Après deux premiers opus à New York plutôt réussis, voici le troisième et dernier épisode de la licence de visual novel Vampire: The Masquerade (qui était originellement une licence de jeu de rôle). Est-ce que cet opus, toujours développé par les Polonais de Draw Distance (Serial Cleaners), arrive à conclure brillamment la trilogie ? Réponse tout de suite !
Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York est disponible sur l’eShop depuis le dix septembre 2024 au prix de vingt euros.
Avant de commencer le test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose aucune traduction française. Un niveau courant en anglais est nécessaire pour jouer à Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York.
Un opus qui donne une sensation de bâclé
Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York est le troisième et dernier opus de la trilogie new-yorkaise. Nous suivons cette fois-ci Kali, une vampire rattachée au clan Ravnos, un clan un peu « mineur » et non-invité à la Camarilla, cette sorte d’organisation élitiste qui donne les bons et les mauvais points aux autres vampires.
Kali est une femme qui croit que le monde lui appartient. Sûre d’elle, un peu prétentieuse, elle se déplace librement dans les rues de New York sans se préoccuper des territoires de chaque clan. C’est d’ailleurs en se baladant dans un quartier appartenant à un autre clan que Kali est capturée par la Camarilla.
Cette dernière n’est pas tendre avec elle. Après un procès où les dés sont pipés, la jeune femme est condamnée à mort. Alors que l’organisation s’apprête à lui trancher la tête, un homme prend sa défense.
Ce vampire, c’est Pádraic, un Malkavian réputé pour être une sorte de « médiateur » dans cette élite. Il trouve un compromis avec le reste du groupe. Kali sera libérée en échange de la tête de Reynard Cassel, trublion et maître du clan Ravnos.
Problème… Kali, pourtant si prétentieuse et sûre d’elle… ne sait pas où se trouve Cassel. Elle a désormais quatre jours pour le trouver avec l’aide de Pádraic.
La tâche sera loin d’être aisée. Reynard Cassel semble être une ombre, impossible à retrouver, et en même temps nous voyons apparaître dans les rues une milice de chasseurs prêts à tuer tous les vampires de la ville.
Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York est un visual novel avec peu de gameplay. Nous suivons une histoire et nous aurons une barre de faim à surveiller. Il faudra alors faire quelques détours pour se nourrir.
Nous avons aussi des pouvoirs qui consomment notre barre de faim. Ces pouvoirs seront à utiliser lors de quelques scènes mais ils auront un impact finalement limité sur notre récit.
Il y a aussi des décisions à prendre mais elles aussi auront un impact vraiment limité. Elles changeront globalement le dialogue suivant et vous aurez parfois quelques scènes différentes.
Un scénario assez fade narrativement mais qui reste de qualité
Le scénario de Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York est moyen. L’écriture n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas non plus exceptionnelle. Les personnages, par exemple, ne sont pas très bien écrits.
Notre personnage de Kali est assez bateau, manque de profondeur et d’empathie malgré l’échéance funeste qui pèse sur elle. À force d’avoir un protagoniste qui se plaint à longueur de journée, nous terminons par se détourner de lui.
Nous préférerions voir notre personnage en action, qui se bat bec et ongles pour sa survie plutôt que de lire ses commentaires acerbes ou outrés sur chaque petit bout de dialogue. En dramaturgie, il est toujours préférable de découvrir un personnage (et ses pensées) par une action ou un dialogue (en mouvement) que par des pensées internes.
Certains personnages sont du fan service et n’ont aucun intérêt narratif. Ils sont juste là pour satisfaire les joueurs des deux premiers opus.
Les nœuds dramatiques sont parfois peu inspirés et l’enquête qui nous amène à découvrir la vérité sur Reynard Cassel est assez prévisible. Certaines scènes nous sortent même totalement de l’intrigue. Pourquoi les personnages discutent de musique, de Queen et de K-Pop alors qu’ils ont des affaires bien plus urgentes à traiter ?
Le récit qui était autrefois mature est beaucoup moins subtil, notamment à cause de l’écriture du personnage de Kali, et risque de décevoir ceux qui ont suivi les premiers opus.
Le scénario possède malgré tout des qualités, et l’histoire, un peu longue au début, se lit avec plaisir et s’emballe de façon agréable lors de la seconde partie.
La structure, même si elle reste prévisible et parfois longuette, se suit et nous voulons voir le fin mot de cette trilogie. Par ailleurs, la fin, sans divulgâcher, est agréable et conclut parfaitement cette séquence new-yorkaise.
Si vous êtes néophytes de la série, il est tout à fait possible de commencer par ce troisième opus mais il vous faudra beaucoup de courage. Il existe certes un glossaire qui nous explique le vocabulaire spécifique à la licence, cependant, vous risquez de faire énormément d’allers-retours dans les menus et votre rythme de lecture en sera fortement impacté.
Mais où est la traduction française ?
Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York donne parfois une impression d’un opus bâclé. Outre l’écriture parfois maladroite qui aurait mérité d’être affinée, nous avons aussi un jeu qui n’est pas traduit sur la Nintendo Switch (alors qu’il l’est sur PC !). Il faut un niveau courant pour comprendre un texte parfois très littéraire.
Les graphismes sont assez perturbants, car si certains pourront aimer, nous avons eu pour notre part la sensation d’un chara-design réalisé par une IA pendant toute notre expérience. Nous avons vraiment eu cette impression de voir les mêmes personnages sans âme réalisés sur les sites gratuits.
De plus, certains passages (comme en voiture) changent parfois totalement de style avec le reste et nous sortent de l’intrigue. Si certains pourront aimer ce côté « détaillé » au niveau des personnages, nous n’avons pour notre part pas adhéré à cette « direction artistique ».
La bande-son est peu développée, nous avons parfois quelques sons, parfois une musique un peu oppressante, mais Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York ne brille pas non plus sur ces points-là. Dommage…
La durée de vie est assez correcte pour le prix. La première run se réalise en quatre – cinq heures. Il est possible de faire une deuxième run sous le point de vue de Pádraic qui malheureusement n’apporte pas grand-chose. Il y a peu de révélation qui justifie un changement de point de vue. Cela reste néanmoins un « bonus » agréable.
Nous vous joignons une vidéo des trente premières minutes de l’histoire afin que vous puissiez vous faire votre propre avis.
Conclusion
Vampire: The Masquerade – Reckoning of New York conclut la licence de manière assez décevante. Si le visual novel reste de qualité, l’écriture est moins réussie, les personnages moins attachants, les graphismes semblent créés par l’IA et manquent de personnalité, la bande-son est assez neutre, la traduction française n’est pas disponible sur Nintendo Switch… Bref, un opus moyen, un peu paresseux, mais qui pourrait quand même vous plaire si vous maîtrisez (parfaitement) la langue anglaise.
LES PLUS
- Une seconde partie de scénario intéressante
- Une belle conclusion pour la trilogie
- Une écriture moins bonne que les précédents opus mais qui reste de qualité
- La possibilité de voir l'histoire sous un autre point de vue
LES MOINS
- Pas de traduction française sur Nintendo Switch
- Une écriture bien moins intéressante et mature que les deux précédents
- Des personnages moins attachants
- Une structure dramaturgique trop lisible
- Un chara-design “IA”
- Une bande-son trop en retrait