Certains films marquent leur génération, et cela, quel que soit l’âge du spectateur. « Chéri, j’ai rétréci les gosses » fait inexorablement partie de ces œuvres. Si sa qualité peut aujourd’hui être discutée (nous restons fans !), il est certain que nous savons tous plus ou moins de quoi il est question, ne serait-ce que par son intitulé. L’idée originale est particulièrement fun et aguicheuse : se voir rétrécir au point de vivre à l’échelle d’un insecte. Une simple goutte de pluie devient alors une bombe à eau énorme, une fourmi devient un moyen de transport considérable, et que dire d’une araignée… ! Les ingrédients sont sensiblement les mêmes avec le titre dont nous allons causer. Soyons honnêtes, nous adorons déjà !
Développé par Obsidian Entertainment, Grounded s’appuie sur une histoire assez légère pour mettre en place son décor attractif : un groupe d’adolescents a disparu, les jeunes sont totalement introuvables et toutes les théories sont possibles. Tandis que les adultes sont en quête du moindre indice susceptible d’aider l’enquête, le joueur est invité à choisir le jeune de son choix et à rentrer dans la peau du personnage, qui se voit réduit à l’échelle du très petit, au beau milieu d’immenses brins d’herbes… Que l’aventure à l’échelle du cloporte commence ! Petit détail amusant : les arachnophobes (celles et ceux qui n’aiment pas fricoter, entre autres, avec les araignées) sont chouchoutés puisqu’il est possible de sélectionner une option qui va aussitôt rendre ces petites bêtes à 8 pattes nettement moins effrayantes. Sympa, et un peu rigolo tout de même !
Haut comme trois moucherons
La partie peut, selon les ambitions du joueur, être tournée vers le multi ou bien rester solitaire.
Débutons notre immersion par le mode solo afin de bien comprendre les mécaniques de jeu et ainsi se sentir pleinement à l’aise sur Grounded avant d’avoir l’audace de jouer à plusieurs. Les plus téméraires comme les plus frileux seront heureux d’apprendre qu’il est possible de paramétrer à peu près tout dans une partie. En effet, plusieurs niveaux de difficulté sont disponibles, mais aussi la possibilité de jouer sans la moindre attaque des insectes, notamment. Oserons-nous reconnaître que nous avons essayé ce dernier paramètre… afin de nous venger à tout va des dizaines d’araignées qui ont su nous ôter la vie sans le moindre scrupule ? Osons… Aaaaaaah tu fais moins la maline là !
Quatre personnages différents sont disponibles : ce sont les quatre ados disparus. Nous sommes le 20 octobre 1990 et tandis qu’un dessin animé similaire à Conan le barbare est diffusé sur la petite lucarne, d’autres projets vous attendent. Réduit à l’échelle d’un bébé fourmi, il va falloir survivre dans ce monde bien différent de tout ce que vous avez connu jusqu’à présent… à moins que vous ne vous remémoriez les films cités précédemment !
L’environnement qui vous entoure est à la fois tellement connu… et en même temps, tellement singulier ! Chaque brin d’herbe devient un arbre, chaque caillou devient une montagne… chaque insecte devient un prédateur potentiel qui ne manquera pas de vous surprendre régulièrement. Dans un premier temps, il est de fait nécessaire d’appréhender au mieux les commandes. Celles-ci peuvent se montrer un peu costaudes de prime abord. Certes, le déplacement est assez intuitif, avec la possibilité de marcher un peu plus vite moyennant la consommation de votre endurance, mais de nombreux outils sont à votre disposition. Une barre d’accès rapide à quelques objets de l’inventaire est disponible en bas de l’écran, mais aussi et surtout un récapitulatif de vos besoins primaires. Bien entendu, vous devez conserver un œil sur ces données : votre faim, votre soif, mais aussi votre santé et votre endurance/énergie. Un petit creux ? Il suffit de manger quelques champignons (pour le moment…). Une petite soif ? Quelques gouttes de rosée feront l’affaire. Une plaie ? Là, attention… chaque petit bobo est à prendre en compte, bien que le jeu ne soit pas nécessairement punitif selon votre degré de difficulté. Néanmoins, il est temps de passer à l’artisanat afin de pouvoir assurer votre pérennité dans cet univers.
Débrouillardise et friandises
L’artisanat mais aussi la construction, occupent une part importante de votre partie. En effet, de nombreuses constructions sont à déverrouiller au fil de votre progression (nous y reviendrons), celles-ci se classent sous différentes catégories : les armes/les outils, l’équipement, les consommables, mais aussi les bâtiments, le mobilier, la décoration… Bien entendu, il est nécessaire de récolter suffisamment de matériaux et de ressources pour mener à bien toutes ces manœuvres. L’installation d’un établi, ainsi que d’une forge, comptera parmi l’une de vos premières activités.
La manipulation des outils n’est pas nécessairement facile : switcher d’une hache à un gros marteau demande le passage dans un menu circulaire pas toujours très agréable et encore moins très rapide. Certes, vous allez prendre le coup de main… mais tout de même, nous aurions apprécié plus de simplicité à ce niveau-là.
Mais ce n’est pas tout… En effet, votre objectif principal n’est assurément pas de rester à la taille lilliputienne… mais bel et bien de rentrer chez vous. A taille humaine ! Pour cela, de nombreux postes de recherches et autres laboratoires sont disséminés sur le territoire (qui n’est autre qu’un jardin !). Ces derniers sont d’une importance capitale puisqu’ils disposent de machines, d’accessoires, de composants et bien d’autres surprises plus ou moins subtiles nécessaires pour un retour à la vie « normale ». Le joueur y trouvera notamment des analyseurs de ressources : une fois scannées, pas mal de babioles de votre besace deviennent bientôt le siège d’un bon nombre de réalisations. Ainsi cette tête de fourmi devient un casque assez fun à caler sur votre petite caboche pour la protéger des aléas de la vie minuscule. L’analyse des ressources permet de gagner de la matière grise, qui au fur et à mesure, fait croître le niveau du joueur et ainsi sa capacité à réaliser de nouvelles recettes en tous genres.
Grâce à ces multiples fabrications, il devient dès lors plus simple de partir à l’aventure : l’équipement est plus coriace face aux attaques ennemis, les armes plus tranchantes, et vos repas de plus en plus engageants. En effet, la cuisine fait, elle aussi, partie intégrante du jeu : les champignons, ça va bien 5 minutes ! Que diriez-vous d’un peu de charançon grillé ? Oh, je suis certaine que vous seriez ravis de croquer à pleines dents dans une grosse chair d’araignée ! Que de découvertes en perspective…
Afin de vous retrouver dans tout ce méli-mélo d’informations (qui peut sembler un peu assommant lors de la première heure de jeu), de nombreuses aides sont disponibles. Les différentes tâches sont affichées au fur et à mesure au sommet de l’écran de jeu, le joueur est averti lorsqu’il se trouve à proximité d’une grosse bête mais aussi d’un poste de recherche. Enfin, le menu général est assez riche en informations. Une carte est notamment disponible : celle-ci devient rapidement indispensable pour avancer plus rapidement. En effet, malgré des environnements changeants, le joueur est le plus souvent entouré d’immensité herbeuses. Apposer sur la carte un repère avant de le suivre tranquillement, voilà qui devrait accélérer les choses. Par ailleurs, la carte dispose de quelques autres repères importants… avec des annotations pouvant être délivrées par le robot BURG. L. Qui, dîtes-vous… ?
Les potos Lilliputiens
Dans cet environnement plutôt hostile, vous ne serez pas vraiment seuls… Certes, de nombreuses bestioles sont à découvrir, avec de multiples facettes en fonction des capacités de chacune. Mais ce n’est pas tout, d’autres entités vous attendent… à commencer par un rigolo petit personnage roboïde que vous découvrirez rapidement au sein d’un laboratoire. Ce dernier, répondant au petit nom de BURG.L, commencera par vous conter un peu votre histoire, que vous serez à même de compléter grâce à de multiples cassettes audios, notamment. Comprenant un peu plus d’où vous venez, il est alors plus facile d’appréhender un retour. Pour se faire, de précieuses puces électroniques sont à collecter dans le jardin. Ces dernières peuvent être assez cocasses à récolter, il va falloir faire preuve d’une grande mobilité pour les atteindre, ne pas avoir peur de grimper au sommet des cimes et prendre quelques risques. Sachez qu’un simple pissenlit s’avère très utile pour planer…
Ce petit robot va aussi vous expliquer un peu le pourquoi du comment des machines qui vous entourent. Ainsi, cette science brute que vous allez récolter est bien utile pour faire quelques emplettes… que diriez vous de compléter quelques quêtes afin d’acquérir toujours plus de science brute ?
Si les dialogues sont en anglais, la traduction française est disponible… pour notre plus grand plaisir !
Quand la prairie devient forêt
Tout le fun de Grounded provient incontestablement de son immersion dans le monde du tout-petit. Cet aspect est globalement très réussi, le paquet de céréales devient énorme, la balle de base-ball un spot incontournable et les rayons laser semblent bien dangereux à l’échelle d’une fourmi ! Les graphismes sur Switch sont corrects bien que certaines textures manquent de détails. Les animaux sont globalement réussis, et nous avons été surpris lors de certaines apparitions… une impression renforcée par une musique qui devient un peu plus stressante.
La progression dans le titre se veut donc agréable, avec un petit temps pour la prise en main. La carte s’avère très appréciable et nous avons fait appel plus d’une fois à la mise en place de repères visuels. Néanmoins, certains passages nous ont semblé assez délicats malgré tout, avec notamment l’escalade sur certaines branches assez périlleuses. La mort est survenue plus d’une fois. Il est alors possible de revenir à un point de résurrection présélectionné. Néanmoins, le sac est à retrouver à l’endroit où le joueur a péri… ce qui peut parfois présenter un danger conséquent dans un environnement très hostile.
Petit bémol : certains temps de chargement sont particulièrement longs. Comptez plusieurs minutes pour retrouver votre partie en cours.
Prenons quelques lignes enfin pour parler du mode multijoueur. Comme à l’accoutumée, il est possible de rejoindre une partie en ligne ou bien d’en héberger une. Il est par ailleurs possible de jouer via des amis sur d’autres plateformes en associant un compte Microsoft. Malheureusement, nous ne sommes pas parvenus à trouver une partie en ligne lors de nos tentatives de connexion. Nous ne pouvons dès lors guère émettre d’avis sur le multijoueur de ce titre.
Grounded est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 40 euros environ.
Le saviez-vous ?
Aux États-Unis, le film « Chéri j’ai rétréci les gosses » fut un carton dès sa sortie. En effet, en moins d’une semaine, les recettes se sont déjà élevées à 20 millions de dollars… pour atteindre un score de plus de 130 millions sur ce territoire. Le tout-petit peut rapporter gros !
Conclusion
Grounded est une belle découverte alliant avec brio une mise en scène originale avec un gameplay réussi et attractif. Réduit à l'échelle d'un insecte, l'aventure se distingue grâce à plusieurs axes principaux : la survie en premier lieu, puis la découverte et la bonne gestion de son environnement avec de multiples constructions à mener afin de progresser pour atteindre l'objectif ultime : rentrer chez soi ! Tout un programme.. La réalisation est globalement réussie avec un environnement volontairement hétérogène mêlant hostilité et découvertes magiques.
LES PLUS
- Une belle idée !
- Une réalisation globale réussie avec des environnements aussi bien dangereux que remarquables par leurs différents éléments bizarrement géants
- Beaucoup d'activités diverses : l'exploration, la construction, le combat, la collecte de diverses ressources...
- La prise en compte des arachnophobes !
- Traduction française disponible
LES MOINS
- Certains temps de chargement sont particulièrement longs
- Les graphismes sont corrects sans être incroyables sur Nintendo Switch
- Nous n'avons pas pu tester les parties multijoueurs.