Fin XIXème siècle, le Vicomte, un bateau en mission d’exploration scientifique s’est échoué au beau milieu de l’Antarctique, vaste terre déserte et glacée… Une mission de sauvetage se met en place et nous répondons, en toute conscience, à une petite annonce pour seconder dans ce cadre le Capitaine du Temperance.
Reconnu comme un survival de (très) haute volée sur Steam, The Pale Beyond nous parvient enfin sur Switch dans son écrin d’écume et de glace. Beau, givré et délicat… Il y a néanmoins un Iceberg de taille pour pleinement l’apprécier…
Je m’en irai dormir dans le paradis blanc
Le jeu débute sur la terre ferme par un entretin d’embauche qui annonce la couleur sur la dangerosité de notre mission. En plus de modeler notre personnalité et les attributs de notre personnage, cette partie sert de tuto sur ce que sera le jeu une fois à bord du navire : une suite de dialogues et des choix drastiques qui auront possiblement des conséquences catastrophiques pour la suite. En effet, une fois à bord du bateau, il va falloir retrousser ses manches, aller à la rencontre de notre équipage (qui s’étoffe ou se réduit au fur et à mesure des événements) et décider.
Le jeu relève du choix et nos décisions nous façonnent : rationner l’équipage alors qu’on plaisante avec eux l’instant d’avant. Prendre soin des chiens de traineau au détriment des malades du scorbut. Réchauffer les coeurs de nos matelots en épuisant le peu de fuel qu’il nous reste… Autant de décisions compliquées qui nous mettront à mal, tôt ou tard.
Les rencontres comme les situations à bord du bateau sont variées, les accidents de parcours et autres événements tragiques comme les disparitions vont avoir un impact grandissant, à mesure que nous découvrons et apprécions les personnalités de chaque membre de notre équipage.
It’s a Tea time
Mais problème, il y a. Enorme problème, il y a. Le texte entre argot marin et envolée lyrique exige du joueur un niveau d’anglais important. Si un bon niveau scolaire sera une petite base pour naviguer à vue, et peut-être progresser envers et contre tout, il sera insuffisant si vous souhaitez suivre confortablement chaque ligne de dialogues et ne pas vous tromper sur vos intentions, ou sur celles de vos membres d’équipage. Un mauvaise réponse sur une mauvaise compréhension s’accompagne en effet d’une mort funeste, mais surtout d’une terrible frustration d’être face à un mur hérissé d’herses rouillées.
Car ici le texte, c’est 90% du jeu, les 10% restants étant des choix numériques ou graphiques (choisir tel ou tel personnage pour discuter ou rejoindre ou non nos appartements). Pour les non-anglophones, c’est vraiment dommage que The Pale Beyond n’ait pas été traduit en français, car se dégage du jeu une complexité folle et un équilibre entre gestion et aventure juste parfait. De quoi, pour peu que nous nous investissions dans la bonne compréhension du texte, nous immerger totalement dans la peau de notre personnage et vivre pleinement ce périple.
Conclusion
Survival dans l'Enfer Blanc, The Pale Beyond se vit comme un périple, vers un point final là où le temps se givre et où nos vies s'éteignent contre le vent du le Pôle Sud. L'ambiance de ce jeu d'aventure/gestion est exceptionnelle, il parvient à nous faire ressentir le froid et la mélancolie d'un voyage vers la mort. Hélas, le jeu, qui se concentre exclusivement sur les dialogues, n'est pas traduit et le niveau d'anglais requis est très élevé. Si les anglophones apprécieront à sa juste valeur The Pale Beyond, il peut se révéler totalement injouable pour les autres.
LES PLUS
- Ambiance exceptionnelle
- Complexe et immersif à la fois
- Jolie direction artistique
- A la croisée des genres aventure et gestion, l'équilibre parfait
LES MOINS
- Il faut aimer un jeu constitué d'images fixes et de 90% de texte
- Pour un jeu d'aventure textuel, l'absence de traduction en français est problématique
- Le niveau d'anglais requis pour l'apprécier à sa juste valeur est très élevé