Qui n’a jamais entendu l’adage « C’était mieux avant ! ». Nous avons en effet tendance à supposer que la vie était plus belle jadis, tandis que nous n’étions alors que de charmantes petites têtes blondes (ou brunes !). Mais de là à imaginer un quotidien plus clément à un âge particulièrement reculé… rien n’est moins sûr (un bon canapé, c’est quand même bien confortable, non ?). Attardons-nous sur cette idée atypique (et contentons nous d’un bon gros caillou comme assise !)…
Développé et édité par Soda Den, Roots of Pacha développe le concept original d’une gestion de village dans un contexte paléolithique. Après une courte personnalisation de notre petit personnage et le choix intimiste de notre nom, il est temps de débuter notre grande aventure. Celle se tient au cœur d’un minuscule village où seules quelques cahutes subsistent à l’ébauche de la partie. Tout est à faire, tout est à construire… mieux : tout est à imaginer. En effet, à cette époque, notre civilisation humaine est en proie à de très grandes découvertes qui vont changer le quotidien de tous…
Famille Pierre à feu
Lors d’une soirée au coin du feu, nous apprenons les origines de notre clan. Le sage chamaniste du village nous a conduits avec courage et dévouement sur une terre inconnue, simplement guidé par les esprits. Le chemin fut long et difficile. Lorsque les villageois pensèrent qu’ils ne trouveraient guère refuge, la tribu eut la belle surprise de découvrir l’arbre Pacha, véritable symbole de paix, de prospérité et de savoir. Ils avaient réussi, ils y étaient arrivés. Tout était désormais à faire, mais chapeautés par la protection des esprits, nul ne pouvait douter qu’ils étaient bien au bon endroit.
Roots of Pacha joue la carte de l’originalité grâce à son choix temporel : niché dans l’ère paléolithique, il va falloir œuvrer en parfaite symbiose avec la nature pour parvenir à survivre. Pour cela, l’agriculture est bien entendu la base de notre développement. Point de boutique ni le moindre étalage véritable à l’horizon, mais une zone forestière à découvrir et quelques graines à récolter au fil des saisons. Nous sommes ainsi charmés par la vision très pragmatique du titre : armé simplement d’un caillou particulièrement bien taillé, le joueur part avec entrain récolter des graines, trancher quelques branches de bois, casser quelques cailloux… La débrouillardise est le maître mot, et bientôt, après avoir rapidement préparé la terre, les premières cultures arrivent à maturité, tandis que l’outre (une sorte de grosse gourde) est conservée dans la main pour arroser quotidiennement les futures victuailles (faute de mieux au début).
Notre communauté compte déjà une dizaine de villageois auprès desquels nous pouvons toujours trouver réconfort, bons conseils et entraide. Tous nos contacts sont récapitulés dans notre journal, avec bien entendu notre degré d’attachement à chacun, ainsi que l’appartenance aux différentes tribus. Si les échanges sont assez classiques lors des premières salutations, nous avons par la suite la possibilité de choisir parmi différentes actions avec, notamment, quelques actions précises en fonction des attributs de chacun. Ainsi, le forgeron du village propose la fabrication de quelques armes ou l’amélioration de nos outils déjà en poche, tandis que le bâtisseur se fera un plaisir d’aiguiller le joueur dans diverses constructions à venir. Néanmoins, avant de pouvoir concevoir quelques nouveautés, il convient de s’investir pour le bien commun… Afin de faire jaillir les bonnes idées dans les esprits les plus affûtés ! Il est toujours bon de se creuser les méninges pour trouver de nouvelles stratégies à mettre en place au plus vite afin de garantir prospérité et évolution.
Un pour tous et tous pour un !
Contrairement à ce qu’il est coutume de trouver dans les jeux de gestion, Roots of Pacha ne se contente pas de mettre en avant des produits agricoles afin de les vendre à bon prix chaque matin. Le maintien de la communauté est ici au cœur du titre et s’articule autour de contributions fructueuses pour le bien de tous. En effet, une immense jarre trône au milieu du village : celle-ci sert de réceptacle à toutes les offrandes. Chaque soir, le calcul de l’ensemble des offrandes est effectué et permet de faire croître tous les villageois. En effet, si les contributions du joueur sont mises dans le pot commun, tout en étant comptabilisées pour faire office de monnaie d’échange, l’ensemble de la tribu progresse au gré de ces dévouements multiples. Chaque matin devient alors l’occasion d’une possible nouvelle découverte qui jaillit au cœur des villageois sous la forme d’une idée. Ne reste plus qu’à fournir au Géo Trouvetou du moment tous les composants nécessaires pour mettre en exergue ces nouveautés.
Citons pour exemple la gestion du temps. Roots of Pacha s’articule bien entendu autour des journées, elles-mêmes calibrées par l’alternance du jour et de la nuit. Nous avons été surpris lors de notre arrivée sur le titre de ne point retrouver une véritable notion du temps, mis à part le lever et le coucher du soleil. C’était sans compter une prochaine idée à venir dans l’esprit d’un de nos amis… Le panneau solaire a dès lors fait son apparition, et avec lui, une meilleure visibilité sur l’heure de la journée. Quelle bonne idée ! La partie évolue ainsi sensiblement au fil du temps (et des bonnes idées !) passé sur le titre… Ce qui le rend particulièrement addictif.
Grâce aux capacités de chacun et au travail de tous, le joueur parvient ainsi progressivement à concevoir un village de plus en plus « moderne » avec une parfaite gestion des ressources. La zone dédiée à l’agriculture devient de plus en plus vaste (avec même un semblant de « boutique… ! »), avec une irrigation nettement moins contraignante qu’à ses débuts, et les animaux font progressivement leur entrée dans la partie. Ces derniers sont variés : sangliers, loups, guanacos, bisons… et leur apprivoisement est assez simple. Les animaux se montrent réceptifs à la musique, le flûte devient dès lors un allié de choix pour les amadouer. Tout cela se déroule sous la forme d’un mini jeu très accessible où le joueur est invité à appuyer au bon moment afin de réaliser une douce mélodie. Au bout de quelques jours, les animaux sont apaisés et en confiance. Si le village est en capacité de les accueillir (grâce à une étable notamment), de nouvelles petites frimousses viennent se balader entre les petites cahutes !
Les animaux ne font guère juste office de décoration (bien que nous trouvions les loups et les jeunes félins sauvages assez mignons !), ils sont d’un véritable intérêt sur plusieurs aspects : à la fois synonymes de ressources (sympa cette petite laine !), ils deviennent aussi un moyen de locomotion un peu plus rapide que la course à pieds ! En effet, nous avons trouvé nos déplacements un peu monotones lors des premières heures sur le titre et avions hâte de pouvoir nous mouvoir un peu plus rapidement. Galoper sur le dos d’un sanglier, c’est plutôt fun !
Grâce à cette dévouée petite monture, il devient plus agréable d’arpenter la forêt, mais aussi la plage… et quelques autres environnements que le joueur est amené à découvrir progressivement. La carte devient en effet de plus en plus grande au fil des découvertes des villageois. Les grottes sont particulièrement intéressantes… Au-delà de disposer d’un certain nombre de ressources, celles-ci sont aussi le siège de quelques mini-jeux et autres surprises bénéfiques pour le reste de la partie. Nous avons notamment apprécié la mise en scène autour d’un festival où l’art rupestre était à l’honneur…
La carte est aussi fort utile afin de pouvoir localiser rapidement l’ensemble des nombreux villageois. Récupérer tous les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’un nouveau bâtiment ou encore pour la concrétisation d’une bonne idée, peut demander un certain temps. La carte devient dès lors bien pratique pour retrouver facilement telle ou telle personne, mais aussi une ressource en particulier. Les zones intéressantes sont mises en avant et facilitent grandement la vie du joueur.
Les menus sont nombreux, variés et sources d’un grand nombre d’informations plus ou moins importantes. A la fois copieux récapitulatif des villageois, des graines, des arbres… rencontrés, c’est aussi au cœur de ce dernier qu’un brin d’artisanat est possible. En effet, quelques constructions sont possibles et permettent, par exemple, la fabrication de quelques pièges à disposer dans des zones dédiées. C’est votre petit loup qui va être content…
La pêche, quant à elle, se déroule sous la forme d’un mini jeu qui ne requiert qu’un peu de patience. Ce dernier est relativement facile mais nous devons admettre ne pas avoir pris grand plaisir à y jouer tant son intérêt reste limité. La cuisine est multiple dans la mesure où le joueur va rapidement disposer de tout un attirail ménager « de l’époque ». Vous aimez la viande fumée ?
C’était mieux avant !
Sans chambouler tout le genre qui satisfait tellement les joueurs amateurs de gestion, nous avons incontestablement apprécié l’aventure Roots of Pacha. L’évolution au gré des idées des villageois, les saisons et leurs petits chamboulements, les festivals, les récoltes et les animaux… tout est présent pour assurer pleine satisfaction au joueur. En revanche, malgré des améliorations possibles, nous sommes de nouveau confrontés aux restrictions de l’endurance. Ainsi, les journées passent un peu trop vite sur Roots of Pacha, et nous avons plus d’une fois limité nos actions à quelques tâches répétitives avant de rejoindre notre paillasse.
La jouabilité du titre est agréable une fois passé un petit temps d’adaptation. Les graines sont placées dans un sac dédié afin de ne pas surcharger rapidement l’inventaire général, qui lui peut être agrandi. Les outils disposent aussi d’un emplacement spécifique et peuvent être utilisés via un menu circulaire ou directement par une sélection plus rapide aux boutons.
Les graphismes rétros apportent un charme certain au titre, comme s’il étaient eux-mêmes d’une autre époque, tout en restant plaisants à regarder.
Nous avons néanmoins noté deux petits bémols au cours de notre partie : le premier concerne la fluidité générale du titre. Globalement bonne, nous avons néanmoins parfois été touchés par quelques ralentissements (pas bien gênants tout de même). Aussi, le fond sonore, plutôt agréable dans l’ensemble, s’est parfois montré capricieux, notamment par temps de pluie, avec un grésillement peu agréable.
Roots of Pacha est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 25 euros.
Le saviez vous ?
Les scientifiques sont convaincus que les premières caries sont apparues avec la consommation des farines issues de la récolte des céréales !
Conclusion
Quelle agréable réussite que cette plongée dans un autre temps pour y faire comme à l'accoutumée notre petite « popotte ». Roots of Pacha parvient à renouveler le genre grâce à son système de contributions à l'origine d'une multitude d'idées prêtes à germer dans l'esprit des villageois. Son développement progressif lui permet de conserver l'attrait du joueur, le tout desservi par des graphismes pixelisés mais réussis, dans un cadre paléolithique original et bourré de charme. Quelques petits défauts sont à souligner mais l'aventure reste globalement très addictive et savoureuse.
LES PLUS
- Les contributions de chacun pour développer le village et suggérer de nouvelles idées : très addictif !
- Une histoire à découvrir et des communautés à rencontrer !
- Bonne jouabilité, avec différents accès aux outils principaux, des sacs dédiés et de nombreux menus explicatifs.
- Des graphismes bourrés de charme.
- Traduction française.
LES MOINS
- Quelques petits couacs (légers ralentissements, quelques grésillements...)
- Système d'endurance qui frustre toujours les joueurs les plus acharnés à la tâche !