Le studio Chibig est connu pour ses jeux relaxants bénéficiant d’une histoire et d’un univers toujours intéressant. Cette fois, les développeurs se sont lancés dans une simulation de livraison de colis par une petite sorcière. Prenez votre plus beau balai, il est temps de s’envoler pour livrer !
Les studios Chibig
Commençons par un rapide retour en arrière à propos du développeur. Depuis 2016, les studios Chibig proposent des jeux mais pas que… En effet, chacune de leurs aventures font partie du même univers. Ce dernier s’est rapidement élargi avec la sortie de Deiland : Pocket Planet et Summer in Mara. Proposés d’abord sur Kickstarter, c’est grâce au soutien massif des joueurs que ces titres ont pu être financés. C’est d’ailleurs également le cas pour Mika and The Witch Mountain dont nous allons vous parler un peu plus bas. La philosophie de chacun des jeux imaginés par Chibig est de « créer des endroits où les joueurs peuvent se sentir en sécurité et se détendre, en transmettant des valeurs d’empathie, de nature et de respect. »
Mika and the Witch Mountain a suivi le même chemin. Fruit d’un Kickstarter largement réussi en mars 2023 (plus de 24 000 contributeurs et 1 300 368 euros récoltés), la petite sorcière a su séduire les joueurs avant même d’être disponible. Comme quoi, les studios Chibig bénéficient d’une réputation solide. C’est donc un peu plus d’un an après que les joueurs peuvent enfin mettre les manettes sur ce simulateur de livraisons faites par une sorcière.
Bienvenue chez Amazing Deliveries !
N’y allons pas par quatre chemins. L’histoire de Mika et la Sorcière de la montagne n’est pas sans rappeler celle d’une certaine Kiki des studios Ghibli. En effet, la trame principale ressemble furieusement aux aventures de la petite sorcière imaginée par Hayao Miyazaki (avec quelques subtilités tout de même). Mika est donc une apprentie sorcière qui rêve d’intégrer l’école de sorcellerie située sur le mont Gaun et tenue par la vieille sorcière Olagari. C’est ainsi que la petite sorcière est déposée au sommet de la montagne par sa maman, avec une lettre de recommandation et toutes les fournitures nécessaires pour faire sa rentrée. La première petite chose qui fait plaisir dans cette introduction est la petite animation que nous pouvons visionner pour nous le raconter (même si les vidéos sont muettes). C’est donc armée de sa lettre de recommandation (et de tout son aplomb) que Mika se retrouve face à la vieille Olagari. Cependant, tout ne va pas se passer aussi bien que prévu et Olagari juge qu’il est encore trop tôt pour que Mika débute son apprentissage. Elle décide alors, sans autre forme de procès, de la jeter du haut de la montagne… Notre vaillante petite sorcière s’en sort heureusement indemne, mais ce n’est pas le cas de son balai qui se retrouve brisé après cette énorme chute. Mika retrouve donc le plancher des vaches (et des baigneurs) de la petite île d’Orilla, mais dans son malheur, elle fait rapidement la connaissance d’Allegra, une experte en réparations qui propose tout naturellement de réparer le balai brisé afin que Mika puisse retourner dire deux mots à la sorcière du mont Gaun.
Toutefois, la tâche ne sera pas si aisée, car malgré les réparations d’Allegra, le balai de Mika n’est pas assez robuste pour retourner au sommet. Mais Allegra propose à Mika de l’améliorer contre un peu de monnaie. Lasse car sans le sou, la nouvelle amie de Mika lui suggère alors d’aller à la rencontre de Greff, le responsable d’Amazing Deliveries qui pourrait avoir du travail à lui proposer. C’est le début d’un enchaînement de livraisons.
Sur un air de WindWaker et de Ghibli…
Mika et la montagne de la sorcière est donc une simulation de livraison de colis en 3 dimensions. Si vous aimez les « quêtes Fedex », vous allez clairement adorer ce jeu ! Vous commencez donc votre première mission chez Amazing Deliveries, sous la direction de Greff. Pour vous déplacer rapidement, vous pourrez compter sur votre balai magique. Mais nous vous rappelons qu’il a été endommagé et que malgré les réparations, il n’est plus aussi performant qu’avant. Les phases de vol se déroulent comme suit : on appuie sur Y pour que Mika enfourche son balai, celui-ci prend légèrement de la hauteur. Il est toutefois possible de faire un petit bond en l’air, mais le balai sera ensuite inévitablement attiré vers le sol. Pour prendre de la hauteur, il faudra alors compter sur les courants ascendants (très nombreux sur l’île). Il n’est donc pas possible de voler librement ou de faire des loopings, cependant, on se fait assez rapidement à cette subtilité de gameplay, même s’il est parfois un peu contraignant de devoir retrouver un courant ascendant pour reprendre de la hauteur et atteindre un objet que l’on aurait oublié un peu plus haut.
Rassurez-vous, au fil de vos livraisons (et de l’argent gagné), Allegra apportera quelques améliorations à votre balai, vous rendant capable de porter plus d’un objet en même temps, mais aussi de prendre un peu plus de hauteur jusqu’à atteindre le sommet du mot Gaun, votre objectif final.
Outre le vol, il est également possible de faire évoluer notre petite sorcière à pieds et de faire quelques sauts. Néanmoins, ne nous leurrons pas, c’est sur votre balai que vous évoluerez la plupart du temps.
Les livraisons sont donc au cœur du gameplay, mais il ne s’agira pas seulement de faire arriver le paquet à bon port sans l’abîmer, le mouiller, ou alors dans un temps limité (un classique du genre). Non, car derrière les livraisons se cachent des personnes et surtout leurs histoires. Le plus plaisant est l’échange que l’on peut avoir avec la sympathique galerie de personnages qui habitent l’île. On prendra d’ailleurs plaisir à en retrouver certains issus des précédentes productions Chibig, comme Brram ou encore Mun et même Koa ! (l’héroïne de Summer in Mara et Koa and the Five Pirates of Mara). On regrette un peu de ne pas pouvoir interagir avec tous ces derniers…
Par contre, au-delà de la simple livraison, chaque personnage avec lequel on interagit possède une histoire, qu’il partage avec nous (donnant un petit côté visual novel) et nous explique pourquoi tel colis, d’apparence insignifiante, représente beaucoup pour lui. Il y a un beau travail d’écriture pour chacun (même si pour certains, les histoires sont un peu convenues) et cela donne à l’univers un côté plus « vivant » !
Par monts et par vaux
Vous l’aurez compris, la véritable richesse du titre se trouve dans ces interactions et dans ces phases d’exploration de l’île pour trouver les bons destinataires. L’île, parlons-en d’ailleurs… Honnêtement, visuellement c’est un vrai plaisir de la parcourir, le rendu cell shading façon Wind Waker permet à l’ensemble de très bien passer, que ce soit en portable comme en docké. D’ailleurs, l’île rappelle un peu l’exploration dans Wind Waker. Par contre, le petit inconvénient de Mika and the Witch’s Mountain est qu’il n’y a qu’une seule île à explorer et vous pourrez en faire le tour en 3 minutes chrono (bon sans aller dans les moindres recoins, ni jouer sur la verticalité, mais quand même)… En fait l’un des plus gros défauts du jeu est sa durée de vie. Comptez un peu moins de 4h pour voir la fin du jeu (au bout du 4ème jour). C’est peu, même si après la résolution des livraisons principales, il vous restera 16 livraisons mystères à effectuer. Mystères dans le sens où il s’agira d’objets que vous trouverez au gré de vos explorations et qu’il faudra ensuite déposer à la personne qui vous semblera être le bon destinataire. Généralement, chaque objet trouvé est accompagné d’une description qui vous permettra de déduire relativement facilement la personne à laquelle il appartient.
Cependant, ces objets ne sont pas tous évidents à trouver et c’est grâce à cela que la durée de vie du jeu augmente légèrement. Passée la quête des objets mystères à livrer, il y a également ceux à collectionner. Des petites statuettes que vous pourrez échanger contre des porte-clés ou des nouvelles tenues pour notre sorcière bien filoute. Au gré de vos explorations, vous pourrez également découvrir des nouvelles trainées pour votre balai (plus un gadget cosmétique qu’autre chose). Il est également possible de compléter un jeu de tarot (très joliment illustré) en brisant des pots géants disséminés un peu partout sur Orilla. Par contre, il est compliqué de les faire exploser. Il faudra prendre de la hauteur avec le balai et se laisser tomber sur les pots, ce qui n’est pas toujours évident. Il s’agit là des rares passages qui nous ont fait rager (on aurait préféré faire une attaque tourbillon dans le pot pour le réduire en morceaux).
Mais c’est dans ces moments qu’on réalise la seconde promesse du jeu : une expérience zen, propice à la détente, ce qui est tout à fait le cas. Nous réalisons alors que nous avons accompli l’ensemble du jeu, sans avoir de vilains boss à affronter dans des combats aériens dantesques. Alors oui, certains personnages ne sont pas gentils (et on regrette d’ailleurs un peu que cet aspect ne soit pas creusé davantage) mais l’ensemble du jeu se parcourt dans la bienveillance. Mika est là pour rendre service aux gens, pas pour les blesser. Finalement, on se prend au jeu sans trop le réaliser et on enchaîne les livraisons entre deux excursions autour de l’île en se laissant bercer par l’excellente bande-son, très cinématographique. Il est vrai qu’on aurait adoré pouvoir étendre les services de livraison sur d’autres îles à la rencontre de nouveaux personnages… Peut-être que Chibig prévoit cela dans d’éventuels DLC ? (même si ce n’est pas dans les habitudes du studio)…
Mika and The Witch’s Moutain est disponible sur l’eShop au prix de 19,99 euros.
Conclusion
Pas forcément le jeu de l’année, Mika and the Witch’s Moutain est en tout cas un jeu dont la description n’est pas trompeuse ! Ce dernier-né des studios Chibig est à l’image des précédents : très joli, proposant un univers auquel on adhère assez vite et surtout véritablement relaxant. Il n’en demeure pas moins que nous sommes clairement dans une simulation de livraison façon quête Fedex avec un balai volant. Malgré tout, l’ensemble passe assez bien de par la plénitude des environnements traversés, la bande-son de qualité et la maniabilité plutôt intuitive. Tout est fait pour se détendre, ne pas s’énerver et de ce point de vue là, le jeu réussit son pari. Reste néanmoins une durée de vie un peu courte, même si encore une fois, le voyage reste plaisant…
LES PLUS
- L’univers, les personnages rencontrés et leurs histoires
- Les cinématiques en animation
- Très joli en mode portable comme en docké
- Le côté reposant du jeu
- Accessible à tous
- Très joli et plaisant à parcourir
- Le chien à caresser
- Textes en français !
LES MOINS
- La durée de vie
- La petite taille de l’île (on aurait voulu en visiter d’autres !)
- L’histoire assez convenue
- Quelques éléments non-traduits
- Quand on sort du mode veille, les Joy-Con ne sont parfois pas reconnus tout de suite.