Dans notre mémoire de cinéphile, Brazil de Terry Gilliam occupe une place particulière. Ce chef-d’œuvre de science-fiction adapté librement de 1984 avait prouvé au monde entier que Terry Gilliam n’était pas qu’un joyeux luron des Monty Python, mais aussi un réalisateur et scénariste de talent. Nous voilà avec Athanasy, un visual novel d’une équipe qui doit certainement avoir 1984 et Brazil sur leur table de chevet. Le jeu est développé par les Russes de Wirion et est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch depuis 29 juin 2023 au prix de dix euros.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un très bon niveau en anglais est nécessaire pour jouer à Athanasy.
Un visual novel dans un univers très sombre
Athanasy est un visual novel avec très peu d’interactivité. Pour jouer à ce jeu, il suffit de s’installer dans un endroit confortable et de lire le récit qui se déroule sous nos yeux. Nous aurons parfois quelques décisions à prendre : elles impacteront plus ou moins le déroulement de l’histoire. Certains choix sont anecdotiques et d’autres nous plongeront dans un quasi « game over ».
Dans Athanasy, nous incarnons, Josiah Kaviani, surnommé Joz’, un jeune homme qui semble tout juste sorti de l’adolescence. C’est un marginal et seule Brigitta, son amie depuis toujours, veille sur lui.
Nous sommes dans une société totalitaire où nous vénérons les machines. Ce sont ces dernières qui nous maintiennent en vie dans ce monde sans ressource et en proie aux erreurs humaines.
Ces Hommes, incapables, d’être fiables sur la durée, sont relégués à un rôle bureaucratique. Ils dénombrent les morts, les nés, la consommation annuelle… Des tâches qui pourraient d’ailleurs être laissées aux machines.
Les habitants vivent tous dans un immense dôme, référence à peine cachée à l’allégorie de la caverne de Platon, dans lequel le soleil et la lune ne sont que des images reflétées sur un écran géant.
Notre Josiah fétiche est d’ailleurs un peu naïf. Pour lui, la lune n’est que la forme du soleil la nuit et il croit au lavage de cerveau imposé par le gouvernement.
Dans ce monde impitoyable où rien n’est laissé au hasard (même les chansons sont programmées pour nous laver le cerveau), Josiah réussit à se faire remarquer par les gros pontes. Ses recherches statistiques tapent dans l’œil du ministère de la Démographie et il est engagé sur-le-champ.
Une histoire plutôt sympathique
Là-bas, il apprend à être docile, à analyser et s’aperçoit surtout de la supercherie bureaucratique. Et si les machines n’étaient qu’un leurre ? Et surtout, pourquoi Brigitta est nommée dans les registres des décès alors qu’elle est encore vivante ?
Dans le même temps, Josiah va rencontrer une femme à la salle de sport. Elle l’aime bien, aime son côté décalé… Mais d’un autre côté, elle semble proche de l’hérésie. Elle l’invite à écouter de la musique des anciens temps, « faite par des humains et non par des machines ». Et si cette fille faisait partie de ce qui s’appelle la « non-résistance », ce groupe terroriste capable d’attentats mortels ?
Dans ce même temps, ce même Josiah fait des rêves étranges qui semblent prémonitoires. Que signifient-ils ?
Vous le sentez peut-être dans ce pitch, mais Athanasy sent 1984 et Brazil à plein nez. Les références sont nombreuses et la trame ne s’en détache qu’à partir du moment où nous prenons une mauvaise décision.
Ces mauvais choix auraient pu être une bonne idée, cependant, ils sont bien trop radicaux et frustrent le joueur. Une mauvaise décision, une mauvaise phrase à un mauvais moment et nous nous retrouvons à vivre une nouvelle histoire qui abandonne totalement la trame principale.
Nous sommes alors déçus de suivre un autre récit, de perdre les personnages que nous avons appris à aimer et à détester.
Mais qui se saborde pas des choix trop radicaux pour le joueur
C’est dommage, car Athanasy, même s’il n’est pas très original, est plutôt bien écrit. Certes, les scènes ne sont pas forcément originales, il n’évite pas certains écueils avec des dialogues parfois explicatifs et des nœuds dramatiques prévisibles, mais nous finissons par aimer les personnages.
Cette frustration de ne pas avoir les réponses que nous cherchions alors que nous passons littéralement dans un univers parallèle est la preuve de notre attachement au récit. Même si l’univers est terriblement triste et sombre, nous aurions préféré que nos erreurs ne nous punissent pas aussi sévèrement.
La durée de vie, pour le prix de dix euros, est tout à fait correcte. Le jeu est en plus tactile et agréable à jouer peu importe le lieu. Athanasy est par ailleurs uniquement en anglais, et au vu du nombre de mots et du langage, il faudra un très bon niveau dans la langue de Shakespeare pour pouvoir lire ce visual novel.
Les graphismes sont sympathiques, très sombres, et même s’ils ne sont eux non plus pas très originaux, ils réussissent à nous embarquer dans un univers singulier. Nous finissons par apprécier la vue des personnages, malgré le côté « Tokio Hotel » de Josiah.
La bande-son, elle, n’est pas vraiment agréable. Peut-être avons-nous atteint la limite de notre patience, mais nous avons eu l’impression d’entendre la même musique électronique dans chaque récit dystopique. C’est dommage, car elle dessert parfois le récit.
Conclusion
Athanasy aurait pu être un superbe visual novel d’anticipation, cependant il se saborde tout seul en proposant des choix bien trop radicaux qui nous font basculer dans un tout nouveau récit sans les personnages que nous avions appris à aimer. Dommage. Attention, le jeu n’est pas traduit en français.
LES PLUS
- Un univers dystopique plutôt bien écrit
- Des personnages attachants
- Une histoire sympathique dans sa première partie
- Des dessins qui mettent dans l’ambiance
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Une histoire vue et revue
- Une bande-son fatigante
- Un « game over » trop radical