S’il fallait définir un jeu en citant ses différentes sources d’inspiration, il y aurait beaucoup à dire concernant Plastomorphosis. En littérature, ce serait 1984 de George Orwell et Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. En cinéma, ce serait Blade Runner de Ridley Scott. En jeu vidéo, ce serait Alone in the Dark, le jeu français d’Infogrames de 1992, mais aussi Silent Hill et Resident Evil. Avec tous ces “Grands Anciens” comme ancêtres, Plastomorphosis est né sous de bons auspices, mais est-ce suffisant pour faire un bon jeu ?
Bienvenue à Silent Evil
Plastomorphosis est un survival-horror à l’ancienne dans lequel le joueur dirige son personnage dans la ville de Modern-City avec une particularité : tous les angles de vue sont fixes. Cela donne l’impression de voir son personnage à travers des caméras de sécurité, ce qui crée une tension immédiate. L’impossibilité de déplacer la caméra provoque la peur des angles morts et de tout ce qui peut se cacher hors du champ de vision. La difficulté du système est que lorsqu’on franchit un certain point hors de vue, on passe à un autre angle de caméra et à un autre point de vue.
Au début, nous avons le choix d’incarner un homme ou une femme. On se retrouve sur un quai de métro désaffecté avec des mannequins un peu partout, de ceux qui servent à présenter les vêtements dans les magasins et une ambiance malsaine, avec des déchets çà et là, des néons qui clignotent et des WC en sale état. En gros, la ville typique que l’on parcourt dans les jeux d’horreur ou d’épouvante.
Plastomorphosis propose deux modes de jouabilité, le mode “Tank” et le mode “Moderne”. Le mode Tank nous met toujours dans la peau de notre héros et on se dirige avec le stick gauche de la console comme si on était lui. Quand on apparaît en bas au centre, il suffit de pousser le stick vers le haut et notre personnage monte. Mais si on apparaît en haut à droite, il va falloir bien réfléchir à comment se déplacer pour ne pas revenir à l’écran de jeu précédent. C’est tout bête, mais ça rappellera sans doute de bons souvenirs aux quadragénaires (et plus).
Le mode Moderne est adapté à la jouabilité actuelle, et peu importe où on se retrouve dans la scène, le déplacement est fluide et intuitif. Dans le même ordre d’idée, les développeurs laissent au joueur la possibilité d’augmenter ou de diminuer la granularité de l’écran. On peut choisir un effet de pixellisation bas, très bas ou par défaut. On a alors l’impression de se retrouver devant une petite télévision cathodique avec des pixels baveux sur l’écran. Tous ces petits trucs s’ajoutent à l’ambiance bizarre et glauque du jeu.
Au revoir Resident Hill
Plastomorphosis étant un hommage aux survival-horror à l’ancienne, on y retrouve tout ce qui a fait le charme de ces jeux comme le scintillement des objets à ramasser qui permet de ne pas passer à côté de quelque chose d’important. Les allers-retours sont très nombreux. Par exemple, on tombe sur une porte close. Ensuite, sur un message nous indiquant d’aller à tel endroit où l’on trouve un morceau de métal, puis un second, qui une fois associés entre eux vont nous permettre d’ouvrir un placard dans lequel on trouvera une clé qui nous permettra d’ouvrir la porte du début.
Un autre détail qui nous ramène des années en arrière, c’est l’inventaire limité à une dizaine d’objets et le nombre très restreint de certains d’entre eux telle que les potions de soin ou les balles. Sachant qu’il faut quatre munitions pour se débarrasser d’un monstre, il n’est pas rare, lorsqu’on affronte plusieurs ennemis en même temps, de tuer les premiers à l’arme à feu et de frapper le dernier à coup de batte pour économiser les balles. La recherche des munitions est à placer au même niveau que celle des indices pour les énigmes : on y passe un temps fou et cela provoque un stress permanent.
Un dernier point qui rend malheureusement le jeu daté, ce sont les animations des personnages, surtout l’héroïne lorsqu’elle court. Elle ressemble à un pantin désarticulé et c’est assez pitoyable à voir, même si ça n’enlève rien à la jouabilité du titre. Sinon, les musiques et l’environnement sonore sont particulièrement bien travaillés et donnent au jeu une atmosphère oppressante, sombre et désespérée. Un point de modernité à relever, qui montre que le jeu est en réalité très actuel, c’est la présence de QR Code disséminés dans les niveaux et qu’il faut flasher avec notre téléphone pour en apprendre un peu plus sur ce qui se passe dans Modern-City.
Plastomorphosis est disponible sur l’eShop au prix de neuf euros environ.
Conclusion
Plastomorphosis est un bon survival-horror à l’ancienne avec tout ce que cela implique : des déplacements lents, de nombreux allers-retours, des énigmes plutôt simples et une durée de vie de cinq à six heures. L’ambiance est là, tant par les graphismes et les sons que par l’ambiance bizarre et angoissante que le titre distille. Amateurs de frissons mais pas frileux pour une expérience old-school, Plastomorphosis vaut le détour.
LES PLUS
- Une atmosphère angoissante
- Des graphismes à l’ancienne
- Des musiques oppressantes
LES MOINS
- Des animations ratées