Plutôt méconnue dans nos contrées, la série Front Mission revient avec un remake du deuxième opus, qui fait suite à un premier opus retravaillé de manière convaincante.
Au programme des hostilités : un conflit géopolitique, des combats de méchas et une galerie de personnages variés. Et de la difficulté !
12 années se sont écoulées depuis le second conflit de Huffman. La République Populaire d’Alordesh frappée par la pauvreté a subi un grave déclin économique après la fin de la guerre. En juin 2102, les soldats de l’armée d’Alordesh, menés par Ven Mackarge, se soulèvent en masse pour déclarer leur indépendance face à l’O.C.U. (L’Union Coopérative de l’Océanie).
Ash, un soldat de l’O.C.U., parvient à réchapper à la bataille qui s’en suit, mais l’Alordesh est complètement envahie par l’Armée révolutionnaire. Ash et ses compagnons survivants s’infiltrent alors dans les souterrains labyrinthiques d’Alordesh pour essayer de fuir. Cependant, ils ont tôt fait de découvrir l’existence d’un vaste complot derrière ce coup d’état…
Tonnerre mécanique
Pour rappel, la série Front Mission est un Tactical RPG. Qu’est-ce qu’un Tactical RPG ?
C’est un jeu de rôle au tour par tour où les combats opposent plusieurs unités, que l’on déplace de case en case, en gérant attaque au corps à corps, à distance, défense etc. Le Tactical s’avère bien plus complexe à appréhender que le jeu de rôle tour par tour classique ; tout en proposant une profondeur de gameplay assez importante.
Front Mission 2 ne déroge pas à la règle en proposant un Tactical pur jus, profond et diablement exigeant. Vos unités peuvent être intégralement personnalisées, que ce soit les parties du corps, les armes ou encore les aptitudes de nos personnages.
Chaque partie de notre mécha peut être modifiée : le corps, les jambes, les bras. Chaque partie dispose de caractéristiques propres, permettant de créer un mécha totalement différent pour chaque unité, permettant de former un groupe complet et cohérent.
Le nombre d’unités sur le champ de bataille permettant de mettre en place des tactiques bien huilées. Et ce qui paraît évident, devient vital pour ne pas abandonner face à l’exigence et le caractère impitoyable de ce titre.
Réflexion poussée…
Une fois son mecha personnalisé, il faut lui équiper une arme : bras, épaules, dos, chaque parcelle de votre acolyte de fer peut devenir un support pour une arme. Mais attention, sa mobilité, sa capacité d’esquive s’en trouveront évidemment modifiées. Notre personnage peut également obtenir de l’expérience, permettant de gagner des aptitudes afin de prendre l’avantage sur le champ de bataille.
Si les premiers affrontements sont plutôt simples, cela va vite se corser. Les ennemis sont robustes, savent bien exploiter vos faiblesses et il ne sera pas rare de devoir recommencer un combat un paquet de fois, jusqu’à obtenir la parfaite configuration de vos méchas afin de survivre.
Puisque le jeu se veut tactique de bout en bout, ici il n’est pas que question d’offensive. Lors de votre tour, vous pourrez déplacer vos robots sur la map, de case en case. Chaque action coûte un point d’AP. Se déplacer d’une case coûte un point d’AP, se servir d’une arme vous demandera un peu plus de points, dépense inhérente à leur potentielle efficacité sur le terrain.
Pendant le tour de l’adversaire, vous pourrez choisir de vous défendre ou de riposter. Chaque tour doit donc être réfléchi en pensant que le tour ennemi peut aussi vous demander de l’AP, sans quoi vous n’aurez que l’esquive comme option, esquive qui a de plus une efficacité somme toute très limitée.
Front Mission 2 ne pardonne pas le moindre écart, et vous demandera une parfaite connaissance de ses mécaniques pour en voir le bout.
Un jeu d’une sévérité presque frustrante, tant foncer dans le tas se révélera punitif ô possible, et ce, dès les trois premières heures de jeu.
Ajoutons à cela, un tactile inutilisable et des imprécisions de gameplay quant au choix des cases pour se déplacer.
Manette en main, l’absence d’explications claires sur les forces et faiblesses de nos adversaires, les placements peu lisibles quand plusieurs méchas sont côtes à côtes et les ennemis impitoyables auront tôt fait de décourager les moins persévérants.
…mais visuel désuet.
Il n’y pas que le gameplay qui se montre en perfectible. La Nintendo Switch prend de l’âge, il est vrai. Front Mission 2 bénéficie d’un remake sous moteur Unity, et même sur Nintendo Switch, c’est limite. Flou, peu lisible, assez sommaire, le jeu ne brille pas par ses graphismes. Les décors sont basiques avec des textures vraiment médiocres.
Les phases de tactique font l’affaire, mais une fois en mode action qui focalise et nous montre l’action au plus près des méchas, le résultat est très moyen. Et en mode docké, ce n’est vraiment pas mieux.
Le chara design est conservé et les visuels crayonnés des persos font toujours leur effet. D’ailleurs, entre chaque mission le jeu propose des dialogues bien fournis qui donnent au scénario une épaisseur importante et un sens de l’écriture qui force le respect. Peut-être même trop fourni, puisque j’ai parfois eu du mal à raccrocher les wagons pour comprendre toute l’histoire.
Cette écriture est sublimée par un panel de PNJ très diversifié et attachants et où l’alchimie naturelle créé des micro groupes au sein de cette grande équipe qu’est la nôtre. Front Mission a donc un univers très complet, qui est cohérent et qui se tient bien. Difficile à appréhender, mais d’une densité rarement atteinte par d’autres.
Effort mesuré
La musique subit elle aussi une refonte, avec des thèmes retravaillés qui sont, avouons-le, tout juste passables. Ici, l’emprunt au monde de l’anime des années 90 se fait présent, avec des musiques parfois très justes, mais souvent un peu trop dynamiques pour ne pas être entêtantes. Sur le champ de bataille, il y a une sorte de cacophonie épuisante.
Les bruitages étant vraiment peu convaincants, si on lui associe des musiques moyennes, vous comprendrez aisément que nous avons subi plus qu’apprécié la proposition auditive de ce soft.
Reste la durée de vie, assez importante compte tenu de la difficulté. Comptez une trentaine d’heures pour en voir le bout.
Conclusion
Front Mission 2 est exigeant, bien plus que son aîné. Ce remake, qui a l'effort de retravailler le visuel, la musique mais aussi de proposer des sous-titres français, sera une aubaine pour les fans de la série. Pour les nouveaux venus, privilégiez le premier qui en plus d'être plus facile, vous emmènera dans cet univers très dense et sera moins brutal à appréhender. Et si vous n'avez jamais fait de Tactical RPG, passez votre chemin, car Front Mission 2 vous fera suer sang et eau au bout de deux à trois heures de jeu. A contrario, si vous êtes prêts à vous y investir, vous trouverez un jeu à la narration dense, avec des personnages variés et attachants. Le tout porté par des dialogues bien écrits, un chara design au poil et des doublages anglais convaincants.
LES PLUS
- Un chara design au poil
- Une personnalisation de méchas technique
- Une histoire dense et prenante
LES MOINS
- Visuellement daté
- Difficile et brutal
- Le manque de clarté sur le système de forces et faiblesses de nos adversaires (qui eux n’ont aucun problème pour nous faire souffrir)
Merci pour le test, vous les enchaînez bien sur cette période riche en sorties !
Il ne manque plus que Fashion Dreamer 🙂