Knight vs Giant: The Broken Excalibur est un rogue-lite développé par le studio indonésien Gambir Studio et édité par PQube. Il s’agit du premier jeu sur console du studio, ses autres titres étant plutôt à destination des smartphones. PQube a quant à lui déjà participé à l’édition de nombreux jeux sur Nintendo Switch avec Cat Quest, Cat Quest II et Potion Permit pour ne citer qu’eux parmi les plus connus. Sorti le 5 octobre 2023 sur toutes les plateformes (via l’eShop), la version Nintendo Switch s’est retrouvée un peu à la traîne au niveau patchs et correctifs. Voyons tout de même ce que le titre a à nous proposer.
La chute d’un royaume
Dans leur quête du Saint Graal, Merlin et les chevaliers de la table ronde libèrent malencontreusement dans leur monde une monstruosité : le Géant du Vide. Cette créature surpuissante entraîna le chaos sur Camelot, la mort des preux chevaliers ainsi que la destruction d’Excalibur, l’épée de légende. Dans un dernier acte désespéré, Merlin tente de renvoyer l’immense créature d’où elle vient mais emporte par la même occasion tout le royaume dans cet univers. Dans cet autre monde, Merlin a tout juste assez de magie pour ressusciter un seul chevalier : Arthur. Avec ce qu’il reste d’Excalibur, Arthur décide de parcourir cet univers étrange à la recherche du Géant du Vide et l’anéantir une bonne fois pour toute.
Un semblant de déjà vu
Knight vs Giant vous met donc aux commandes d’Arthur, prêt à tout pour rétablir son royaume. Excalibur étant brisée, vous ne pourrez guère aller loin face aux menaces qui vous attendent. Mais c’était sans compter sur vos alliés de toujours qui ont pu conserver leur âme et leurs souvenirs sous la forme de statues postées au centre de Camelot. Au début de votre aventure, vous avez accès à deux statues qui représentent Lancelot et Bohort. Ces statues vous permettent de choisir la forme que prendra Excalibur ainsi que la compétence principale qui vous accompagnera. Libre à vous de choisir l’épée et la compétence d’une même statue ou de faire des mélanges.
Camelot a réussi à être isolée des terres hostiles et vous partirez en exploration en traversant un portail. Chaque expédition génère des donjons de manière procédurale et vous amènera à parcourir trois biomes : la forêt, le désert et le volcan. Chaque biome est ensuite découpé en deux niveaux. Les niveaux sont découpés en plusieurs zones généralement peuplées de monstres. Une fois entré dans une zone, vous ne pouvez plus en sortir tant que vous n’avez pas éliminé tous les monstres présents. Certaines zones contiennent des statues qui feront référence à votre choix d’épée et de compétence, afin d’en améliorer les effets ou caractéristiques de base. Par exemple, l’épée de Bohort vous permet par défaut d’attaquer à distance. Les statues qui ont l’apparence de Bohort vous permettront alors de lancer des épées supplémentaires à votre attaque de base ou bien de rebondir sur un ennemi proche ou encore de traverser les ennemis touchés. La compétence de Lancelot vous permet d’invoquer la foudre qui s’abat sur vos ennemis. Les statues de Lancelot vous permettent de réduire le délai de récupération de la compétence, d’augmenter les dégâts infligés ou encore d’appliquer un étourdissement à l’impact. Bien évidemment, il y a beaucoup d’améliorations et chaque statue ne vous en propose que trois parmi tout un panel que vous devrez découvrir au fil de votre aventure. Certaines sont des améliorations uniques tandis que d’autres peuvent apparaître à nouveau sur une autre statue, renforçant ainsi un trait déjà possédé.
Sur le même principe, vous trouverez dans certaines zones un autel qui pourrait être identifié comme une table ronde. Une fois tous les ennemis défaits, cet autel vous permet de choisir parmi trois bénédictions sélectionnées aléatoirement (sur le même principe que les statues, parmi tout un choix varié). Certaines bénédictions ont un effet passif, d’autres ont un effet actif, vous permettant d’avoir jusqu’à deux compétences activables supplémentaires. Parmi les bénédictions passives, quelques-unes sont propres à une arme, ce qui décuple leur effet si vous avez équipé Arthur de l’arme en question. Cependant, les probabilités d’avoir une bénédiction en raccord avec votre arme sont souvent faibles et c’est bien souvent l’effet global du pouvoir qui sera privilégié au profit de la synergie. Les bénédictions actives peuvent être très utiles si utilisées au bon moment. Néanmoins, en plus d’avoir un temps de recharge, elles sont soumises à une réserve magique qu’il vous faudra recharger en éliminant des monstres après chaque utilisation. Par conséquent, utiliser une compétence pendant un combat de boss sera bien souvent de manière unique puisque très peu de monstres apparaissent à ces occasions. En revanche, les détails des statistiques des bonus et bénédictions sont peu clairs, même lorsque vous consultez vos acquisitions dans le menu, c’est un peu dommage.
Et une grosse partie du sel du jeu se situe ici, sur les choix que vous proposeront les statues. Les statues n’apparaissent que deux fois par niveau et les autels une seule fois (jamais plus, jamais moins), ce qui va limiter le nombre d’améliorations et de bénédictions que vous pourrez obtenir par expédition. Certaines améliorations et bénédictions sont réellement fortes, voire même déséquilibrées et il est fort probable que vous fassiez plusieurs expéditions de suite sans jamais tomber dessus ou que vous obteniez des choix tellement mauvais qu’une expédition peut s’arrêter bien plus vite que prévu. Mais pour ne pas vous laisser au dépourvu, dans chaque niveau, vous ferez toujours la rencontre d’un marchand qui vous aidera dans votre périple. Chaque ennemi vaincu vous rapporte des sphères d’âme et de l’or. Pour acquérir ses objets, le marchand vous demandera de les échanger contre des sphères d’âme. Une grande partie de ces objets équivalent à des bénédictions ce qui vous permet d’avoir un peu de choix tout de même. A savoir que le marchand propose le même catalogue de produits au sein du même biome. Cela vous permet donc de voir ce qu’il a à vous proposer lors du premier niveau, d’amasser suffisamment de sphères d’âme et de les dépenser lors de votre passage au second niveau. De toute façon, cette monnaie ne sert qu’ici puisqu’elle est perdue dès votre retour à Camelot. Concernant l’or, vous pourrez également en récupérer en petite quantité en cassant ou marchant sur certains éléments du décor. Cependant, ceux-ci se trouvent souvent aux extrémités extérieures des zones, vous obligeant à parcourir chaque zone intégralement à pied pour récupérer vos quelques piécettes. Pas vraiment pratique.
A la fin du premier niveau d’un biome, vous affronterez un mini-boss qui devra être défait avant d’accéder à la suite. Il existe plusieurs mini-boss différents pour chaque biome ce qui permet d’éviter une certaine routine, en tout cas au début. A la fin du second niveau, vous affronterez le boss du biome qui lui sera toujours identique. Les boss sont des géants qui gardent l’entrée du biome suivant et protègent l’accès au vide, l’ultime et dernier biome. Vous devez affronter ces 3 géants au cours de la même exploration si vous souhaitez vous frotter au Géant du Vide. Chaque géant vaincu (à l’exception du tout dernier) vous octroie un cristal qui vous servira de monnaie plus tard dans le jeu. Globalement, les boss et mini-boss ont toujours les mêmes schémas d’attaque à quelques variantes près (pas toujours le même ordre et certaines fois, une attaque n’apparaît pas du tout du combat). De ce fait, une fois les mécaniques intégrées, ces combats deviennent de simples formalités. La réelle difficulté est de conserver assez de points de vie pour ne pas mourir lors des affrontements contre les créatures plus communes. Celles-ci vous attaquent en grand nombre et esquiver tous les coups, toutes les attaques ainsi que les pièges n’est pas toujours chose aisée avec tout ce fouilli qui fourmille à l’écran.
Mon épée est votre !
Lors de chacune de vos explorations, vous ferez la rencontre d’un habitant de Camelot qui s’est retrouvé malencontreusement téléporté dans l’un des biomes. Certains de ces habitants vous permettront de restaurer la gloire passée de votre royaume en proposant des améliorations pour vos expéditions futures tandis que d’autres ne sont là que pour allonger la durée de vie du jeu car une exploration est égale à une unique rencontre. Une fois le dialogue engagé, vous utilisez la magie de Merlin pour les téléporter en sécurité au château avant de continuer votre expédition. Lorsque vous mourrez, décidez de battre en retraite ou parvenez à défaire le Géant du Vide, vous êtes renvoyé à Camelot où vous pourrez bénéficier de l’aide des habitants secourus. Bien évidemment, comme dans de nombreux rogue-lite, affronter le dernier boss n’est pas synonyme de fin du jeu et vous permettra d’en apprendre plus sur l’histoire. Il vous faudra alors recommencer pour compléter toutes les pièces du puzzle. Au départ, les PNJ récupérés vous aideront à reconstruire le royaume et améliorer la qualité de vos expéditions. Cependant, vous allez vite aussi récupérer des PNJ qui ne servent à rien, tandis que d’autres fois, vous trouverez les restes d’armure d’un de vos compagnons, ce qui vous fera bénéficier de son épée et de sa compétence. C’est grâce aux armures que vous allez pouvoir augmenter le choix des possibles au niveau des combinaisons d’épées et de compétences et vous en aurez quatre à trouver pour restaurer les six statues sur la place centrale de Camelot.
Toutefois, tous les PNJ que vous faites venir à Camelot ont besoin d’un toit qu’il vous faudra construire ou réparer. Attention cependant car les améliorations proposées par les PNJ ne seront pas accessibles tant que vous n’aurez pas restauré leur maison ou leur établi. C’est ici que l’or vous sera utile, tant pour reconstruire que pour bénéficier des diverses améliorations possibles. Cela passe par l’augmentation des statistiques de base d’une épée donnée (parmi l’un des 6 chevaliers) ou l’acquisition de bonus sur l’obtention d’or ou de sphères d’âme. Certaines réparations ou boutiques plus tard dans le jeu vous demanderont des cristaux de géants en plus de l’or pour bénéficier de bonus plus intéressants. Gros bémol cependant avec le personnage de la diseuse de bonne aventure. Une fois débloquée, vous pourrez lui parler dans Camelot pour tirer des cartes. Neuf cartes faces cachées vous sont proposées et vous devez en révéler six qui viendront apporter bonus ou malus à votre prochaine expédition. Cependant, c’est complètement aléatoire et vous pouvez vous retrouver avec 1 bonus pour 5 malus. Ce personnage ajoute du sel au jeu mais l’idée de débloquer une amélioration qui vous donne des malus est particulièrement étrange.
Farming simulator
Cependant, le jeu n’est pas très cohérent ni intuitif dans sa progression. De nombreux atouts, personnages cruciaux pour votre croissance ainsi que les armures des chevaliers ne sont disponibles qu’après un certain nombre d’expéditions dans cet autre monde, sous réserve que vous ayez réussi à atteindre le bon biome et la bonne zone avec l’habitant en question. Une expédition étant égale à une unique rencontre, vous devrez farmer les expéditions afin de trouver et débloquer tout ce que Camelot peut vous offrir. De même, certaines améliorations vont vous demander 3 à 5 cristaux de géants. En sachant qu’il existe tout un panel d’améliorations, sans compter les réparations du château, la tâche est colossale si vous visez le 100% sans pour autant que le jeu soit plus intéressant. Certaines combinaisons d’épée et compétence sont très très fortes, ce qui ne vous pousse pas à expérimenter d’autres choix. Le jeu devient alors assez routinier, la seule variable influençant vos expéditions est l’acquisition aléatoire de bénédictions et les pouvoirs des statues. Comme expliqué plus haut, certaines bénédictions rendent l’exploration et l’affrontement des boss et ennemis ultra simple et ne pas tomber dessus vous demandera d’être plus prudent ou tout simplement de redémarrer votre expédition. Mais qui dit redémarrer implique potentiellement de louper un habitant ce qui vous pousse à aller au bout avec des améliorations peu utiles voire nulles, ce qui rend la progression fastidieuse.
A côté de cela, la version Switch du jeu a été un long moment en version 1.0.0 et 1.0.1, laissant ainsi quelques erreurs de traduction dans les textes et menus ainsi qu’un équilibrage un peu douteux de certaines compétences, vous obligeant presque à ne jamais les prendre. La version 1.0.2 sortie récemment sur console permet d’améliorer grandement le gameplay et le confort de jeu, ce qui le rend aujourd’hui plus agréable qu’à sa sortie. A côté de ça, même si les avis sont partagés, on ne peut pas nier que les graphismes sont ce qui attire le plus le regard dès les premières minutes de jeu. L’aspect lisse et mignon de la direction artistique le différencie très clairement d’Hadès, jeu avec lequel il partage tout de même beaucoup de similitudes. Côté bande-son en revanche, Knight vs Giant est quelque peu avare et ne propose qu’un maigre choix de musiques, se limitant à deux musiques par biome : une pour les niveaux, une pour les combats classiques, et une autre pour les boss et mini-boss. En ajoutant celle de Camelot et le dernier boss, cela fait un total de neuf musiques. Loin d’être mauvaises en soi, la but du jeu étant de partir continuellement en expédition afin d’obtenir la vraie fin, elles vont vite vous rester en tête et rendre un peu plus lassantes vos parties. En revanche, en prenant en considération tous ces éléments ainsi que la durée de vie proposée par le titre, Knight vs Giant affiche un prix bien plus qu’honnête !
Conclusion
Knight vs Giant: The Broken Excalibur remplit son rôle de rogue-lite à merveille. Il souffre néanmoins du succès d’Hadès et malgré la différence de style graphique ainsi que l’histoire qui n’a rien à voir, nous y retrouvons certaines mécaniques qui vont involontairement nous pousser à la comparaison. Depuis son patch 1.0.2, le jeu est devenu plus dynamique et plus agréable. Loin d’être mauvais, nous reprocherons tout de même le coût des améliorations, et ce, dès le début du jeu ainsi que l’intérêt de certains PNJ que vous débloquez. Le titre manque aussi de rejouabilité, la sensation de “procédural” dans les donjons s'effaçant de plus en plus au fur et à mesure de vos parties, et les mêmes musiques revenant en boucle. Mais il y a une chose sur laquelle nous ne pouvons pas cracher, c’est le prix du jeu qui est vraiment plus qu’abordable si les rogue-lite sont votre passion.
LES PLUS
- Prise en main très simple dès le début
- Difficulté correcte, ni trop simple, ni trop dur
- Une DA soignée et cartoonesque
- Un gameplay simple et efficace
- L’histoire qui s’étoffe et gagne en profondeur avec votre progression
- Beaucoup de contenu à débloquer
- Le prix très abordable
- Un choix de combinaisons d’épées et compétences varié et intéressant
LES MOINS
- Le contenu à débloquer est rigide (un unique contenu déblocable par expédition)
- La diseuse de bonne aventure peut ruiner vos expéditions
- Le prix des améliorations grimpe très vite…
- …ce qui pousse très tôt au farming intensif
- Peu de changement d’une expédition à l’autre (décors, musiques)...
- …ce qui rend le titre vite répétitif
- Vise un public averti et aimant les rogue-lite