Les joueurs nés avant le début des années 80 se souviennent avec nostalgie de l’arrivée de la première Playstation en 1995, une console qui s’adressait aux jeunes adultes comme eux et qui proposait des jeux matures !!! Po’ed a fait partie de ceux-là, avec ses couleurs criardes, ses armes en forme de poêle à frire et sa 3D révolutionnaire pour l’époque. Et ça donne quoi aujourd’hui ?
La soupe aux choux
PO’ed Definitive Edition est le remake d’un jeu de tir à la première personne sorti fin 1995 sur la console 3DO et sur Playstation un an plus tard. Il s’agit d’un shooter frénétique dans la lignée de Doom sorti deux ans auparavant. On incarne le cuistot d’un vaisseau spatial, seul rescapé d’une attaque d’aliens. Et c’est donc armé de notre poêle à frire que l’on va commencer à dézinguer des monstres. Très vite, on passe au couteau de boucher puis à des blasters, des lasers, des lanceurs de boules de feu et autres armes de l’espace.
L’histoire de Po’ed tient sur un post-it, il va falloir traverser une bonne vingtaine de niveaux, tuer un maximum d’aliens et trouver la sortie pour atteindre le niveau suivant. C’est frénétique, le rythme est soutenu, les monstres sont affreusement moches et poussent des cris stridents tout en nous crachant dessus de la morve acide et autres joyeusetés.
La difficulté est très vite relevée, heureusement, au moment de lancer le jeu, on peut choisir : j’aime regarder (facile), j’ai plus de 30 ans et j’ai un peu d’arthrite aux doigts (moyen), je mange de la bidoche (difficile) et je viens de cauchemar en cuisine (très difficile). On peut dire qu’on savait rigoler à l’époque !
Le bestiaire ennemi est plutôt bien fourni, entre animaux qui volent, petites bêtes teigneuses qui courent au ras du sol, robots, araignées mutantes, avec une mention spéciale pour les animaux qui ressemblent à des poulets déplumés qui courent sur deux pattes et crachent des nuages marrons depuis un orifice douteux…
Cauchemar en cuisine
Le panel d’armes est bien fourni, mais il va falloir économiser les munitions et se précipiter pour les récupérer à chaque fois qu’on en trouve dans un niveau. Même chose pour la vie qui part rapidement, sachant que les ennemis nous foncent dessus ou nous balancent des boules de feu et autres amusements de façon très régulière. On peut aussi récupérer un peu de vie quand on passe sur le cadavre d’un monstre que l’on vient d’occire, c’est toujours bon à savoir.
Dans PO’ed Definitive Edition, les déplacements se font pieds nus ou en chaussures pour commencer. L’avantage des chaussures c’est qu’elles permettent d’aller très vite, donc de plus rapidement esquiver les balles, mais elles ne sont hélas pas très précises. Après quelques niveaux, on obtient un jet pack qui va nous permettre d’atteindre les zones en hauteur car c’est une particularité du jeu, il optimise au maximum les trois dimensions.
Le design des niveaux joue donc d’une part sur le côté labyrinthique des niveaux, notamment parce que les textures des sols et des murs ne sont pas très nombreuses et qu’on a du mal à se repérer quand tous les couloirs se ressemblent. Et d’autre part, le design joue sur la hauteur. Il y a de nombreuses plateformes à atteindre, les ennemis qui volent peuvent aller très haut, charge à nous de les poursuivre ou de tenter de les abattre depuis le sol. On a accès à une carte du niveau ou tout est représenté en fil de fer. Ce n’est pas forcément très lisible comme système mais ça a le mérite d’exister.
Pour finir, il faut bien parler de ce qui fâche : les graphismes et le son. Pour les graphismes, on retrouve quasiment le jeu dans son jus d’origine, avec une très belle 3D d’il y a trente ans. Ce n’est pas fin du tout, les motifs se répètent à l’envi, et les effets de vitesse associés aux couleurs criardes et aux décors anguleux donnent très vite mal aux yeux. Pour ce qui est de la bande-son, entre les cris des monstres, le bruit des armes, les cliquetis quand on récupère de la vie ou des munitions, c’est resté vraiment très sommaire.
PO’ed Definitive Edition est disponible sur l’eShop au prix de vingt euros.
Conclusion
PO’ed Definitive Edition est le FPS cool du milieu des années 90 avec tout ce qui plaisait à l’époque. Un bestiaire monstrueux, un rythme frénétique, des armes cools, des couleurs vives qui clignotent, des bruitages assourdissants. Le problème c’est que trente ans plus tard, le côté cool est devenu ringard et le genre du FPS a vu tellement de nouveaux jeux arriver sur le marché, qu’au milieu de ce choix pléthorique, PO’ed Definitive Edition ne tire vraiment pas son épingle du jeu. Il plaira peut-être aux joueurs plus anciens qui voudront retrouver des souvenirs de jeunesse, mais la madeleine de Proust est un peu rance aujourd’hui. Les jeunes joueurs, hormis les fan du genre FPS à l’ancienne ou fan de rétrogaming, passeront leur chemin car on trouve bien mieux dans le genre sur le magasin en ligne de Nintendo.
LES PLUS
- Un côté madeleine de Proust
- Un rythme effréné
LES MOINS
- Des graphismes datés
- Des bruitages horribles
- Une maniabilité très old-school