Ceiba est le deuxième jeu des russes de Wirion. Leur premier, Athanasy, nous avait laissé avec une impression mitigée. Leur visual novel avait des qualités mais il n’arrivait ni à sortir de l’influence de son inspiration, Brazil, ni à proposer une structure dramatique assez solide pour captiver le lecteur jusqu’au climax. Est-ce que Ceiba arrivera à gommer les défauts de leur premier opus ? Le jeu est disponible sur l’eShop depuis le 1er février 2024 au prix de dix euros.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau courant en anglais est nécessaire pour jouer à Ceiba.
Un visual novel de science-fiction
Ceiba est un visual novel de science-fiction. Nous incarnons des créatures mi-humaines mi-plantes qui vivent dans un arbre. La société est très hiérarchisée et ressemble même à un système de castes : les chefs traînent ensemble et méprisent leurs subordonnés alors que les moins puissants doivent subir l’opprobre en silence.
Dans ce monde, nous jouons Ayn, une petite main du service de biologie. Nous sommes un jeune homme passionné par les humains, ces créateurs que nous n’avons jamais rencontrés.
Nous lisons en long et en large l’immense collection de livres humains laissés par nos concepteurs. Nous lisons tellement que nous sommes mêmes capables de comprendre et de parler la langue humaine.
Ayn est un homme plutôt plaintif et associal qui rêve de trouver l’amour. Il y a cette fille qui lui plaît, Miri, avec ses grandes oreilles de lapin et son côté mystérieux. Il la croise tous les jours à la cantine mais il n’a jamais osé lui parler.
Notre histoire débute, après une présentation brève des lieux et de l’univers, au moment où Ayn décide de parler à Miri. Le courant ne passe pas très bien, et pourtant, quelques jours plus tard, Miri lui confie l’un de ses plus grands secrets : elle entend une voix humaine qui l’appelle hors de l’arbre…
Nous voilà plongés dans l’aventure : allons-nous aider cette fille, très jolie peut-être, mais qui semble quelque peu lunatique ou bien allons-nous vivre comme si de rien n’était, sachant que l’aider reviendrait à briser les règles de l’arbre ?
Le gameplay de Ceiba est simpliste. Nous allons suivre une histoire et nous allons juste avoir quelques choix parfois à prendre. Il suffit de cliquer sur un bouton pour passer les dialogues ou alors, en mode portable, à appuyer sur l’écran (le jeu est tactile).
Une écriture intéressante…
Par rapport à Athanasy, Ceiba a une structure bien plus maîtrisée et réussie. Les scénaristes ont arrêté les choix certes radicaux mais qui perdaient le lecteur, permettant à la narration de gagner en cohérence.
L’histoire est agréable même si elle n’est pas transcendante. Nous la suivons avec un intérêt léger et quand le dénouement arrive, nous sommes un peu en train de nous dire « ah, c’est fini ».
Car si l’histoire est sympathique, l’écriture des personnages et des dialogues manque de consistance pour nous captiver. Le protagoniste, Ayn, est plaintif, passif, et se retrouve peu intéressant.
Certains dialogues sont intéressants, dès qu’il y a du conflit, mais nous nous retrouvons bien trop souvent face à des longs monologues d’auto-apitoiement ou explicatifs, même lors des passages qui devraient être captivants pour le lecteur.
Même si certains passages sont longs et ennuyeux
Cette écriture nous empêche d’être en empathie avec les personnages, or ce sont grâce à eux qu’un lecteur réussit à s’intéresser à l’histoire.
Ceiba reste quand même un visual novel de bonne facture qui se lit assez facilement, à condition que vous ne cherchiez pas trop d’interactivité.
Nouveauté pour les développeurs, mais Ceiba possède dorénavant un doublage intégral en russe. Malheureusement, ce doublage est assez pauvre et les comédiens sont mal dirigés. Tous les personnages ont une voix monocorde et ne proposent que peu de variations dans leur jeu.
C’est dommage car ce doublage pénalise Ceiba. Nous avons vraiment la sensation que les acteurs ne savent pas ce qu’ils doivent jouer et nous nous retrouvons avec des dialogues non-incarnés. Malgré tout, cela fait toujours plaisir d’avoir un doublage.
Ceiba n’est pas traduit en français. Il faut un niveau courant en anglais pour se débrouiller et comprendre des termes qui peuvent parfois être compliqués, même pour des anglophones aguerris.
Une direction artistique réussie
L’histoire est assez courte (trois à quatre heures) mais pour dix euros, c’est un ratio qui reste intéressant. La rejouabilité est assez limitée car une fois l’histoire terminée, il n’y a pas vraiment d’intérêt à découvrir les autres fins.
Les graphismes sont plutôt réussis même si la sexualisation à outrance de tous les personnages féminins est totalement superflue. Il y a une patte et un univers graphique cohérents qui se dégagent dans Ceiba.
Certains gros plans sont parfois maladroits et nous sortent du récit car ils ne respectent pas la règle des trente degrés (dans laquelle il faut changer l’axe du plan d’au moins trente degrés pour éviter d’avoir une sensation de « saute » à l’image).
La bande-son est réussie. L’ambiance électro est de bon goût et permet de nous plonger parfaitement dans l’ambiance. Les musiques sont une des forces de Ceiba.
Ci-joint, une vidéo de quinze minutes réalisée par nos soins vous montrant un peu le gameplay.
Conclusion
Ceiba est un petit visual novel sympathique. Malgré des personnages et des dialogues à l’écriture limitée, nous passons un moment assez agréable dans cet univers de science-fiction. Les graphismes et la bande-son sont eux aussi réussis et nous aident à l’immersion. Le doublage n’est cependant pas au niveau et attention, le jeu n’est pas traduit en français.
LES PLUS
- Un visual novel agréable
- Un univers de science-fiction intéressant
- Des graphismes réussis
- Une bande-son de qualité
- Tactile !
LES MOINS
- Aucune traduction française
- Des dialogues et des personnages assez plats
- Un doublage pas incarné
- Une histoire agréable mais pas transcendante non plus
- Assez court