Tiens, tiens, tiens… quel est donc ce drôle de titre qui nous annonce fièrement parvenir à mélanger la gestion d’une ferme, l’élevage de créatures et le combat contre des monstres, le tout dans un univers manga à souhait ? Curieux ? Nous l’étions tout autant… il est temps d’assouvir cette soif de découvertes !
Farmagia est un titre développé et édité par Marvelous, disponible depuis le 1er novembre sur Nintendo Switch. Une séquence animée très rythmée ouvre le bal dès les premières secondes et donne le ton : nous sommes pleinement plongés dans un univers manga, avec ses sonorités reconnaissables, ses jeunes hommes aux cheveux indomptables et ses demoiselles à forte poitrine (un débat que nous ne tiendrons plus après toutes ces années !). Tous les codes sont réunis. Avouons-le, nous nous sentons déjà plutôt bien…
La Felicidad
Farmagia met un point d’honneur à son histoire : que tous les joueurs soient prévenus, il va falloir prendre le temps de lire tout ce que le jeu a à offrir (et il y en a des pages !) sous peine de se retrouver un peu noyé dans cet univers. Le jeu reste parfaitement jouable pour celles et ceux qui ne souhaitent pas s’attarder sur la volubilité des personnages, mais l’écriture est plutôt réussie… ce serait donc dommage de s’en priver. Par ailleurs, toutes les explications du jeu sont disponibles dans le menu général, particulièrement bien construit et lisible.
Nous sommes plongés dans le monde souterrain de Felicidad, situé entre les cieux et le royaume des humains, un monde atypique où cohabitent monstres et êtres d’apparence humaine. Certains d’entre eux possèdent une compétence singulière : ils peuvent élever et contrôler les monstres, et sont appelés « farmagias ». Ces êtres sont respectés pour ce qu’ils sont et ce qu’ils accomplissent.
Felicidad est un monde divisé en cinq continents, chacun gouverné par un général, eux-mêmes sous la direction d’un mage. Mais le fragile équilibre s’est effondré à la mort du mage. L’un des généraux, nommé Glaza, décide alors de prendre le pouvoir et exige la soumission du monde souterrain à sa volonté. Charmeur et manipulateur, il tente d’aveugler les esprits simples par de belles paroles et des promesses improbables. Cependant, un autre général, Nares, une jeune femme déterminée, prend la tête de la rébellion pour révéler le véritable visage de Glaza. La guerre est déclarée, ouvrez le feu…
Flot d’infos et go !
Libre ensuite de choisir un autre leader pour partir affronter des monstres, l’aventure débute dans la peau de Ten, un courageux jeune homme, farmagia, accompagné de son acolyte Neuneuil, dont le nom rappelle aisément sa forme violette.
À notre grande surprise, nous découvrons rapidement le fonctionnement de Farmagia. Mesdames et Messieurs les joueurs, nous sommes bien loin de la gestion d’une petite ferme familiale où il faut déblayer des cailloux pour remettre en état le taudis laissé par une tante partie sur une île déserte (ou quelque chose de ce genre !). En effet, bien que Farmagia comporte une partie agricole originale, il n’en reste pas moins un jeu d’action, avec de nombreux combats à l’appui. Oubliez Stardew Valley et les mignons Story of Seasons : ici, ça frappe quand même pas mal !
Le jeu s’organise autour d’un hub central qui regroupe l’ensemble des lieux disponibles, les ressources, et les zones à explorer. Ce hub, semblable à un menu général, permet au joueur d’accéder à la zone de jeu et à ses combats (des zones appelées « labyrinthes »), mais aussi aux boutiques, à la ferme, à la zone d’entraînement des monstres, et aux lieux clés de l’histoire, dont le château d’Avrion (tenu par les forces de Nares, votre quartier général).
Le joueur est très vite plongé dans l’action, ce qui est plutôt agréable ! Ten part rapidement faire ses preuves sur le terrain, accompagné de ses premiers monstres prêts à se battre pour lui jusqu’à la mort. Ces premières créatures ressemblent à de grands chiens, tel des Akita Inu avec une mâchoire plus agressive. Ces « Touffus » vous suivent comme des Pikmin et obéissent à vos ordres. Les directives apparaissent à l’écran avec un récapitulatif des types de compagnons disponibles dans le labyrinthe en cours. À ce stade du jeu, seuls les Touffus sont présents, et un seul bouton permet de les envoyer au combat. Rien de bien compliqué jusque-là. Si le danger devient imminent, un ennemi trop violent par exemple, il suffit d’appuyer sur la touche de ralliement (L) pour rappeler ses troupes. Une parade bien placée bloque la plupart des attaques, bien que certaines plus meurtrières passent toujours au travers, tout en affaiblissant l’ennemi.
Naturellement, une fois votre petite meute de Touffus (ou d’autres créatures par la suite !) chargée à bloc et après plusieurs frappes réussies, la jauge de charge symbiotique est pleine. Une puissante attaque peut alors être lancée en appuyant sur ZR + la touche associée à votre créature.
Et si nous précisons qu’il faudra jongler entre plusieurs types de créatures (appelés compagnons), éviter qu’ils ne périssent sur le champ de bataille, réaliser des attaques de légion (une attaque puissante de tous vos compagnons, lancée avec R lorsque l’ennemi est affaibli), sans oublier les attaques de fusion où tous vos compagnons se regroupent pour lancer une attaque dévastatrice… vous suivez toujours ? Oui, c’est plutôt copieux au début !
Respirez… respirez…
Dans cette tempête de coups et de jauges, Ten dispose de bonus et de récompenses tout au long de son parcours. Pour commencer, un niveau de difficulté modulable s’adapte aux préférences de chaque joueur : ceux qui veulent se détendre pourront profiter du titre sans trop de difficulté, tandis que les plus audacieux augmenteront le niveau pour plus de challenge. Sachez néanmoins que, sauf en mode facile, le jeu reste assez exigeant. De nombreux allers-retours dans les labyrinthes seront nécessaires pour progresser sereinement dans l’histoire.
Les labyrinthes sont organisés en zones, accessibles via des téléporteurs appelés « routes neurales ». Après avoir éliminé tous les monstres d’une zone, de nombreuses ressources deviennent disponibles : des babioles au sol, d’autres dans des coffres en forme de vignes (ressemblant à de grosses pommes) ou encore dans des antres de fées. Ces antres dissimulent des talents, propres à chaque type de fée, avec un jeu de couleurs qui offre divers bonus. Avant d’ouvrir une antre, le joueur choisit quel compagnon bénéficiera du nouveau talent.
Le labyrinthe, avec de nombreux monstres (parfois même en nids !), et tout autant de récompenses, se termine par un boss, qui ne se montre pas nécessairement plus difficile qu’un troupeau de monstres ! Un dernier effort… avant de faire le point et de collecter toutes les récompenses mises en jeu. Il est temps de rentrer et de se poser un peu, pour mieux repartir !
Le temps d’une halte…
Le temps est compté en journées sur Farmagia, ce qui est très pratique pour la gestion agricole. Ainsi, après avoir rempli votre devoir et semé le chaos parmi l’ennemi, il est temps de faire le point au château d’Avrion. Nares ainsi que papi Dentro sont présents au début de l’aventure pour vous guider et concevoir la meilleure stratégie à adopter. Rapidement, d’autres personnages viennent rejoindre la partie, chacun avec ses compétences spécifiques. Les sanctuaires élémentaux (disponibles dans le hub après quelques passages dans le labyrinthe) permettent de retrouver les esprits élémentaires déjà côtoyés afin d’obtenir leurs bénédictions. Plus la relation entretenue avec ces esprits est bonne, meilleure sera la bénédiction. Ce lien s’améliore au fil des dialogues (faites les bons choix !), mais aussi après avoir accompli certaines missions ou offert quelques offrandes.
Ces offrandes peuvent être achetées à la boutique. Bien entendu, le magasin propose d’autres babioles à vendre, ainsi que la possibilité de fabriquer soi-même des objets à partir de ressources. Ces fabrications, bien que coûteuses, sont souvent plus rentables… mais il faudra progresser dans l’histoire pour débloquer tous les achats disponibles. En effet, très rapidement, le joueur risque de se retrouver en quête de gelées super vigoureuses (et ce n’est que le début) qu’il ne pourra ni fabriquer ni acheter trop tôt dans l’aventure… mais à quoi peut bien servir cette gelée ?
L’élevage et l’entraînement des bestioles
Nous arrivons seulement à l’élevage, dans notre petite ferme. La gestion agricole est donc assez succincte dans Farmagia, mais elle reste intéressante. Nous devons admettre avoir passé pas mal d’heures sur ces terrains agricoles pour faire naître un grand nombre de compagnons.
Au début, le joueur dispose de très peu de place, délimitée par des barrières infranchissables. Qu’il s’agisse de carottes ou de Touffus, le principe est le même : préparer la terre, semer et arroser. Rien de plus simple. Néanmoins, attention… la majorité des actions à mener requièrent des PF, ou points de ferme. Ces points sont limités et précieux, il est donc nécessaire de les utiliser avec parcimonie pour éviter de se retrouver avec une foule de « plantations » sans pouvoir les arroser. Au fil de l’histoire, les graines de compagnons se trouvent facilement et viennent remplir l’inventaire très rapidement. La progression dans la ferme demande du temps (chaque récolte arrive à terme après un ou plusieurs jours, sauf si on utilise de l’engrais) mais elle est source d’une véritable satisfaction. En effet, au fil des cultures et des récoltes, le joueur obtient des points de recherche qu’il peut dépenser dans ses notes. La ferme peut alors être agrandie, les outils coûtent moins de PF, et d’autres subtilités intéressantes sont à découvrir…
Une fois les bestioles sous la main, il est préférable (indispensable ?) de songer à leur formation. L’entraînement est alors un passage obligatoire pour gagner en compétences (attaque, défense, soutien, etc.). Pour ce faire, il suffit de sélectionner le groupe de compagnons et le type de compétence à perfectionner. Néanmoins, les entraînements ne sont pas gratuits… et nous revoilà aux fameuses gelées ! Avides de rendre nos compagnons agressifs (eh oui, nous ne sommes pas là pour rigoler !), nous étions (un peu trop) pressés de rendre nos Touffus particulièrement belliqueux. Peine perdue, car nous sommes rapidement tombés à court de gelée… l’histoire est finalement assez bien faite puisqu’il est nécessaire de progresser pour pouvoir faire évoluer ses compagnons. Un bon dosage de la difficulté, donc…
Cependant, nous avons été déçus du manque d’impact du joueur sur les entraînements. Une fois les ingrédients réunis, nos petites bêtes se débrouillent très bien toutes seules. C’est sans doute mieux qu’un mini-jeu répétitif et rébarbatif… L’humeur des compagnons reste, quant à elle, un levier important dans la progression : l’entraînement n’est pas très apprécié. Quelques friandises achetées au préalable dans la boutique magique devraient aider l’entraîneur et ses petites bêtes !
Tentation ou déception ?
Entre le matraquage de grosses bestioles et la récolte de mignons petits monstres dociles, Farmagia est-il à la hauteur ? D’un point de vue graphique, le titre n’est pas sans défauts, avec des personnages qui traversent les rochers, des décors qui disparaissent, des monstres qui clignotent… des ralentissements sont également à déplorer et nous avons été agacés par la rigidité de la caméra lors des attaques de légion.
Malgré ces défauts notables, difficile de ne pas craquer devant ce flot de bestioles qui gravitent autour de soi… l’effet Pikmin est indéniable, bien que les graphismes soient très différents entre les deux univers. Farmagia nous plonge incontestablement dans l’univers manga, avec des musiques et des bruitages qui nous le rappellent sans cesse (et la poitrine des personnages féminins légèrement dénudés, passons !). Tout cela n’est pas parfait… mais tout cela reste bon et plaisant !
Farmagia est disponible en boutique comme sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix d’environ 50 euros.
Le connaissez-vous ?
L’élevage de monstres n’est pas sans rappeler un certain Monster Harvest… retrouvez le test de ce jeu juste ICI !
Conclusion
Farmagia réussit la prouesse de mélanger les genres avec une subtilité notable. L'équilibre fonctionne, avec ses combats rythmés, ses monstres agressifs dont bon nombre deviennent des compagnons attachants, son hub central réconfortant avec la gestion d'une ferme de bestioles, ses boutiques et ses personnages aux personnalités bien définies. Certes, des bugs sont présents, certains aspects mériteraient d'être approfondis, mais l'aventure est agréable et riche en rebondissements. Farmagia est une alternative intéressante pour les joueurs qui apprécient la prise en charge d'un petit lopin de terre, sans s'y attarder trop longtemps !
LES PLUS
- Un joli mélange des genres
- Une difficulté bien dosée, avec plusieurs niveaux disponibles afin de s'adapter à tous les joueurs
- Un univers manga très réussi
- Une bonne traduction française
- Un contenu assez riche
- Des graphismes non dénués de charme...
LES MOINS
- … mais qui montrent clairement leurs limites à maintes reprises
- Un entraînement des compagnons qui aurait mérité plus de travail
- Une arrivée sur le titre qui peut refroidir avec tout ce qu'il faut retenir !
- Des bugs et des ralentissements à déplorer
Farmagia, on dirait un fromage italien