Annoncé par surprise, Square Enix nous fait la joie de sortir un remake complet de Romancing Saga 2, une licence finalement peu connue du grand public malgré son lancement en 1989 avec la trilogie The Final Fantasy Legend, puis Romancing Saga et Saga Frontier. Peu répandue en Europe, elle a souvent eu le malheur de ne jamais être traduite dans notre belle langue. Mais Romancing Saga 2: Revenge of the Seven, lui, est bien traduit en français et totalement remasterisé par rapport à la version de 1993.
L’ancêtre de mon ancêtre est mon ancêtre
Léon, roi du royaume d’Avalon, a deux fils, Victor et Gérard. Si Victor est déjà un guerrier aguerri, Gérard, le plus jeune, est bien plus adapté à la gestion d’un royaume. Stratège, il n’est pas forcément le plus débrouillard quand il s’agit de se battre. Mais un jour où le roi sentit que Gérard était en demande, il l’emmena se battre dans une grotte. La mission se déroule plutôt tranquillement, mais c’est lors de son retour en ville que tout bascule. Cette dernière a été attaquée par Ksinssie, qui est l’un des Sept Héros légendaires. Difficile d’y croire, mais force est de constater que tout est à feu et à sang et que Victor est mort. Ni une ni deux, Léon, Gérard et leur garde rapprochée foncent vers le château de Ksinssie ! Ils se retrouvent alors face à ce monstre flippant capable de prendre l’âme de quelqu’un pour le tuer. C’est là que Léon sera mortellement blessé. Gérard réussit à s’enfuir avec ce qui reste de lui dans leur château. Il apprend qu’avant de se rendre dans la grotte, le roi a vu une oracle nommée Orieve, qui lui a parlé de la magie de transmission.
Cette magie permet de transmettre une partie de ses capacités à un héritier. Léon transfère donc son savoir et sa maîtrise des armes à son fils Gérard avant de mourir. Et c’est là qu’on apprend l’un des points importants du jeu : cette magie de transmission sera au centre de tout pour nous, les joueurs. Gérard va alors occire Ksinssie et se venger. S’ensuit alors un jeu qui va tourner autour du ralliement des autres royaumes à celui d’Avalon. Leur but : vaincre les Six Héros légendaires encore en vie !
Romancing Saga 2: Revenge of The Fallen ne change pas la progression globale du jeu par rapport à sa version de 1993. Il n’y a pas d’ordre obligatoire dans l’enchaînement des quêtes. Si parfois nous sommes guidés vers l’une ou l’autre, en réalité nous sommes plutôt libres. Cependant, le jeu est jalonné en « parties » souvent conclues par la fin d’une ère et l’avancée d’un siècle dans le temps, ce qui nous oblige à changer d’empereur. Nous ne pouvons donc pas faire tout ce qu’on veut.
Un roguelite avant l’heure
Même si le roguelike date de 1980, Romancing Saga 2 nous fait beaucoup penser à ce type de jeu de par son système de transmission. Quand un empereur meurt, si votre équipe est totalement décimée au cours d’un combat, ou encore si l’histoire avance d’un siècle, vous devez changer d’empereur. Mais grâce à la magie de transmission, on ne perd pas tout ce qu’on a fait et on transmet au successeur toutes les connaissances du précédent. En réalité, l’empereur n’est pas le seul à bénéficier de cette transmission. Lors d’une réincarnation, vous n’aurez pas réellement le choix de la classe de votre prochain empereur : une liste de candidats disponibles vous sera proposée. Vous pouvez alors commencer avec Gérard, qui est plutôt un guerrier classique, et devenir une soigneuse dans la génération suivante. Le fait de monter d’une classe lui fait garder son avancée, donc votre empereur en bénéficie aussi.
Le jeu possède beaucoup de classes, qui vont s’étoffer au fur et à mesure de votre avancée dans le jeu. Certaines sont peut-être même exclusives à votre empereur. On ne va pas se mentir, on n’a sûrement pas découvert tout ce que propose le jeu tant il est dense. Nous avons remarqué, par exemple, qu’après avoir sauvé un village de fiers guerriers qui se battent à mains nues, nous avions la possibilité de choisir un empereur avec cette classe lors de la réincarnation. Nous avons cependant décidé d’en choisir une autre et nous pensions pouvoir l’ajouter normalement à notre équipe auprès de la taverne, mais la classe n’était pas proposée. Le système est donc sûrement bien plus complexe que nous le pensons, ce qui est une bonne chose pour tout découvrir dans le jeu. Il n’y a pas de limitation au nombre d’empereurs que nous pouvons avoir dans le temps. Pour réussir une quête, nous avions besoin d’un empereur qui a le pied marin ! Nous avons alors réussi à nous réincarner dans un corsaire, une classe que nous n’avions alors pas encore débloquée ! Un système plutôt intelligent. Il y a plus de 30 classes différentes dans le jeu, ce qui est plutôt conséquent.
Ces classes, après 30 combats, vont chacune pouvoir débloquer un talent. Par la suite, vous aurez alors directement le talent quand vous choisirez une classe qui l’a déjà débloqué et vous pourrez équiper des talents appris par d’autres classes, bref des bonus non négligeables !
Au cours des combats, vos unités vont pouvoir avoir des « lueurs » lors de l’utilisation d’une arme. Une petite ampoule est située à côté de l’attaque. Si vous utilisez cette attaque, vous aurez alors une chance d’obtenir une nouvelle technique. Concernant l’attaque magique, c’est à la fin du combat de manière aléatoire après avoir utilisé une magie du même type que vous pourrez éventuellement obtenir une nouvelle magie. Pareil pour des lueurs de défense qui vous permettront par exemple d’esquiver à coup sûr une attaque spécifique d’un adversaire. A vous de bien les choisir une fois apprises. Car toute technique apprise l’est définitivement et pour tous les personnages du jeu. Il suffit de les changer dans votre ville et votre château en parlant à la bonne personne. Lors d’une nouvelle génération, vous aurez alors tous les sorts déjà connus et vous ne recommencerez pas à zéro.
Pour avoir accès à la transmission des sorts, il faut débloquer des bâtiments dans notre ville de départ. Ce côté ajoute aussi une petite touche de roguelite. Vos efforts et l’argent cumulé ne seront pas inutiles, bien au contraire ! Alors, n’hésitez pas à dépenser votre or dès que vous le pouvez, notamment pour la forge qui vous permettra d’avoir vraiment de bonnes armes plutôt facilement, car le jeu n’en met pas beaucoup à votre disposition.
Des combats classiques
Côté combat, c’est très basique. Ce remake nous ajoute une jauge en haut qui permet de connaître l’ordre d’attaque des personnages. Plutôt intéressant pour savoir quand il faut se protéger. Une petite exclamation apparaît si l’adversaire s’apprête à sortir un coup très puissant. Très utile contre les boss.
Le déroulé est basique : tout se joue au tour par tour. Il faut rappeler que c’est un jeu sorti en 1993 et là-dessus, il n’y a pas vraiment eu de remake. Nos personnages vont globalement avoir pas mal de BP, qui sont le « mana », pour utiliser des techniques et de la magie, donc inutile d’être radin là-dessus. Les PV, eux, sont totalement restaurés après le combat. On ne passe donc pas notre temps à se soigner entre deux affrontements. Pendant, en revanche, nous n’avions jamais autant utilisé de sorts de soin dans notre carrière de joueurs de RPG. Si un personnage meurt au combat, vous pouvez le faire revivre avec un simple soin ! Cool. Moins cool par contre, le nombre de vies limité. Si votre personnage meurt trop souvent, cela finira par être définitif et vous devrez aller en choisir un autre à la taverne. Si c’est votre empereur qui a succombé, place alors à une nouvelle génération !
Les ennemis sont visibles quand on se balade, ce qui nous permet de les esquiver, car si affronter des adversaires fait augmenter votre maîtrise d’armes et donc globalement votre niveau, cela augmente aussi une « jauge » un peu « cachée ». Plus vous combattrez et deviendrez fort, plus les monstres vont l’être aussi. Et fatalement, ils peuvent vous faire très mal si vous n’avez pas spécialement augmenté vos équipements qui influent presque essentiellement sur votre résistance aux dégâts et à l’augmentation de vos dégâts fixe. Mais effectuer des combats et améliorer vos connaissances globales en armes va aussi vous permettre de gagner plus d’argent, donc de construire plus de bâtiments.
Une technique datée, mais quand même super… sur Switch !
C’est un sentiment étrange qui nous habite en jouant à Romancing Saga 2: Revenge of the Seven. On a un peu cette impression d’effort minimum dans le visuel du remake. C’est globalement très beau si on compare bien évidemment à celui de 1993, mais on est loin du travail que l’on va avoir sur un Dragon Quest 3 sorti à peu près à la même période (que ce soit à l’époque ou maintenant). Ici, nous avons plutôt le droit au modèle 3D un peu basique et sans âme. C’est un reproche qu’on fera aussi sur les quêtes, mais nous allons y revenir. Le résultat est donc plutôt joli, mais ne possède pas vraiment d’animation. Pareil pour les éléments de décors, les PNJ ou encore les ennemis. Tout fait un peu toc, comme si on avait installé un filtre moderne 3D basique sur un jeu de l’époque. Cependant, le jeu est très joli sur Switch, à contrario de la PS5 ou d’un PC. il n’y a presque pas d’aliasing, les ralentissements ne se font pas vraiment ressentir et même les temps de chargement sont globalement plutôt courts. Mais là aussi, on sent un peu l’habillage moderne sur un vieux concept. Dès que l’on change de zone ou qu’on rentre dans un bâtiment, il y a un chargement. Par exemple, chaque étage d’un château en générera un nouveau.
Le côté musique est très agréable, avec le choix des voix anglaises/japonaises ou encore des musiques d’origine ou celles remasterisées pour cette version.
Concernant la progression et l’écriture, c’est beaucoup trop daté. On se demande d’ailleurs si ce n’est pas pour ça que la licence n’a jamais décollé et est restée pour un public de niche. Le gameplay et la progression sont globalement agréables, avec pas mal de micro gestion entre l’amélioration de la ville, la transmission, la jauge de force des ennemis… Mais c’est écrit avec les pieds. En réalité, c’est un enchaînement de missions très basiques : nous allons dans une ville, il y a un souci, on va dans un donjon, on tue un boss, on revient dans la ville, la population est contente et la ville rejoint notre royaume. Génial ! Et on boucle ainsi tout le long du jeu. S’ils ont fait l’effort de rajouter des endroits qui nous permettent de connaître l’histoire des Sept Heros qui n’étaient pas présents à l’époque, le lore et l’histoire sont globalement trop faibles pour nous sentir impliqués. Le fait de faire des ellipses pour passer 100 ans empêche aussi de s’attacher aux personnages.
Romancing Saga 2: Revenge of the Seven est disponible sur l’eShop comme en physique au prix de soixante euros.
Conclusion
Conclusion Romancing Saga 2 : Revenge of the Seven est la définition du remake qui fait du bien. Introuvable en version originale car âgée de plus de 30 ans maintenant, la refonte du jeu et surtout sa traduction française permettent à tout le monde de pouvoir découvrir ce pan du JRPG qui n’a jamais vraiment pris chez nous. Visuellement magnifique pour la Switch, on ressent quand même un peu souvent l’habillage 3D basique sur un système bien vieux. Il ne révolutionne pas vraiment le jeu de l’époque, mais le sublime en lui ajoutant des fonctionnalités supplémentaires et plus de contenu. La concurrence va être difficile en cette fin d’année avec les autres RPG qui sortent, mais il ne mérite pas d’être boudé pour autant. Un véritable plaisir que de découvrir ce Romancing Saga 2 en 2024.
LES PLUS
- Très beau sur la Switch…
- Traduction française du texte
- Doublage audio japonais / anglais
- Musique originale et remastérisée
- Plus de classes et de lore qu’à l’époque
- Le système de transmission au cœur du jeu
- Une envie permanente de changer son équipe
LES MOINS
- … mais avec une sensation de graphisme un peu trop basique
- On ne s’attache à personne
- Une écriture pas géniale, car nous avons la possibilité de jouer dans l’ordre que nous voulons
- La sensation trop forte du jeu des années 90
»Une écriture pas géniale, car nous avons la possibilité de jouer dans l’ordre que nous voulons »
le principal intérêt de Saga dans les points négatifs ?
Si c’est son principal intérêt alors j’aurais du mettre une note beaucoup moins haute. Heureusement que la piètre qualité d’écriture est compensé par plein d’autre chose. L’avantage c’est qu’elle n’est pas blindé d’incohérence comme dans un Octopath Traveler 1. Jouer dans l’ordre que l’on veux l’histoire, si elle est logique et bien écrite pourquoi pas, mais on passe juste d’un point A à un point B sans intérêt. Surtout que les objectifs sont toujours les même et qu’il n’y a pas de zone de niveau de monstre.
Donc clairement à mes yeux, c’est une super fausse bonne idée.