Like a Dragon, une série désormais majeure pour Sega et très populaire à travers le monde. Cela n’a pas toujours été le cas mais il faut revenir loin en arrière pour parler de cette ère-là. Il faut revenir en 2005 avec l’arrivée sur PS2 d’une toute nouvelle licence nommée Ryu ga Gotoku, renommée Yakuza en occident au début avant de devenir récemment Like a Dragon. Alors que la série gagne en notoriété au Japon à travers les différentes suites, Sega propose alors Yakuza 0 en 2015 en tant que préquelle au début de la série pour les 10 ans. Le tout suivi d’un remake du premier jeu avec leur nouveau moteur de cette époque, le remake portant le nom de Yakuza Kiwami. La série est rarement arrivée sur console Nintendo. La première et dernière fois c’était sur Wii U. Sega avait bien l’intention de rester sur cet échec mais c’était sans compter le succès de la Nintendo Switch donnant une raison à Sega de finalement sortir Yakuza Kiwami sur Nintendo Switch.
Comme un Dragon anglais sur Switch
Malgré les récentes traductions françaises des jeux Like a Dragon par Sega, la déception est sans pareille en constatant un retour de Yakuza Kiwami uniquement en anglais. L’histoire démarre le 1er octobre 1995, nous commençons directement avec une scène où nous voyons un plutôt bel homme habillé d’un costume blanc et d’un pistolet à la main. Face à lui, un homme mature troué d’une balle dans la tête par terre. Notre bel homme en blanc fixe également dans son autre main une belle bague avec des yeux indiquant qu’il connait la provenance de l’objet alors que la police débarque dans l’appartement pour l’arrêter. La provenance de l’objet nous est rapidement donnée puisque nous revenons directement quelques heures avant cet incident. Nous incarnons Kazuma Kiryu, le bel homme vêtu de blanc dans la précédente scène.
L’intrigue se déroule dans le quartier de Kamurocho, une version fictive du quartier de Kabukicho dans l’arrondissement de Shinjuku de Tokyo. Ce prologue nous fait vivre les évènements ayant mené à cette première scène tout en servant de tutoriel rapide sur les bases de gameplay du jeu sur lequel nous allons revenir. Quant aux évènements, le prologue introduit notre héros puis il nous donne quelques éléments de contexte tout en présentant des personnages qui semblent clés dans le jeu. Nous avons notamment Nishikiyama Akira, un ami d’enfance de Kiryu. Puis le prologue nous place à un moment où après une mission de récupération de fonds d’une société de prêt financier, Kiryu rejoint son ami dans un bar dans lequel ils sont habitués. L’établissement se nomme le Serena et il est tenu par Reina qui y emploie également la jeune Yumi Sawamura.
Le jour des évènements, Reina rappelle à Nishikiyama et à Kiryu qu’il s’agit de l’anniversaire de Yumi. Nishikiyama semble s’en rappeler et possède même un cadeau à lui remettre. Kiryu semble totalement avoir oublié et les deux autres l’encouragent vivement à aller en chercher un avant de retrouver Yumi et de célébrer cela. Le prologue nous restreint l’exploration de Kamurocho, incitant ainsi à juste remplir l’objectif donné et récupérer un cadeau pour Yumi. Kiryu part chercher une bague de fabrication française et populaire parmi les jeunes femmes selon les conseils de Reina. Notre héros la paye cher et y fait même graver le nom Yumi dessus. Les petites péripéties de ce prologue font qu’un pickpocket nous vole la bague et nous devons ainsi tout faire pour la récupérer en l’achetant à un prêteur sur gage chez qui le pickpocket a vendu ladite bague.
Nous parlions du prologue comme d’une introduction au gameplay mais c’est également une belle introduction à l’écriture absurde devenue une marque de fabrique de la série. Sans aller dans les détails des différents chapitres que le jeu nous proposera de jouer, Yakuza Kiwami nous fait vivre un récit inspiré des plus gros clichés de manga, de film ou autre œuvre culturelle sur les Yakuza. Le fil rouge du jeu et de chaque opus de la série se présente comme un genre de série TV japonaise sur les Yakuza. De nombreuses histoires annexes gravitent autour de ce fil rouge d’une belle vingtaine d’heures de jeu. Les histoires annexes sortent totalement du cliché sérieux pour explorer des clichés totalement absurdes de la culture japonaise des années 90 et 2000, époque à laquelle se déroule le jeu.
Ainsi, en allant au-delà des conflits internes et sanglants de chaque famille ou groupe de Yakuza opérant à Kamurocho ou ailleurs, la durée de vie peut littéralement quadrupler pour ceux qui visent le 100%. Entre une quête pour trouver le successeur à un champion de course de voiture téléguidée, le sauvetage au papier toilette d’un CEO d’entreprise en proie à une gastro ou alors jouer à des UFO catcher pour attraper les peluches à offrir à un salaryman pour satisfaire une de ses jeunes amantes. Nous venons de vous donner qu’une poignée d’exemples d’annexes absurdes que nous avons la chance de vivre dans Yakuza Kiwami sans compter les nombreux mini-jeux disponibles allant du poker dans un casino secret, à un jeu de bowling ou encore à de la conversation avec des hôtesses de bar. En combinant tout ça, nous avons ainsi une durée de vie pouvant atteindre la centaine d’heures pour les complétionnistes.
Entre bagarre de rue et découverte du Japon
Les mini-jeux que nous avons mentionnés permettent à Yakuza Kiwami de varier son expérience tout en offrant aux joueurs différentes façons de respirer et de rigoler entre quelques grosses cinématiques sérieuses. En parlant de sérieux, il nous faut développer ce qui représente le pilier de cette expérience. En termes de progression, en nous concentrant sur le fil rouge, nous enchaînons cinématiques développant le récit et exploration de la ville de Kamurocho ainsi que quelques intérieurs en dehors de la ville. Une progression linéaire et classique d’un jeu d’aventure narratif et cinématographique. À quelques QTE près lors des cinématiques, le plus gros du gameplay se déroule durant nos explorations.
Nous le mentionnons mais Kamurocho est une reproduction de Kabukicho, le quartier chaud de Shinjuku à Tokyo. Tel un petit GTA se déroulant au Japon, il est par exemple possible de rentrer dans les combini pour acheter des boissons ou de la nourriture. Il est aussi possible de se payer à boire dans les distributeurs automatiques, nous pouvons rentrer dans divers restaurants pour récupérer de la vie, aller dans un karaoké, un casino ou un bowling parmi bien d’autres repères à expérience annexe que nous avions évoqués. Pourtant, en plus de l’expérience cinématographique et des nombreux mini-jeux, Yakuza Kiwami est un genre de beat’em all. Après quelques cinématiques du jeu ou en nous promenant dans les rues de Kamurocho, nous pouvons faire face à des adversaires à taper.
Les combats se déroulent en temps réel sur une zone délimitée telle une arène de combat. Nous pouvons enchaîner des coups faibles et des coups puissants. Nous pouvons attraper un ennemi pour lui faire une prise ou juste le frapper. Il est possible d’esquiver et aussi de nous mettre en garde. Nous avons toujours la possibilité de faire monter une jauge d’esprit permettant de déclencher de grosses attaques spéciales une fois pleine. Le but est de faire descendre la vie de nos adversaires à zéro pour les vaincre en veillant à ce que ceux-ci ne fassent pas de même sur nous. Nous avons décrit la base beat’em all du système de combat mais Yakuza Kiwami modernise la formule en alignant ses mécaniques sur le gameplay mis en place dans la préquelle Yakuza Zero.
Nous avons la possibilité de switcher en plusieurs styles de combat : Rush, Brawler, Beast et Dragon. Le style Rush est un style très mobile où Kiryu peut se mouvoir rapidement, frapper rapidement et esquiver aisément. Les coups donnés sont rapides mais infligent peu de dégâts et mettent du temps à briser la garde ennemie. Il n’est également pas possible d’utiliser le décor pour attaquer ni attraper les ennemis. Le style Brawler est équilibré avec des attaques moyennes, une bonne vitesse et la possibilité d’esquiver. Le style Beast est un style lourd avec des attaques puissantes et déséquilibrantes. Le style Dragon est un autre style très limité en début de jeu mais très équilibré, mixant un peu de chaque style et puissant après avoir bien fait évoluer celui-ci en avançant dans le jeu.
L’arène de combat est relativement petite mais elle ne se limite pas seulement à notre héros et à nos adversaires. Nous avons également la possibilité d’interagir avec des éléments du décor et de s’en servir comme arme. Dépendamment de notre style de combat, le poids des éléments utilisables sera différent et leur utilisation sera plus ou moins confortable. En temps normal, le style Rush ne nous permet pas d’interagir avec les décors, le style Brawler et Dragon nous demande que nous saisissions les objets avant de pouvoir les utiliser tandis que le style Brawler saisit des éléments parfois très lourds automatiquement. D’une simple chaise à une moto moyenne, l’absurdité est présente en combat. Il est également possible de s’équiper d’une arme de poing au préalable si besoin en est.
Notons que les éléments de décors que nous utilisons se brisent après un certain nombre de coups. Ces éléments de décors peuvent aussi être utilisés pour une attaque spéciale si notre jauge d’esprit est pleine. Le prologue nous fait jouer un héros au maximum de ses capacités mais après ses années passées en prison, Kiryu s’est ramolli. Son arbre de compétence est au minimum. Pour faire progresser notre héros, tel un RPG, il faut utiliser nos points d’expérience sur les différentes capacités actives ou passives à débloquer sur l’arbre de compétences. Les points d’expérience s’obtiennent en combattant des ennemis mais pas seulement. En mangeant dans un restaurant, en faisant les diverses annexes ou les divers mini-jeux.
Comme un Yakuza imparfait
La progression de Kiryu que nous venons d’énoncer concerne surtout les styles Brawler, Rush et Beast. Le style Dragon nécessite de remplir des conditions liées au personnage de Majima. Majima est un personnage clé de la série très apprécié de la série et les développeurs ont trouvé ça cool de l’intégrer ici de manière à le lier à la progression de Kiryu. Déçu de voir Kiryu diminué après 10 ans de prison, Majima apparaît ainsi aléatoirement dans les rues de Kabukicho pour nous affronter. Cela permet ainsi de développer le style Dragon, de proposer du fan service plus ou moins pertinent sur Majima et de potentiellement bousiller le rythme de votre progression. Le style Dragon et ses compétences n’étant pas négligeables, certains d’entre vous perdront certainement du temps à gambader entre les chapitres dans l’espoir de rencontrer Majima.
Nous avons beaucoup développé le côté absurde japonais de ce Yakuza Kiwami, un humour absurde très présent encore aujourd’hui dans la série. Cela se ressent dans les expériences annexes jouables, nous avons évoqué des mini-jeux de cartes façon casino, du bowling ou des jeux de course de voiture télécommandée. Pour les adultes, il est possible de flirter dans les clubs à hôtesse et de dépenser son fric durement gagné en tabassant des gens dans les rues. Malgré tout, Yakuza Kiwami est plus riche que le jeu original mais reste moins loufoque que les expériences les plus récentes. Les plus gros fans sentiront certainement des redites dans les annexes, cela peut rendre les récits annexes toujours drôles mais moins marquants. Pour ceux qui découvriront la licence sur Nintendo Switch avec ce Yakuza Kiwami, préparez-vous à être surpris par cette formule qui a fait ses preuves.
Pour continuer sur des éléments qui auraient pu rendre le jeu meilleur surtout en comparaison avec les récents opus et en allant au-delà de la traduction française. Nous parlons de la proposition de doublage au moins en anglais et en japonais pour coïncider avec les langues de textes proposées. Nous tenons à souligner que nous n’avons jamais été grand amateur de doublage anglais, surtout que nous parlons d’un jeu se déroulant dans une reproduction d’un quartier de la capitale japonaise. Il est ainsi naturel de faire le jeu en japonais et le doublage est d’ailleurs de très bonne qualité. Nous comprenons simplement les quelques-uns qui auraient préféré au moins avoir le choix des voix anglaises, ne serait-ce que pour des raisons de confort.
Ceci dit, inclure un doublage anglais incombe aussi de retravailler toute l’ambiance sonore du jeu. Les bruits de foule de Kabukicho, les annonces publicitaires voire retravailler le mini-jeu de Karaoké. Il aurait ainsi fallu allouer un budget certainement jugé inutile à l’époque de la sortie initiale du remake et toujours jugé inutile pour cette ressortie Switch à l’instar d’une traduction française. Ressortir le jeu dans cet état après tant d’années montre à la fois la paresse et le degré de confiance accordé par Sega à proposer un jeu Yakuza ou Like a Dragon sur console Nintendo. C’était peut-être l’occasion d’effacer le souvenir amer de la tentative sur Wii U mais nous pouvons comprendre la volonté de rester prudent et d’y aller en douceur. En revenant sur la bande sonore au-delà du doublage il faut aussi être sensible à l’ambiance pop japonaise pour mieux apprécier l’OST globale.
Terminons tout de même par saluer le travail technique et la proposition à petit prix. Lors de la sortie initiale de Yakuza Kiwami, le jeu a été complètement retravaillé techniquement pour la PS3 et la PS4. Le premier jeu de la série a ainsi été remodelé en utilisant le moteur de jeu utilisé pour Yakuza Zero, un moteur tout nouveau pour la série à l’époque mais qui fait bien pâle figure avec le moteur utilisé pour les récents jeux. Le portage sur Nintendo Switch est plutôt de bonne facture, entre le rendu PS3 et PS4 bien que plus proche de la PS3 voire bien moins propre en jouant en portable. Une résolution bien plus basse lors des sessions portables, un rendu bien moins propre, plus de pop et de tare technique. Le jeu reste globalement solide et impressionne pour la Nintendo Switch. Notamment avec les cinématiques sublimes associées au doublage japonais donnant l’impression de regarder une belle série TV sur les Yakuza.
Yakuza Kiwami est disponible sur l’eShop au prix de vingt euros.
Conclusion
Nouvelle occasion manquée pour Sega de convenablement introduire la série Yakuza ou Like a Dragon au public Nintendo via ce portage Nintendo Switch. Sega n’a pas voulu prendre trop de risque et se contente de faire en sorte que Yakuza Kiwami tienne techniquement la route sur Switch. Un travail globalement bien mené permettant ainsi probablement à un tout nouveau public de découvrir la série voire de découvrir le Japon avec tous les clichés sur les Yakuza sans quitter son pays. Une découverte qui aurait mérité une traduction française et d’autres petites corrections ici et là pour rendre l’expérience bien plus confort de jeu. Saluons au moins cette sortie tardive à petit prix pour mieux encaisser ces imperfections. Espérons que cette sortie sur Nintendo Switch soit couronnée de succès afin de revoir des Yakuza sur console Nintendo à l’avenir.
LES PLUS
- Des cinématiques de grande qualité
- Plutôt propre et solide techniquement
- Un beat'em all riche et défoulant
- Plein d’expériences et de mini-jeux loufoques
- Une durée de vie immense et plein d’annexes
- Un scénario sanglant et mature inspiré des clichés Yakuza
- Des récits annexes absurdes à la japonaise
- Une ambiance sonore de très grande qualité
- Un doublage japonais et un jeu d’acteur très bon
- Une très bonne expérience à petit prix
LES MOINS
- Ça bave, ça pop surtout en portable
- Quelques défauts de modélisation et animation
- Un système de combat qui peut tourner en rond
- Un peu moins de folie que les opus récents
- Pareil pour les annexes
- Il faut aimer l’ambiance sonore japonaise
- Et un peu la pop japonaise
- Certains auraient apprécié un doublage dans d’autres langues
- Puis surtout une traduction en français
Ca serait cool d’avoir les derniers opus Like a Dragon sur Switch 2
Salut Manuto ! on est bien d’accord!
Jouer à yakuza avec un doublage, anglais qui plus est, est couillon.
Le jeu se passe au Japon, bine sûr qu’ils parlent japonais. C’est de l’argent foutu en l’air, qu’ils auraient pu investir ailleurs…
Vous feriez un jeu sur des allemands qui parlent français vous ??
Très belle adaptation switch malgré quelques broutilles techniques prévisibles vu le support.
Une série à dévorer pour peu que l’on accroche sur l’ambiance 90s in Japan (City Hunter) etc…
A mes yeux, il aurait peut-être été préférable d’adapter le Zero avant le Kiwami. La préquelle qui permet d’ancrer les persos dans leur background respectif aurait peut-être été un meilleur départ en particulier pour les néophytes de la série… Après, techniquement parlant, j’ai peur que les concessions à faire pour un Zero sur switch soit encore plus importantes que pour le Kiwami…
En espérant que nous aurons droit aux septs épisodes canoniques sur nos switch! Quel plaisir! 😀