Nihon Falcom est un studio du RPG que beaucoup connaissent aujourd’hui grâce à la saga Trails de la série de RPG traditionnelle “The Legend of Heroes” ou grâce à la série d’Action-RPG “YS”. Il faut savoir que le studio a plus de 40 ans d’existence et les anciens connaissent le studio avec la licence Dragon Slayer. Une vieille licence du jeu vidéo connue pour avoir posé les fondations du genre Action-RPG inspirant même des séries très connues de jeux d’action aventure. Une série qui a créé les séries The Legend of Heroes et YS en tant que spin-off à la base mais qui a également donné naissance bien avant à la licence moins connue des Xanadu. En 2014 avec Tokyo Xanadu, le studio annonçait vouloir proposer une autre franchise du jeu de rôle en plus de YS et Trails. Le jeu a presque 10 ans au Japon mais il fait son retour sur Nintendo Switch dans sa version Ex+ que nous avons pu acquérir.
Une nouvelle aventure contemporaine
Contrairement à YS, à Trails et aux premiers jeux Xanadu, Falcom profite de cette volonté de créer quelque chose de nouveau dans leur répertoire de licence et décide de s’éloigner du traditionnel monde médiéval fantastique. Dans Tokyo Xanadu, nous sommes dans une réalité alternative et nous vivons des événements se déroulant dans un Tokyo moderne ayant essuyé un grand séisme dévastateur en 2005. Une catastrophe qui a obligé la capitale japonaise à se reconstruire et nous jouons ainsi des évènements se déroulant 10 ans après le drame en 2015 dans la ville de Morimiya située dans la banlieue de la capitale.
Nous incarnons le jeune lycéen Tokisaka Kou, étudiant assez banal vivant seul et enchaînant les petits boulots après les cours pour nouer les deux bouts. Alors qu’il rentre du travail un soir, il est témoin d’une altercation entre une jeune fille de sa classe Hiragi Asuka et 2 individus louches dans une ruelle sombre de la ville. Alors qu’il décide de s’interposer pour lui porter assistance, tout le monde est englouti dans une faille écarlate. Sans rien comprendre de la situation, nous découvrons que nous ne sommes plus à Tokyo mais dans un genre de labyrinthe médiéval et hostile. Notre objectif étant de trouver la sortie de ce dédale étrange. Dans notre périple, nous finissons par retrouver Hiragi en pleine forme et ses 2 assaillants au sol encerclés par d’étranges créatures.
Alors que notre héros souhaite porter secours à la jeune fille, il la voit manipuler son smartphone pour faire apparaître une arme et détruire les monstres en un clin d’œil. Une fois les lieux sécurisés, le labyrinthe se met à disparaître puis nous nous retrouvons à nouveau en pleine ville dans la précédente ruelle. Hiragi se tourne alors vers nous avec son téléphone et après un flash, Tokisaka Kou est réveillé un matin dans sa chambre par son amie d’enfance Kurashiki Shiori. Notre héros semble avoir une étrange sensation mais ne se soucie aucunement des évènements que nous avons observé précédemment. Shiori ne semble au courant de rien et notre héros suppose que son état de fatigue provient de son retour tardif de travail.
Une nouvelle journée banale reprend pour le jeune lycéen Tokisaka Kou. Malgré les retrouvailles avec ses camarades de classe, ses aînés, les nouveaux étudiants et les professeurs. Lorsque son regard se pose sur Hiragi, un sentiment étrange le traverse et d’étranges images se succèdent dans sa tête. Par ailleurs, cette même journée, Shiori semble distraite par quelque chose. C’est en fin de journée durant sa pause au travail que Kou aperçoit Shiori en panique se diriger dans une ruelle. En la suivant, il l’aperçoit se faire aspirer par une autre faille écarlate et la poursuit à l’intérieur. Alors qu’il retrouve la mémoire sur les évènements de la nuit passée, Hiragi arrive et lui explique qu’il se trouve dans une Éclipse, un autre monde relié à la réalité par d’étranges failles.
Une fois le rapide topo sur la situation effectué, elle demande à notre héros de faire machine arrière pour se mettre à l’abri. Chose que ne peut se résoudre à effectuer notre héros face à son amie d’enfance perdue quelque part dans le labyrinthe. Des monstres les encerclent et alors que Hiragi se prépare à engager le combat, Kou face à son impuissance éveille en lui un pouvoir matérialisant une arme de la même manière que Hiragi via son smartphone. La jeune fille lui explique que c’est un Soul Device, une arme matérialisée par l’âme d’un détenteur et efficace contre les entités d’une Éclipse. Elle-même surprise de voir la tournure des évènements avec Kou, elle l’autorise à l’accompagner et à se battre avec elle dans le labyrinthe. Ils finissent par retrouver et sauver Shiori au plus profond du complexe.
Tokyo Xanadu Ex+ présente ainsi une aventure entre heroic-fantasy et Tokyo moderne d’une belle quarantaine d’heures voire plus selon la manière de jouer de chacun. Le jeu est initialement sorti sur une console portable totalement oubliée de la concurrence avant de revenir en une version définitive incluant DLC, scénario supplémentaire et de nombreuses options de confort. Ce retour sur Nintendo Switch est ainsi un portage de cette version définitive sorti depuis un moment au Japon et enfin localisé en occident. Ceci étant dit, nous parlons toujours d’une localisation uniquement en anglais qui aura toujours du mal à convaincre les fans de RPG francophones malgré toutes les qualités du scénario comme Falcom ont su nous le prouver à travers les récits des Trails ou des YS. Des histoires avec un lore riche, bien développé quitte à casser le rythme de progression.
Trails of YS = Tokyo Xanadu
En poursuivant cette tentative de mélanger YS et Trails sur un monde contemporain, Falcom nous délivre une expérience mêlant exploration de quelques zones de Tokyo moderne, calendrier scolaire et progression sur un univers parallèle fantaisiste. Un mélange qui s’inspire de Atlus et de sa série Persona mais à la sauce Falcom. Il est ainsi drôle de constater les différentes références et clins d’œil à YS et Trails dans la capitale japonaise de Tokyo Xanadu Ex+ avec des posters promotionnels de Trails affichés dans différents coins de la capitale. La fantaisie se montre à travers les cinématiques en lien avec la progression dans le récit ou en traversant les éclipses pour accéder à l’autre monde rempli de monstres.
Sur le monde réel, nous explorons ainsi Tokyo sur différentes zones, nous pouvons interagir avec les PNJ, faire nos préparatifs et nos achats similaires à un Trails ou un YS voire à d’autres RPG. C’est aussi l’occasion de faire le tour des ouvrages du jeu pour développer le lore géopolitique à travers des articles de journaux ou simplement étendre le lore fictif du jeu à travers des récits fantaisistes annexes puis tout autre type d’ouvrages qui plairont aux fans de RPG appréciant lire et aimant les jeux avec un univers riche. C’est aussi l’occasion de parler aux PNJ et éventuellement récupérer des quêtes annexes à effectuer avant de faire progresser la trame du jeu. Des quêtes souvent prétexte à des quêtes fedex et allers-retours tant connus des amateurs de JRPG.
Les interactions et la progression sur le monde réel sont très similaires à ce que nous avons dans toute œuvre de JRPG. La navigation dans les menus est suffisamment confortable pour peu que l’anglais ne se présente pas comme un problème de compréhension. Une présentation en totale cohérence avec l’univers en utilisant le système d’exploitation Niar, un équivalent des smartphones dans l’univers de Tokyo Xanadu. Il y a plusieurs raccourcis d’accès à différentes parties du menu en une pression de touche comme dans un YS ou un Trails. Un bon moyen d’accéder directement à la cuisine, à la map ou encore aux ouvrages du jeu. Il y a également quelques mini-jeux pour éventuellement varier les plaisirs et souffler un peu durant la progression parfois très lente du récit.
Une fois avoir suffisamment respiré durant les phases paisibles de gameplay, il arrive que le scénario ou que des annexes nous amènent à explorer des lieux plus hostiles et remplis d’ennemis. Pour ceux ayant joué à un jeu YS, à part l’agencement des touches, l’expérience est assez similaire en combinant en plus une gestion de Core similaire aux Quartz de Trails. Une gestion de Core qui nous permet de customiser les affinités, les passifs et les techniques des différents personnages du casting. Nous accumulons également des Soul Points pour monter de niveau et débloquer toujours plus de techniques de combat. La gestion des Core est très riche et sur plusieurs niveaux pour enrichir toujours plus l’expérience en avançant dans le jeu.
En comparaison à YS, l’agencement des touches de Tokyo Xanadu est assez contre-intuitive et témoigne d’une maîtrise encore relative de ce que le studio cherchait à faire sur une nouvelle licence d’A-RPG. Une touche d’esquive et de course qui se mélangent, une touche de changement de personnage qu’on aurait certainement préféré avoir sur les croix directionnelles ou encore des combinaisons de touches assez confuses pour faire des X-strike, les Ex-skill ou les skills les plus simples. Nous ne pouvons que recommander de prendre le jeu en main sur plusieurs combats et ne pas lancer d’autres A-RPG pour ne pas perdre la main.
Une fois le gameplay en main, le jeu est assez dynamique et se révèle sympathique à jouer. Entre les différents genres de skill à utiliser contre des ennemis à distance ou au corps à corps, dépendamment également de l’équipement de chacun des membres du groupe que nous pouvons switcher pour maximiser nos combos. Soulignons que les techniques ne sont pas gratuites et que nous les utilisons en consommant notre Skill Gauge. Nous avons également des Strike Points nous permettant d’utiliser des techniques spéciales, les X-strikes. Mentionnons également le X-Drive à utiliser une fois la D-gauge à 100% pour bénéficier d’effet bonus. Associons ça avec des attaques liant plusieurs personnages ainsi que les d’affinités élémentaires classiques dans le genre à exploiter pour maximiser les dégâts sur les ennemis, tout en veillant à limiter ce que nos personnages encaissent.
En attendant un retour plus moderne…
Tokyo Xanadu Ex+ propose une expérience d’Action-RPG qui reste dynamique à notre époque malgré une sortie initiale en 2015. En comparaison aux récents opus de la série YS, il est possible que l’expérience paraisse moins percutante et moins réussie. Au-delà des commandes peu intuitives ou de quelques lourdeurs de gameplay, c’est aussi dans l’animation des techniques ou des personnages que nous sentons le poids des années. Des personnages aux animations de saut ou d’esquive assez raides qui témoignent aussi des origines PS Vita du jeu. Bien que, les donjons ont un level design varié et réussi. Par ailleurs, si nous en venons à parler de la partie technique, le jeu est très convenable sur Nintendo Switch en portable comme en TV.
Nous ne sommes pas spécialistes au point de pouvoir donner des chiffres précis mais le travail de Falcom sur la résolution du jeu semble exemplaire et le framerate est globalement très bon. Les meilleurs noteront les rares chutes de framerate lors des passages demandant un peu plus de ressources. Nous restons sur un portage d’un remake datant de quelques années, même si la résolution et le framerate restent solides, le jeu n’est pas nécessairement une vitrine technique. Ajoutons en plus que Falcom ne sont pas des experts visuels et nous pouvons ainsi remarquer des textures, des modélisations et des rendus assez vieux. Additionné aux défauts d’animation des personnages que nous avons évoqués et nous avons de quoi éveiller quelques souvenirs pour les nostalgiques des productions de la première génération de console HD.
Le découpage du jeu est intéressant et sa présentation façon anime japonais est amusante à voir. Notamment avec une intro se jouant à nouveau à chaque début de chapitre, un peu comme si nous regardions une série et que nous attaquions un nouvel épisode. Alors c’est quelque chose qui ne parlera pas si vous n’êtes pas un fan de série anime ou de série TV mais nous tenions tout de même à le faire remarquer. En parlant d’introduction, c’est une belle chanson de JPOP qui nous accueille et elle est à l’image de l’OST du jeu ainsi que du standard de qualité des musiques des jeux Falcom. Une bande sonore aux thèmes dans des styles très variés entre néo-classique, JPOP ou rock parmi d’autres genres. Les thèmes s’adaptent bien aux différents lieux et moments du jeu.
Tokyo Xanadu ne fait pas nécessairement de sans-faute, il y a quelques thèmes légers qui ne marqueront pas les esprits. Puis l’inspiration JPOP peut ne pas être au goût de chacun. Terminons sur le doublage japonais de très bonne facture qui fâchera les éventuels fans de voix anglaises, inexistantes ici. Comme toute œuvre de Falcom, ne vous attendez pas à avoir des voix à chaque scène du jeu. À la manière de Trails ou YS, les moments les plus importants bénéficient de ce traitement donnant bien plus de poids à certains moments du jeu et de personnalité à chacun des personnages du jeu. Pour le reste, il faudra aimer la lecture pour bien apprécier le jeu et se contenter de l’OST comme d’un fond sonore pour vous accompagner dans les milliers de lignes de texte du jeu.
Tokyo Xanadu eX+ est disponible en physique comme sur l’eShop au prix de soixante euros.
Conclusion
À l’époque, Tokyo Xanadu se présente comme une nouvelle expérience à la frontière des séries Trails et YS. Pour Falcom, il s’agissait de diversifier son offre, en s’inspirant de la thématique scolaire comme d’autres l’ont déjà fait avant. Puis d’y ajouter la richesse d’écriture comme ils ont souvent su le faire jusqu’à présent sur une présentation très pop culture et animation japonaise. Une richesse qui rime aussi avec rythme d’aventure long et maladroitement haché entre longues scènes de discussions et quêtes fedex. À sa sortie initiale, Tokyo Xanadu était un mélange frais proposé par Falcom. Si l’expérience reste sympathique à découvrir en 2024 en version complète sur Nintendo Switch, elle brillera bien moins que les derniers opus Trails ou YS en date avec des mécaniques bien plus modernes et dynamiques. À faire pour satisfaire un manque d’A-RPG en 2024, une envie de découverte d’un jeu Falcom oublié ou une envie de se préparer à une suite teasée par le développeur depuis un petit moment.
LES PLUS
- Une réalisation 3D colorée et propre
- Une belle cinématique d’intro
- Un level design plutôt inspiré
- Techniquement solide en TV comme en portable
- Des mécaniques solides entre YS et Trails
- Un système de combat riche
- Une durée de vie exemplaire dans le genre
- Un récit long, riche en rebondissements et plein d’annexes
- Une OST avec des thèmes dans des genres variés
- Un doublage japonais de très bonne facture
LES MOINS
- Le rendu, les textures, la modélisation d’une autre époque
- La raideur et les vieilles animations des personnages
- Des commandes par défaut peu intuitives
- Fait un peu de peine à côté des récents YS et Trails
- Les fameuses quêtes fedex infernales à faire
- Un rythme de progression haché
- Beaucoup de lecture et de blabla
- Il faut aimer l’ambiance JPOP
- Quelques musiques à oublier
- Pas de doublage anglais pour les occidentaux