaliste provocatrice qui se fait virer de son emploi pour avoir voulu dénoncer un gros ponte lié au journal dans lequel elle travaille.
Ses sources ont été divulguées et tout le monde lui en veut. C’est alors qu’elle est attaquée par une vampire qui voit en elle un énorme potentiel et qui fait de nous sa Descendante (son vampire, globalement).
Nous sommes nommés chef de notre clan dans la ville de New York, mais ce titre est illusoire. En réalité, nous sommes les larbins de la Camarilla, obligés de faire le recensement de tous les vampires immigrés qui arrivent dans la Grosse Pomme.
Alors que les gros pontes ont le droit de passer outre cette réglementation, une femme pourtant très haute placée, Katherine Wiese, décide de venir nous voir pour s’enregistrer. En réalité, elle veut que tout le monde sache qu’elle est en ville.
Dans le même moment, un grand personnage du précédent volet vient de décéder et cela risque de créer une grande instabilité à New York. Julia, avec son ancienne vie de journaliste, est alors chargée de mener l’enquête pour comprendre ce qui s’est passé. Cette situation est à la fois un test pour voir si elle peut assumer des responsabilités et une mission suicide.
Le grand changement par rapport au précédent volet, c’est que les choix de dialogues ont un impact sur la personnalité de notre personnage. À force d’être agressif, notre personnage va se comporter avec agressivité pendant le récit. Ce concept est intéressant et nous force à réfléchir à la façon de se comporter en permanence.
Mais avec des fautes grossières qui ternissent l’expérience
Le récit est intéressant, mature et agréable à suivre malgré la fin expéditive du premier. Cependant, le jeu est gêné par sa traduction. Pas qu’elle soit mauvaise, nous sentons le travail des traducteurs pour rendre le texte fidèlement, mais elle est bourrée de fautes d’orthographe et de conjugaison.
Si une ou deux fautes dans un texte est tout à fait compréhensible, Vampire: The Masquerade New York Bundle a tellement de fautes que la lecture devient compliquée. « Huis clôt », « à cours d’idées » sont des fautes qui peuvent se voir dans la même phrase et qui pénalisent la lecture.
C’est vraiment dommage, car ce bundle est vraiment intéressant, avec des histoires de qualité proposant entre quinze à vingt heures de jeu pour trente euros. C’est un tarif tout à fait correct si nous comparons avec d’autres visual novels du marché.
Les graphismes sont très intéressants, les dessins sont très jolis même si nous ressentons un peu de lassitude à partir du deuxième opus qui se déroule dans les mêmes décors que le premier. Si ce choix est parfaitement compréhensible, cela amène quand même à une sensation de déjà-vu assez désagréable.
La bande-son, elle, est très bonne sur les deux opus, renforçant l’anxiété de certaines scènes avec brio. Le portage est très bon même si lorsque nous appuyons sur le joystick gauche, nous pouvons sauter la scène, ce qui peut arriver très souvent par mégarde.
Conclusion
Vampire: The Masquerade New York Bundle est un bundle de deux très bons viusal novels. Son écriture mature, ses dialogues soignés et ses personnages intrigants réussissent à nous captiver pendant les deux récits. Malheureusement, les fautes d’orthographe grossières et répétées finissent par ternir la lecture. Dommage.
LES PLUS
- Une histoire mature et prenante pour les deux
- Des personnages bien écrits
- Des graphismes très jolis
- Une sensation de choix permanente, même si elle est illusoire
- Une bande-son réussie
LES MOINS
- Des fautes d’orthographe qui gênent la lecture
- Une fin de premier épisode un peu expéditive
- Les décors qui se répètent entre les deux épisodes
- Pas vraiment d’impact sur le récit