Sorti récemment, le dernier bébé de Saber Interactive change d’approche ; plutôt que de lancer le joueur dans des aventures de type « routiers de l’extrême », leur nouveau titre propose cette fois de s’aventurer, comme l’indique son titre, dans des expéditions de type scientifiques. Alors, ce virage pris par la série est-il bien négocié ?
Test écrit par ThomasR555, correcteur de l’équipe.
L’aventure, c’est l’aventure !
Ici, il n’est donc pas question de chargements démesurés ou de grands espaces ouverts, mais bien d’expéditions comme l’indique le titre du jeu. À bord de différents véhicules tout terrain (4×4, camions plus ou moins imposants), il vous faudra remplir bon nombre de missions à but scientifique dans Expeditions: A MudRunner Game. Le jeu débute au Colorado, une terre plutôt aride et aux dénivelés « relativement peu prononcés ». Cette première étape, qui comporte cinq expéditions différentes, vous servira de tutoriel pour apprendre comment utiliser votre/vos véhicule(s) au mieux, comment préparer vos expéditions et comment tirer parti des différents équipements mis à votre disposition dans le jeu. Car oui, avant de se lancer sur le terrain, il faudra soigneusement tout planifier !
Au niveau de votre véhicule, il vous faudra composer sur le terrain avec différents paramètres, les deux principaux étant la gestion de la transmission que vous pouvez passer en quatre roues motrices permanentes (avec ou sans blocage du différentiel pour aider un peu plus dans certaines situations), et celle de la boîte de vitesses, sur laquelle vous avez la main pour vous mettre au point mort, passer en marche arrière ou opter pour des rapports plus courts si la topographie du terrain l’exige. À côté de cela, et c’est une nouveauté par rapport aux précédents opus, vous aurez aussi la possibilité de moduler la pression des pneus de votre engin, de sorte que vous pourrez la réduire en cas de besoin. Ces réglages devront être utilisés judicieusement et avec parcimonie, car ils influent sur votre consommation de carburant. Et pour être complet sur l’utilisation des véhicules, il faudra aussi veiller à ne pas endommager les différents éléments de votre monture (moteur, transmission, suspensions) qui pourront être affectés par une conduite trop brutale.
Vos engins pourront recevoir des équipements qui vous faciliteront la vie lors de vos virées sauvages. Pour les principaux, vous aurez en premier lieu le treuil qui vous permettra de vous attacher à un élément du décor situé à proximité de votre engin, le plus souvent un arbre ou une souche, afin de vous sortir d’une ornière ou d’un cours d’eau finalement plus profond que vous ne le pensiez. En second lieu, vous aurez des crochets, qui viennent se combiner avec le treuil, et que vous pourrez placer sur le terrain afin de vous extirper d’un mauvais pas s’il n’y a pas de points d’ancrage naturels à proximité. Et vous pourrez aussi vous équiper de vérins pour remettre votre véhicule sur ses quatre roues en cas de tonneau. Question gadgets, vous serez également servi avec de nombreuses possibilités ; échosondeur qui vous renseigne sur la profondeur d’un cours d’eau si vous devez le traverser, jumelles afin d’observer les environs immédiats, ou encore drone pour observer un peu plus précisément afin de trouver aux alentours de nouveaux endroits où vous pouvez transporter vos véhicules. Pour le reste, vous pourrez aussi disposer d’autres accessoires en fonction des missions qui vous seront confiées, comme par exemple un appareil de détection des activités sismiques ou encore un détecteur de métaux pour ne citer qu’eux. Enfin, en sus de ces équipements supplémentaires, vous pourrez (et devrez parfois) embaucher un spécialiste pour vous assister sur le terrain, chacun ayant son propre domaine de compétences, vous dispensant parfois quelques conseils en cours de chemin et vous octroyant un bonus supplémentaire : jumelles à portée accrue, moteur plus résistant aux passages de gués, diminution de la consommation de carburant, etc.
Le salaire de la peur
La plupart des expéditions que vous effectuerez pourront avoir des prérequis : certaines demanderont par exemple d’utiliser un ou plusieurs véhicules, des équipements ou un spécialiste précis. Et si vous savez d’avance quelle somme d’argent vous pouvez récolter en fonction du succès de votre mission, sachez que les prérequis ne sont pas gratuits et qu’il vous faudra payer pour le matériel et le(s) homme(s). Heureusement, sur le montant de la récompense, une partie vous est déjà versée avant le commencement de l’expédition, ce qui allège (un peu) la facture. En cas de succès, vous pourrez ensuite dépenser vos gains soit dans de nouveaux véhicules, soit dans l’amélioration ou la réparation de ceux-ci, soit encore dans les différentes bases présentes dans les environnements du jeu pour accéder à de nouvelles fonctionnalités comme des points de ravitaillement, de réparation ou de parachutage de matériel par exemple. Vous pourrez également gagner quelques sommes plus modiques en trouvant certains points sur la carte, comme des gués ou des zones de franchissement, ou encore en terminant certains objectifs secondaires de vos quêtes (ne pas utiliser plus de x fois le treuil, ne pas encaisser plus de x points de dégâts par exemple).
Faire le tour du jeu vous prendra de nombreuses heures, car si les expéditions les plus courtes peuvent se réaliser en une dizaine de minutes, d’autres vous prendront bien plus de temps. Sans compter que si vous avez mal préparé votre coup, il vous faudra recommencer du début. Outre le Colorado et ses régions arides, vous visiterez également l’Arizona avec des reliefs parfois très escarpés du Grand Canyon où l’utilisation combinée du treuil et des crochets sera souvent salutaire et les Carpates avec ses marécages, ses sentiers rocailleux et ses forêts denses qui mettront en avant vos capacités à tirer le meilleur parti de votre mécanique. Si la première partie au Colorado ne se compose que de cinq missions servant de tutoriel, il vous faudra beaucoup de temps pour arriver à bout des deux autres environnements proposés de base par le jeu, découpés en plusieurs zones et qui se composent chacun de 37 contrats différents. Outre les expéditions principales, vous aurez également loisir de parcourir les environnements librement une fois certains contrats réussis, et aurez accès à des missions annexes à des emplacements que vous aurez trouvés en explorant les cartes.
Ne jamais entrer quelque part si on ne sait pas comment on va en sortir
Joy-Con en main, la prise en main (une fois l’emplacement des contrôles bien assimilés, nous allons y revenir juste après) est vraiment très bonne ; on prend un réel plaisir à crapahuter au volant des différents véhicules que propose le titre. La physique des modèles, très fidèle à la réalité, plonge vraiment le joueur dans l’univers des tout-terrain et il est vraiment satisfaisant de noter les différences de gameplay quand on joue de la boîte de vitesses ou que l’on joue sur le système de transmission intégrale. De même, on ressent bien les aspérités du terrain et chaque caillou, chaque gué, chaque rocher nous amène à réfléchir et à adopter les bonnes stratégies pour franchir l’obstacle.
Un point qui peut pêcher pour les néophytes de la série qui concerne en revanche les commandes du jeu ; vous l’aurez compris, les possibilités offertes par le jeu sont nombreuses et les différentes interactions possibles mobilisent tous les boutons de la Switch. Si les afficionados de la série qui ont joué à MudRunner et/ou à SnowRunner n’auront aucun mal à retrouver leurs repères, les nouveaux arrivants devront quant à eux se familiariser avec les commandes qui ne sont pas des plus simples à prendre en main pendant les premières sessions de jeu. Mais que ces derniers se rassurent, avec un peu de persévérance et de temps, on finit par s’y faire !
Graphiquement, en mode portable, le rendu est très bon même s’il subsiste quelques problèmes de textures, mais il se dégrade légèrement si l’on passe en mode docké ; dans cette dernière configuration les défauts graphiques sautent aux yeux et on note de temps à autre des textures de rochers, d’arbres assez grossières, et des éléments au loin qui apparaissent au dernier moment, ce qui gâche un peu l’expérience de jeu. Mais le jeu nous offre beaucoup de moments tout de même mémorables avec ses véhicules détaillés en vue intérieure comme en vue extérieure, ses panoramas de toute beauté ou encore son cycle jour-nuit. Côté framerate, malgré les environnements détaillés et la profondeur de champ, le résultat est excellent même si des baisses notables peuvent être observées lors de l’utilisation des jumelles. Et concernant le sound design, les sons des moteurs et l’environnement sonore de façon générale (pneus qui accrochent aux rochers ou au contraire qui glissent sur les aspérités, cris d’oiseaux qui passent dans le ciel, bruits du vent et de l’eau) sont excellents, tandis que la musique présente durant les menus et les phases de jeu accompagne bien nos pérégrinations en restant discrète (mais de ce fait est aussi aisément dispensable).
Expeditions: A MudRunner Game est disponible en physique et sur l’eShop à cinquante euros.
Conclusion
Expeditions: A MudRunner Game propose une expérience sur quatre roues où préparation, réflexion et patience tiennent une place prépondérante. Le jeu pouvant d'ailleurs parfois jouer sur nos nerfs : on peste, on râle, on a tendance à se décourager face à ce satané cours d'eau qui nous bloque, à ce rocher minuscule mais qui paraît infranchissable... Mais on finit par comprendre à force d'essayer et de recommencer, et l'expérience devient alors gratifiante. On ressent un réel plaisir à enchaîner les différentes expéditions et missions proposées dans le jeu. De plus, le jeu jouit d'une excellente durée de vie, qui pourra être encore augmentée au fur et à mesure des DLC à venir et du mode co-op, non disponible lors de notre test mais qui devrait l'être prochainement. Au chapitre des défauts, on regrettera çà et là quelques bugs de textures et graphismes grossiers, ou encore les commandes et l'interface pas évidentes à prendre en main. Certains joueurs regretteront peut-être aussi l'aspect assez dirigiste des missions, qui tranche avec les autres titres de la série, mais l'expérience de jeu reste au final positive ; après tout, s'amuser à crapahuter hors des sentiers battus en mode portable sans sortir de son lit et surtout sans mettre des traces de boue partout dans la maison, n'est-ce pas alléchant ?
LES PLUS
- Moteur physique poussé et conduite très agréable une fois maîtrisée
- Diversité des expéditions proposées
- Environnements de jeu détaillés et diversifiés
LES MOINS
- Gameplay peu intuitif de prime abord pour les néophytes de la série
- Quelques bugs graphiques et quelques textures grossières
- Musique anecdotique dans le menu et en jeu