Sorti sur PC en 2021, suite de Lobotomy Corporation non disponible sur Switch, le postulat était peu attractif pour le jeu de Project Moon. Si on rajoute une couche de non-traduction, ça n’aide pas non plus. Mais visuellement, le jeu est attractif et on aime beaucoup jouer avec des cartes, donc préparez votre plus belle pile de livres, c’est parti pour Library of Ruina !
Je me suis perdu dans une librairie ?
Vous êtes Roland, un fixer (ou mercenaire chez nous), qui se retrouve par hasard dans une bibliothèque. Ou plutôt dans LA bibliothèque. Il rencontre directement Angela, une femme mystérieuse et plutôt directe. Elle lui demande comment il est arrivé ici, ne sachant pas quoi lui répondre, il lui dit qu’il l’ignore. Elle décide alors de tirer sur lui à plusieurs reprises, jusqu’à le tuer. Mais grâce à la « magie » de cette bibliothèque, Roland revient à la vie comme neuf et en pleine forme. Angela nous apprend donc que le lieu est spécial et comme Roland n’a pas été capable d’expliquer comment il est arrivé là de son propre chef, elle va l’obliger à travailler pour elle.
L’univers de Library of Ruina est sombre. Très sombre. Il dépeint un monde violent et angoissant : les hommes s’attaquent entre eux pour voler leurs biens ou pire, leurs organes. Certains iront même jusqu’à remplacer leurs corps par des corps cybernétiques pour plusieurs raisons : la revente de leurs propres organes ou pour n’être jamais fatigué. Mais le tout a bien sûr des effets négatifs. Angela cherche à obtenir le livre absolu. Pour y arriver, elle va demander à Roland de transformer des invités en livres. Oui c’est cruel, mais on vous l’a dit : l’univers est sombre. Pour convier les gens, Angela va envoyer des lettres d’invitation. Lorsqu’une personne en reçoit une, elle ne peut s’empêcher de venir. souvent accompagnée de ses camarades.
L’histoire va s’articuler autour des souvenirs des invités avant leur arrivée à la bibliothèque. L’univers va donc se révéler au fur et à mesure de l’avancement. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait Lobotomy Corporation, mais Library of Ruina étant une suite, il va forcément spoiler l’histoire du précédent jeu.
Livre-moi toutes tes cartes
Les différents invités vont donc nous servir de chapitres et d’avancée dans l’histoire et il y aura pas mal de combats. Ces derniers se déroulent sous la forme de tour par tour. Nous allons lancer un premier dé au début pour définir la vitesse de chaque personne qui participe au combat. Ensuite, nous allons choisir une carte, qui aura un coût entre 0 et 4. L’énergie disponible à chaque tour est aussi tirée au hasard entre 1 et 4 points. Il y a donc une bonne partie de hasard dans le jeu, ce qui va aussi influer sur vos actions. Une fois que vous avez choisi votre carte et votre adversaire, il y aura alors de nouveau des lancers de dés qui vont se faire entre vous et l’adversaire pour savoir si vous passez partiellement, totalement ou pas du tout sa défense. Une composante aléatoire bien trop présente, ce qui peut frustrer.
Mais en plus de jouer avec le hasard, il va falloir composer avec votre personnalisation avant un combat. Quand vous battez un adversaire, il se transforme alors en livre. Ces livres servent à la fois à lancer des combats et à avancer dans l’histoire, mais aussi à être brûlés. Si vous brûlez un livre, vous allez récupérer des pages de ce dernier. Il y en aura 2 types : une qui va représenter un personnage (il servira de « classe » à notre protagoniste) et l’autre qui sera les cartes de deck.
Si au départ nous n’avons qu’un « libraire », plusieurs débarqueront par la suite, malheureusement sans histoires. Il faudra alors les équiper. Mais rassurez-vous, brûler un livre vous donne plusieurs cartes/classes avec un système de rareté. La création de deck est aussi plutôt simple : vous ne pouvez emporter que 9 cartes. Il faudra cependant vérifier avant chaque combat les forces et les faiblesses de vos adversaires pour les contrer et profiter d’un avantage certain. C’est une sorte de Pierre/Feuille/Ciseaux à la Fire Emblem.
Où ai-je mis mon bouquin ?
Le jeu est pensé pour le PC, ça saute aux yeux. Si la partie dialogue et novel est plutôt adaptée (normal on appuie que sur A), on souffre dès qu’il faut jouer. On cherche en permanence notre curseur et on doit tout le temps alterner avec les gâchettes pour changer de lieu. De plus, la plupart des dialogues totalement en anglais (et avec des fautes d’orthographe) sont bien trop petits. Si la partie visual novel est lisible en dehors, il faut se munir d’une loupe à l’ancienne comme sur la grosse Gameboy.
En revanche, le côté visuel est plutôt chouette, si on adhère à ce parti pris un peu spécial et à cette ambiance sombre, torturée, voire glauque. Le jeu n’est pas manichéen, mais souffre de facilité de scénario. On voit les ficelles et l’endroit où on doit être emmené bien trop facilement. En revanche, les musiques sur fond de jazz sont sublimes. Nous avons adoré les différentes pistes qui composent chaque étage de cette bibliothèque.
La durée de vie sera plutôt très élevée (actuellement howlongtobeat nous indique une moyenne de 120 heures). De notre côté, le jeu nous est un peu tombé des mains après plusieurs heures tant nous avons été largués. La difficulté est totalement dosée au doigt mouillé, nous avons roulé sur les 3 premiers chapitres qui contiennent très peu de combats pour se retrouver face à des phases de jeu bien trop longues pour ne pas être ennuyeuses. On se retrouve régulièrement face à des murs et des adversaires qui nous éclatent en quelques tours, pour juste après de nouveau rouler sur le jeu, ce qui est assez insupportable. Il devient presque jouable quand on regarde les astuces et les deck proposés sur internet. Se demander s’il ne faut pas tanker le jeu durant des heures pour réussir à sortir quelque chose de potable lui fait perdre tout son charme. Entre cette difficulté mal dosée et l’interface abominable sur Switch, saupoudré d’un jeu entièrement en anglais, avec des mots et des expressions pas forcément accessibles à tout le monde, la sensation d’amusement est vraiment gâchée.
Library of Ruina est disponible sur l’eShop au prix de 35 euros.
Conclusion
Library of Ruina est sûrement un très bon jeu pour les acharnés de l’optimisation, mais il n’aura pas réussi à nous séduire, malgré des graphismes plutôt agréables, une superbe bande-son et le côté deckbuilding. Son équilibrage aux fraises, sa maniabilité infâme sur switch, le côté aléatoire en permanence, et son anglais soutenu plein d’erreurs ont eu raison de notre patience et de notre plaisir. En plus, le premier jeu n’est pas disponible sur Switch. Cela n’aide pas à accrocher à cet univers attractif, mais complexe. Il est donc difficile pour nous de vous le conseiller. Cependant, nous savons qu’il a déjà une grande base de fans sur PC. Il est donc forcément conçu pour un public, dont nous ne ferons pas partie.
LES PLUS
- La musique d’intro est super bien !
- Les musiques jazzy sont vraiment tops !
- Visuellement intéressant
- Une histoire sombre et glauque qui se distille au fur et à mesure
- Il y a des cartes
LES MOINS
- L’équilibrage est horrible
- Les tutoriels, en plus d’être compliqués, comportent des fautes de frappe
- Tout est dans un anglais pas facile d’accès
- Trop d’aléatoire tue le plaisir de jeu
- Une maniabilité pensée pour le PC et assez horrible sur Switch
- Des textes trop petits en dehors des phases de novel
Plus juste que le critique anglais, mais quand même, je vous regarderai en français
35€, j’ai recraché mon café en voyant le prix.
Et je ne bois même pas de café.