Avant d’être dans le Jeu Vidéo, le studio Furyu est avant tout un studio spécialisé dans le divertissement au Japon. Un studio qui a presque 20 ans. Malgré toute son activité, celle dans le jeu vidéo console ne date que de 2011. En ce qui concerne The Legend of Legacy, il s’agit d’un des premiers jeux du studio sorti en 2015 sur Nintendo 3DS. C’est presque 10 ans après sa sortie initiale que Furyu propose de faire revenir le titre sur Nintendo Switch et autres plate-formes avec The Legend of Legacy HD Remastered. Nous avons pu retoucher au jeu grâce à son retour en HD, et il est temps pour nous de vous en reparler en 2024.
L’île d’Avalon à explorer de nouveau
L’aventure se déroule sur l’île d’Avalon tout juste découverte une dizaine d’années avant le début de nos aventures. Celle-ci semble renfermer de nombreux mystères liés à d’anciennes légendes perdues du monde. Par ailleurs, l’île ayant récemment été découverte, les zones inexplorées sont encore nombreuses et les mystères attirent ainsi de nombreux aventuriers de tous horizons. Les récits évoquent le fait que l’île d’Avalon renfermerait un artefact légendaire, le Star Graal. Celui-ci offrirait l’éternité à celui qui mettrait la main dessus. La seule ville active de Initium est le point de croisement de tous les aventuriers partant ainsi à l’exploration de l’île au service du Roi des aventuriers ayant découvert l’île 10 ans auparavant.
Nous avons le choix entre 7 protagonistes arrivés sur Avalon avec des objectifs différents. Meurs est le dernier élémentaliste, il communique avec les éléments et se rend compte d’une étrange concentration d’éléments en direction d’Avalon. C’est pour enquêter sur ce phénomène que celui-ci se rend sur Avalon. Bianca est une jeune femme amnésique qui s’est échouée sur les côtés. N’ayant aucun autre souvenir que son propre nom, elle parcourt Avalon dans l’espoir de retrouver la mémoire. Garnet est une templière de l’Ordre Sacré envoyée en mission sur l’île afin d’en apprendre plus sur celle-ci. Liber est un aventurier des plus simples, à la recherche d’adrénaline, de nouveauté et de trésors.
Eloise est une jeune alchimiste jouant de ses charmes afin de mener ses recherches sur la vie éternelle. Owen est un mercenaire qualifié de légende, acceptant n’importe quoi tant que ses missions soient grassement rémunérées. Filmia a une apparence de grenouille, il est originaire d’Avalon et se présente comme étant le prince d’un royaume perdu. Tous se retrouvent ainsi sur Avalon avec leur propre développement d’histoire à suivre, mais vous en dire plus sur le récit reviendrait à vous spoiler tout le jeu vu comment les différents récits tiennent finalement sur un post-it. Bien que la durée de vie soit d’une belle trentaine d’heures de jeu, elle est plus liée à du farm et à de l’exploration fastidieuse plutôt qu’à un récit très dense et bien écrit.
Autrement dit, n’attendez pas de surprises dans l’histoire de The Legend of Legacy, malgré cette initiative de proposer une variété de récits au travers de la possibilité de jouer 7 personnages aux ambitions différentes. Une initiative qui propose surtout un début et une fin avec un milieu de récit très plat et avec peu de rebondissements significatifs pour captiver le joueur. Par ailleurs, nous n’avons présenté que le début et nous ne nions pas le fait que le scénario transpire le générisme. Sachez que du début à la fin de chaque histoire, notre instinct ne nous trompera pas puisque The Legend of Legacy propose des histoires tout ce qu’il y a de plus génériques, en plus de ne pas forcément motiver le joueur à les parcourir. Le studio ne profite même pas de la ressortie du jeu pour traduire celui-ci en FR.
Un RPG générique ?
Pourtant, nous nous rappelons à l’époque que Furyu se vantait d’avoir fait appel à des vétérans de la série SaGa pour le développement de leur nouveau jeu. Il est vrai que SaGa a rarement su briller par sa qualité d’écriture, la série se distinguait souvent par le côté très “avant-gardiste” et unique de son gameplay ainsi que par son design. Il y a bien quelques exceptions, mais nous ne sommes pas ici pour parler de SaGa. Si The Legend of Legacy n’arrive pas à convaincre par son écriture, arrive-t-il au moins à être une alternative à SaGa sur d’autres points? Commençons à répondre à cette question en parlant du gameplay proposé par Furyu.
En tant que RPG, The Legend of Legacy propose ainsi des phases d’explorations, des donjons et des combats. Pareillement à son récit, l’exploration propose une expérience assez générique dans le genre. Initium, la seule zone habitée du jeu, fait office de HUB. Nous pouvons nous y reposer, faire nos achats et préparer notre équipe à partir à l’exploration de l’île d’Avalon. Une fois sur la carte, nous pouvons sélectionner un lieu à parcourir. Un pourcentage est assigné à chaque lieu et représente simplement le pourcentage d’exploration de la zone. Le but étant d’explorer toutes les zones à 100%, révéler leurs secrets ou encore ouvrir tous les coffres. Au-delà d’Initium, Avalon est une zone sauvage avec de nombreux monstres parcourant l’île.
Nous sommes dans un RPG, et il est possible d’entrer en contact avec les formes spectrales noires visibles dans les zones pour démarrer un combat. Ces formes ne sont qu’une représentation des monstres, entrer en contact avec eux entraîne une transition nous emmenant vers l’écran de combat. Si tout est relativement générique dans le genre sur ce que nous venons de décrire, c’est sur son système de combat que The Legend of Legacy arrive enfin à attiser de la curiosité (potentiellement aussi sur sa partie visuelle mais nous en reparlerons). Un connaisseur de la série SaGa pourra se sentir en terrain connu et mieux apprécier l’expérience délivrée par le studio Furyu.
En soi, le système propose du tour par tour dans lequel nous choisissons une formation de combat ainsi que les actions de chacune de nos unités. Actions qui se joueront dépendamment de l’agilité des différentes unités, alliées comme ennemies. Les techniques de nos personnages consomment des SP et le but est de vaincre nos adversaires en usant efficacement de nos techniques et tout en veillant à ce que les PV de nos personnages ne tombent pas à 0. Rien de bien différent d’un autre RPG classique au premier abord mais allons un peu plus en détail. Parlons du cas où une de nos unités se retrouve KO : pas besoin d’objet spécifique pour le rappeler au combat, un objet de soin standard fait l’affaire ici. Par ailleurs, nos unités sont automatiquement soignées en fin de combat.
Un héritage à nouveau oublié
Dans cette illusion de facilité, se cache en fait un système subtilement cruel puisque nous verrons affiché en rouge un nouveau chiffre de PV max, plus bas que le chiffre de PV max initial. Ainsi, l’unité tombée au combat revenant sur le front voit ses PV max restreints et cette restriction est de plus en plus violente à chaque KO supplémentaire. Un objet spécifique permet de soigner en supprimant cette restriction, l’autre possibilité étant de stopper une exploration pour revenir à l’auberge. Voici donc une première subtilité. Une autre subtilité du système de combat, c’est le gain de technique et de stats aléatoire. Dans un RPG classique, nos personnages montent de niveau, augmentent leur stats et gagnent des techniques en fonction de ce niveau. Le gain de technique peut dépendre d’équipement ou d’arbre de compétences.
Dans The Legend of Legacy, le gain de compétence dépend de nos équipements et… de chance. En début de tour en plus d’une formation de combat, nous choisissons ensuite une action de combat dépendamment d’une des 8 armes du jeu que portent nos protagonistes. Si nos techniques sont peu nombreuses au début, il suffit de les utiliser et dépendamment de la formation choisie en début de tour, nous pouvons développer les techniques en les faisant gagner des niveaux en Attaque, Défense ou Soin. Un gain de niveau lié au nombre d’utilisations mais aussi à une grande part d’aléatoire. Nous pouvons aussi éveiller de nouvelles techniques d’arme mais de la même façon, le gain est lié au nombre d’utilisations et à une part d’aléatoire.
Deux joueurs n’éveilleront pas nécessairement les mêmes techniques au même moment en progressant pourtant de la même manière. Chaque type d’armes possède ses spécificités et ses affinités que nous devons apprendre à connaître pour mener efficacement nos combats. Autre élément que The Legend of Legacy brise, le gain de stats par niveau. Nos personnages n’ont pas de niveau et pourtant leur stats peuvent augmenter en fin de combat. La règle? Nos prières envers la chance, le gain de stats est aléatoire et c’est ainsi lié à la durée de vie que nous disions longue par le farm. Dépendamment de la chance du joueur, ce farm sera plus ou moins conséquent, il y a certes une certaine direction des stats liée à nos personnages mais rien qui ne permette de contrôler le gain de stats.
Certains combats se terminent sans aucun gain tandis que d’autres combats se concluent avec chaque personnage gagnant chacun 2-3 stats. Ajoutons à cela un système subtilement lié à notre exploration. Certains lieux présentent une forte concentration élémentaire nous permettant ainsi d’utiliser des charmes élémentaires en combat. Chaque élément possède ses attributs et spécificités permettant au système de gagner encore plus en subtilité. Sur une base classique, The Legend of Legacy s’inspire de SaGa pour proposer à nouveau aujourd’hui une alternative du JRPG classique, du moins dans son système de jeu. À nouveau puisque nous avons en 2024 cette version HD entre nos mains.
Sur 3DS, la DA s’inspirait des décors finement illustrés de Bravely Default tout en tentant une présentation de type “livre illustré en 3D”. Sur 3DS, la 3D stéréoscopique donnait du volume et donnait vraiment cette impression de voir les décors jaillir hors de l’écran comme si nous ouvrions un livre illustré en 3D. Cet effort de présentation se faisait au détriment d’environnements peu variés et de décors peu détaillés. Le modèle 3D des protagonistes est d’ailleurs très pauvre avec très peu d’expressivité sur leur visage. Sur 3DS c’était encore acceptable mais pour un retour en HD, nous ne faisons que constater les vestiges d’une réalisation sur 3DS avec juste un travail minimum pour adapter la résolution, des traits plus fins et des couleurs moins ternes.
Furyu fait véritablement le minimum, juste un petit travail graphique, quelques petits guides pour expliquer les systèmes de jeu et une légère adaptation de l’interface pour qu’elle passe sur un unique écran. Aucun ajout de scénario, de traduction en FR, de personnage supplémentaire jouable, de doublage ou de rééquilibrage de gameplay. Reste le travail déjà extraordinaire du compositeur Masashi Hamauzu sur la version 3DS que nous pouvons réécouter sur cette version HD. Tout n’est pas forcément marquant et homogène mais le compositeur a déjà fait ses preuves sur de nombreuses productions de chez Square Enix et même pour une commande chez un autre studio, il fait ce qu’il faut pour convenir au budget alloué. Nous avons ainsi plusieurs pistes de qualité et mémorables à écouter.
The Legend of Legacy HD Remastered est disponible en physique comme sur l’eShop au prix de cinquante euros.
Conclusion
The Legend of Legacy HD Remastered aurait pu revenir plus fort et plus mémorable que lors de sa sortie initiale sur Nintendo 3DS. C’était avant que nous ne constations le choix de Furyu de faire le minimum pour remplir les caisses du studio et de remplir le calendrier de sortie. Certes le jeu revient légèrement plus fin, coloré, plus beau avec quelques indications supplémentaires mais cela ne suffira pas à gommer ses défauts de base et ses concepts uniques ne sauront toujours pas faire l’unanimité chez un amateur de RPG. Il est dommage de ne pas avoir tenté de profiter de cette ressortie pour pleinement exploiter le potentiel du titre. The Legend of Legacy HD Remastered se fera légèrement plus remarquer par les joueurs grâce à son filtre HD multiplateforme, mais la réalité, c’est qu’il finira tout aussi oublié que lors de sa sortie originale. Un héritage HD cher que Furyu lui-même semble avoir du mal à assumer.
LES PLUS
- Le travail HD, plus fin et coloré
- La DA façon livre illustré en 3D
- Le gameplay alternatif à un RPG classique
- Les compositions de Masashi Hamauzu !
- 7 personnages différents et 7 histoires à vivre
- Une durée de vie solide
LES MOINS
- Peu de variété et de détails visuels
- Les personnages n’ont toujours pas d’expressions
- On sent visuellement l’origine 3DS
- Le gameplay plaira ou ne plaira pas
- Il faut aimer explorer du vide et farmer
- Espérons que vous ayez de la chance sur l’aléatoire
- Des musiques moins mémorables et toujours pas de doublage
- 7 histoires très pauvres qui tiennent sur un unique post-it
- Une ressortie avec très peu de rajouts
- Toujours en anglais…