KONOSUBA – God’s Blessing on this Wonderful World! Love For These Clothes Of Desire!, que nous allons simplifier en KONOSUBA pour le test, est un visual novel « érotique » réservé aux plus de douze ans. Le jeu est édité par Mages, un studio réputé au Japon pour ses histoires capables du meilleur (Anonymous;Code) comme du pire. KONOSUBA est disponible le 8 février 2024 en physique et sur l’eShop au prix de cinquante euros.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau excellent en anglais est nécessaire pour jouer à KONOSUBA.
Un visual novel pour un public très restreint
Avant toute chose, nous préférons vous prévenir : KONOSUBA est réservé à un public qui aime la culture japonaise. Et quand nous parlons de culture japonaise, nous parlons de ses spécificités parfois très gênantes et qui ne sont pas vraiment acceptées en Europe.
Nous avons le droit à de la misogynie ordinaire, à de la sexualisation de personnages féminins typés « enfants », à des personnages féminins stupides… Des stéréotypes douteux et datés que nous ne pouvons pas personnellement recommander.
Reprenons depuis le début. KONOSUBA est un visual novel dans lequel nous incarnons une bande d’aventuriers qui semble tout droit tiré d’un RPG. Il y a Kazuma, l’« homme », le leader de la bande, qui trouve toutes ses comparses stupides.
Il y a Aqua, la déesse de l’eau, que le jeu qualifie lui-même de « useless » (inutile), Megumin, une sorcière qui complexe à cause de la taille de sa poitrine et qui a tendance à faire des sorts d’explosion un peu partout, et Darkness, une paladin bien sous tous rapports et qui rêve secrètement de dominer les autres…
Cette petite bande revient d’une quête lorsqu’elle tombe sur une étrange pierre laissée au sol. Ils hésitent à la prendre, car celle-ci est peut-être maudite… Ils décident alors de la faire expertiser à la boutique du coin.
La pierre serait capable de fabriquer des vêtements de qualité… Mais elle est également maudite ! Celle-ci force celui qui l’utilise à révéler ses vrais désirs… Et pour briser la malédiction, la seule solution est de réaliser ces derniers.
Un postulat de base intéressant
Pourquoi pas. Le postulat de base est assez drôle et varie des choses que nous avons l’habitude de voir. Une journée après, la police arrive à nos portes. La pierre trouvée est un bien dérobé…
Et au lieu de rendre celle-ci ou de défendre notre honneur, le propriétaire nous demande de fabriquer des vêtements sexys pour lui, des vêtements qui lui rappellent les femmes de sa tendre adolescence. Les choses deviennent alors plus gênantes.
La police nous exige donc de travailler pour ce noble car si nous ne pouvons pas prouver notre innocence, nous sommes alors de facto coupables.
Dans le même temps, Darkness est maudite par la pierre et est devenue le cliché de la femme dominatrice. Il faut réussir à assouvir ses désirs pour la libérer de cette emprise.
KONOSUBA est un visual novel. Le gameplay est assez facile à prendre en main. Nous incarnons Kazuma et nous devons suivre le récit qui se passe sous nos yeux. Nous avons parfois de la lecture, et d’autres fois nous aurons des choix à prendre.
Ces derniers nous font gagner des cœurs envers les jeunes demoiselles. Les choix sont souvent un peu étranges, reposent un peu sur de la chance, mais fort heureusement, KONOSUBA est conçu pour que la sauvegarde soit rapide et accessible. Nous pouvons sauvegarder avant chaque choix pour trouver la bonne réponse.
Mais il n’y a pas que du texte à lire. Le noble va nous demander de créer des vêtements en un certain nombre de jours. Chaque vêtement demande des ressources précises et pour les récolter, il faudra envoyer nos personnages en quête.
Un scénario qui se tient sur les doigts de la main
Il y a d’un côté les quêtes « solo » comme du babysitting ou du minage ou encore des quêtes de groupe comme la récolte d’herbes et la chasse aux monstres.
Lorsque nous réalisons pour la première fois une quête de groupe, nous débloquons une scène « comique ». L’une des premières met en scène Darkness qui veut se faire manger par un slime pour ressentir la bave du monstre sur ses parties intimes. Soit.
Il y a les vêtements à créer pour la quête principale, qui fait avancer le récit, et les vêtements facultatifs. Nous faisons ensuite porter la tenue à la personne que nous voulons (parmi les choix disponibles). Nous gagnons alors des cœurs avec elle. Les vêtements facultatifs apportent aussi des bonus et des pièces.
Pour créer les vêtements, nous pouvons aussi acheter les pièces manquantes contre de l’argent.
Nous avons enfin une journée de repos par semaine où nous allons parfois croiser l’une des demoiselles afin de gagner des cœurs.
Est-ce que tout cela fonctionne bien et s’harmonise ensemble ? Malheureusement, non. KONOSUBA a un concept intéressant, une histoire avec un angle original, mais malgré tout, le scénario n’est pas très bon.
Même en faisant abstraction de tous les clichés misogynes, les personnages creux aux comportements douteux, nous nous retrouvons avec un scénario vide et une histoire tirée par les cheveux et remplie d’incohérences.
Des personnages creux et stéréotypés
L’histoire du noble devient de moins en moins crédible au fil des révélations. Ces dernières sont d’ailleurs invraisemblables. Les saynètes sont parfois drôles, mais la plupart du temps, nous sommes affreusement gênés par ces moments qui n’apportent ni érotisme, ni humour et qui ne font pas progresser le récit.
Le gameplay repose sur les quêtes est un concept intéressant, mais il est bien trop répétitif pour apporter une plus-value significative.
Nous avons cependant apprécié que le jeu, malgré tout ce qu’il y a autour, garde une certaine candeur et ne sombre (presque) pas dans la vulgarité. Nous avons aussi apprécié l’option qui permettait de passer les dialogues même si nous regrettons les vibrations parfois intempestives.
Par son concept qui mélange les phases de planification et celles de récit, KONOSUBA est un jeu à la très grosse durée de vie. Cependant, le contenu intrinsèque est vide, ne proposant aux joueurs que de répéter les mêmes actions à l’infini pour gagner des images suggestives. La part de gestion est elle aussi très légère, peut-être trop pour un jeu qui coûte tout de même cinquante euros.
KONOSUBA n’est pas traduit en français et un excellent niveau en anglais est nécessaire pour comprendre le texte. Le jeu est agréable que ce soit en mode docké ou portable, même si nous regrettons l’absence d’un tactile en portable qui est d’ordinaire disponible dans les visual novels.
Les graphismes sont intéressants. Nous gagnons des « poses » suggestives à chaque tenue débloquée. Même si les images sont assez statiques, avec des personnages qui changent juste d’expression, ces dernières sont assez bien réalisées.
La musique est elle aussi sympathique, et même si elles ne sont pas exceptionnelles, elles arrivent à donner un coup de fouet bien énergique à l’aventure.
Conclusion
KONOSUBA - God's Blessing on this Wonderful World! Love For These Clothes Of Desire est un visual novel réservé à un public très restreint. Son histoire n’est pas très bien écrite, ses personnages relaient des clichés misogynes qui ne se détachent jamais des stéréotypes qu’ils renvoient, son gameplay est répétitif, ses personnages sont creux… Néanmoins, le jeu a quelques scènes assez drôles et les graphismes et les dessins (suggestifs) sont plutôt réussis. KONOSUBA n’est pas traduit en français.
LES PLUS
- Un concept de base original
- Un gameplay qui tente d’apporter une plus-value dans le visual novel
- Des graphismes réussis
- Presque jamais vulgaire
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Des personnages mal écrits
- Une histoire peu crédible
- Des saynètes longues et qui ne font pas rire
- De la misogynie, en veux-tu, en voilà
- Un prix excessif pour son contenu
Je pense qu’il serait bon de comprendre que Konosuba est une série satirique avec un humour qui repose sur les clichés classiques des animes des années 90s. C’est justement ces personnages clichés qui se moque des isekai qui fait la saveur de la série.
C’est toujours facile de faire une critique rapide quand on remet pas dans le contexte de l’œuvre complète
Bonjour Tentacle,
Je serais ravi de parler en détail de KONOSUBA tant qu’on utilise pas des poncifs pour dénigrer l’autre comme celui-ci : « C’est toujours facile de faire une critique rapide ». J’ai passé plus de dix heures à jouer au jeu, j’ai mis plus de deux heures à écrire ce test et plus d’une à me renseigner sur le studio et la série.
Concernant KONOSUBA, et je ne parle bien que du jeu et pas des autres œuvres sortis sur plusieurs mediums, le scénario est assez pauvre. Pour qu’une satire soit efficace dramaturgiquement parlant, il faut que, à l’image des œuvres de Voltaire, que nous nous éloignons de la thématique pour apporter un regard critique sur notre sujet. À ce jeu-là, malheureusement, KONOSUBA n’apporte aucun décalage et valide finalement tous les clichés qu’il veut détourner en dérision. Les personnages, à cause de la structure du jeu, n’apportent finalement que peu de possibilités à la satire : sans contrepoint, sans élément qui permette au joueur (et au lecteur) de montrer l’absurdité de la situation, on valide malheureusement les propos qu’on souhaite détourner. Prenons un exemple : le personnage principal insulte toutes les filles, les trouvant stupides, idiotes et incapables car ce sont des femmes. Est-ce qu’on a un moment dans le jeu où on voit une des trois femmes lui proposer alors une idée de génie qui lui clouera le bec ? Au contraire ces trois femmes sont vraiment stupides et pénalisent l’équipe. L’absence de contrepoint fait que le jeu valide les clichés qu’il véhicule. Dommage, et ce n’est pas une question de contexte. Est-ce qu’on a besoin de contexte pour comprendre que Le Malade Imaginaire est ridicule ? Que Candide est dans un monde absurde ? Plus récemment, est-ce qu’on a besoin de connaître les Monty Python et l’univers religieux pour comprendre la satire de la Vie de Brian ? Ou encore plus récemment dans Sans Filtre ?
Structurellement, le scénario reste aussi pauvre. Si, comme énoncé dans le test, la situation initiale est intéressante, les nœuds dramatiques ne sont pas très bien écrits. Les personnages n’évoluent pas, n’apportent pas de rondeur, et dix heures de dialogue avec des personnages qui n’évoluent pas, cela donne des dialogues souvent insipides qui comblent un vide, en plus de ne donner aucune empathie aux personnages. Les conflits sont souvent créés de toute pièce et ne servent pas à faire avancer les pions dans la dramaturgie du récit. Le mid-point, que je ne divulgacherais pas, est lui aussi très pauvre, n’apportant finalement pas grand-chose au récit ou à l’humour, ou même comme vous le dîtes, à la satire.
Et là encore, je ne parle que de ce jeu. Et pas du reste de la licence. Après, je suis toujours ouvert à la discussion et j’adore parler de structure et de scénarios. Tant qu’on ne critique pas la personne en face.
Quel est selon vous, dans le jeu, le contrepoint qui amène à penser que nous sommes dans une satire ? Comment un joueur qui ne connaît pas la licence verrait et percevrait les personnages féminins dans ce jeu ?
Belle journée à vous. 🙂
Larryl
Vous êtes de toute évidence un agélaste, et vous servir de Voltaire pour vous en justifier est vraiment cocasse.
Bonjour Chris
Quelques phrases vous permettent de juger une personne ?
Comme je le précise, la discussion est toujours ouverte, tant que celle-ci porte sur le contenu et ne cherche pas à rabaisser la personne en face.
L’humour comme la conversation se fait dans le respect de l’autre. Si vous voulez parler du fond, c’est-à-dire, du jeu, je suis toujours ouvert.
Si vous voulez parler de l’œuvre de Voltaire, ou bien des Monty Python, de Molière ou même d’humour c’est sans problème. Nous avons un discord dont le lien est disponible sur le site. J’y passe assez régulièrement. Je vous invite à venir nous voir en live pour voir à quel point je suis un être triste et sans humour. Mes horaires de stream sont aussi disponibles sur le Discord !
Je vous souhaite un très bon week-end. 🙂
LarryL
Moi j’ai découvert un mot 😀
Alors… Je voulais poser une question a l’auteur de l’article, mais vu la discussion joyeuse juste avant moi, j’hésite quelque peu !
Bon, je le fais quand même néanmoins.
Je voulais savoir dans quelle mesure l’auteur du test était familier avec la licence.
Cela m’intéresse surtout pour savoir si les points reprochés s’appliqueront pour moi ou non (je n’ai pas encore commencé le jeu).
Parce-que oui : Konosuba ça a un humour très discutable de temps à autre et ça véhicule des clichés qui tâchent bien… Mais pour souvent s’en moquer.
Kazuma est un personnage assez détestable mais dans la série il est clairement tourné en dérision. Et si les filles ne sont pas considérées de bonne manière… Lui pas bien plus. On a vraiment à faire à une équipe de bras cassés plus incompétents les uns que les autres.
Dans le light novel c’est pareil même si parfois… Un peu plus ambigu.
Et donc je pose la question pour savoir si c’est juste l’auteur qui est hermétique à ce genre d’humour (son droit le plus légitime au demeurant), ou si c’est le jeu qui se vautre dans les grandes largeurs.
C’est tout à fait possible qu’il s’agisse de la seconde option car à ce jour, ma seule expérience vidéoludique avec Konosuba c’est le jeu mobile « Fantastic Days ». Or son écriture est insipide au possible. Paresseuse et ne retrouve en rien l’aspect satire du titre original.
De base, je pense qu’on est quand même dans un pur produit mercantile pour les fans (et une partie spécifique des fans), mais j’avoue avoir espéré que l’expérience soit un peu plus convaincante.
Enfin… je verrai bien.
Coucou Chevalier.
Tant qu’on ne m’attaque pas sur ma personne, je suis toujours ravi de répondre ! 😀
Concernant tes questions, je ne connaissais pas à la base la licence. Pour écrire le test, je me suis renseigné… et j’ai lu. Je ne suis pas hermétique à cet humour. Par ailleurs, la notation ne comprend pas mes goûts personnels.
L’histoire débute sincèrement bien, elle est assez drôle. La première heure m’a vraiment fait rire et m’a embarqué finalement dans l’univers… et finalement, l’écriture devient de plus en plus insipide au fil du jeu. Nous n’avons pas vraiment d’histoire, les scènes sont des prétextes pour voir à la fin les personnages féminins de la série en petite tenue et gagner des cœurs avec elles. Kazuma est détestable… mais jamais tourné en dérision. Il apparaît comme le petit leader de son harem qui doit sauver les apparences. (je pense que c’est intimement lié au fait que ce soit un jeu « érotique »)
Cela aurait pu ne pas être dérangeant si l’écriture était de qualité. Celle-ci fait vraiment office de fan service, et si certains fans seront certainement satisfaits, ceux qui cherchent une expérience vidéoludique (ou de lecture !) un tant soit peu intéressante risquent d’être déçus.
Le gameplay et la majorité du temps que nous passons est assez ennuyeux, nous avons le gameplay d’un jeu mobile, où nous planifions nos journées semaine après semaine sans aucune profondeur. Ce gameplay prend une grande grande partie du jeu et remplit artificiellement la durée de vie (et cherche certainement à combler l’absence d’histoire).
Pour cinquante euros, je ne peux pas vraiment le conseiller. Selon moi (et ça n’engage que moi), le jeu vaudrait plutôt vingt euros, notamment grâce aux graphismes de qualité. Et pour l’humour que l’on trouve dans la première heure et qui malheureusement disparaît par la suite.
Voilà, j’espère avoir répondu au mieux aux questions ^^’
Belle journée !
LarryL