S’il est un genre dans le jeu vidéo qui a plutôt mauvaise presse, c’est bien le FMV. FMV est l’acronyme de Full Motion Video, cela consiste à insérer des séquences vidéo dans un jeu vidéo, mais le plus souvent à faire un jeu vidéo complètement en séquences vidéo pré-enregistrées. Dans les années 90 cela a donné lieu à un bon nombre de mauvais jeux qui étaient filmés à la va-vite au caméscope, dans des décors naturels mal éclairés, avec des pseudos-acteurs qui transpiraient l’amateurisme. Aujourd’hui un studio français Burning Sunset relève le défi de réaliser un jeu en FMV, The World After, avec une approche beaucoup plus professionnelle, notamment sur le plan cinématographique. Est-ce que ce jeu peut racheter tous les précédents échecs ?
The World After est disponible sur l’eShop au prix de dix euros.
On ne peut tuer ce qui n’est pas vivant
Dans The World After, le joueur incarne un écrivain qui a trouvé refuge dans un petit village d’Auvergne pendant la pandémie de Covid, plus précisément pendant le premier confinement. Il ne sort donc pas sans son masque et son gel hydroalcoolique et peut se déplacer uniquement dans les limites territoriales autorisées. Il va quand même s’aventurer hors de son village d’adoption pour en découvrir les mystères.
The World After se présente sous la forme d’un jeu de type Point’n Click. Il faut chercher dans chaque décor les éléments avec lesquels on peut interagir. On trouve un téléphone portable que l’on met dans notre inventaire, puis on l’utilise quand on découvre un QR-Code caché dans l’arrière-plan. On ramasse des objets que l’on combine pour en créer un nouveau, ce qui va nous être utile pour résoudre une énigme.
Le héros de The World After étant un véritable acteur, quand on ne fait aucune action, on le voit attendre, les bras ballants, que l’on daigne faire quelque chose. Mais le plus souvent le héros entre dans un décor et il est de dos, donc le temps d’attente n’est plus gênant du tout, on est face à un paysage avec le personnage dans un coin. Il n’est pas là à nous fixer d’un œil mort. La mise en scène et les plans sont très cinématographiques, c’est propre et léché, bien loin de l’image que l’on pouvait avoir des jeux en FMV des années 90 : ici, il y a une recherche des plans visuels qui seront les meilleurs et une recherche esthétique réelle.
On ne peut fuir ce qui n’existe pas
Dans cette recherche d’une approche cinématographique, les développeurs ont fait appel à un acteur connu : Jean-Claude Dreyfus, vu notamment dans Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus de Caro et Jeunet, des films des années 90, et dans un certain nombre de films de Jean-Pierre Mocky. C’est un petit plus sympathique qui accentue le côté professionnel voulu par le studio Burning Sunset.
En pratique, le jeu est bien réalisé même s’il impose un grand nombre d’aller-retours qui allongent de façon assez artificielle la durée de vie du jeu. La durée de vie est plutôt courte, moins de deux heures pour arriver à une première fin, sachant qu’il faut réussir à trouver la bonne fin qui permettra de débloquer le visual novel créé par les développeurs. Ce visual novel pose le cadre du jeu et on y retrouve la colonne vertébrale du jeu principal sans les séquences vidéo bien sûr.
Sur le plan sonore, le jeu des acteurs est bon, même les quelques PNJ que l’on croise et avec qui on peut discuter par moment jouent bien, les sons d’ambiance sont bien retranscrits et les musiques ne sont pas trop envahissantes. L’histoire est intrigante et les petits vidéo-logs que l’on doit trouver nous aident à comprendre l’histoire et nous donnent envie d’avancer dans l’intrigue. Certaines mécaniques de jeu, comme le cycle jour-nuit, sont très malines et permettent de varier les décors et la résolution des énigmes de manière plutôt futée.
Conclusion
The World After est une très bonne surprise. Une surprise d’une part, parce que c’est un jeu en FMV, un genre qui a plutôt mauvaise presse, et là c’est un jeu FMV très réussi. D’autre part, le jeu est aussi une réussite sur le plan du gameplay, les énigmes sont simples sans être simplistes et l’histoire est bien menée. Et enfin, soyons un peu chauvins, c’est un jeu développé par un studio français et ça mérite qu’on leur tire notre chapeau. D’ailleurs, un nouveau jeu d’enquête en FMV est prévu par le même studio en fin d’année et s’appelle The Traveller’s Sight. A suivre.
LES PLUS
- Une aventure intrigante
- Un jeu d’acteurs convaincant
- Une mise en scène impeccable
- Des bonus sympas
LES MOINS
- Très court
- Des énigmes très simples
- Beaucoup d’allers-retours