Loin d’être un indépendant, Spike Chunsoft est un studio japonais plutôt vieux, connu dans le genre du RPG et du Visual Novel. Nous le connaissons sur la licence Danganronpa, sur d’anciens jeux Dragon Quest mais aussi sur la série des Donjon Mystère. Lorsque nous parlons de Donjon Mystère, la conscience collective l’associe beaucoup à Pokemon qui a finalement démocratisé le genre à travers le monde. Aujourd’hui, d’autres licences ont eu droit à des collaborations avec Spike Chunsoft pour des jeux de type Donjon Mystère. Pourtant, ce sous-genre du RPG japonais existe depuis bien longtemps et Spike Chunsoft n’a pas uniquement fait de la collaboration mais aussi des licences originales dans le genre. Shiren the Wanderer est justement une licence de Donjon Mystère par Spike Chunsoft, l’opus dont nous parlons aujourd’hui est même le 6ème opus numéroté au Japon et intitulé chez nous Shiren the Wanderer: The Mystery Donjon of Serpentcoil Island. Nous avons pu parcourir celui-ci afin de vous en parler longuement aujourd’hui.
Le vagabond qui ne parle toujours pas français
Dès le lancement de Shiren the Wanderer: The Mystery Dungeon of Serpentcoil Island, nous faisons face encore au premier défaut habituel de beaucoup de JRPG, la localisation uniquement anglaise du jeu. Les fans du genre ayant des difficultés avec la langue anglaise peuvent donc déjà faire une croix sur le jeu à moins d’être équipé d’un dictionnaire et d’être suffisamment persévérant pour jouer dans cette configuration. Le niveau requis est loin d’être le niveau bilingue, mais le récit du jeu et son contexte culturel demandent une connaissance de certains termes spécifiques. Par ailleurs, en tant que 6ème opus numéroté de la série au Japon, nous pouvons penser qu’il vaut mieux faire les précédents jeux pour comprendre l’intrigue.
Difficile quand une partie de la série et de ses spin-offs sont restés coincés au Japon et que les opus qui nous sont parvenus ne sont pas nécessairement traduits. Ceci étant dit, le récit de la licence Shiren peut se comparer à la licence YS de Falcom, une chronique d’un héros sur différents lieux et à différentes époques de son monde. Spike Chunsoft n’étant pas Falcom, l’intrigue est d’ailleurs bien moins profonde, faisant que nous pouvons bien plus aisément jouer aux jeux indépendamment les uns des autres. La plus grande barrière à ce niveau sera ainsi la langue anglaise, notamment pour ceux qui n’ont pas les bases pour comprendre. Les fans du genre ayant déjà été confrontés à cet obstacle sur d’autres RPG devraient en revanche bien mieux s’en sortir.
Shiren the Wanderer: The Mystery Dungeon of Serpentcoil Island nous conte l’histoire d’un jeune vagabond de l’ère féodale d’un Japon fictif, voyageant à travers le pays et se confrontant à diverses menaces inspirées du grand folklore et des grandes traditions japonaises. Une vibe très Muramasa, Sakuna ou encore Okami dont l’aventure est dispersée sur plusieurs jeux. Ce 6ème opus se déroule quelque part entre le premier jeu de la saga et le 4ème jeu, sans plus grande précision comme d’habitude dans Shiren The Wanderer. Notre héros et son partenaire Koppa voient une mystérieuse île apparaître dans un de leur songe. Leur voyage les amène dans la région de l’île Serpentcoil, un peu comme si leur précédent songe les avait guidés jusque là. Les rumeurs parlent d’une divinité menaçante pour ces îles, d’un trésor à dénicher au cœur de la région mais également d’une mystérieuse jeune fille à sauver, apparaissant elle aussi dans nos songes.
Nous démarrons ainsi le jeu alors que Shiren fait face à une des grandes menaces connues des aventuriers de l’ile Serpentcoil, au plus profond de la région. De nombreux autres monstres nous encerclent et nous sommes ainsi en très mauvaise posture. Soyons honnêtes, sauf si nous avons raté quelque chose, le résultat de cette intro est une défaite. Shiren est mystérieusement rapatrié en bas de la montagne surplombant la région. Après que les habitants nous aient fait un récapitulatif de leur situation et de la menace régnant sur la région, nous reprenons le contrôle de Shiren et nous reprenons notre ascension en repartant de zéro.
Ascension du Donjon mystère à partir de zéro
Comme mentionné, la formule a été démocratisée par Pokemon. Les Donjons mystères sont des jeux dans lesquels les donjons sont générés sous forme de labyrinthes, dont plusieurs aléatoirement. Une défaite implique un retour à la case départ avec la perte de notre argent et de tous nos objets. Toutefois, en restant quelque peu punitif par rapport à un Pokemon classique, il faut souligner que, la licence étant grand public, il était obligatoire pour Spike Chunsoft d’adapter la formule. Shiren propose donc une expérience plus « pure » du Donjon Mystère, incluant même un côté Die and Retry qui viendra potentiellement à bout de nombreux joueurs avant même que ceux-ci aient pu saisir toutes les subtilités du jeu et voir tous les développements du récit principal ou secondaire.
Ainsi, lorsque nous parlons de repartir à zéro, il faut prendre nos propos à la lettre ou au moins à 95%. Certains objets peuvent être stockés dans des entrepôts d’un campement, d’un village ou d’une zone de passage durant l’ascension. Soulignons que comme nos poches, ces entrepôts ne peuvent contenir qu’un nombre limité d’objets. Il convient d’y stocker des objets susceptibles d’être utiles lors des passages à venir après être tombé lors d’une exploration du donjon et après être ainsi revenu au tout début. Des objets de soin, des équipements, des parchemins, des pots ou encore des objets divers. Nous reviendrons plus en détail sur certains des éléments cités mais ce qui est certain, c’est que nous ne pouvons pas laisser d’argent ou une partie de notre expérience/niveau de jeu dans ces entrepôts.
Nous n’avons pas fait de bourde et c’est exactement ce que cela signifie lorsque nous parlons de revenir à zéro et du côté Die and retry. En effet, lorsque Shiren n’a plus de PV et que nous n’avons aucun objet pour le ranimer, il est simplement KO et notre ascension prend fin. Nous sommes alors renvoyés au village de départ après avoir pu lire les résultats de notre ascension à travers les étages du Donjon Mystère entrecoupé de zones de passage pour souffler un peu. Le niveau de Shiren revient au niveau 1, notre inventaire est vidé, notre équipement n’existe plus, tout notre argent est prélevé et nous ne pouvons que pleurer sur notre dernière progression. Surtout si notre ascension était très bonne et que nous étions arrivés loin. La frustration et la rage peuvent alors dominer et nous comprenons ceux qui abandonneront très vite en constatant cette dimension du jeu.
Nous parlons de 95% de nos possessions, puisque cela va ensuite dépendre de ce que nous avons laissé dans les entrepôts des zones de passage. Des objets qui peuvent changer la progression dans le donjon. Pourtant, au-delà de cette boucle, nous constatons aussi très vite que d’autres histoires et d’autres éléments se dévoilent indépendamment de ces retours en arrière. Nous découvrons l’arrivée de personnages plus ou moins connus voire inédits de la licence Shiren et se retrouvant sur l’île Serpentcoil pour des objectifs similaires aux votres ou totalement différents. Des éléments comme le donjon des monstres se dévoilent, un donjon que nous pouvons faire afin de simuler une exploration de donjon, connaître les différents monstres, leurs techniques/faiblesses et être mieux préparé à faire face à une nouvelle progression.
Une mécanique unique du genre par Spike Chunsoft, présent aussi dans Pokemon et inspiré d’anciens jeux Shiren, c’est la possibilité d’envoyer un appel SOS en ligne. Ainsi, un autre joueur peut accéder à notre requête et tenter de secourir notre personnage ainsi que notre progression. De la même manière, il est tout à fait possible d’incarner ce sauveur pour un autre joueur en acceptant une requête de sauvetage. C’est la seule manière de potentiellement reprendre notre progression en gardant les données et les objets obtenus à un instant T du jeu. Sinon, il faudra forcément refaire le jeu en reprenant du point de départ sauf au niveau du récit et des annexes.
A chaque tentative, une nouvelle leçon. C’est la seule et unique manière de pensée qui motivera les joueurs à reprendre la partie du début surtout quand personne ne vient nous sauver. Une nouvelle leçon d’une bonne vingtaine d’heure, voire plus, nous apprenant à mieux connaître nos ennemis, mieux connaître les effets de nos parchemins, de nos objets et de nos armes, mieux connaître le jeu lui-même et mieux appréhender les dangers qui se présentent à nous. Les parchemins sont des objets avec différents effets à connaître et ayant souvent une influence sur toute la salle d’un étage de donjon. Comme le fait d’infliger des dégâts élémentaires à tous les ennemis d’une salle, ou encore d’endormir tous les ennemis parmi d’autres effets possibles.
Un Donjon Mystère en 2024
Dans Shiren the Wanderer: The Mystery Dungeon of Serpentcoil Island, nous pouvons ramasser des objets de soin au sol, mais aussi des armes à équiper ou non et des objets infligeant des effets sur les ennemis. Dans Shiren, il faudra apprendre à ne pas lésiner sur les moyens et utiliser les objets. Même quand l’inventaire est plein pour X raison, marchez sur un objet et s’il peut être bénéfique à votre progression, balancez-le sur l’ennemi ou si c’est un parchemin utilisez-le directement sans le passer par l’inventaire. Certains objets ou pièces d’équipements doivent être identifiés pour être correctement utilisés. Les pots mystères de la série Shiren sont toujours de la partie et nous pouvons y placer des objets pour les changer ou les améliorer.
Nous pouvons par exemple améliorer des pièces d’équipement en les plaçant dans un pot mystère. Ainsi, d’autres joueurs y verront la possibilité de garder un pot dans un entrepôt dans le cas d’une défaite et ainsi aider à la progression lors d’un retour en arrière. En plus d’éventuels parchemins ou autres objets. Progressez dans ces labyrinthes remplis de monstres connus des fans de la série mais aussi de créatures inédites. Nous avons aussi des Behemoths, des versions géantes et excessivement puissantes de certains monstres nous poussant souvent à battre en retraite, à chercher la voie vers le prochain étage ou alors d’assister à une amère défaite pour reprendre du début.
Cela fait plus de 10 ans que la licence Shiren est portée disparue au Japon. Son retour une décennie plus tard amène quelques subtilités à la formule afin de gagner en lisibilité et en confort. Les développeurs ont pensé à l’essor du streaming et aux joueurs s’attelant à cette activité. Ils proposent ainsi une UI et une interface que nous pouvons sélectionner pour avoir une interface moins lourde à visionner ou au contraire une interface bien plus riche en détails. Par ailleurs, ce gain de lisibilité et de visibilité se propage aux données affichées en jeu comme une indication sur le nombre d’objets dans l’inventaire, chose basique mais pas nécessairement une norme de la saga. Nous avons un affichage des logs du jeu plus agréable à lire et permettant de moins se perdre dans notre progression.
Malgré 10 ans d’absence, les changements sont assez anecdotiques, osons dire que l’expérience plutôt difficile devient très austère, répétitive, voire archaïque pour certains. A deux choses près : les « passages secrets » et les données parallèles. Nous parlions d’une ascension et d’un donjon à parcourir jusqu’au trésor au plus profond de celui-ci. Sur la carte, le parcours est assez linéaire et la route passe par de nombreux points de passage. Pourtant, en avançant dans le récit de certains éléments et après plusieurs retours à certains points clés, nous pouvons débloquer d’autres routes et donjons. Des voies secondaires qui font office de raccourcis pour atteindre certains points de passage plus rapidement mais qui sont également plus dangereuses à traverser avec quelques récompenses plus intéressantes à dénicher.
En ce qui concerne les données parallèles, ce sont des points précis de certains étages de donjons dont nous pouvons garder les données. Ces données peuvent être utilisées et envoyées à d’autres joueurs afin d’organiser des parties en multijoueur avec quelques modes multijoueur comme une course contre la montre dans un donjon inspiré des données utilisées. Du moins selon le tutoriel puisque nous n’avons pas eu l’occasion de trouver des données d’un autre utilisateur pour essayer celui-ci. De plus, il est vrai que nous n’avons pas beaucoup insisté pour essayer ces modes multijoueur, puisque l’expérience Donjon mystère reste tout de même très axée solo.
10 ans d’absence c’est aussi l’occasion de se refaire une beauté… Du moins dans les limites du budget alloué par Spike Chunsoft et de la DA opté par l’équipe de développement. Nous avons un rendu 3D en Cel-shading dans la continuité des anciens jeux de la licence Donjon Mystère, Pokemon inclus. Les couleurs sont moins éclatantes pour mieux aller avec l’ambiance de la licence Shiren, mais certains éléments de décor comme l’eau de mer sont sublimes à voir. Les villages sont plutôt détaillés et les personnages arborent un genre de rendu Chibi mignon. Les donjons proposent des environnements et un bestiaire plutôt variés mais comme n’importe quel Donjon Mystère. Ben que générés aléatoirement, les structures finissent par se ressembler et la variété d’environnement ne marquent plus les esprits.
Dans son style graphique, Shiren est propre mais il ne nous semble pas que le jeu demande énormément de ressources à la Nintendo Switch. Nous comprendrions que certains lui trouvent un style très générique dans le genre, c’est dommage quand on voit l’inspiration qu’a eu Spike Chunsoft sur la version Deluxe de Pokemon Donjon Mystère sur la même console avec les couleurs et le style dessin/pastel. En ce qui concerne l’ambiance sonore, nous avons des compositions accompagnant bien notre traversée du donjon, quelques thèmes importants de combat sympathiques et rappelant d’autres jeux s’inspirant du folklore japonais. Ça manque juste de doublages pour donner plus de vie et de personnalité à tout ce beau monde, et peut être de quelques musiques plus marquantes pour être écoutées en dehors de l’expérience pour les éventuels fanatiques de musique.
Shiren the Wanderer: The Mystery Dungeon of Serpentcoil Island est disponible sur l’eShop comme en boutique.
Conclusion
Après 10 ans d’absence, Shiren the wanderer revient afin de rappeler que le genre du Donjon Mystère existe encore en 2024. Une formule globalement solide qui peine à vraiment évoluer. Shiren the Wanderer: The Mystery Donjon of the Serpentcoil Island propose la formule la plus évoluée de sa saga et certainement un des jeux les plus évolués du Donjon Mystère en tant que dernier représentant de son genre à ce jour : une meilleure lisibilité, une interface bien retravaillée et des tentatives de fonctionnalités en ligne en multijoueur pour donner un nouvel intérêt au genre. Pourtant, l’expérience reste peut être trop difficile pour ceux qui veulent découvrir le genre, et vite redondante voire frustrante pour ceux qui manque mnt de patience et qui n’aiment pas faire et refaire le même trajet. Sans oublier la traduction uniquement anglaise qui loupe le coche pour les fans de RPG en France, lesquels se rabattront sur Pokemon Donjon Mystère pour une expérience plus mignonne avec une vibe plus sympathique et en Français!
LES PLUS
- Réalisation propre, des décors variés et détaillés
- Solide en TV comme en Portable
- Une expérience Donjon Mystère très efficace
- Assez difficile avec une pointe de die and retry
- Des récits et subtilités qui s’ajoutent à chaque fois
- Une meilleure interface et lisibilité
- La possibilité d’être sauvé ou de jouer les sauveteurs en ligne
- Les autres modes multijoueurs bonus en ligne
- Une durée de vie convenable dans le genre
- Des compositions très “japon médiéval”
LES MOINS
- La DA reste générique dans le genre
- Une expérience peut être frustrante
- Puis répétitive avec une part de chance
- Une formule qui peine à se renouveler
- Une histoire et des personnages assez anecdotiques
- Il faut aimer les retry pour tout voir et tout débloquer
- Ça manque de doublages et de musiques très marquants
- Un Donjon Mystère difficile à recommander
- Surtout destiné à un public français, car uniquement en ANGLAIS!