Connaissez-vous Jordan Mochi ? Non ? Eh bien, c’est un jeune australien, étudiant en histoire à Melbourne, qui a décidé en 2017 de s’essayer à la création d’un jeu vidéo en solo. Et il s’est lancé dans le développement d’un jeu basé sur la Première Guerre mondiale, trop négligée en jeu vidéo selon lui, et le tout en pixel-art. Cela lui a pris beaucoup de temps et voilà que sept ans plus tard, Conscript débarque sur Switch. Mais est-ce que cette belle histoire a abouti à un bon jeu ?
T’as voulu voir Verdun et on a vu Verdun
Conscript est un survival-horror en pixel-art dans lequel le joueur incarne André, un jeune soldat français. André est en poste à Verdun en juillet 1916 au cœur d’une des batailles les plus meurtrières de l’Histoire. Il va devoir survivre à la guerre mais avant toute chose, il faut qu’il retrouve son frère, Pierre. L’exploration commence. La caméra est en vue du dessus, ce qui signifie que le joueur voit le niveau qu’il parcourt et les environnements, comme s’il regardait un plan ou une carte. Cette vue permet au joueur de planifier ses mouvements et ses actions dans les niveaux, tout en explorant les lieux et en repérant les ennemis.
L’exploration est souvent longue et parfois fastidieuse mais la possibilité d’avoir accès à une carte à tout moment est vraiment utile. Le jeu propose quatre niveaux de difficulté : entraînement, recrue, soldat et vétéran, ce qui influe sur la santé de notre héros, mais aussi sur le nombre d’emplacements dans l’inventaire. Conscript propose aussi deux choix concernant les sauvegardes : d’abord, un nombre de slots limités pour sauvegarder et ensuite la possibilité d’avoir ou non des points de contrôle.
Sachant que les risques de mourir sont très élevés, au moins autant que pour un poilu pendant la bataille de Verdun, les points de contrôle ne sont pas de trop. Quant à l’inventaire, semblable à celui d’un Resident Evil, il se remplit très vite. Heureusement à certains endroits, on trouve des coffres dans lesquels on peut laisser des objets. Mais le choix est toujours cornélien, on laisse de la poudre à canon ou de l’essence, une pelle ou une baïonnette, une grenade ou des munitions de fusil. Des choix qui pourront très vite s’avérer cruciaux. On se mord les doigts d’avoir laissé une grenade qui aurait pu nous débarrasser d’une horde de rats un peu plus loin.
Conscript se déroule en six chapitres entrecoupés de petits intermèdes bucoliques dans lesquels notre héros se retrouve dans sa maison d’enfance à l’époque où il n’y avait pas encore la guerre. Ces moments de nostalgie renforcent par opposition le côté horrible de l’histoire et de ce temps passé dans des tranchées insalubres entre des cadavres alliés et ennemis, des rats, du gaz, des bombardements. L’horreur dans le jeu est présente par la guerre en elle-même, la peur des bombardements d’artillerie qui fait trembler l’écran et détruisent les tranchées, la peur des gaz qui ont une couleur jaunâtre et qu’il faut éviter à tout prix, la peur d’entrer dans une casemate et de tomber sur un groupe de soldats allemands, la peur pour sa vie tout simplement.
T’as plus aimé Verdun, on a revu Verdun
Le jeu demande une gestion attentive de ses munitions qui sont en nombre très limité. Le joueur trouve des cigarettes çà et là qui pourront lui servir de monnaie d’échange au niveau des points de sauvegarde. Là, un poilu attend, prêt à échanger des objets contre des cigarettes ou l’inverse. Il peut aussi améliorer les armes en notre possession mais tout cela à un coût souvent très élevé.
Attention à la miniature du jeu avec son soldat allemand masqué qui tient une massue hérissée de points avec des flammes en arrière-plan car elle ne donne pas une idée juste de ce qui nous attend. C’est un jeu de survie et d’exploration plutôt lent par moment, avec pas mal d’allers-retours. Quand on se heurte à une porte fermée à clé, celle-ci apparaît en rouge sur notre carte. Il faudra donc y revenir une fois la clé en notre possession. Les cartes de chaque niveau sont très étendues et on se perd souvent quand on ne fait pas attention à nos trajets.
Un petit point noir est à noter concernant Conscript, c’est la maniabilité des armes. On vise avec la gâchette gauche et on tire avec la gâchette droite tout en dirigeant notre mire avec le stick gauche. Quand on se retrouve avec plusieurs ennemis face à nous, il est difficile de se sortir du pétrin et la maniabilité devient un peu confuse. Il est toujours possible d’effectuer une roulade pour esquiver les coups, mais c’est plutôt ardu et aléatoire. De plus, certaines armes nécessitent d’être rechargées entre chaque coup de feu tiré. Donc il faut bien penser à tout de suite recharger après avoir tiré sous peine d’une grosse désillusion face à l’ennemi suivant.
Graphiquement, Conscript propose un pixel-art très réussi qui arrive bien à retranscrire la violence et la dureté de cette guerre. Les objets à ramasser sont indiqués par un petit effet brillant qui fait qu’on peut difficilement les rater. De temps à autre, notre personnage tombe sur des affiches de propagande, les mêmes que celles dans les manuels d’histoire de France. Cela montre le souci du détail et le véritable intérêt que porte le développeur à cette guerre. Les musiques qui accompagnent le jeu sont aussi particulièrement réussies, sombres et mélancoliques, un peu comme dans un Silent Hill.
Conscript est disponible sur l’eShop au prix de vingt-deux euros environ.
Conclusion
Conscript est une excellente surprise. Sachant que ce jeu a été développé par un seul homme, on ne peut qu’être bluffé par la qualité du titre. L’histoire est prenante, le parti-pris du pixel-art permet de faire passer des émotions et des sentiments bien mieux qu’un jeu photo-réaliste, le tout soutenu par une musique d’ambiance très réussie. Conscript est un grand et beau jeu qui offre des heures de gameplay et une bonne rejouabilité car il existe plusieurs fins différentes.
LES PLUS
- Une très belle histoire
- Un pixel-art réussi
- Une musique prenante
- Des fins multiples
- Une aventure à l’ancienne
LES MOINS
- Beaucoup d’allers-retours
- Un système de tir approximatif