Vous êtes amateurs d’Histoire ? Vous avez dévoré les carnets des grands explorateurs tout en imaginant le sentiment que ces derniers pouvaient ressentir ? Alors Sagres est peut-être un jeu pour vous. Cette aventure nous amène vers la fin du quatorzième siècle au Portugal, à l’orée des Grandes Découvertes. Sagres est disponible sur l’eShop depuis le 17 avril 2024 au prix de vingt euros. Il est développé par un seul homme de Corée du Sud, Minsang Kim, qui se surnomme aussi ooze. Préparez-vous pour l’aventure, voici le test de Sagres !
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau courant en anglais est nécessaire pour jouer à Sagres.
À nous les Grandes Découvertes !
L’Europe s’apprête à vivre plusieurs révolutions. Déjà, nous découvrons qu’il est possible d’aller en Asie (aux Indes orientales, à l’époque) en faisant le tour de l’Afrique en passant par le Cap de Bonne-Espérance.
Ensuite, en s’appuyant sur la théorie d’une Terre sphérique, Christophe Colomb découvre par mégarde un nouveau continent. Celui-ci, l’Amérique, recèle des ressources précieuses et d’immenses territoires à conquérir pour des Européens avides d’expansion.
C’est dans ce contexte chargé historiquement que se déroule Sagres. Nous sommes donc en 1480, au Portugal, et nous incarnons Fernando, un jeune capitaine en quête de nouvelles aventures.
Nous croisons sur notre route Lucia, une jeune femme qui aimerait retrouver son père. Ce dernier, explorateur et grand navigateur, n’a plus donné signe de vie depuis quelque temps déjà.
La Guilde des marchands décide de nous aider et le Roi du Portugal accepte que nous prenions la mer… À condition que nous ne recherchions pas le père de Lucia.
Nous voilà donc sur les flots, officiellement pour explorer le monde et le cartographier, officieusement pour retrouver un parent disparu.
Sagres est un jeu d’exploration qui se déroule sur une grande carte du monde. Le gameplay est plutôt simple à apprivoiser.
Nous sommes un petit navire qui se déplace sur la mer, de port en port, de ville en ville. Nous dirigeons notre bateau avec le joystick gauche. Le joystick de droite nous permet de diriger la voile. Pour atteindre notre vitesse maximale, il faut réussir à avoir le vent derrière notre voile.
Lorsque nous sommes sur les flots, il faudra faire attention à la fois à nos vivres et au moral de notre équipage. Quand nous n’avons plus de vivre, nous perdons de l’équipage. Notre vaisseau perd alors en vitesse et une fois qu’il n’y a plus d’équipage… Vous revenez au dernier port visité avec une pénalité financière.
Un gameplay complet qui nous emmène dans les quatre coins du monde
Il y a plusieurs événements aléatoires qui arrivent quand nous nous déplaçons : vous aurez soit des décisions à prendre qui ont un taux de réussite qui dépend de vos compétences (nous en parlerons plus tard), soit vous tomberez sur des pirates qu’il faudra combattre.
Nous pouvons aussi nous déplacer sur terre à l’aide d’un âne et il faudra là aussi avoir des provisions et du moral.
Les combats sont omniprésents dans Sagres et reposent sur le concept très simple de pierre-feuille-ciseaux. À chaque manche, il faudra poser trois cartes et espérer vaincre l’adversaire à ce jeu très simple mais aussi très aléatoire.
En fonction de notre intuition (une compétence), nous pourrons voir à l’avance les cartes jouées par notre adversaire. Détruire des bateaux pirates nous permet de gagner du moral, de l’argent, mais aussi parfois des vivres.
Dans Sagres, les villes sont des lieux de passage obligatoire. C’est là où nous pourrons récupérer du moral ou des vivres.
Nous pouvons aussi réparer ou améliorer notre bateau. Nous pouvons choisir les salles que constitue notre navire en fonction de nos besoins : allons-nous privilégier la puissance avec des canons ou bien des salles pour stocker nos vivres ?
Nous pouvons aussi acheter des plans et de l’équipement au marché, ainsi que des ressources rares que nous pourrons revendre dans d’autres villes.
Un jeu hautement addictif
Il y a deux objectifs dans Sagres. Le premier et le principal nous demande d’avancer dans l’histoire principale afin de retrouver le père de Lucia. Nous allons nous balader aux quatre coins du monde pour découvrir la vérité à son sujet.
Le deuxième, qui est à la fois facultatif et la plus addictif, nous amène à découvrir le monde et toutes les merveilles qui s’y trouvent.
Dans certaines villes, se trouve une guilde des marchands. Ces dernières possèdent une librairie dans laquelle nous obtenons de précieuses informations sur les expéditions aux quatre coins du monde. La cathédrale Notre-Dame ? Le yéti ? La pierre de Rosette ?
Notre rôle sera d’aller vérifier sur place si les informations glanées dans les livres sont vraies ou non. Mais comment trouver un yéti ? Et comment fait-on quand nous ne connaissons pas toutes les merveilles du monde ?
C’est simple, il suffit d’aller à la taverne où nous pourrons acheter des rumeurs. Celles-ci nous mèneront dans la taverne d’une autre ville qui nous donnera des informations très précises sur l’objet de notre quête.
Vous cherchez un ours polaire ? Il faudra d’abord aller à Bergen, en Norvège où nous apprendront qu’il faut naviguer pendant quinze jours vers l’ouest (au Groenland !) pour trouver ces fameux animaux.
Certaines expéditions nous obligeront à résoudre des labyrinthes, à combattre des monstres ou même à faire des recherches archéologiques.
Une fois l’information vérifiée, nous devons retourner à la guilde pour valider la quête. Nous gagnerons alors une belle somme d’argent ainsi que de la renommée qui sera surtout pratique pour l’histoire.
Pour corser les choses, sachez que chaque région du monde parle sa propre langue, et que pour pouvoir lire les livres de la guilde, et même récupérer des indices à la taverne, il nous faudra un interprète.
Un jeu vraiment réussi
Sans interprète, les conversations seront floutées avec des signes incompréhensibles. Il y a plusieurs niveaux de maîtrise d’une langue qui influent sur la compréhension. Il est par exemple possible de comprendre une grande partie de la discussion avec un niveau de deux étoiles sur trois.
Nous pouvons aussi gagner des niveaux dans une langue en allant dans des villes qui parlent cette dernière.
Pour conclure cette liste déjà très longue, nous avons aussi des compétences (navigation, logistique, etc.) qui influent sur nos conditions de voyage. Avoir des compétences en logistique nous permet par exemple d’amarrer plus rapidement dans un port.
Comme vous avez pu le comprendre dans ce long inventaire, Sagres est un jeu au gameplay archi-complet, mais surtout hautement addictif. Le jeu ne brille pas forcément grâce à son histoire principale (nous en parlerons plus tard), mais surtout grâce à la liberté d’exploration que les quêtes « secondaires » nous offrent.
Sagres réussit un sacré tour de force en nous ravivant notre âme d’enfant. Être les premiers à traverser le Cap de Bonne-Espérance ? Découvrir les Indes ? Cipango ? L’Australie ? Faire le tour du monde ? Et surtout, aller aux Amérique ?
Le jeu réussit à envoyer des doses de rêve et coche toutes les cases de l’apprenti explorateur. Nous avons passé des heures sur Sagres juste pour le plaisir de découvrir les merveilles du monde comme Borobudur ou la Grande Mosquée de Djenné.
Chaque nouvelle merveille nous permet aussi d’avoir des informations sur celle-ci qui sont très agréables.
Sagres nous gâte avec un contenu imposant et sa très longue liste d’expédition disponible. Nous avons terminé le jeu avec plus de quatre-vingts expéditions menées (il semble y en avoir plus de cent-cinquante) sans nous être attardés en Amérique, en Asie ou même en Australie.
Un scénario inégal mais intéressant
L’histoire de Sagres est inégale mais intéressante. Elle réussit à nous plonger dans les événements historiques de l’époque tout en les liant avec une histoire familiale qui nous captive, du moins, un temps.
Pourquoi le père de Lucia a disparu ? Où est-il ? Est-il mort ? A-t-il trahi le Portugal pour les ennemis jurés, les Espagnols ?
La première partie du récit est bien amenée, intelligente alors que la deuxième l’est beaucoup moins. Il y a malheureusement beaucoup d’éléments qui nous ont amenés à décrocher du récit et à nous intéresser uniquement à la partie exploration à ce moment du jeu.
Sans divulgâcher, nous nous retrouvons presque sans but à partir de cette deuxième partie. Les quêtes sont répétitives et nous demandent d’aller à un point A à un point B pour gagner une certaine somme d’argent sans pouvoir explorer. Ce n’est pas très passionnant.
Nous sommes aussi moins impliqués par le récit et s’il y a encore des nœuds dramatiques de forte intensité, ils ne sont pas vraiment liés à Fernando ou à Lucia, ce qui nous laisse un peu de marbre.
C’est dans cette deuxième partie d’ailleurs que les personnages sont bien moins écrits et il y a notamment une indigène dont nous vous tairons la nationalité (pour ne pas vous gâcher le récit encore) qui est malheureusement le cliché de l’indigène.
C’est dommage, car certains personnages sont bien écrits, nous pensons notamment à Lucia, cette femme qui se fait passer pour un homme afin de retrouver son père.
La fin manque de punch et d’émotion. Le jeu nous a captivés, mais la fin nous a laissés avec un sentiment mitigé. Il y avait pourtant quoi faire avec des personnages disparus qui ne sont jamais revenus dans le récit à notre plus grand désarroi.
Il manque aussi un peu de personnalisation pour nos navires et pour modifier notre deck de pierre-feuille-ciseaux ce qui rend le jeu répétitif sur la fin. Nous terminons immensément riches, mais nous ne pouvons rien faire de cet argent.
Mais quelques petits défauts qui ternissent l’aventure
Toujours dans les défauts, Sagres, malgré sa précision historique que nous louons, fait parfois des erreurs grossières qui risquent d’énerver les apprentis historiens.
Outre le fait que la cathédrale de Chartres soit à… Rouen, ce qui nous a fait doucement rire, nous avons surtout été frustrés de voir que le jeu mélange l’empire Inca et l’empire Aztèque.
Nous parlons quand même de deux empires placés sur deux continents différents qui n’avaient pas la même culture et la même langue. Pour simplifier le trait, c’est comme si nous assimilions l’Inde et la Chine comme même et unique pays.
Cette erreur grossière ne doit cependant pas oublier que Sagres est un excellent jeu à la précision historique presque irréprochable. C’est d’ailleurs cette précision sur les événements qui nous permet d’être sous le charme de l’aventure et qui nous donne envie de terminer le jeu.
Nous avons adoré jouer à Sagres et nous le recommandons très chaudement aux apprentis explorateurs comme nous. C’est une expérience comme il n’en existe peu. Il ne va pas renouveler l’industrie vidéoludique, mais il est extrêmement bien réalisé.
Le contenu est dantesque. En ligne droite, vous en aurez pour dix à douze heures. Si vous êtes comme nous et que vous avez un peu flâné à droite à gauche tout en avançant dans le récit, vous en aurez pour vingt heures. Si vous êtes complétionnistes et voulez faire toutes les expéditions, comptez alors minimum vingt-cinq trente heures.
Le jeu n’est pas traduit en français. C’est dommage, car seul un public qui parle anglais couramment pourra s’aventurer sur Sagres.
Les graphismes diviseront par leur simplicité : une carte simple, un petit bateau et des couleurs chatoyantes, cependant, nous avons apprécié ce style qui peut rappeler Civilization par bien des aspects.
La bande-son est très réussie, et même si elle n’est pas très impactante, elle permet de passer des heures et des heures sur le jeu sans jamais se lasser, ce qui est très positif.
Le jeu est agréable à jouer, que ce soit en mode docké ou portable.
Nous vous joignons une vidéo de découverte de trente-cinq minutes pour que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Conclusion
Malgré quelques défauts, Sagres est un superbe jeu d’exploration qui nous fait revivre les Grandes Découvertes. Addictif, complet, instructif, et à la durée de vie conséquente, nous regrettons terriblement que le jeu ne soit pas traduit en français. Quel dommage…
LES PLUS
- Un jeu hautement addictif
- Un gameplay complet et réussi
- Le plaisir de l’exploration et de la découverte !
- Envie d’y retourner même après fini le jeu
- Un contenu vraiment conséquent
- Une durée de vie impressionnante
- Une précision historique presque parfaite
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Un scénario parfois pas à la hauteur (personnages clichés, quêtes répétitives, etc.)
- Peut être répétitif
- Un contenu qui manque au niveau des combats
- Des erreurs historiques rares mais grossières