Kingdom Come : Delivrance n’est pas un jeu récent : sorti en 2018 sur la génération précédente, on pensait ne jamais le voir débarquer sur Switch. C’était sans compter sur le travail de Saber Interactive, les stars du portage sur notre console adoré ! Alors est-ce que le jeu qui a reçu plus de 30 récompenses est à la hauteur sur Switch ? Eh bien enfilez votre plus beau tabard, préparez votre meilleure envie de vengeance, c’est parti pour Kingdom Come : Deliverance – Royal Edition
La vengeance dans la peau
Contrairement à beaucoup de RPG médiévaux, ici nous n’avons pas l’autre mot qui s’y accole souvent, je parle bien sûr de fantastique. Kingdom Come : Deliverance n’est pas du tout fantastique, pas de dragons, de magie ou autre Gobelins. Ici nous sommes plutôt dans un RPG à vocation historique, l’histoire nous place dans la bohème en 1403, ce lieu qui deviendra en partie la République tchèque plus tard.Pas de création de personnages non plus ; nous sommes Henry, fils d’un forgeron, un jeune homme tout ce qu’il y a de plus banal. Il aime bien boire un petit coup le soir avec ses amis, il a une petite amie dont il est amoureux, sa mère le couve et l’aime et son père forgeron n’a qu’un rêve, c’est que son fils reprenne le flambeau. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes, cependant rapidement tout vrille d’un coup. La belle petite ville de Skalice, où réside notre cher Henry, se retrouve attaquée par Sigismond et son armée de Coumans. La ville est alors mise à feu et à sang, c’est un véritable massacre et si certains arrivent temporairement à se réfugier dans le fort de la ville, Henry lui réussit seulement à s’enfuir vers la plus grande ville voisine qui va alors le recueillir, mais juste avant son départ de Skalice il voit avec effroi sa mère et son père se faire massacrer par les soldats Coumans.
Henry va alors décider de retourner à Skalice pour enterrer ses parents, et nous retournons donc dans cette ville qui n’a plus rien de joyeux, tout est en ruine, des gens sont morts et gisent à même le sol partout dans la ville, les chevaux ont aussi été massacrés, bref plus rien n’est restant. Mais alors qu’il essaye de soulever le corps de ses parents, il se fait tabasser à mort par des détrousseurs qui en voulaient à la dernière épée forgée par son père.
Henry se fait alors sauver au dernier moment et c’est alors que va commencer réellement le jeu, après plus de 2h d’introduction et de tutoriel. Ce qui fait la grande force de KCD c’est clairement la qualité d’écriture et de mise en scène insufflées par Warhorse Studios dans son jeu. Dans la globalité le jeu est libre, mais énormément guidé et mis en scène par des histoires, qu’elles soient principales ou secondaires, il dépeint la vie d’un jeune homme dans cette époque de guerre et surtout avec un réalisme à toute épreuve. Ce n’est pas à charge, on nous raconte tout le temps que les gens étaient sales, ici on nous demande régulièrement de nous laver, chaque maison à son petit seau d’eau pour faire sa toilette. Les gens vivent plus ou moins paisiblement quand ils ne sont pas en proie à une attaque, mais là aussi nous nous rendons compte qu’ils n’attaquaient pas sans raison, ils ne vont pas sacrifier du soldat pour rien, tout est réfléchi.
Il y a énormément de lignes de dialogue et de cinématiques, le jeu est très balisé et plutôt dramatique, mais pas seulement, vous verrez rapidement que ce n’est pas qu’une histoire de vengeance, et les développeurs ont même réussi à inclure des moments d’humour au gré de quêtes disséminées un peu partout.
Médiéval Simulator
RPG en monde ouvert, vue à la première personne, univers médiéval, nous pensons bien évidemment à Elder Scrolls et si à la sortie du jeu ils ont beaucoup été comparés, il est finalement très éloigné de ce dernier. Certes ils empruntent ces points communs, mais ça s’arrête tout de suite ici. Dans Elder Scrolls, on est libre de suivre l’histoire comme nous voulons, elle est d’ailleurs distillée avec parcimonie, et de plus nous allons avoir beaucoup d’éléments fantastiques. Ici c’est le réalisme avant tout ! C’est vraiment une simulation de vie dans le 15e siècle. Pareil côté monde ouvert, ici ce n’en est pas vraiment un, mais plutôt des zones assez vastes (une dizaine) à parcourir, souvent des petits villages ruraux de l’époque.
Au programme de KCD : une véritable plongée dans cette ambiance du 15e siècle, avec ses chevaux pour se déplacer sinon c’est très long à pied, ses armures à base de côte de mailles et d’acier, ses armes blanches et son usage de l’arc. Le jeu est riche, très riche, trop riche. Si on commence par les menus, ils sont vraiment pénibles à utiliser, il y a beaucoup d’infos, trop d’infos, souvent peu lisibles, sans compter le nombre de pictogrammes à comprendre. Nous allons passer un temps fou à nous battre avec ce menu, même après plusieurs heures de jeu il reste peu agréable.
À côté de ça nous avons un vrai jeu de simulation, nous devons gérer notre énergie, notre faim, notre endurance, nos blessures, notre saleté et notre vie bien sûr. Les sauvegardes sont peu disponibles, si vous avez la chance de dormir dans votre lit c’est bon vous êtes sauvé votre jeu est sauvegardé, sinon il faut utiliser un objet, qui a donc une quantité limitée, un genre de mécanique un peu dommage sur switch où on a quand même souvent l’habitude sur notre petite console de passer d’un jeu à l’autre rapidement. La gestion de l’énergie et de la faim est assez pénible, on va alors se balader avec un inventaire rempli de toute la bouffe qui traine pour ne pas mourir de faim, mais si on veut utiliser le déplacement rapide via les points débloqués, cela va nous bouffer notre énergie à vitesse grand V et on a vraiment intérêt à bien planifier notre voyage pour être le plus efficient.
Pareil du côté de l’action, si au départ vous êtes une vraie quiche, vous allez à force de vous battre devenir meilleur, plus fort, plus habile avec vos points ou encore meilleurs archers. Mais une fois la manette en main, c’est vraiment très peu agréable. Ne vous attendez pas à vous retrouver seul face à une armée, ce n’est vraiment pas le style de ce jeu qui se veut réaliste, vous allez souvent être plutôt à 1 contre 1 et même là le jeu n’est pas forcément très intéressant. C’est lent, lourd, la caméra a tendance à rendre le tout illisible, ça en devient presque gerbotron simulator. Nous ne nous attarderons pas sur l’utilisation de l’arc, sinon nous pourrions devenir vulgaires.
Cependant malgré tous ces défauts le jeu reste formidable sur tellement de points, comme nous l’avons déjà dit : la narration est top, qu’il s’agisse des cinématiques ou des dialogues, l’écriture de chaque quête est travaillée jusqu’à celle de la petite quête secondaire, ou même lorsque l’on discute avec des gens dans les villes. Les villes d’ailleurs sont plutôt peuplées, en tout cas à la hauteur de ce que c’était à l’époque.
Un réalisme à toute épreuve
Pour rendre le jeu réaliste, le jeu a mis en place tout un tas de systèmes plutôt bien pensés. Tout d’abord une gestion de la nuit et du jour qui fonctionne à merveille, vous allez avoir des magasins ouverts à certaines heures uniquement, des PNJ qui se baladent et qui sont du coup disponibles eux aussi uniquement à certaines heures, ce qui rajoute un côté réaliste au jeu et qui rend tout ce monde encore plus vivant.
Nous parlions de nourriture tout à l’heure, et bien si vous mangez trop vous allez avoir un malus de digestion qui va vous pénaliser, et ne pas manger vous en donnera un aussi. Si jamais vous forcez trop après la course, c’est pareil. Si vous tombez de haut vous pouvez aussi obtenir un beau malus de jambe cassée ou cheville foulée, bref il y a tout un tas de malus, mais aussi de bonus disponibles et souvent vous les découvrirez à vos dépens.
Mais côté vêtements c’est pareil, une grosse armure bien lourde vous ralentira, là où des vêtements légers vont vous simplifier les déplacements, tout en vous rendant plus vulnérable. Mais il y a aussi plein de petites choses subtiles, si vous portez des vêtements très sombres, qui vous font ressembler à un voleur alors les gens vous trouveront suspect et se méfieront de vous. Tout comme si vous vous faites repérer alors que vous portez des objets volés, vous allez alors avoir des problèmes.
Le déplacement à cheval est aussi quelque chose de plutôt drôle, mais drôle dans le sens : comment est-il possible de créer un moyen de déplacement rapide aussi peu efficace ? Alors pas sur la vitesse, mais sur la maniabilité, elle est tout simplement mauvaise, il va se bloquer au moindre petit truc sur le chemin, il ne traverse pas les petits buissons et c’est vraiment hyper pénible. Dommage.
La résolution des quêtes est une véritable réussite, comme dans la vie il n’y a pas qu’une solution, vous pouvez souvent résoudre simplement en allant occire les adversaires, mais ce n’est pas la meilleure solution la plupart du temps, et selon vos choix dans le jeu vous allez augmenter vos statistiques en conséquence. Ce qui impliquera des dialogues différents et donc des résolutions de quêtes différentes. Tout comme le jeu n’a pas non plus de classe, vous êtes simplement Henry, un jeune adulte qui découvre à la dure la vie en dehors de son petit village paisible.
Un portage … mitigé
La question qui était sur toutes les lèvres, c’était : est-ce que le titre tourne bien sur Switch? La réponse est … une réponse de normand. Oui, mais non. C’est effectivement un exploit de faire tourner un jeu aussi grand et long sur Switch, mais à l’époque de sa sortie le jeu n’a jamais été annoncé comme un triple A, c’est un petit studio qui s’en est occupé, avec certes des personnes talentueuses et reconnues du milieu, mais avec un budget plutôt restreint. Avoir réussi déjà à sortir le jeu après 5 ans de développement chaotique tenait déjà du miracle. Le jeu était alors très perfectible, pas toujours très beau, pas toujours très fluide, pas exempt de bugs à droite et à gauche et surtout avec une technique globale un peu faiblarde. Mais le jeu a quand même été adoré par beaucoup de gens pour toutes les raisons données plus tôt dans ce test.
Sur Switch, eh bien le jeu n’a pas vraiment eu d’améliorations sur tous ces points, bien au contraire, le jeu est globalement immonde en mode docké, cependant il est plutôt passable en portable. Alors il souffre de ralentissements, d’objets qui apparaissent quand vous marchez (presque à vos pieds), d’une distance de vision plutôt faible, de temps de chargement très longs et plutôt fréquents. Les joycons qui sont trop rigides dans leurs amplitudes de joysticks rendent des moments comme l’arc ou pire le crochetage de l’ordre de la mission impossible.
Malgré tous ces défauts que nous vous citons, le titre est loin d’être mauvais, comme dit en début de paragraphe c’était déjà un miracle que le jeu voie le jour en 2018 et c’est d’autant plus un miracle de le voir débarquer en 2024 sur Switch. Il a des défauts, mais qui sont en réalité balayés lorsque l’on joue, alors certes ce sera toujours un calvaire de crocheter, mais pour tout ce qui est aspect technique on s’habitue comme tout, sauf pour la partie dockée. Le respect historique et surtout la musique et l’ambiance sonore nous confortent dans le soin apporté aux détails. On notera la disponibilité sur l’eShop de la langue FR (non inclus de base dans le jeu), qui va rendre la synchro labiale totalement aux fraises, mais la qualité de doublage fait que c’est quand même très agréable, sinon la version d’origine avec les accents à couper au couteau est elle aussi très agréable.
Kingdom Come : Deliverance – Royal Edition est disponible sur l’eShop comme en physique au prix de cinquante euros.
Conclusion
Vous l’aurez compris en lisant ce test, le jeu est rempli de plein de défauts et de problèmes, et beaucoup de ceux-là sont inhérents au titre plus qu’au portage. Le portage est limite quand même sur pas mal de points, si vous compter jouer en docké sur votre TV ne prenez simplement pas le titre, mais si c’est pour jouer en portable alors il est vraiment respectable. La qualité mise sur les détails historiques, sur la représentation réaliste du jeu que ce soit historique encore une fois ou bien dans le gameplay réaliste. Un véritable bijou de simulation de jeu médiéval. Il est d’ailleurs un peu seul dans sa catégorie, donc difficile en réalité de le critiquer sur ce point-là. Si vous êtes fan d’histoire, qu’un jeu linéaire, difficile, verbeux et très complet ne vous effraie pas alors foncez vers Kingdom Come : Deliverance – Royal Edition, si bien sûr vous jouez en mode portable !
LES PLUS
- Un réalisme à toute épreuve
- Un respect de l’histoire complet
- Un scénario prenant et bien écrit
- C’est un simulateur de vie médiéval
- Un jeu exigeant
- Un portage impressionnant
- Un doublage audio français complet (à télécharger sur l’eShop)
- Une ambiance sonore et musicale qui colle parfaitement
- La totalité des DLC inclus
LES MOINS
- On peut être déçu si on attend un RPG à la Elder Scroll
- Parfois un peu trop exigeant
- Un scénario qui prend souvent trop de place
- Des menus imbuvables
- Le crochetage infernal
- Le cheval peu maniable et qui a peur des buissons
- Horrible en mode docké
- Un jeu qui a une technique faible au départ et qui s’enfonce un peu plus sur Switch
- Des temps de chargement trop longs et trop présents
- Des ralentissements et surtout du clipping à foison
- Un système de combat pénible