Le genre point’n’click a connu son âge d’or dans les années 80 et 90 car durant cette période il était le genre roi auprès des joueurs. Certaines licences aujourd’hui culte ont été mises en lumière par ce genre dont l’une des plus célèbres est « The Secret of Monkey Island ».
Même si aujourd’hui le point’n’click a perdu de sa superbe auprès des joueurs au profit des jeux de tir à la première personne ou bien des Battle Royale, certains studios ont décidé de relancer le genre. C’est le cas pour le studio lyonnais Ars Goetia, qui nous livre une aventure pleine de démons et de rédemption.
Le livre dont ils sont les héros
Le thème des démons n’est pas vraiment surprenant car le nom du développeur nous livre un gros indice à ce sujet. En effet, Ars Goetia est le nom d’un livre du XVIIe siècle qui regroupe les 72 principaux démons et la façon de les invoquer. Il faut dire que Baptiste Miny, le créateur du studio, est un fan de la religion chrétienne dans toute sa complexité et qu’il lit avec passion des ouvrages traitant de ce sujet. Il est aussi illustrateur, ce qui ressort particulièrement dans l’aspect visuel du jeu.
C’est vrai que lorsqu’on découvre le jeu pour la première fois, on a vraiment l’impression de lire un Comics. Cet aspect est renforcé par les séquences d’action du jeu, car oui il y en a ! Cela peut paraître antinomique avec le point’n’click mais Ars Goetia a eu la très bonne idée d’illustrer les séquences d’action par des cases et des bulles de dialogue. Le résultat est vraiment très réussi et permet à Ars Goetia de pallier la redondance que l’on rencontre parfois dans les point’n’click et de dynamiser son jeu. L’histoire en est ainsi plus complète et plus agréable à suivre.
Ils l’entrainent au bout de la nuit
L’histoire, parlons-en justement. Le jeu nous met dans la peau de Bartholomeus, un apôtre qui est envoyé dans la ville de Rotborg afin de purifier le Mal qui la gangrène. Par purifier le Mal, comprenez que Bartholomeus doit passer par le fil de son épée tous les démons qui se seront incarnés dans certains êtres humains de la ville. Pour les identifier, il faudra faire appel à la population locale en enquêtant dans tous les recoins de la ville. Heureusement, les humains possédés par les démons possèdent une particularité qui ne passe pas inaperçue : leurs yeux sont rouges. Ce qui semblait une mission dans la veine de ce que Bartholomeus avait l’habitude de faire va vite se complexifier car le Mal semble beaucoup plus enraciné que lorsqu’il doit intervenir d’habitude. Bartholomeus va donc être entraîné malgré lui dans une lutte démoniaque qui va mettre à mal ses certitudes et ses pouvoirs.
Il n’a de Comics que l’aspect
La ville de Rotborg nous apparaît comme très sale et malfamée dès le début du jeu. L’ouverture de celui-ci nous fait sauver une demoiselle qui se fait agresser par un homme et l’intervention de Bartholomeus est pour le moins brute et efficace : il coupe la main de l’agresseur. Cette scène donne d’emblée le ton du jeu : il ne s’adresse pas à tous les publics et comportera des thèmes et des scènes qui seront vraiment matures.
Ce fut une très bonne surprise pour nous car ce genre d’ambiance est rare et permet au jeu de sortir des sentiers battus.
Cette première scène nous donne aussi l’occasion de se familiariser avec l’interface. Ici nous sommes en terrain connu : on déplace un curseur sur une scène fixe et selon où l’on clique, des actions contextuelles sont proposées. Ces actions sont la plupart du temps Observer, Utiliser, Prendre et Discuter. Nous disposons aussi d’un inventaire pour stocker les objets et d’un « pouvoir » lié à la nature surnaturelle de Bartholomeus : il peut scanner l’environnement afin de mettre en surbrillance tous les éléments interactifs de la scène, aussi bien les objets que les endroits où peut se rendre. Car oui, les codes les plus anciens du point’n’click sont respectés, on ne déplace pas directement son personnage mais on clique sur une partie de l’écran pour se déplacer d’une scène à l’autre. Cela contraste fortement avec le dynamisme des scènes en mode Comics.
Tous les décors de la ville de Rotborg sont magnifiquement réalisés et chaque plan est l’occasion de démontrer le talent de Baptiste Miny. L’ambiance sordide, surnaturelle et parfois grandiose de la ville est parfaitement retranscrite. C’est un plaisir de découvrir chaque zone de cette ville et la cohérence de tous les environnements est à saluer.
Un jeu original et plus moderne mais rigide parfois
Même si l’originalité de The Blind Prophet n’est plus à démontrer, nous ne pouvons que mettre en lumière quelques écueils inhérents au genre que n’évite malheureusement pas The Blind Prophet.
La première chose que l’on peut souligner est qu’il est parfois difficile de déterminer dans les scènes les endroits où l’on peut cliquer pour se déplacer. On se retrouve trop souvent à utiliser le scan de Bartholomeus pour savoir où l’on peut aller. Il y a bien une carte de disponible mais celle-ci est trop vague pour être vraiment utile.
Le deuxième écueil auquel le jeu fait face est que l’on a parfois la solution d’un puzzle mais que si on n’a pas cliqué sur tous les éléments dans l’ordre prévu par le jeu, il n’est pas possible de résoudre le puzzle.
Même si nous savons que cela est vraiment dû au genre Point’n’click, on aurait vraiment aimé un peu plus de modernité et de liberté à ce propos.
The Blind Prophet est disponible sur l’eShop au prix de 24,99€.
Conclusion
The Blind Prophet est un jeu que nous avons vraiment apprécié. Visuellement, le jeu est très agréable à regarder et les musiques soulignent parfaitement l’ambiance de chaque scène. Le ton mature de l’histoire et des dialogues est vraiment appréciable et le doublage apporte un plus. Le cynisme et l’humour de Bartholomeus contrastent avec son apparence sérieuse. Il faut compter environ 7h pour finir le jeu et cela est bien dimensionné par rapport aux rebondissements de l’histoire. Nous ne nous ennuyons jamais à suivre le prophète borgne dans ses aventures. Ars Goetia a fait ici un très bon premier jeu et nous suivrons les autres jeux du studio avec grand intérêt.
LES PLUS
- Des visuels vraiment magnifiques
- Une ambiance mature et fantastique
- Une histoire intéressante à suivre
- Des puzzles bien pensés
LES MOINS
- Une carte peu pratique et utile
- Lisibilité des zones de déplacement parfois compliquée