De nombreux metroidvania sont venus peupler le catalogue de la Nintendo Switch depuis sa création. Evidemment, lorsqu’on pense metroidvania, il est presque sûr que nous allons avoir à l’esprit des titres tels que Ori ou Hollow Knight. Puisqu’on parle de Ori, il est à noter que le jeu dont nous allons parler par la suite, Tales of Kenzera, suit la même stratégie que le jeu de Microsoft. En effet, Ori a été développé par un gros mastodonte, Microsoft, avec l’idée de créer un jeu alliant la qualité d’un triple A et la souplesse d’un jeu indé. Pour Tales of Kenzera, c’est à peu près la même chose, sauf que le mastodonte en question s’appelle Electronic Arts. Alors, est ce que cette stratégie est la bonne ? C’est ce que nous allons voir…
Deuil et conte africain
L’histoire de Tales of Kenzera se déroule en Afrique. Nous commençons dans la peau de Zuberi, un jeune africain contemplant les lumières de la ville depuis son balcon. Zuberi est rempli de tristesse, il pense à son père, son « baba », mort il y a peu. Il a beaucoup de mal à accepter cette perte tragique. La mère de Zuberi, voyant son fils dévasté par le deuil, lui transmet alors un ouvrage, écrit par son père peu avant son décès. C’est ainsi que Zuberi décide alors de s’asseoir et de lire l’histoire de Zau, dernier héritage de son père bien aimé.
Nous sommes alors transportés dans le royaume de Kenzera et suivons les traces du jeune chaman Zau. Celui-ci vient de perdre son baba et n’imagine pas la vie sans lui. Il décide alors de conclure un pacte avec Kalunga, le dieu de la mort. Si Zau aide Kalunga à récupérer les trois grands esprits qui se sont échappés du royaume des morts, alors Kalunga lui rendra son baba. La quête de notre jeune chaman est donc lancée.
Vous l’aurez compris, le thème principal de Tales of Kenzera est le deuil. Ce sujet hautement sensible est magnifié en utilisant le conte africain comme cadre. A travers le périple de Zau, le lecteur du conte, Zuberi, va pouvoir comprendre que la mort fait partie de la vie et qu’elle nous fait également grandir, malgré la douleur qu’elle procure.
Le comédien et créateur du jeu, Abubakar Salim, s’est fortement inspiré de sa propre histoire pour nous écrire ce récit avec beaucoup de justesse. Nous ne pouvons que saluer le travail effectué dans la narration et la création de l’univers qui l’entoure.
Ori, es-tu là ?
Lors de l’introduction, nous avons évoqué le jeu Ori à titre de comparaison car les stratégies de développement et la catégorie sont similaires. Mais nous pouvons continuer plus loin la comparaison. Les deux jeux sont des metroidvania, certes, mais Tales of Kenzera a poussé bien plus loin le mimétisme.
Tout comme dans Ori, nous parcourons des paysages chatoyants et très colorés dans lesquels nous avons parfois des défis à relever ; soit des combats, soit réussir à atteindre un endroit difficilement accessible. Nous avons également plusieurs phases dans lesquelles nous devons fuir rapidement sous peine de perdre la vie … Comme dans Ori. Nous pourrions encore lister d’autres éléments qui nous font penser très fortement à Ori, mais nous allons nous arrêter là.
En soi, prendre pour exemple Ori, l’un des meilleurs jeux, si ce n’est LE meilleur du genre, n’est pas problématique. Mais faut-il encore le faire parfaitement pour espérer soutenir parfaitement la comparaison…
Des combats schizophrènes
Dans Tales of Kenzera, votre personnage, Zau, va accumuler au fur et à mesure de l’aventure de nouveaux pouvoirs. Tout comme dans Ori, vous gagnerez petit à petit des points de compétences afin d’améliorer vos capacités. Celles-ci seront d’une importance capitale lors des combats qui sont assez nerveux. Afin d’éliminer vos ennemis, vous devrez constamment changer votre façon de combattre. Zau, notre personnage, possède deux masques : le masque de la Lune et le masque du Soleil. Lorsque vous portez le premier, il vous sera possible d’attaquer à distance et de geler vos ennemis. Par contre, avec le masque du Soleil, vous vous transformerez en redoutable guerrier au corps à corps capable d’attaquer avec sa lance.
A ce moment-là vous vous dites peut-être « Je m’en fiche, je suis un gros bourrin, j’attaquerai uniquement au corps à corps » ? Eh bien, cette stratégie ne fonctionnera pas car parfois, les ennemis possèderont des barrières de protection uniquement vulnérables à un masque spécifique. Vous serez donc obligé de passer d’un masque à l’autre pendant vos combats. Heureusement, ce changement se fait correctement à l’aide d’une seule touche.
Le seul problème concernant les combats, c’est qu’ils peinent à se renouveler car hormis la difficulté des ennemis, chaque combat ressemble fortement aux autres. Mais bon, là, nous sommes un poil tatillons.
Ori n’est pas là, non…
Si Tales of Kenzera se démarque d’Ori par un système de combat bien à lui, en revanche, la réalisation technique n’est pas au niveau sur Nintendo Switch. Nous avons subi régulièrement des ralentissements qui nuisent fortement à l’expérience de jeu, surtout lors des phases de combat et de fuite. Combien de fois sommes-nous morts à cause d’un ralentissement qui nous a fait tomber dans de la lave ou un trou rempli de pics ? Nous avons arrêté de compter.
De plus, le level design nous semble ne pas avoir été très bien pensé. Nous sommes régulièrement obligés de faire des allers-retours, et la possibilité de prendre plusieurs chemins n’est en fait qu’une illusion.
Pour ajouter à ces difficultés, la carte dont nous disposons n’affiche pas toujours tout. Ainsi, comme nous ne savons jamais vraiment si nous avons déjà fait un défi lointain, nous nous retrouvons parfois à faire un trajet fastidieux, même avec des possibilités de voyage rapide, pour rien.
Enfin, nous avons été quelquefois étonnés par l’intelligence des ennemis qui restent plantés sagement à ne rien faire en se faisant tirer dessus.
Bref, Tales of Kenzera aurait mérité quelques petits ajustements techniques pour magnifier le reste du travail pourtant très intéressant.
Des graphismes et une bande son au niveau
En ce qui concerne les graphismes, c’est assez beau en jeu mais lorsque nous sommes sur des cinématiques, les défauts apparaissent au grand jour. Mais nous n’en tenons pas rigueur au titre.
Par contre, aucun reproche à faire pour la bande son. La musique réalisée avec des instruments africains vous fera peut-être frissonner de plaisir. Personnellement, nous avons beaucoup apprécié de jouer avec la voix en Swahili, un dialecte africain, afin de nous immerger un peu plus dans l’univers du jeu.
Enfin, annoncé au prix de 20€ sur le Nintendo eShop pour une durée de vie d’environ 8 à 10 heures, Tales of Kenzera saura vous divertir le temps qu’il faut.
Conclusion
Tales of Kenzera: Zau emprunte de nombreux éléments au jeu Ori, mais avec moins de réussite. La narration et l’univers de conte africain apportent un bon vent de fraîcheur au genre metroidvania. La belle bande son et le système de combat sont d’autres points positifs à noter. Malheureusement, les ralentissements et le level design douteux ont refroidi fortement nos ardeurs. En clair, si vous avez écumé tous les metroidvania de la Nintendo Switch, ce jeu saura faire votre bonheur. Tales of Kenzera aurait pu être un excellent jeu de la console de Mario s’il n’était pas entaché par ces quelques problèmes.
LES PLUS
- Le thème du deuil habilement abordé
- Un conte africain interactif
- Une bande son sans accroc
- Un système de combat intéressant
LES MOINS
- Des ralentissements gênants
- Un level design à améliorer
- La carte pas assez claire