Il y a des jeux perturbants qui laissent des traces indélébiles dans nos cœurs. Little Goody Two Shoes est l’un d’entre eux. Malgré ses fausses apparences nippones, ce jeu inclassable est en réalité l’œuvre des portugais d’AstralShift. Le studio s’était fait remarquer en 2016 sur RPG Maker pour Pocket Mirror ~ GoldenerTraum qui a récemment connu un remaster sur PC. Leur nouveau jeu, Little Goody Two Shoes, est édité par Square Enix Collective et disponible sur l’eShop depuis le 31 octobre 2023 au prix de vingt euros. Croyez-nous, vous n’en ressortirez pas indemnes.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un très bon niveau en anglais est nécessaire pour jouer à Little Goody Two Shoes.
Une expérience étrange qui sort de l’ordinaire
Little Goody Two Shoes est un jeu inclassable qui mélange le visual novel, le jeu d’horreur, le puzzle game, l’arcade, avec un petit peu de platformer. C’est avant tout une aventure narrative dans laquelle il faudra avoir le cœur bien solide.
Nous incarnons Elise, une sorte de chaperon rouge qui vient tout juste de perdre sa grand-mère. Malgré ce deuil, le pire ne fait que commencer : maintenant que sa grand-mère n’est plus, Elise doit se comporter comme une adulte ! Il faut faire le ménage, travailler pour gagner de l’argent, préparer le repas, faire la vaisselle, aller se coucher avant de recommencer…
Ce n’est clairement pas la vie qu’Elise avait imaginée. Cette dernière se sent coincée dans cette petite bourgade de Kieferberg où les habitants sont arriérés et les possibilités sont très limitées. Si seulement elle pouvait partir dans un endroit à la hauteur de ses ambitions…
Un soir, après une dure journée de labeur, Elise entend un bruit dans la cabane de son jardin : il s’agit de Rozenmarine, une jeune femme étrange qui se serait refugiée ici pour dormir…La traitant d’abord comme une voleuse, elle commence à se lier d’amitié avec elle.
En même temps, dans le village, des évènements étranges commencent à se produire et certains habitants commencent déjà à murmurer qu’une sorcière serait responsable de ce vacarme… Espérons juste que la fête du village dans une semaine se déroule sans encombre…
Et toujours dans un laps de temps très réduit, Elise entend une voix qui lui promettrait de réaliser son plus grand rêve en échange de quelques bons services…
Voilà, vous avez à peu près toutes les bases pour comprendre le gameplay et l’aventure de Little Goody Two Shoes. Le jeu est avant tout une aventure narrative, où nous allons suivre une histoire, qui malgré ses apparences très japonaises, est définitivement ancrée dans une culture européenne, avec son univers conte de fée et ses références bibliques.
Chaque journée est coupée en plusieurs périodes (aube, matin, midi, crépuscule, soir, nuit, etc.) dans lesquelles vous allez avoir plusieurs activités à réaliser. Déjà, vous pouvez discuter avec les habitants de la ville.
Ces derniers commencent à croire de plus en plus à la présence d’une sorcière, et ils sont prêts à suspecter toutes les femmes du village. Ils trouveront la présence de Rozenmarine très étrange et nous devrons les rassurer. Cela se traduit par une barre de suspicion qu’il faudra réussir à diminuer avec des bons choix de dialogue.
Du travail, de la romance, et des sorcières
Outre ces interactions, nous avons deux possibilités : nous pouvons soit travailler pour gagner de l’argent, soit faire des rencontres amoureuses avec trois femmes du village. L’argent est capital dans Little Goody Two Shoes.
Notre personnage a une barre de vie et une barre de faim qu’il faudra recharger très régulièrement. L’argent nous permet d’acheter des objets pour palier à ces besoins. Ces derniers s’exécutent dans des mini-jeux arcade très simples dans lesquels nous devrons aider les autres habitants.
Nous allons par exemple devoir couper du bois dans un temps limité en appuyant rapidement sur « A », mais les habitants nous joueront des tours en plaçant parfois autre chose que des bûches sous nos yeux (des poules et des moutons par exemple). Il faudra alors appuyer sur « B » pour les refuser. Chaque mini-jeu se déroule en deux rounds et nous obtenons de l’argent en fonction de notre score.
Nous pouvons aussi appeler Rozenmarine pour nous aider. Nous consommerons en échange plus de nourriture, mais nous aurons un soutien (pas si précieux) pour les tâches quotidiennes. Lorsque nous coupons du bois, Rozenmarine nous placera au total deux bûches dorées qui rapporteront trois points au lieu d’un. Demander l’aide à Rozenmarine a un intérêt qui est lié à l’histoire que nous préférons vous taire.
Nous avons aussi la possibilité de développer des romances dans Little Goody Two Shoes. Il y en a trois disponibles et vous ne pourrez en choisir qu’une. Préférez-vous Freya, la jeune et dynamique amie, Rozenmarine, l’innocente qui semble bien cacher son jeu, ou Lebkuchen, la pureté incarnée ?
Comme lors des dialogues avec les habitants, nous aurons à choisir entre deux réponses possibles. Si nous trouvons la réponse adéquate au dialogue, nous gagnons un point de cœur. Nous ne vous divulgâchons rien, mais les romances et les cœurs gagnés auront une grosse influence sur le déroulement de votre partie.
Un gameplay qui change totalement la nuit
La nuit, le gameplay va intégralement changer. Dès que le soleil se couche, Elise s’aventure dans les bois afin d’essayer de pactiser avec cette voix qui lui a promis de réaliser son plus grand rêve.
Cette voix veut tester la détermination d’Elise. Little Goddy Two Shoes devient alors un mix entre un jeu d’horreur, un puzzle game avec quelques parties de platformer. L’atmosphère est malsaine, nous ressentons une tension permanente à chaque moment de la nuit.
Il y a des monstres invincibles qui trainent un peu partout et qui, en un coup, peuvent nous ramener à notre précédent point de sauvegarde. Il n’y a pas de jump scare mais nous sommes stressés à l’idée de devoir recommencer.
Imaginez le tableau : nous sommes là, à essayer de résoudre des énigmes parfois pas évidentes, à déchiffrer des messages cachés pendant que des créatures mystiques nous poursuivent pour nous achever. De plus, chaque coup reçu nous fait perdre un cœur, et nous pouvons manquer d’objets de soin.
Et une fois que nous n’avons plus de vie, c’est fini, et il faudra alors charger la dernière sauvegarde qui nous fait parfois recommencer toute une partie de l’histoire. La difficulté est relevée et c’est aussi frustrant que jouissif.
Nous pensons tout de même que certains points de passage sont trop loin et nous aurions préféré avoir des moyens d’éviter un dialogue que nous avons déjà vu.
Globalement, les mini-jeux présentés dans la journée (que nous revoyons la nuit sous une forme plus glauque) sont assez répétitifs et peu nombreux. S’ils permettent de comprendre pourquoi Elise a envie de fuir au plus vite Kieferberg, ils nous ennuient assez rapidement. Certains (comme le poulailler) ont même des animations qui ralentissent le rythme du jeu.
Une pépite qui ne plaira pas à tout le monde
Malgré ces deux défauts, Little Goody Two Shoes est une expérience à faire d’urgence. Si vous aimez les aventures inclassables, un peu étranges et qui débordent de créativité, alors ce jeu est fait pour vous.
Le gameplay peut paraître étrange à première vue, à mélanger un peu tout et n’importe quoi, et pourtant il est cohérent. Nous avons beau maudire les points de sauvegarde et la difficulté très relevée, nous continuons de retourner sur le jeu afin de finir l’histoire.
Cette dernière est excellente. Nous sommes là, à chercher des sorcières un peu partout, nous doutons de nous-mêmes, de Rozenmarine, des habitants, et nous nous demandons même si toute cette histoire de sorcière est réelle. L’atmosphère très malaisante est prenante et nous avançons dans le récit sur la pointe des pieds, à la fois curieux mais terrifié de ce qui va se passer par la suite.
Il y a au total dix fins différentes qui résultent de réels choix au fil de l’aventure. La durée de vie, pour vingt euros, devient donc colossale : nous avons terminé en dix heures notre première run, ce qui est déjà conséquent.
Malgré tout, Little Goody Two Shoes ne plaira pas à tout le monde, loin de là. Déjà, ceux qui cherchent de l’horreur à coup de sursauts seront forcément déçus dans ce jeu où toute la peur passe par son atmosphère.
Ceux qui ne maîtrisent pas l’anglais pourront être déçus. Le jeu n’est pas traduit et il faudra un très bon niveau pour comprendre les dialogues de ce jeu.
Ensuite, la direction artistique est sublime mais elle ne plaira pas à tout le monde. Le jeu alterne entre des passages très animé des années 90 et d’autres passages ressemblant beaucoup plus à un RPG. Il y a un vrai parti pris qui, dans tous les cas, ne laissera pas indifférent.
La bande-son est incroyable, nous amenant à des passages totalement délirants comme lorsqu’Elise reçoit une paire de chaussures rouges. Là encore, ces musiques ne plairont pas à tout le monde et vous pourrez être autant subjugués que révulsés par Little Goody Two Shoes.
Par ailleurs, il faut du temps pour assimiler tout ce qui se passe dans le jeu. Nous vous proposons une vidéo de gameplay de dix minutes afin que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Conclusion
Little Goody Two Shoes est une pépite qui ne plaira pas à tout le monde. Avec son concept original, son histoire prenante et sa direction artistique sublime, le jeu réussit à nous embarquer dans son univers très malsain de conte de fée. Nous le conseillons à tous ceux qui veulent se lancer dans une expérience vidéoludique unique et qui maitrise la langue de Shakespeare, car le jeu n’est pas traduit en français.
LES PLUS
- Un mélange étonnant des genres
- Un concept original
- Une direction artistique sublime
- Une bande-son réussie
- Une atmosphère glaçante
- Dix fins différentes (et une durée de vie immense)
- Une histoire prenante
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Ne plaira pas à tout le monde
- Des points de sauvegarde parfois éloignés
- Des mini-jeux répétitifs
- Un peu de temps pour rentrer dedans